boys don't cry (georgie)

SNIPPET 1. Petit dernier d’une famille de trois enfants, Georgie est souvent passé inaperçu à côté des réussites intellectuelles et sportives de ses frères, Gus et Ben. Ce qui, étant donné les circonstances, n’est pas plus mal. Ben, est le portrait craché de leur père, fier, violent, absolument insupportable, il se porte toujours volontaire pour une claque bonus après le passage de son père. Gus, c’est tout le contraire, il est calme, trop gentil pour son propre bien et toujours là pour s’occuper de son petit frère, surtout quand il est cloué au lit. C’est peut-être pour ça que Georgie tombe si souvent malade, quelque part, son cerveau sait que son père et Ben ne lui tomberont pas dessus s’il est déjà à terre. C’est une forme d’instinct de survie faut croire. Sa mère, elle, est une femme épuisée par la vie, qui se donne du mal pour maintenir les apparences et donner l’illusion aux voisins que tout va bien chez les McGalaan. Si elle s’occupait un peu de ses fils et pas du qu’en dira-t-on, tout irait peut-être bien pour de vrai. SNIPPET 2. Difficile de parler de Georgie sans parler de Jim et Gabriel. Les trois garçons sont meilleurs amis depuis toujours, indissociables, leur amitié passe avant tout le reste. Dans ce charmant petit groupe, Georgie, c’est un peu celui du milieu, « la colle » il aime bien se dire. Gabriel est l’intrépide, le garde du corps, Jim le cerveau, celui qui calme les deux autres et qui s’assurent qu’ils ne meurent pas de façon débile. Ils ont tous les deux des personnalités bien marquées, du coup parfois, Georgie a du mal à trouver sa place. Il a l’impression de servir à rien. Tantôt tête brûlée, tantôt réfléchie, il navigue entre les deux sans trop savoir où il va. Mais au final, il est content de cette place pas vraiment définie qu’il occupe. À ses yeux, rien ne vaut ses deux meilleurs amis, il ferait tout pour eux et ils le lui rendent bien. Alors il est fier s'il peut retrouver un peu d'eux deux en lui. SNIPPET 3. Georgie se voit encore dans sa chambre. Il entend son père crier sur sa mère en bas et elle pleure. Il n’en peut plus de cette vie, il est en colère, il a peur, ses mains tremblent pendant qu’il remplit son sac à dos. C'est décidé, il part. Il va aller se cacher quelque temps dans la cabane dans les bois, le point de ralliement avec ses amis. Jim et Gabriel se douteront que quelque chose ne va pas et ils viendront le rejoindre demain dans la matinée. La mère de Jim est tarée, les parents de Gabriel s’en foutent, ils pourraient très bien partir tous les trois, tout le monde s’en porterait bien mieux ! Il prend une grande inspiration. C’est partie ! Georgie n’a pas besoin d’être silencieux quand il descend les escaliers, son père crie assez fort pour couvrir le bruit de ses pas. Il entend un verre exploser contre le carrelage de la cuisine, puis quelqu’un qui tombe, mais qui ne crie pas. Il sursaute, doit s’arrêter pour reprendre son souffle. Il n’y a plus aucun bruit dans la maison. « Maman ? » il demande d’une toute petite voix. Il hésite tout à coup. Non. Il doit partir ! Il ne sait pas trop comment il arrive dans la forêt, l’adrénaline sûrement. Il court entre les arbres, il sent que quelque chose est derrière lui. C’est là qu’il l’entend, son père, qui hurle son nom. Il n’entend rien d’autre. Il court de plus en plus vite, toujours plus vite, il a peur de ce qui se passera si son père l’attrape. Ses jambes l’emmènent assez loin, il ne se pensait pas capable d’aller si vite, si longtemps, mais forcément, il finit par tomber. C’est toujours comme ça que ces histoires se terminent. Il ne comprend pas tout de suite qu’il est au sol, il essaye de continuer, mais ses jambes sont bloquées par quelque chose. Comme des serpents, il voit d’énormes racines glisser le long de ses mollets et de ses cuisses, l’emprisonnant au cœur de la forêt. D'un coup, son père est au-dessus de lui, couvert de sang, celui de sa mère, il est persuadé, et puis Georgie ne se souvient plus de rien. Rien du tout. SNIPPET 4. Depuis son retour, la nuit, Georgie rêve d’un monde étrange. Sombre, sale, il est seul la plupart du temps. Il avance lentement dans la boue, il a du mal à marcher. Il pense à ses amis, à sa mère parfois et à Gus. Quelques fois il y a un homme avec lui. Il entend des coups de feu, une voix qui dit « Cours, je vais les retenir ! » Tout est flou, mais ces rêves ont l’air plus réel que la réalité. Quand il se réveille, c’est en criant ou en pleurant ou les deux. SNIPPET 5. Georgie ne comprend pas ce qui s’est passé ces deux dernières années. Pour lui, il a fugué il y a quelques jours, il imaginait sa mère morte, son père en prison (avec un peu de chance) ou en fuite et pourtant ils sont encore là tous les deux, plus heureux que jamais. C’est presque plus effrayant que ses cauchemars. Quand il les voit s’enlacer, Georgie entend sa mère crier et il revoit son père couvert de sang au dessus de lui. Quelque chose n’est pas normal et il va découvrir quoi !