Event #6 - Battues

isha, c'était l'homme fort. celui qui clamait haut qu'il n'avait peur de rien. c'était pas des paroles en l'air, mais une vérité qu'il s'efforçait à mettre constamment en avant. pourquoi ? peut-être pour ne pas faiblir, pour y croire dur comme fer, pour ne pas se remettre en doute une seule fois. c'est une façon de survivre, sa façon, et au fond il s'en sortait très bien comme ça. et même s'il savait que là dehors il y a avait quelqu'un, quelque chose, qui s'en prenait à eux les uns après les autres, il tâchait de garder son sang-froid. le truc, c'était d'oser, et d'affronter la moindre de ses peurs. il prenait son courage à deux mains, et même si son père sembla lui gueuler quelques mots qu'il ne saisit pas en passant l'encadrement d'une porte qu'il claqua aussi fort qu'il le put, une lampe torche était enfoncée dans la poche arrière de son pantalon. il était prêt, physiquement, mentalement. il avait tous les outils en main. vous me direz, pourquoi est-ce qu'il participerait à cette battue ? on ne peut pas dire que ce soit dans son intérêt, dans la mesure où il ne connaissait pas les deux disparus. mais isha se sentait concerné. c'était deux habitants d'aster cove, deux habitants de sa ville, et ça aurait pu arriver à n'importe qui. à quelqu'un qu'il connaissait, à un ami ou à un membre de sa famille, et il ne pouvait simplement pas rester sans rien faire, à songer sur le fait que deux hommes, quelque part, soient susceptibles d'avoir besoin d'aide. il sentait que c'était son devoir, un truc qu'il avait à faire, qu'il avait besoin de faire pour avoir la conscience tranquille. comparé à beaucoup de jeunes de son âge, quelque chose qui avait accentué sa popularité lors de ses années lycée, il était altruiste. c'était pas le mec qu'on pouvait vraiment détester. pourtant, isha est là, mais silencieux. discret. il est prêt à faire ce qu'il doit faire. et pourtant, il ne décroche pas un mot. son regard avait balayé l'assemblée, repéré quelques têtes familières, mais il n'osa pas venir à leur encontre. il était peut-être bien trop préoccupé, puis attentif aux mots du shérif. lorsque la battue sembla démarrer, il ne restait pas en retrait, mais faisait partie des derniers qui suivaient la troupe. il n'avait pas encore dégainé sa lampe torche, il n'en avait pas encore besoin, laissant ses yeux s'habituer à la pénombre, tandis que son corps tentait désespérément de s'habituer à un froid que sa volonté réussissait à laisser, pour le moment, de côté. de toute manière, leur attroupement allait leur permettre de rapidement se réchauffer, donc ça n'allait bientôt plus être un problème. nan, le problème, ça allait être ça, au loin, qui semblait se lever, et dont leurs pieds semblaient déjà se baigner.

Il y a trop de choses à observer. L’atmosphère pue le désespoir, comme s’ils n’allaient rien trouver, ou un cadavre, peut-être. Therese tente d’alléger cette pesanteur d’un trait d’humour qui le touche de justesse, qu’il attrape au vol avec un sourire en coin - pas tout à fait faux, ni tout à fait vrai. Kane est là également et Andy se demande un instant ce que fait Sandra, ce soir ; si elle a fait garder son fils pour pouvoir participer à la battue ou si elle est chez elle, bien en sécurité. Ses pensées virent à nouveau, droit vers Julia et Teo, certainement occupées en cuisine, et il est rassuré, subitement, de ne pas savoir sa soeur là, avec lui. Andy regarde les deux lycéens interagir, déjà au courant de ce qu’il se passe - ou ne se passe pas - entre eux, et hausse les épaules en observant Jack. « Je vote pour l’abandonner dans la brume, si tu m’en veux pas. » Est-ce qu’il blague ? À moitié. Andrea n’a jamais pu encadrer Jack, mais il ne le jetterai pas aux fauves malgré cela.

