Mini Event Halloween 2018 | Groupe 4

This is Halloween

Groupe 4

...Venez
vous perdre
en Enfer...

La nuit est déjà tombée sur Aster Cove et la petite ville d'ordinaire si calme, est en pleine effervescence. Derrière les portes et les volets fermés, quelque chose se trame. Vous le sentez dans l'air, comme un parfum de sucreries mêlé à quelque chose de plus étrange. A l'heure où chacun rentre chez soi, des petites silhouettes, panier et sacs à la main, ont envahi les trottoirs. Jusque là vous avez déjà croisé une demi douzaine de petites sorcières et quatre ou cinq mort-vivants, se coursant les uns les autres pour savoir qui parviendra à se faire offrir le plus de bonbons. On se chamaille, on se défie et on essaie de se faire peur, sous les sourires aveugles aux dents crochues des citrouilles posées sur les rebords des vérandas. Halloween s'est installé en ville et on le sent jusque dans les décorations suspendues au fenêtres.

Mais ce soir, après la chasse aux bonbons vous ne rentrez pas chez vous. Direction le centre ville où une petite projection spéciale vous attend. Les arcades ont décidé pour l'occasion d'organiser une soirée spéciale et vous avez décidé de vous laisser tenter. Les plus courageux d'entre vous sont même plutôt impatients à cette idée. Au programme, ce film de 84 qui avait plutôt bien marché en salle. Le propriétaire de la salle d'arcade n'est pas peu fière d'avoir pu mettre la main sur une copie des Griffes de la nuit et de son célèbre psychopathe au sweater à rayures. Et pour l'occasion il a fait les choses en grand, installant décorations et musique d'ambiance. Dès que vous entrez, le décor vous rappelle immédiatement ce que vous êtes venu fêter. Citrouilles, fantômes et toile d'araignée ont été savamment disposés et la lumière habituellement blafarde des spot à été tamisée pour vous mettre dans l'ambiance.

Approchez vous et prenez place devant l'écran installé pour l'occasion. Le projecteur à l'ancienne braque son faisceau lumineux sur l'espace encore vierge et vous craignez presque de voir une ombre surgir inopinément de la toile blanche. Pas encore mais cela ne saurait tarder. Ce soir, vous êtes venu vivre une soirée pleine de frissons.

Instructions:

Allons nous installer là tant qu'il reste des places.

Il y a déjà du monde, suis-je en train de me dire en passant entre les gens, je garde un œil sur ma cousine qui marche devant moi. Un gamin passe derrière elle et me rentre presque dedans, je m’en écarte et il s’excuse, quand je me retourne, River est déjà en train de me regarder et, elle a un joli sourire sur les lèvres, c’est contagieux, j’en attrape un moi aussi, peut-être moins grand cependant.

Je secoue la tête, allons-y ! Pensais-je en lui faisant signe de la main d’y aller avant moi pour éviter que quelqu’un d’autre pique les chaises qui sont là-bas.

J’arrive, je garde ma veste parce que pour l’instant j’ai encore froid et je m’installe à côté d’elle. Les gens qui sont encore autour de nous sont en train de se calmer parce qu’ils trouvent des places par ici, et par là. En regardant quelques-uns d’entre eux, je reconnais le visage de Sandra Karcy mais, elle ne me voit pas, au milieu des autres.

- Je suis content d’être là, parce que je suis avec toi.

Ai-je finalement avoué en regardant à nouveau ma cousine.

