I ain't afraid of no ghost | ft. Bartholomew

BARTHOLOMEW &
WYATT JR

La porte de la chambre se referma doucement sous ses doigts précautionneux. Wyatt Jr laissa son sourire doux agoniser sur ses lèvres tandis qu'il se tournait vers le couloir baigné de lumière blanche. La nuit, l'hôpital prenait des airs de dédale, ses longs corridors s'embriquant les uns dans les autres dans un casse-tête fantômatique. L'endroit se teintait d'onirisme, comme perdu dans un fantasme, tant il semblait vide à cette heure. C'était faux bien sûr, mais le personnel présent était souvent bien assez affairé pour n'occuper ces espaces que quelques minutes.

Le jeune homme baissa les yeux vers la liste de patients qui lui avaient été attribués le soir-même, un soulagement baigné de fatige relâchant ses épaules. Il venait de terminer. Deux admissions faites, il devait être disponible pour son bipeur pendant quelques heures encore, le temps peut-être de se reposer un peu. Un coup d'oeil à sa montre l'informa qu'il était bien trop tard pour espérer avoir un sommeil conséquent, mais cela lui importait peu : il était en repos le lendemain, enfin, après un roulement de trente-six heures. Un bâillement lui échappa à l'idée, dont il dut contenir le son alors que ses pas résonnaient dans le couloir vide. Sa démarche rapide lui permit d'atteindre rapidement son bureau. Il laissa volontairement la porte ouverte pour pouvoir observer le dehors, étirant péniblement ses épaules nouées par un savoureux mélange de tension et de fatigue. Pour sûr, être interne n'était pas l'occupation la plus douce au monde.

Le bruit sourd de la machine à café réveilla son compagnon de chambre, qui gromela quelque chose avant de se retourner. Wyatt n'osa pas s'excuser de peur de le déranger de nouveau. Son regard parcourut le corps endormi avec envie, la vue suffisante pour le fatiguer davantage. Il saisit la tasse avec empressement. Manger, songea-t-il, pouvait peut-être soulager son manque d'énergie. N'ayant pas encore eu l'occasion de faire une pause, le jeune homme décida qu'il était grand temps de s'en occtroyer une et c'est avec enthousiasme qu'il s'enfonça de nouveau dans le labyrinthe hospitalier. L'odeur de désinfectant s'estompa à mesure qu'il approchait de l'ascenseur, sirotant son breuvage sans vraiment faire attention aux alentours. Il avait dormi sept heures en deux jours, une moyenne raisonnable mais peu recommandable qui commençait à le rattraper, son attention vascillante et sa vision resserrée. Il avait hâte de faire la grasse matinée.

C'est en traînant des pieds qu'il passa l'angle d'un énième corridor vide, regrettant de ne pouvoir enfiler son walkman pour tuer la monotonie de la soirée qui, contrairement à la veille, était un calme assassin. Second bâillement, dissimulé derrière son coude, et l'impression de sentir quelque chose, soudain. Un frémissement, un changement quelconque, un bruit. Il n'eût su mettre le doigt dessus, mais la sensation était vivace et il se retourna, plissant les yeux en quête du coupable.

« Il y a quelqu'un ? »

Les corridors étaient vides et l'atmosphère curieuse. Wyatt Jr se demanda un instant s'il n'avait pas rêvé.

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WYATT JR

Je poussais les grandes portes du couloir de l'hôpital. Cet endroit n'avait jamais été aussi désert. On n'entendait aucun bruit, aucune agitation des médecins ni les vieux râler. Tout était calme et l'ambiance venait à me manquer. Seul le spectacle d'un endroit censé représenté la santé détruit par le temps, m'entourait. J'avais eu de la chance d'avoir échapper à l'attaque de la papeterie avec Béatrice, et à semer d'autres monstres que j'avais croisé en chemin vers l'hôpital. Le manteau que j'avais trouvé était aussi une bénédiction contre le froid. Malheureusement, courir partout me fatiguait énormément et ma boîte de médicaments ne m'avait pas suivi jusque dans ce monde. Ça serait vraiment dommage de faire un malaise et de se faire dévorer tout cru comme un con.
C'était donc pour cette raison que j'avais laissé Béatrice, inventant une raison quelconque car je n'avais pas envie qu'elle pense que j'étais un poids. J'avais déjà eu ce sentiment avec mon ex-femme, c'était pour cette raison que j'avais accepté de signer les papiers. La libérer du boulet qu'elle avait au pied. Est ce qu'elle était au courant que j'avais disparu d'ailleurs ? Surement. Les policiers ont du l'appeler pour savoir si je l'avais contacté. Même si on s'était séparé, on était resté en quelque sorte amis. Emily devait s'inquiéter, il n'y avait qu'à espérer qu'elle ne vienne pas jusqu'à Aster Cove pour me chercher. Je n'avais pas envie qu'elle se retrouve coincé ici en ayant la probabilité de tomber sur mon cadavre ou du moins de ses restes.