Il l’ignore malgré tout, lorsque le gamin commente la brume qui se lève et les comics qu’il espère récupérer à l’issue de tout ça. Quelques jours plus tôt, quelques semaines peut-être, Andrea se serait certainement mêler à leur échange, un peu moqueur, un peu taquin, uniquement pour ennuyer Therese. Mais il ne dit rien, jetant un bref coup d’oeil à Kane, mâchant son réglisse en prenant bien soin d’observer le terrain. C’est que bientôt, il n’est pas sûr de pouvoir voir ses chaussures. Andy tourne la tête, aperçoit une silhouette à la traîne - Holland ? -, adresse un signe de tête à Ange, un peu plus loin, à qui il aurait envie de dire bonjour, de demander si tout va bien. Il ne l’a pas beaucoup vue, depuis la disparition de Camden. Que sait-elle, d’ailleurs, de ce qu’il s’est passé cet été ? De ce qui aurait dû arriver ? Il n’est pas bien sûr de ce qui liait Ange et Camden, ces dernières années, mais il sait, il sent que la jeune fille s’inquiète.

Son pied heurte quelque chose et Andrea ne peut empêcher son coeur de galoper dans sa poitrine - après ce qu’il croit être un bref arrêt. Sa lampe torche manque de peu de rejoindre le sol et, lorsqu’il se redresse, Andrea se demande s’il a imaginé le mouvement, là, un peu plus loin, dans la brume. Ce n’est pas un membre de la battue, il en est presque sûr - ils sont là, tous alignés, certains sur le point de les rejoindre, mais personne n’est censé être si loin dans les ombres. Andrea chercher le shérif du regard, hésitant à signaler ce qu’il a vu - ce qu’il croit avoir vu. Braquant sa lampe vers ce qui ne semble être un grand rien, il déglutit un instant. Est-ce qu’il a peur ? Il ne saurait dire, il n’en a pas l’habitude - il découvre, depuis qu’il est à Aster Cove, que d’autres émotions existent, que d’autres craintes existent. « Reese, est-ce que t’as vu ça ou est-ce que je viens de l’imaginer ? » Et une petite voix lui souffle qu’il s’agit que d’un tour de son imagination, qu’il n’attend qu’une chose : que Therese lui confirme qu’il a rêvé pour qu’ils puissent continuer à avancer.

La brume vous enlace, vous encercle, elle s’élève avec un panache inquiétant, instaure cette atmosphère oppressante. Les silhouettes ne sont plus que des ombres, tu as même cru en reconnaître une ou deux sans vraiment parvenir à mettre le doigt dessus. Tu prends discrètement la main de River, pour la rassurer et, quelque part, pour te rassurer toi-même. Ta main est chaude, frêle mais rassurante. Tes yeux glissent sur l’épaisse couche qui vous sépare du reste du groupe, ta lampe tente de la percer sans résultats.

Tu as à peine eut le temps de répondre au sourire d’Andréa, son visage avait déjà disparu. Tu la sentais bien, son inquiétude. Comme si ses beaux sourires avaient perdu leur éclat. Après tout, pour que Camden se déplace spécialement pour venir voir Andréa au Sweet Tea, ce jour-là, c’est qu’il devait en valoir la chandelle -et tu le comprenais bien sur ce point-. Tu déglutis, alors que l’ambiance lugubre semble bien installée.


“Vous avez entendu ce bruit ?”


Tu avais toujours été fan de film d’horreur et les violences que tu subissais chaque jour n’avaient que renforcer cette absence de peur extérieur. Les seules choses qui pouvaient t’atteindre, d’ordinaire, c’était tes propres peurs intérieures. Mais ici, au milieu de cette forêt sombre, cette brume prédatrice, tu sentais ton myocarde cogner contre ta cage thoracique dans un battement douloureux. Pour détendre un peu les troupes, tu pestes un peu, l’air ironique.


“Cam me devra un milkshake, vu comment j’me fous dans la merde pour lui … Puis, faut bien que je donne mon cadeau à Monsieur Caldwell..”