Ça lui avait pris des jours. Des mois, même. Sandra avait tout fait elle-même. Elle avait acheté les matières premières, avait dessiné les patrons, avait cousu chaque élément, avait trouvé de quoi teinter le cuir et avait su construire un casque qui, bien qu'encombrant, n'en était pas mortellement lourd. Elle avait même vu quelques gamins pâlir de jalousie en la voyant déambuler dans les rues. Et honnêtement, il y avait de quoi. Sandra, vêtue comme une reine dans son costume de Hela, s'était pavanée royalement dans les allées avec ses enfants, tous aussi bien déguisés qu'elle. Son fils était un petit Loki tandis que sa seconde avait opté pour Galadriel. Ils avaient raflé des tas de bonbons et avaient été félicités des dizaines de fois pour le réalisme de leurs tenues. Désormais, ses loustics dormaient, gardés par Kelly, qui remplaçait Braden quand celui-ci était indisponible. Elle ? Elle avait fait une entrée fracassante aux arcades, avait accroché bien des regards, surpris ou amusés, et avait gagné une place satisfaisante pour la séance de ce soir. Bien évidemment, elle avait fait tomber le casque. Celui-ci trônait royalement à ses côtés, attendant l'instant où il pourrait regagner son crâne pour la couronner à nouveau. Sandra s'installa plus confortablement sur sa chaise. Pour une mystérieuse raison, elle n'avait toujours personne à côté d'elle. À croire que les gens n'avaient pas d'humour, par ici, ou avaient perdu le véritable esprit d'Halloween. Tant pis. Ça lui permettrait de s'étaler autant qu'elle le voudrait.

Un battement de cils se perdit en un clin d’œil. Evie esquissa un sourire dans le miroir, tournant son visage pour vérifier que son maquillage était bel et bien terminé. Un blanc cadavérique, souligné de traits noirs savamment exécutés, et des touches de couleurs vives pour parfaire le tout. La préparation avait duré deux bonnes heures, mais elle rendait plutôt bien.

« Parfait. », murmura-t-elle, satisfaite.

Elle avait complété son look de Sugar Skull par une robe aux allures victoriennes, sombre et dentelée, juste assez ouverte pour dévoiler ses tatouages. Raffiné, le costume n’en était pas moins efficace, et la jeune femme se trouva ravie du résultat. Pour peu, elle aurait regretté de ne pas aller faire la chasse aux bonbons avec les enfants… Mais cela viendrait, plus tôt qu’elle ne l’imaginait. A cette idée, un sourire doux s’empara de ses lèvres, et elle glissa une main amoureuse sur son ventre. Oh, elle avait hâte…

« Merde ! »

La séance commençait dans un quart d’heure. Elle n’était même pas partie. Saisissant son ombrelle, elle se rua dans sa vieille voiture. Ce n’était pas le coup de louper le film, tout de même !

C’est presque en courant qu’elle parvint dans la salle mise en place pour l’occasion. Son regard noisette scruta les sièges en quête de l’El Dorado, ses pensées trop occupées à se disputer de sa propre inconscience. Par chance toutefois, il restait des places devant. Le fait était étonnant, pour ce type de rendez-vous, mais elle s’y précipita sans demander son reste. Ce qu’elle découvrit toutefois l’illumina.

« Sandra ! Wow, tu es magnifique ! T’es déguisée en quoi ? Franchement, t’es grandiose. Et super sexy. »

Elle décocha un joli sourire à son amie avant de s’asseoir à ses côtés, toute contente. La soirée s’annonçait merveilleusement bien !

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... ( → Suspiria ) •••

Le hurlement étouffé qui retenti dans son dos arracha à Mallory un pincement de lèvre amusé qu'elle cacha rapidement derrière sa franche en bataille. Le môme avait déjà détalé comme un lapin mis en fuite et il n'y aurait pas lieu de se retourner pour ça. Même si l'idée de flanquer la frousse à un petit chenapan n'était pas pour totalement lui déplaire. Elle s'était vite rendue compte que quelque chose clochait lorsqu'elle était sortie pour croiser quelques regards intrigués. Puis en passant devant les vitrines éteintes de la boulangerie, la vue de son reflet coiffé de son habituel fedora fatigué par le temps et vêtue de sa sempiternelle marinière rouge lui avait arraché un sourire un rien carnassier. Avec son caban sur le dos, on aurait pu la coller sur l'affiche du film qu'elle était sensée aller voir ce soir là.

Quelle mouche l'avait piquée pour subitement décider de se rendre à la soirée des arcades, impossible à dire. Mais c'était ça où passer la soirée en compagnie d'elle même et de l'ennui qui menaçait de pointer le bout du nez. Aussi, la présence du prospectus oublié sur la table basse du salon avait suffit à lui faire changer d'avis.

