01. Laurie est un enfant d’Aster Cove, des générations qu’on voit des petits Thomspon courir sur les trottoirs de la bourgade. C’est une famille sans histoire, respecté car elle n’a jamais fait de vagues, détesté pour les mêmes motifs puisqu’on ne trouve rien à leur reprocher. Leur histoire est aussi ennuyeuse que leur quotidien, chaque jour se ressemblent autant qu’un Thompson ressemblera à un autre Thompson. Impossible de renier leur origine, leur physique caractéristique trahis immédiatement leur appartenance à leur illustre petite communauté faites de mille et un cousins qui se seront au fil des siècles dispatché ci et là à travers Aster Cove.
02. A partir de là il est difficile d’exister puisqu’on vous rappelle que vous n’êtes qu’un Thompson de plus, que personne ne prendra le temps de se souvenir de votre prénom et que le seul moyen qu’on a de se rappeler de vous, c’est en vous associant au travail de votre père.
Toi tu es le fils du cordonnier, toi t’es le fils du mécanicien. Laurie c’était le fils du coiffeur, qui, à moins d’avoir l’audace d’échapper à son sort, deviendra lui-même coiffeur jusqu’à ce que mort s’ensuive.
03. Le gosse aura été plutôt malmené durant sa scolarité. Un prénom aux sonorités féminines et un (futur) métier manquant cruellement de virilité auront suffi à ce qu'on le gratifie d'être une
tapette dans les couloirs de la primaire au lycée. Naît à partir de là une grande colère envers les Thompson qui l'auraient privé de toute possibilité d'échapper à son misérable sort. Avant qu'il n'ait pu faire le moindre pas, Laurie était déjà catalogué et quoi qu'il entreprenne, il était et resterait le
Thompson fils du coiffeur,
la tapette,
la mauviette,
le PD de service.
04. Heureusement il rencontrera Marlon Sheffield sur les bancs du kindergarten,
the long lost brother, avec qui tout semble si évident. Ensemble ils parcourront tout Aster Cove à bicyclette sans jamais respecter l'heure à laquelle leur mère leur avait demandée de rentrer. Ils ont et continuent d'avancer ensemble, d'une cadanse rassurante.
À la vie à la mort, c'est leur crédo. John Lennon et Paul McCartney du Maine, le génie en moins, que rien ne saurait séparer.
05. Laurie habite encore chez ses parents. Il a une petite soeur, Rita, sur qui il veille bien plus qu'elle ne le souhaite. Son grand père, Wilfred, occupe l'une des chambres de la maison depuis que
Grandma est morte. Le vieux monsieur est connu du quartier, il n'est pas rare d'entendre Laurie hurler son prénom dans tout Aster Cove lorsque ce dernier disparait sans demander de reste. Victime de la maladie d'alzheimer, Wilfred retrouve rarement sa route sans l'aide de son petit fils qui enfourche son vélo qu'il vente ou qu'il pleuve pour retrouver sa trace. Les deux finissent souvent assis sur un banc, Wilfred lui raconte comment il a rencontré sa femme, Laurie à beau connaitre l'histoire par coeur il n'a jamais eu le coeur de le faire taire.
06. Depuis un sombre été, Marlon et Laurie sont intimement persuadés d'avoir vécu un événement paranormal. Aujourd'hui ils ne savent plus bien si leurs souvenirs sont fabriqués de toutes pièces ou s'ils ont réellement assisté à une manifestation qu'ils n'expliquent pas. À force de parler de ce mystérieux jour n'auraient-ils pas après tout rajouté des détails qui avec le temps sont devenu si concrets qu'ils les pensent réel ? L'un relançant toujours l'autre, ils se convainquent qu'il a pourtant bien eu lieu et s'estiment heureux d'être toujours là pour en parler et d'avoir leur compère pour témoigner qu'ils ont vécu
quelque chose de spéciale sans pouvoir tout à fait définir le dit
quelque chose.