Tes paroles vacillent entre railleries dites à voix hautes et murmures d’un coeur inquiet. Même pas peur, même pas mal, ta pauvre lampe torche subissait la prise de tes doigts qui se resserraient tout autour.

Ils sont tendus, tous ; et la plaisanterie de Reese retombe sous les humeurs inquiètes d'Andy, de Jack, et de l'ensemble des habitants de la ville venus ce soir. Quelle idée, d'organiser une battue en pleine soirée ! Il aurait mieux fallu annuler les cours, fermer les boutiques, empiéter même sur un dimanche Saint juste après la messe, pour chercher à la lumière du jour les éventuelles traces des disparus... Therese néanmoins hausse ses sourcils à la réponse éloquente d'Andy, que Jack a très probablement entendu. Ils se supportent mutuellement avec difficulté, elle le sait, les élans stupides de Kane agressant la gentillesse sincère du pâtissier, les sourires chaleureux de ce dernier aiguisant le sarcasme de l'autre. La balle au centre, dans les mains de Wallis qui devient à la fois arbitre et partenaire des deux opposants, en alternance, la lycéenne braque sa lampe torche à la figure de Jack, rendue déjà fantômatique par la brume qui se lève invariablement. « Arrête de te la jouer dramatique ou je te largue dans le brouillard, fait-elle. Tu crois que le shérif laisserait la moitié de la ville se perdre dans la brume, si ça devenait trop dangereux ? Alors continue de chercher. » D'un ton qui n'admet pas de réplique elle les rassure comme elle peut : elle sent que si elle flanche, c'est le trio qui achèvera de se casser la figure. Elle mâchonne son réglisse en braquant de nouveau sa lampe torche sur l'étendue blanche, qui s'épaissit, lentement. Elle hausse les épaules à sa dernière réplique, répond : « Je planque pas de X-Men, dans la salle AV. » Au moins dans la brume, on ne verra pas qu'elle rougit légèrement sous le mensonge. Comment est-ce qu'il est au courant pour sa planque ?

Andy s'agite à sa droite. Reese braque vers lui la lumière alors qu'il trébuche, se raidit, tourne vers elle un regard où s'invite une inquiétude vive, une angoisse de l'instant, différente de celles qui ont tracé les cernes sous ses yeux de chiot. Reese n'a rien vu, mais entendre la panique filtrer légèrement dans la voix de Ferretti est plus effrayant qu'une ombre, qu'un souffle sur la nuque dans les ténèbres blanches. Andy n'est pas une drama queen (comme l'autre sur sa gauche, dont elle sent l'angoisse presque tangible), et Reese met le tout sur son manque de sommeil et les traits blancs qui ont remplacé l'olive de sa peau du Sud : « J'ai rien vu... J'aimerais bien pourtant, vu comme on commence à... » « NE BOUGEZ PLUS. » La voix de Reese tombe sur un hoquet de surprise ; elle sent dans son dos les prémices de sueurs froides en entendant que la battue est suspendue. Ne pas céder à la panique, leur intime-t-on sur un ton qui incite plutôt à s'y abandonner totalement. Reese a stoppé sa marche, resserre sa prise sur sa lampe torche, qui lui dépeint un mur opaque, d'un blanc saisissant dans la nuit. Il y a des bruits, alentours, comme des chuchotis ; sûrement rien d'autre que la présence des autres, invisible, mais c'est assez pour accélérer légèrement le rythme de son coeur.