Il y avait du monde ce soir là et Mallory fut surprise de réaliser que le propriétaire de la salle d'arcade n'avait pas lésiné sur les moyens. Pas mal de visages familiers dans la foule lui renvoyèrent son salut de la tête alors qu'elle naviguait entre les sièges. Evie et Sandra Karcy, quelques sièges plus loin lui arrachèrent un geste plus énergique.

« Superbe déguisement Sandra ! » Lança-t-elle en guise d'entrée en matière
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Ozan Safak

Halloween, probablement la fête que tu préfères le plus au monde. Après tout, tu fais partie de cette liste de cauchemars, de monstres que les mères au foyer fermées d'esprit dressent en se complaisant dans leur aigreur de vieilles peaux mal baisées. L’année dernière, c’était le style grunge de Siouxsie Sioux. A l’époque, c’était un besoin de révolte, un besoin d’exister, de montrer que tu étais là, de montrer ta force qui t’avait poussé à adopter les traits de la chanteuse. Cette année, c’était différent. Après tous les événements par lesquels tu étais passé, tu avais décidé de te déguiser en Nonne, cette année. Des vêtements que tu avais cousu pour l’occasion, accompagné d’un maquillage particulièrement sombre, ta perruque fétiche ornée d’un nœud sombre, tu tenais entre tes mains fragiles une rose rouge, pour un côté un peu plus romantico-dramatique. Ta silhouette franchit les portes de l’arcade, certains regards se heurtent à ton costume que les plus pieux jugent blasphématoires. Tu te contentes de répondre aux jugements visuels par des clins d’oeil enjôleur, suivit d’un signe de la croix exagérée. Les expressions outrées de tous ces coincés du cul te font ricaner alors que tu te dépêches de trouver une place pour assister au film. Les films d’horreur, une grande passion. Probablement parce que tu te reconnaissais dans tous les montres, comme un parallélisme de cette réalité trop ingrate. Tu aperçois alors les O’Leary que tu rejoins en adoptant toujours une attitude aussi sage que possible. Tu prends place aux côtés de River en adressant un sourire brûlant au Golden Boy. C’était Halloween, tu avais bien le droit le taquiner un peu en ce jour de farces et d’horreurs.

“Bien le bonsoir, les O’Leary. Promis, ce soir, je serais la plus sage !”

Ta robe remontait un peu plus, à hauteur de tes genoux, laissant voir tes longues chaussettes blanches, elles-aussi décorées d’un rosaire cousu sur la bordure. Tu tends la rose à la demoiselle.

“Tiens, River. Un peu de douceur pour cette fête d’Halloween.”

Je tire sur les manches de ma veste, elle glisse de mes épaules à moitié nues et je la dépose en chiffon sur mes cuisses pendant que je réajuste le noeud sur mon omoplate pour que la toge que j’ai sur le dos ne tombe pas, j’ai quand même un boxer en-dessous mais c’est tout, je suis pratiquement nu et je jette quelques coups d’œil à côté de moi pour vérifier si personne ne me regarde, je ne suis pas complètement à l’aise dans ce costume d'Apollon, justement parce que je ne porte presque rien. La toge est longue, elle s’arrête au niveau de mes genoux alors elle habille quand même un peu mes cuisses quand je suis assis sur ma chaise, ça n’empêche pas aux frissons de me dévorer la peau, j’ai la chair de poule et je réajuste constamment mon vêtement pour couvrir un peu plus mes pectoraux.

Je lève la tête, quelqu’un s’approche de nous, je reconnais le visage de la copine de River et quand je vois de quoi elle a l’air, mes sourcils se haussent, c’est vraiment sérieux ? Est-ce que River et elle en avaient parler avant de se rejoindre ici ?
C’est plus fort que moi, je la dévisage en secouant quand même doucement la tête en guise de bonsoir mais je ne desserre pas les dents. Elle s’assoit, je penche un peu la tête et quand je remarque que sa robe remonte au-dessus de ses genoux, je tourne la tête et je regarde ailleurs, c’est très court ai-je pensé en reposant mon dos contre le dossier de ma chaise, je baisse la tête et je regarde ma veste, toujours contre mes cuisses.

J’écoute le brouhaha autour de moi sans m’intéresser aux conversations, j’attends que toute l’excitation retombe en attendant que la soirée commence enfin.