Pour l'heure, je devais trouver où est ce qu'était rangé les médicaments. En espérant qu'ici ça existait encore. Mais si il y avait des boîtes de conserves peut être qu'avec de la chance...Un son, une voix familière, venait soudainement murmurer à mes oreilles. Est ce que je devenais fou ? C'était bien la première fois que ça m'arrivait d'entendre des voix. Il y avait peut être quelqu'un d'autre de coincer dans ce monde et qui m'avait entendu ? Je craignais d'attirer une créature si je parlais fort mais je devais tout de même courir le risque.

- Il y a quelqu'un ?

Comme un écho, j'avais répété, sans le savoir, la question. Seulement, je n'avais aucune réponse pour le moment. Faisant simplement clignoter les lampes aux plafonds.

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WYATT JR

Le regard de Wyatt traînait sur le corridor vide qui, tout d'abord, lui sembla vide. Rien ne se profilait que les contours de chariots abandonnés là par des infirmières occupées, aucune silhouette ne répondait à sa requête et nulle voix ne retentit dans l'espace inhabité. Le jeune homme secoua la tête, un soupir au bord des lèvres.

« T'es en train de devenir fou, mon pauvre Wyatt... »

Une dernière oeillade adressée au couloir et il s'avançait vers l'ascenseur qui le guiderait vers la cafétéria, promesse d'un snack sur lequel il fantasmait depuis trop longtemps. L'impatience remplaça rapidement l'anxiété tandis qu'il marchait de nouveau, entamant le virage fatidique. Sans raison, ses yeux traînèrent sur le sol, derrière lui, rien qu'une seconde avant de perdre de vue l'espace qui l'avait arrêté. Une seconde. Rien de plus.

La lumière joua sur le carrelage, s'éteignant puis se rallumant. Une fois. Deux fois. Wyatt Jr plissa les yeux, fronça les sourcils. Un instant il hésita puis, le cœur battant malgré lui, il revint sur ses pas. C'était idiot. Il n'avait pas à craindre le moindre recoin de l'hôpital. Il n'était plus un enfant empreint de peurs imaginaires. Le monde qui l'entourait ne lui offrait pas toujours les plus grandes beauté, mais il était fait du concret qu'avait créé le Seigneur et de cela, il n'avait pas à être effrayé.

« Bon sang... »

Ses pas le menèrent à nouveau au couloir vide. Les lumières cette fois-ci n'avaient cessé de clignoter, doucement. Eut-il cru à pareilles manifestations, il se fût demandé s'il ne s'agissait là de la démonstration d'une quelconque présence. Ce n'était pas le cas toutefois et, un soupir frustré aux lèvres, le jeune interne marcha en quête du bloc électrogène.

« C'est pas vrai... »

L'insatisfaction muta en inquiétude à mesure qu'il avançait dans ce même corridor qui se moquait de lui. Si l'électricité avait un problème, quel qu'il soit, cela pouvait bien mettre en danger des vies. C'était intolérable. Il devait vérifier que l'installation fonctionnait auprès des patients.

Ouvrant doucement une chambre vide, Wyatt s'y enfonça. Le lieu était austère, ainsi baigné d'obscurité, presque repoussant. N'ignorant pas qu'il s'agissait là des affres de la pénombre, il se contenta de pousser l'interrupteur. Une lueur blanche imprégna immédiatement la pièce. Celle-ci ne semblait pas subir les spasmes de ses congénères. Parfait. Un soupir de soulagement lui échappa.

Tout allait bien. Il devrait simplement tenir informé le personnel d'entretien de l'hôpital des ampoules à changer. Rien n'était à craindre. Parfait. Il pourrait rentrer bientôt.

Bientôt, vraiment ? Quelque chose pourtant, quelque chose qu'il s'évertuait à ignorer lui soufflait qu'il y avait plus à voir que ce qu'il n'y paraissait en ces lieux.