« Cette fois on est fixés... » fait-elle sur un souffle, et, presque délicatement, elle prend la manche du sweat d'Andy de la main droite, pour le rapatrier un peu plus à ses côtés ; et de la gauche, vers laquelle elle se garde bien de jeter un coup d'oeil, elle attrape discrètement le pan de la veste de Kane. Il est capable de faire le pas fatal dans la brume en gesticulant dans tous les sens, pour prouver qu'il est courageux, ou que sait-elle encore. Puis elle demande, en essayant de ne pas penser trop à Dennis, à Ange, aux visages familiers si distincts juste avant : « Quelqu'un veut un autre réglisse ? »

« AHAHA, très drôle. » La voix de Jack est avalée par la réglisse dans sa bouche, il les écoute, distraitement, le goût caoutchouteux du bonbon en réconfort et son oreille d’enfant, tantôt fuyarde, tantôt curieuse suit la conversation. Ils sont sur la crique mais le parcours semble escarpé pour tous les membres de la battue. Aveuglé par Reese il fait une grimace mais ne réplique rien, sans doute muet de la trouille qui les a saisis à la nuque collectivement, le long frisson s’accrochant petit à petit à la colonne vertébrale, en griffes acérées.

Ils doivent se poser des tas de questions, ou bien le mot  brume, brouillard, buée, tourne dans leur crâne en machine à laver infernale. Jack se demande ce qu’il fout ici, la décision la plus inégale de l’année, il a des éclats d’adrénaline mal placée sur les joues et heureusement on ne voit plus grand chose. 

Il y a un sursaut quand la terre se foule sous les pieds d’Andrea sans vergogne, on s’attend à le, voir se faire avaler mais Reese et lui échangent quelques mots décousus, ce qui prouve qu’il est toujours en vie, que Jack à tout imaginé, qu’Andrea a tout imaginé, que s’il y a un monstre c’est seulement la voix dévoreuse des habitants exténués.

Pas de monstre.
Pas de monstre.
Pas de monstre.

Jack essaye de suivre, là où leurs lampes tendent, puis le fil électrique de la ville planté dans l’eau les réveille quand la voix du shérif éclate en ballon de baudruche à leurs oreilles. Le cercle grésillant de la lampe de Jack bondit avec lui. 
Ils se figent, pire qu’un ordre, un appel du corps tout entier, une réponse primaire et l’instinct animal prend le dessus sur tous. « Putain mais t’arrêtes jamais avec tes réglisses toi. » Jack répond du tac au tac, mais les yeux posés sur les mains de Therese qui lient leur trio, elle bouge pas, il se tait ensuite, dans l’angoisse si vive qu’elle arrive à traverser les veines de ses bras et l’intérieur de son estomac dans le même temps - la peur irradie la crique. - La brume embrasse leurs joues de baisers maudits et ils restent statiques, pour l’instant, personne n’a eu d’élan absolument fatal, pour l’instant. « Tu disais quoi à propos du shérif du coup, T? »

Persécutés. Ils se disaient au lycée des histoires de fantômes pendant que les images tournaient sur le mur blanc au fond de la salle de classe, dans leur sécurité candide, leurs jeunes âges. Les battues étaient le spectacle ahurissant des adultes, après tout, ils n’avaient pas le droit de s’éterniser dans les terreurs de Lost Pine alors ont leur gardait le petit tour de manège final pour la fin, c’était sûrement ça. Jack s’était éloigné, évidemment qu’il s’était éloigné. Jack, le premier à marcher sur une mine imaginaire, le premier à se laisser attirer par les échos aveugles de la brume. 


Ça l’avait appelé comme une voix sortie d’outre-tombe, une voix qu’il n’avait pas entendue depuis trop longtemps, qui lui rappelait les cadres d’une photo de famille, l’habillait d’un lustre d’antan, lui amenait au visage de rares couleurs qu’il aimait voir ternes le matin en se réveillant. Et il avait tiré sur sa veste retenue par Therese Wallis sans un regard pour ses comparses, non pas qu’ils avaient perdu en valeur sentimentale mais s’il ne suivait pas cette piste c’était risquer de la perdre. Il n’oubliait pas le fin cordage que formaient Andrea et Therese, dans un coin de la tête la vue de leurs faces décrépies le hantait.