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«Installez vous les amis ! Le film va commencer ! »

L'employé de la salle vous fait signe de prendre place derrière le projecteur et s'apprête à lancer le film sans plus attendre tout en marmonnant entre ses dents. Il a passé la semaine à organiser cette soirée alors il espère que tout se passera bien. Ne manquerait plus que ça ne marche pas ! Mais aucune inquiétude à avoir et la bobine s'enclenche dans un chuintement discret alors que les lumières s'éteignent. Sur l'écran des mains anonymes s'affairent à un établie et une jeune victime s'enfuit dans les couloirs humides d'un entrepôt.

Fffffffft. Le bruit des griffes sur les murs. Clic-clac, les pas affolés sur le béton. Plic-ploc, les gouttes tombant des tuyauteries usées par le temps.

Quelque chose est en train de se passer. Vous ne vous en rendez pas encore compte mais ça vient de se réveiller et c'est très content de venir jouer avec vous ce soir. Mais absorbé par l'écran, vous ne réalisez pas que quelque chose se trame dans la salle des machines. L'employé vient d'ailleurs de vous laisser pour s'y rendre.

Le plafonnier illumine la remise d'une lumière blafarde et il a à peine le temps de refermer la porte derrière lui qu'il est déjà trop tard. Slash. Un cri avorté dans un gargouillis infâme et le son mat d'un corps chutant au sol accompagné par l'odeur poisseuse du sang. Loin au sous-sol des arcades, la porte de la remise s'ouvre de nouveau et des pieds chaussés de gros souliers maculés de crasse font irruption dans le couloir plongé dans l'ombre.

Crrrrrrrr. Griffes sur les murs peints. Clic-clic. Les lames qui s'entrechoquent.

Sur l'écran, l'image vient de marquer une seconde d'arrêt et le son s'est mis à grésiller. L'un des écrans des bornes d'arcades pourtant éteintes vient de s'allumer sur un brouillard neigeux sans queue ni tête. Si vous levez les yeux au plafond vous verrez que les veilleuses des issues de secours se sont mises à clignoter avec affolement. Profitez chers invitez. Votre soirée ne fait que commencer.

Instructions:

Apollon et Artémis, les dieux jumeaux. Artémis, astre lunaire, déesse de la nature sauvage et de la chasse. Celle qui peut à la fois causer les épidémies et les guérir. A la fois fléau et sauveuse donc. J'aimais sa mythologie. Et puis, c'était une déesse vierge qui rompit une fois son serment de chasteté et le clin d’œil m'avait bien fait rire. Je me demandais si Braden l'avait également saisi ou s'il m'avait juste suivi dans on envie de costumes assortis. Il était parfait en dieu du soleil, de la poésie et de la beauté masculine. Et puis, la toge était sur lui du plus bel effet.

De mon coté, j'avais opté pour une toge blanche cintrée par une ceinture dorée avec une bouche en forme de laurier et m'arrivant à mi-cuisse. J'avais agrémenté le tout avec des spartiates me remontant jusqu'aux genoux et elles aussi dorée. Un bijou avec un croissant de lune entourait mon front et j'avais opté pour un chignon natté compliqué. J'étais vraiment contente du résultat.

Ange nous avait rapidement rejoint et je devais dire que j'étais soufflée par son costume. C'était si délicieusement blasphématoire. J'imaginais déjà les gens (dont mon cousin) manquer de s'étouffer en la voyant.

« Waouh Ange, quel costume ! Je savais pas que tu devais venir ce soir. »

Son sens du style et de l'ironie faisaient partie des nombreuses raisons pour lesquelles j'adorais Ange. J'aimais aussi ses blessures et ses fêlures qui la rendaient tellement... elle. C'est donc un grand sourire que je lui adressais, l'incitant du regard à s'installer à mes côtés. Elle me tend alors une rose et mon sourire s'élargit.

« Ton offrande est acceptée ma chère. Tu auras droit à mes bienfaits pour l'année. »

Je jouais du costume et de la mythologie. Mon père aurait trouvé cela inconvenant mais qu'à cela ne tienne. Il avait toujours été bien trop rigoriste.