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Personne. Il n'y avait personne dans ce couloir à par moi. Pourtant j'avais l'intime sensation que quelqu'un d'autre se trouvait là. A croire que j'étais en train de vraiment devenir fou à force de passer du temps dans cet enfer. Personne à qui parler hormis Béatrice. La jeune mère de famille était gentille, je n'allais pas dire le contraire. Mais se restreindre à devoir côtoyer qu'une seule et même personne c'était un peu déprimant.
Je soupirai, déçu de ne pas avoir trouvé une autre âme qui vive. J'allai devoir me contenter des médicaments si j'en trouvais. Alors que j'allai continuer mon chemin, le son d'une voix me parvenait à nouveau. Une fois d'accord mais là...C'était vraiment trop étrange. Des bruits de pas aussi suivait. Je ne croyais pas à l'homme invisible mais après avoir une plante carnivore humanoïde et des demons-chiens...Pourquoi pas ? Peu importe ce qui se passait il ne devait pas laisser filer cette voix.

- Attendez !

Je me mettais à marcher rapidement, vers je ne savais où. Faisant tressauter les lumières dans le vrai monde. Mettant en panique un pauvre infirmier. J'avais peur de louper l'occasion. Des réponses ? Et soudainement elle était là. Presque invisible. Comme une illusion aux traits humains qui se mouvaient dans le couloir. Ce que j'entendais venait de là, c'était sur et certains.

- Je suis là est ce que vous me voyez ???

Aucune réponse. La forme indistincte était parti par une porte qui était surement dans un meilleur état réellement que ce que je voyais actuellement. C'était avec un air dégoûté que je posais ma main sur la moisissure recouvrant la poignée avant de la baisser. Entrant dans un grincement dans une salle qui était aussi catastrophique que le reste de la ville. Avec soulagement j'apercevais mon "camarade".

- Hey ! Vous m'entendez ?

Je n'osai pas m'avancer, mais les contours devaient être celui d'un homme. Un homme dont le soulagement d'avoir de la bonne lumière dans cette pièce allait se voir réduire à néant par ma présence. La petite lampe de chevet se mettant à clignoter.

- Dites quelque chose bordel !

L'impatience et l'énervement commençait à me gagner. Des émotions qui n'étaient pas très bonnes pour ma santé. Mais actuellement c'était bien le cadet de mes soucis. Le calme perdu venait de tout éteindre.

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Les iris déparayés laissaient danser en leur centre la lueur rassurante de l'ampoule bien vivante. Douce candeur, Wyatt Jr redevenait l'enfant effrayé de la nuit qui, par la force de son courage, parvenait à se lever pour se ruer, pieds nus contre le parquet grinçant, sur l'interrupteur. Cliquetis, lumière, la peur qui s'efface et le sentiment d'accomplissement, stupide mais agréable. Un petit rire lui échappa à l'idée, au souvenir, puis le jeune homme passa une main fatiguée sur son visage. La rêverie s'effaça au rythme du geste, bulle qui éclate, réalité qui revient. Il fit demi-tour et s'avança vers la porte. Un pas, deux pas. Noir, lumière.

« Qu'est-ce que... »

Un instant, il resta figé là, à fixer sur le blanc du mur les lueurs se dessiner et se perdre à rythme régulier. Ténèbres, clarté, ténèbres clarté. Un souffle irrégulier lui échappa soudain et il fit volte-face, son regard fixé sur l'ampoule qui clignotait de plus en plus vite.

« Bon sang, mais c'est pas vrai... »

Pas de logique, Wyatt s'approcha de l'instrument défectueux et se pencha dessus, comme si cette action pouvait par un obscur moyen résoudre son problème. Ce ne fut évidemment pas le cas. Pire encore : l'obscurité s'abattit une bonne fois pour toute sur l'endroit, plongeant le jeune homme dans un désarroi qui venait un peu de partout à la fois. Les patients étaient-ils en danger ou autre chose se passait-il, un plaisantin qui le faisait tourner en bourrique ?

La fatigue pesait lourd sur ses épaules et il pinça l'arrête de son nez entre son index et son pouce, une grimace mécontente s'emparant de ses traits. Une colère chaude bourgeonna dans sa poitrine sans raison apparente, manifestation douloureuse de sa lassitude croissante. Inspiration, expiration. L'idée que quelqu'un puisse s'amuser à faire une telle chose l'agaçait profondément.

Soupirant, il laissa le silence s'installer en croisant les bras, tendit l'oreille dans l'espoir d'entendre quelque chose. Rien ne vint. La frustration grimpa, grimpa encore. Il se tritura la lèvre, décida rapidement qu'il ne servait à rien de rester planté là.

« Il y a quelqu'un ? Si c'est une blague, c'est inutile et malsain ! »

Un regard, il attendit de nouveau, se disputa lui-même. Évidemment, qu'il n'y avait personne. L'hôpital n'était pas plein, cette aile était jonchée de chariots vides et de poubelles en attente d'être descendues. Personne ne devait résider dans les chambres de ce couloir... depuis trop longtemps d'ailleurs.