En faisant volte-face, il remarqua l’épaisseur double de la brume, malgré l’atmosphère glaçante, le sang du garçon lui montait à la tête. Il tapait machinalement sur la lampe dont le faisceau oscillait en intensité, sa bouche entrouverte, le souffle court et sacacdé: « FERRETTI? REESE? » Le goût du bonbon lui collait au palais, Jack déglutissait, il voyait filer des ombres dans le paysage déformé par l’horizon bouché de fumée traitre. Sa lampe s’éteignit pour se rallumer, elle ne servait à rien sinon faire danser un cercle de lumière douce sur l’écran neigeux d’une télévision allumée dans l’espace de la crique. « Putain, merde! » Où était-il, maintenant?



Il voulait tendre la main et en saisir une autre. Malgré tout ses pieds continuaient de s’enfoncer dans la surface meuble, il devait poursuivre, tracer, s’il se figeait, il ne quitterait jamais la brume, mais la brume n’avait pas non plus l’air de vouloir le quitter. « Vous êtes où?! »

Entre ses doigts la veste tire, et avant que Reese ne puisse resserrer sa prise, Jack lui échappe, et lâche le fil d'Ariane qui tenait leur trio précaire. Reese, sidérée par ce qui vient de se passer, ouvre la bouche et manque de lâcher sous le choc et l'inquiétude la manche d'Andy, le dernier lien qui les tient encore hors de la brume. « Kane ! », crie-t-elle au brouillard -la silhouette de Jack a été engloutie en un souffle, disparaissant derrière le mur blanc qui semble s'épaissir maintenant encore un peu plus. Reese essaie d'entendre par-delà le boucan de son cœur, qui tambourine à mille à l'heure dans sa poitrine angoissée. « KANE ! » répète-t-elle plus fort, « KANE, qu'est-ce que tu FOUS ? » Un silence inquiétant lui répond -elle le balaie de sa voix à nouveau. « KANE ! » reprend-elle. « JACK KANE ! » Sans attendre cette fois, elle martèle. « JACK ! KANE ! SPENCER ! JACK SPENCER-KANE ! »

Sa voix meurt sur la note finale, s'enfonçant dans le nuage opaque qui l'avale. Et le silence qui suit la heurte de plein fouet.

Reese déglutit difficilement, avalant les restes de réglisse, et encore après une seconde à fixer le mur, elle ravale le pas, le premier d'une course irraisonnée, qui la démange maintenant. Elle a vu assez de films d'horreur pour savoir que se lancer seule à l'aveuglette est la dernière des choses à faire -le meilleur moyen de terminer sur les bouteilles de lait d'Aster Cove, elle aussi. « Merde... Quel débile ! » fait-elle entre ses dents, laissant échapper les insultes qui d'ordinaire lui font défaut. Se retrouver face à face avec la photo en noir et blanc de Jack, au prochain petit déjeuner. Repoussant l'image sordide, elle attrape la main d'Andy avec fermeté, s'arrimant à la grande silhouette solide, présence qu'elle peine à retrouver rassurante face à la disparition soudaine.

Elle s'en veut d'avoir été si précautionneuse avec Jack -à penser à l'après, à marcher sur des œufs, craignant d'en briser un en étant trop franche. Qu'est-ce qu'une entaille à l'ego, face à la peur viscérale qui la prend maintenant ? Il aurait au moins pu la prendre avec elle, se dit-elle. Il a pourtant vu au moins autant de films d'horreur. Idiot.

« Andy... » Reese déglutit à nouveau, et jette un regard à Andy -elle craint soudain de le voir appelé au brouillard par son disparu attitré lui aussi. « Me lâche pas. » Et sans plus attendre, elle tire sur sa grande main, prend ce pas, cette course qui lui tend les bras, braquant sa lampe torche, vacillante, sur la brume pleine de bruits qu'elle n'entend pas, d'ombres qu'elle ne distingue qu'avec la conscience qu'ils sont plus que trois, perdus dans la nuit blanche. « KANE ! » Elle ira le chercher jusqu'au bout de la Vallée de l'Ombre, s'il le faut.