Le film se lance enfin et j'attrape la main de chacun de mes vis à vis. Je déteste les films d'horreur, dès les premières minutes, je mon cœur se serre, je m'immerge dans l'action et la peur monte. Je suis beaucoup trop bon public pour ce genre de choses. Provoquer le bully local ? Pas de soucis. Les bruits de griffe et les bandes sons angoissantes ? Nop. Pas moyen.

L'image se brouille, des grésillements s'élèvent et quand je me retourne je vois une borne d'arcade afficher un écran neigeux.

« Bordel de merde. »

Je secoue un bras sans trop savoir si c'est celui qui tient Ange ou Braden. C'est carrément flippant et si c'est une plaisanterie du propriétaire, je risque de lui mettre mon poing dans la figure. Je sonde la salle avec l'envie folle de partir et mes yeux tombent sur le plafond qui clignote. S'en est trop, je me lève à moitié et me tourne vers Braden. J'avais assez confiance en Ange et Braden pour ne pas chercher à faire la fière devant eux.

« C'est trop glauque. Et si on allait prendre un milkshake plutôt ? »

Pitié, dites oui.

Éclats de rire résonnant tout autour de vous, tes lèvres s'entrouvrent pour laisse échapper ta joie. C'est que le compliment est sincère et qu'il te va droit au cœur.

« Tu es grandiose, toi aussi, Evie. Je suis en Hela, c'est un personnage de comics qui est relié à la mythologie nordique ! Je t'en parlerai davantage une autre fois, parce que sinon, je me connais, je vais m'emporter ! »

Regard rieur, clin d’œil amusé tandis que tu tournes la tête en direction de l'écran, qui déjà s'illumine. Tu as la joie au cœur, Sandra, ce soir. Tu regardes les visages, en reconnais certains et souris en découvrant Braden O'Leary beau comme un dieu. Ta propre blague t'amuse mais bientôt voici que le film commence. Tu te concentres sur celui-ci, tu attends impatiemment la peur qui monte aux tripes lorsque tu regardes ce genre d'images.

Mais celle qui vient à toi n'a rien de plaisant. Le souvenir de Lost Pine s'abîme sur ta rétine alors qu'une borne d'arcade s'illumine seule. Tu te sens bête, ton angoisse est folle et ton corps se raidit. Instinctivement, tu attrapes ton casque, prête à fuir loin d'ici. Ta main trouve celle d'Evie tandis que tes yeux accrochent les lueurs affolées des issues de secours. La silhouette cauchemardesque d'un chien infernal se dessine contre une porte. Tu sursautes, serres les dents mais déjà tu n'aperçois plus rien d'autre que les ombres, et ta gorge se serre, et ta peau blêmit. Tu crispes tes doigts sur ton déguisement au risque de l'abîmer. Ta respiration s'affirme puis se déchire, tu as mal à la gorge et la sueur coule doucement contre ton échine. Inspire. Expire.

Mais rien n'y fait. La panique grimpe et tu bondis hors de ta chaise, courant presque vers une sortie, n'importe laquelle, rien que pour respirer un peu d'air, retrouver tes esprits et chasser les monstres de tes cauchemars. Inspire. Expire. Tout ira bien. Rien n'arrivera ce soir. Inspire. Expire. La nuit n'est pas un traquenard. Inspire. Expire. Tant que tu le peux encore, tout du moins...

Evie songe à répondre, enthousiaste, à Sandra, note surtout qu’elle devrait se renseigner sur les mythologies des peuples européens, mais elle laisse son interlocutrice changer de sujet et s’installe, joviale, à ses côtés. Son regard se fixe sur l’écran, son sourire s’étend, et c’est avec enthousiasme qu’elle regarde le début du film se dérouler devant leurs yeux.

Jusqu’à ce que.

Un rire nerveux échappe à la future maman lorsque les éléments se déclenchent, tout autour d’eux. C’est qu’ils ont le sens de la mise en scène, dans cette arcade, hein… ? Bande de farceurs… Evie tente de s’en amuser mais son sourire meurt sur ses traits à mesure que l’angoisse s’accentue dans ses tripes. Ses doigts cherchent instinctivement ceux de Sandra… qui se barre. En courant. La jeune femme ouvre la bouche en un cri silencieux, perdue entre outrage et inquiétude, referme le poing et tente d’avaler la boule qui noue sa gorge. Finalement elle se redresse.

