No, you can't make me behave {Joshua}

No, you can't make me behave

J o s h u a • D o l l

Aster Cove allait mal. Aster Cove allait mal et toi, tu avais ce sentiment que c’était mérité. Les tromperies, les violences, les rejets, toute cette haine qui se baladait derrière des sourires faux et qui gonflait les rumeurs, les mauvaises paroles. Toutes ces ondes négatives allaient leurs forces et se transformaient petit à petit en un cauchemar. Les phénomènes de l’église ne faisaient que confirmer ses soupçons. Ce qu’il s’était passé là-bas ne pouvait pas être anodin, Dolores en était persuadé. Mais pour le moment, l’enfer de ton quotidien t’occupait bien plus que ces spéculations.

Un habitué t’avait attendu à la fin de ton service. “C’est pour un enterrement de vie de garçon, au Blue Jupiter” qu’il avait dit. “La plus belle chambre, tu verras, Baby Doll !” qu’il avait même rajouté. Il voulait Baby Doll, la maid, ce soir. C’était devenu ton rôle. La petite soubrette coquine qui a trop chaud pour garder son uniforme. Les hommes en étaient dingues et ton expérience avec le père de la famille Kane ne faisait que confirmer tes dires.

Toute une mise en scène avait été décidée. Tu avais prit la chambre à côté, pour y laisser tes affaires. T o c  T o c. “C’est le service de chambre”. La porte s’ouvre sur le sourire du client impatient. Tu pénètres la chambre, la suite royale qui était un peu plus grande que les autres, un peu plus élégante. Les amis du futur marié sont tous assis en demi-cercle sur de jolies chaises, le principal intéressé trônant sur un fauteuil au milieu de la pièce. Tu fais mine de passer la poussière avec ce plumeau fantaisiste. La cassette accrochée à ton porte jarretelle vient se glisser dans le lecteur et l’ambiance se réchauffe petit à petit. Tes mouvements sont lents, suaves, tes regards les envoûtent et le froid de l’extérieur est bien loin.

Le tissu commencent à tomber doucement sur le sol. Les boutons de la blouse se séparent, la peau se fait plus présente, la distance se réduit entre toi et le Roi de la fête. Beaucoup de clients te demandaient à quoi tu pensais en dansant. Tu répondais toujours des petites choses comme “Je pense à toi, évidemment.” ou “Je m’imagine à la place de ta femme.”. En réalité, elle pensait à Charlie. Elle pensait à son amie disparue, celle qu’elle avait admiré, qu’elle avait même aimé et qui était disparue aujourd’hui. Peu à peu, les visages des journaux refaisaient surface et chaque jours, tu espérais revoir les cheveux parfaits de Béatrice ou le sourire de Charlie. Tu l’espérais tellement fort. Si seulement cette ville pouvait te les ramener. Si seulement.

On dit que les fantômes du passé ne sont jamais loin. Les gens viennent partent et refont parfois surface dans ta vie. Mais tu n’aurais jamais crut revenir aussi loin. Aster Cove High. 1970, environ. Tu n’étais qu’une freshman, mais tu avais déjà la sympathie de tous. Tu avais croisé ce garçon plusieurs fois, dans les couloirs. Un dernier année qui te connaissait de loin et que tu connaissais de nom. Un bonjour, de temps en temps, peut être. Et le voilà qu’il te regardait, à moitié nue, les sous-vêtements débordant de billets et les joues rosies. Tu murmures, alors que la cassette arrive à sa fin et que le show se termine.


- Joshua ? Joshua Burroughs ?


Tu avais envie de te cacher. L’image de la petite Dolores Mora, innocente, bien propre sur elle-même, la Queen B aimante et sympathique de l’époque venait d’être enchaîné par des menottes en fourrure pailleté.