Il posa sa main sur la poignée, ouvrit la porte, laissa la lumière grésillante du corridor s'offrir à lui. Nouveau soupir. Un regard vers la gauche. A vrai dire, Wyatt Jr n'avait pas très envie de s'enfoncer dans les ténèbres spasmodiques de l'hôpital. Il ne pouvait toutefois pas se permettre de manquer cette occasion de déceler un problème.

« Dieu, que ta lumière me guide... »

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WYATT JR

L'évidence se faisait petit à petit. La personne à qui j'étais en train de parler ne m'entendait pas. Elle ne me voyait pas non plus. C'était comme si j'étais devenu un fantôme. Un esprit qui hantait l'hôpital. Peut être est ce que j'étais mort en réalité. L'homme me paraissait loin, je peinais à deviner ses contours comme si un voile était autour de lui. J'entendais pourtant sa voix à présent. Ce qui me confortait dans le constat que je venais de faire : j'étais inexistant pour lui. Il n'y avait que ses lumières que je faisais sauter qui avait l'air de traverser le mur qui nous séparait. Encore un lien avec les fantômes. Les lampes qui clignotaient, c'étaient bon pour les films d'horreurs.
La voix familière n'avait pourtant pas l'air d'avoir peur. En tout les cas, il ne s'était pas enfui en courant. C'était surement un membre de l'hôpital. Vu les séjours que j'y avait passé, difficile pour moi de deviner de quel médecin il s'agissait. Pas mon généraliste, ça c'était sur et certains. Ca me semblait plutôt être celle d'un jeune.
Je l'entendais demander si il y avait quelqu'un, râler que ce n'était pas drôle comme blague. Est ce que je devais faire du morse ? J'avais appris celui du signal de détresse quand j'étais adolescent, m'en servant pour faire tourner en bourrique les policiers. J'étais un peu con à cette époque.

- Si en plus je pouvais savoir qui tu étais ça m'arrangerais, tu veux pas d'auto-appeler ?

Proposais je tout en le suivant vers la porte. Il venait d'ouvrir cette dernière, jetant un coup d'oeil pour vérifier quelque chose.Il en appelait même Dieu pour traverser le couloir. Une idée venait de germer dans mon esprit, me permettant de vérifier en même temps si ma théorie était bonne. J'attendais que le médecin soit enfin dans le couloir, avant de me concentrer pour éteindre toute les lumières. J'avais juste besoin d'une seule lampe. Celle juste en face pouvait faire l'affaire. Avec un sourire, je voyais le couloir se plonger dans la pénombre. C'était quoi déjà ? Trois points, trois tirets, trois points. Est ce qu'il allait comprendre ? Les lumières avaient tellement clignoté sur mon passage, mais la mise en scène n'était pas anodine. J'avais vraiment besoin d'aide. Besoin de ces médicaments.

- Si tu crois en Dieu, tu dois croire aux esprits non ?

Soufflais je en faisant clignoter l'ampoule. Il faudrait que je raconte cette aventure à Béatrice. Elle allait surement penser que j'étais fou. Peut être que ce voile indiquait que la personne à qui je m'adressais venait du monde des vivants. Après tout à un enterrement, les femmes mettaient un voile devant leur visage parfois - c'était pour pas voir leurs pleurs mais bon...Je commençais surement à divaguer là.

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C'est la fatigue, se répétait-il. Il ne pouvait réellement sentir cette présence qui le suivait, il ne pouvait réellement percevoir l'ombre de quelqu'un, de quelque chose partout autour de lui. Ces choses-là, ça n'existait pas. Ces choses-là appartenaient au monde du cinéma et des histoires d'épouvantes, des chimères odieuses dont on apprenait la crainte et qui toujours évoquait en chacun une paralysie apeurée. C'était la valse éternelle, cauchemar et excitation s'affrontant dans ce duel d'intimité qui agitait le cœur de chacun. Wyatt Jr n'était pas différent des autres. Simplement, il savait reconnaître la réalité des songes... du moins le pensait-il.

Les pas du jeune médecin s'enfonçaient dans le couloir sombre, illuminé spasmodiquement de couleurs blêmes. L'ambiance était inquiétante, pas tant du moins que le sursaut soudain qui prit les ampoules.

Noir, blanc, noir, blanc, noir, blanc.

Une pause.