Pauvre Sandra, elle va mal. Elle panique. Evie doit être là pour elle. Evie doit se montrer responsable et digne. Ne pas avoir peur, ne pas songer aux monstres, ne pas penser aux cauchemars. Ce n’est qu’une farce merdique. Ce ne sont que des chimères.

« Putain de merde… »

Elle se lève à son tour, suit son amie en tentant d’appeler son prénom. Ses pas se perdent dans l’allée qui longe les sièges. Elle se dépêche, se rue presque, les membres raides et le cœur en vrac.

« Sandra ! »

Quelques secondes de silence.

« Sandra… ? »

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«Certains d'entre vous n'ont pas attendu la surenchère pour vouloir s'en aller. Sans le réaliser vraiment, ils sont probablement les plus prudents d'entre vous. Les autres sont restés aveugles et sourds aux signaux d'alarme. L'image à l'écran tressaute de nouveau, le son se met à grésiller. Et soudainement, le mécanisme du projecteur s'enraye et la bande vidéo se met à sursauter puis se coince dans sa roue avant de prendre feu dans un sifflement strident. Une tâche noir apparaît sur l'image avant de s'agrandir à mesure que la bobine se consume. Et alors que l'odeur de brûlé monte doucement dans l'air, vous voilà seuls devant un écran aveugle, avec pour seule lumière les flash épileptiques des sorties de secours.

Et c'est là. Vous ne l'entendez pas ? Le cliquetis des lames sur les parois métalliques des bornes d'arcade. Le raclement lourd des semelles cloutés sur le sol en béton. C'est lent. Ca prend son temps car ça aime bien jouer avant de passer à l'action. De toute façon vous êtes pris au piège, petites souris. Pour ceux d'entre vous qui auraient eut l'idée de prendre la porte, vous vous rendrez vite compte que celle-ci est bloquée. Vous ne le voyez pas mais une chaîne à été glissée de l'extérieur dans la poignée et vous voilà pris au piège. Et cette voix qui chantonne au loin. Vous n'avez pas encore compris que quelqu'un approche mais vous n'allez pas tarder à en déchiffrer les premiers mots.

« One, two, Freddy’s coming for you. Three, four, better lock your door... »

Attention petites souris, le chat sera bientôt sur vous !

Instructions:

N'y tenant plus, j'attrapais Ange et Braden par le bras. Rien à faire de passer pour une trouillarde, mon instinct me criait de fuir très loin. Je les traînais presque avec moi jusqu'à la sortie, courant jusqu'à me saisir des portes sans même remarquer dans mon dos la combustion de l'image. L'odeur, elle par contre, arrive jusqu'à mon nez. Je me saisis de la porte et tire violemment dessus afin de libérer un passage. Seulement voilà, je manque de finir par terre tandis que celle ci refuse obstinément de s'ouvrir, comme si elle était bloquée.

« Non, non, non. »

Si c'était une mauvaise plaisanterie du gérant, j'allais carrément lui refaire le portrait. Sinon... Et bien je préférais ne même pas y penser.

Bien sûr, ce n'était pas fini. Non. Tant qu'à pousser dans le cauchemar, autant rajouter d'horribles raclements et d'un murmure chantant super flippant. Par réflexe, je me collais quelques instants à Braden pour me rassurer avant de reprendre contenance et de chercher quelque chose, n'importe quoi, pour me sentir un peu plus en sécurité. Rien autour de moi, je n'aurai que l'arc et les flèches de mon costume. Une chance qu'il s'agisse d'un vrai que j'avais piqué à un de mes cousins. Un peu moins que la dernière fois que j'ai essayé de m'en servir remonte à plus de cinq ans. Mais même si la menace était surement dérisoire, ça me rassurait. Et menacer le gérant de lui mettre une flèche dans le crâne me ferait sans doute un bien fou. Car cela ne pouvait être que cela. Oui. Une blague de mauvais goût. Rien de plus.

Je fronce les sourcils et je ne décolle plus mes yeux de l’écran, l’image se bloque, parfois elle saute et le son grésille. Je n’ai pas encore peur, le dois-je ? C’est certain fait exprès, je n’ai pas besoin de me le répéter pour m’en convaincre parce que j’en suis jusqu’à présent certain mais ma cousine se lève, je remarque du coin de l’œil l’ombre de sa silhouette et je crois qu’elle dit quelque chose mais je n’ai pas entendu, je lève le menton et je la regarde, elle ne parle plus, je baisse les yeux pour jeter un coup d’œil à sa copine, était-ce à elle qu’elle parlait ou m’était-ce adressé ? Un bruit sourd éclate derrière nous, la lumière au plafond s’éteint et la pièce est jetée dans une ambiance glauque avec les lumières qui sautent frénétiquement. Je voulais chercher du regard pour savoir d’où vient le problème mais je tombe presque de ma chaise quand ma cousine me tire le bras pour que je la suive, j’heurte presque Ange mais je n’ai pas l’occasion de m’excuser alors je me contente de la rattraper en saisissant son poignet et je l’approche de moi pour qu’elle garde l’équilibre.
Ma cousine se précipite vers les portes de secours pendant que je piétine plus lentement derrière elles, je continue de regarder au fond de la pièce en plissant les yeux pour m’habituer à la lumière qui clignote, c’est presque impossible.

Est-ce une plaisanterie ? J’y crois encore pour l’instant. Mais j’ai un bref doute quand une odeur épaisse de fumée atteint mon nez.
Je me retourne et je rejoins les filles, River est en train de tirer sur la poignée de la porte, je l’aide en essayant de l’ouvrir en écrasant mes mains dessus, elle ne bouge pas. Je donne quelques coups d’épaule, elle tremble mais elle est coincée. Je me retourne, River s’approche de moi, je la regarde mais je détourne rapidement les yeux parce que je n’aime pas l’inquiétude qu’il y a dans les yeux de ma cousine, peut-être est-ce seulement une blague de mauvais goût. Je voudrais la rassurer mais, j’y crois de moins en moins.

J’entends une voix dire en hurlant « il faut péter une fenêtre ! » et je secoue vivement la tête en haussant le ton.

- Surtout pas, ça va faire un appel d’air, ne touchez pas aux fenêtres !

Mais la panique gagne les gens et moi aussi parce que l’air est de plus en plus irrespirable. Je tourne la tête dès que j’entends (ou perçois) une voix qui se lève au fond de la pièce.

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«Courez les petites souris. Il ne vous reste plus que ça comme espoir de survie. Car il approche doucement et il sera bientôt sur vous. Certains ont d'ailleurs déjà commencé à détaler. Dans sa fuite désespérée, sa première victime se jette directement dans ses bras. Gayle, l'assistante de la bibliothécaire, l'étudiante au regard pincé qui vous regarde toujours de haut lorsque vous rendez vos livres en retard. Un cliquetis de lames, le bruit de la chaire et du sang, un cri étouffé qui meurt avant même d'avoir été poussé. La première petite souris est tombée, ne manque plus que les autres.

Braden et River ont réalisé que la fuite ne sera pas aussi facile que ce qu'ils espéraient et ils se retrouvent bien vite pris au piège face à la porte verrouillée. Cherchez bien les enfants, des sorties dans cet endroit il y en a d'autres. Mais vous risquez de le trouver sur votre route, qui attend de faire d'autres victimes. Sans compter que d'autres pièges se cachent peut-être dans l'ombre. C'est désormais la panique dans l'assistance. Essaierez vous de rétablir le calme ou courrez-vous pour sauver votre peau ?

La bobine a fini de griller sur son projecteur et l'écran est définitivement mort alors que les restes calcinés du film émettent placidement leurs dernière volutes de fumées. Il ne vous reste que le faible éclairage des issues de secours pour vous guider dans ce dédale. Mais avant de trouver la sortie, il vous faudra traverser la salle plongée dans l'ombre et ses allées où se dressent des bornes d'arcade désormais éteintes. Mais prenez garde, le monstre au pull rayé est sûr vos traces et il n'hésitera pas à frapper de nouveau.

« Seven, eight, gonna stay up late...Nine, ten, never sleep again... »

Instructions:

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