Wyatt fronça les sourcils, se tourna vers les néons qui clignotaient en rythme. Les ténèbres demeurèrent un instant, puis la cadence reprit, plus longue toutefois, plus lente. Il plissa les yeux. Quelque chose dans ce qu'il voyait évoquait en lui une nostalgie singulière, des souvenirs effacés dont il ne pouvait consciemment dessiner les contours. L'obscurité de nouveau s'imposa, puis la lumière revint.

Noir, blanc, noir, blanc, noir, blanc.

Son regard s'écarquilla. Impossible. Il devait rêver. Il devait halluciner. La fatigue avait finalement achevé de lui monter à la tête. Ce... Ce code, il l'avait appris tout petit, lorsqu'avec son père il se perdait en forêt et qu'ils s'imaginaient naufragés ou bien explorateurs. Du morse. Trois points, trois tirets, trois points. S-O-S.

Wyatt eut la sensation d'avoir pris une douche froide. Son corps entier se hérissa et il recula d'un pas, se retourna pour tenter de discerner quelqu'un dans la noirceur de l'endroit. Ses dents tirèrent sur sa lèvre inférieure.

« Je... »

Il se sentait stupide, d'essayer ça. Ses collègues achèveraient sans doute de se moquer de lui lorsqu'il serait mené dans une salle où ils l'attenderaient, riant de bon cœur face à la naïveté du petit nouveau. Ils n'auraient pas tort. Pourtant, le jeune homme préférait être la risée de l'hôpital plutôt que de louper un signal d'alerte, un vrai. Ses yeux dépareillés glissèrent sur le fond du couloir. Peut-être quelqu'un était-il coincé dans la pièce où se situait le réseau électrique ? Wyatt Jr n'y connaissait pas grand chose, à tout ça. L'anatomie humaine n'avait aucun secret pour lui, mais celle de la mécanique demeurait un mystère.

« Vous avez besoin d'aide ? », lança-t-il dans le vide.

Stupide. Ridicule. Il avait vraiment la sensation de l'être. Un soupir lui échappa, et il passa sa main sur son visage. Sa pomme d'Adam joua le long de sa gorge. Si une personne était dans le besoin, elle le voyait sans doute dans les caméras, ou peut-être était-elle assez proche pour entendre ses mots.

« Guidez-moi ? », tenta-t-il d'une voix incertaine.

À ce stade, se réveiller avachi sur son bureau lui paraissait destin plus crédible que sa situation actuelle.

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C'était dans un dernier espoir que j'avais tenté de communiquer avec l’infirmier à l'aide de la lumière. Mon sort était entre guillemets entre ses mains - je n'allai pas non plus mourir dans la seconde - car ça me ferait gagner du temps de m'indiquer où était le stock de médicaments. Si bien sur, il était intact. Vu comment se trouvait l'état de la ville, j'avais un doute. Cela dit, ça faisait quelques jours que j'étais là et je devais me tenir à un mince fil d'espoir. Ce même fil qui me permettait de tenir debout malgré la fatigue et la faim. Mon interlocuteur était un peu mon seul salut, et j'espérais qu'il capte que cette mise en scène n'était pas une blague ou un bug électrique.
J'attendais donc, debout près de l'homme. Il était si loin et si près en même temps. C'était assez frustrant. Au moins il n'avait pas fui lorsque la lampe s'était mise à clignoter étrangement. Il était resté immobile et mon coeur avait loupé un battement face à sa question. Je me retenais de sauter de joie pour ne pas tout foutre en l'air, de peur que le couloir se transforme en boîte de nuit. Je devais continuer de maintenir la "discussion" avec l'infirmier. Si ça en était bien un. Mais vu qu'il savait où était le tableau électrique je supposais que c'était le cas.

- Oui j'ai besoin de toi !

Comment je pouvais traduire ça ? Comme dans le milieu médical ? Un geste pour un oui, deux pour un non. Je faisais donc clignoter une fois la lampe après un temps dans le noir. Par contre pour ce qui était de le guider ça allait être difficile...J'étais un patient de l'hôpital mais de ce côté ci il était tellement...méconnaissable que j'allai devoir faire appel à ma mémoire pour retrouver le bureau de psychologie ou neurologie. Si bien sur, en plus, l'infirmier acceptait de me suivre...Je soupirai, et me raccrochais à nouveau à ce fil avant de me mettre en route, faisant clignoter la lampe une fois au bout du couloir qui se trouvait là aussi.

- Tu m'a demandé de te guider alors suis la lumière ! C'est pas des petites cailloux que je t'envoi

Le bureau du psychologue que je voyais n'était pas très loin. Et si je revenais un jour dans le monde des vivants, il allait avoir beaucoup de boulot en plus en ce qui me concernait.