Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 Give me time to realize my crime {AnRee}

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MessageSujet: Give me time to realize my crime {AnRee}   Give me time to realize my crime {AnRee} EmptyLun 26 Nov - 17:16

¤ Give me time to realize my crime  ¤
@Therese Wallis







Tu t’étais toujours demandée comment un simple bout de papier coloré pouvait changer toute une vie. La valeur d’un billet froissé au fond d’une poche qui pouvait égaler celle d’un repas, d’un objet symbolique, de rien, au final. Pourtant, ce visage imprimé auquel on a donné un prix est le seul moyen pour que tu réalises ton rêve. Pour que tu sois enfin complète.

Michael était un bon patron. Il avait beau être grognon, parfois moqueur, un peu blasé, tu appréciais sa compagnie et tu aimais l’aider. Son enveloppe était toujours bien pleine mais plus les jours passaient, et plus tu te disais qu’elle était encore trop légère. C’était devenu une obsession, de peser l’enveloppe chaque jour de paie, comme si un esprit malin s’amusait à retirer quelques billets.

Le Drive-In sonnait comme une évidence, finalement. Tu connaissais tous ses recoins, tu pourrais décrire chaque brin d’herbe, donner la saveur de chaque grain de pop-corn, détailler chaque ticket de chaque film qu’ils passaient dans cet endroit qui t’avait vu grandir, mûrir, rire et pleurer, vivre tout simplement.

Le perfecto qui épouse tes bras fins, tes épaules frêles, un mouvement de cheveux, battement de cils, dernier sourire pour Michael avant de monter dans le vieux pick-up. Théodore était souvent en patrouille, ces derniers jours, avec les récentes disparitions, c’est pourquoi il était plus laxiste quand au prêt de son bijou. Ton pied qui caresse la pédale, le vent qui claque contre la vitre entrouverte, Culture-Club qui dispersait ses pleurs sonores dans la voiture. Quand cesseras-tu de souffrir en silence, Ange ? Ne réponds pas, je sais très bien à quoi tu penses.

Le gilet rouge, s’il n’était pas d’une si jolie couleur, aurait probablement fini dans la poubelle. Cette veste droite, sévère, tu la trouvais laide. Quand tu t’imaginais en uniforme, tu te voyais dans des robes courtes, des tabliers dentelés, des rubans colorés. Parfois, tu avais le fantôme du passé, vêtements du collège, prison des genres et des sexes qui te classe dans une catégorie dans laquelle tu ne te reconnais pas, dans laquelle tu ne t’es jamais reconnue. Mais pour que le monde entier puisse enfin te reconnaître sans me mêler à leurs regards, tu n’avais pas d’autres choix que de serrer les dents, sourire et enfiler ce gilet hideux.

Thérèse Wallis. Croiser son regard te faisait mal. Elle était la preuve de ton orgueil, de ton égoïsme, de ta fierté d’enfant constamment en colère contre la vie. Vous n’étiez que des étrangères pour les visages encrés de cette ville. Les deux nouveautés de 82, apparition soudaine au milieu de douze disparitions légendaires. Ton ambition avait dissimulé tes peines, ce surplus de confiance qui t’avait fait perdre cette amie pourtant précieuse. Combien de temps allais-tu continuer à faire souffrir les gentils pour espérer un regard des méchants ? Tu as longtemps cru que tu étais taillée dans le même tronc que cette fausse élite. Aujourd’hui, tu comprends qu’ils ne sont que des brindilles desséchées au fond d’une forêt lugubre.

Ce soir, vous étiez toutes les deux. Vestes jumelles, tu la regardes avec tes yeux coupables. C’était ta première semaine et habituellement, le patron t’enseignait les bases. Mais ce soir, il était absent et c’était à Reese de s’en charger. Tu te racles la gorge, tes longues mèches sombres cachaient à peine tes pommettes roses de honte.


Hum. Ce soir, tu dois me montrer comment fonctionne la machine à pop-corn. Félicitations, Wallis.


Un trait d’humour dans ta gêne à peine dissimulée. L’automne 85 était parsemé de rendez-vous inattendus et de souvenirs abîmés.


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MessageSujet: Re: Give me time to realize my crime {AnRee}   Give me time to realize my crime {AnRee} EmptyDim 9 Déc - 7:07

Reese sent le regard se poser sur elle, alors qu'elle enfile son veston rouge. Elle sent le regard, alors qu'elle prend son poste, qu'elle encaisse les premiers tickets -une séance tranquille en semaine, pour un film qui tire sur la fin. Elle sent le regard, quand elle sort les bouteilles de Coca du réfrigérateur, et va même jusqu'à sentir son souffle, retenu un instant comme pour dire quelque chose, quand elle frôle Ange en passant.

Elles sont seules, ce soir. Et Reese, après un « hey » poli, posé en apparence, ne paie pas vraiment attention à Ange, semblerait-il. C'est qu'elle ne sait pas comment se comporter, avec elle. Que quand elle la croise, quand elle pose les yeux sur elle, lui reviennent les souvenirs multiples et contradictoires, un mélange d'amitié évanouie, de confiance grignotée par leur bêtise, de maladresses, et puis les rumeurs sulfureuses, le comportement incompréhensible de l'ange, de Kane, les scandales que Reese a encore du mal à croire, les ragots d'Aster High variant de jour en jour, de souffle en souffle. Wallis voyait bien Ange battre des cils au passage des idiots suprêmes du lycée, sentait son coude dans ses côtes quand elle faisait une remarque de geek, le regret presque douloureux, la pitié légère en lui disant que « vraiment, si tu te maquillais juste un peu... ». Reese avait vu avant l'heure, continué bêtement de frayer auprès d'Ange sans lui oser lui dire franchement qu'elle n'était pas à l'aise, sans pouvoir refuser ses expériences -elle s'était un jour retrouvé chez les Matthieu, des paillettes sur les paupières, affublée d'une minijupe trop courte, d'un décolleté trop plongeant, ses cheveux frisés se tenant comme par magie sur son crâne de poupée apprêtée. Mal à l'aise, Therese s'était débarrassé de l'accoutrement sans plus attendre, réduisant en miettes le travail méticuleux d'Ange, la lueur satisfaite, heureuse brillant dans ses yeux. La suite avait été une cascade de catastrophes, de malentendus et de remarques acerbes. Et Reese, dans leur lancée, n'avait pas été tout à fait étrangère à la partie.

Ce doit être le destin. Une façon pour elles de faire le tri, d'affronter l'embarras -la blessure, mais Reese hausserait les épaules en l'entendant. Ce ne serait qu'une vague comme une autre, dans l'océan tumultueux d'Aster High. Elle Therese Wallis, blessée par les autres, allons bon... Il suffit juste de hausser les épaules, de retourner à ses lectures et ses films, et l'écume s'échouera sur le rivage avec les autres.

Ce soir semble être le moment. Reese n'a rien montré quand le patron lui a laissé le soin de continuer la formation de la nouvelle : elle a eu un regard pour Ange, hoché la tête. Ravalé le malaise en prenant rapidement son service.

La séance a commencé, et le calme retombe doucement sur le comptoir. Reese est là, Ange la regarde -elle le sent, encore, comme elle sent le poids de cette responsabilité idiote lui faire tourner la tête vers elle. On lui a confié une mission, et Reese a vu dans le désarroi léger d'Ange face à la machine ses propres premiers jours au drive-in. Therese a un sourire étrange, plombé d'embarras, le trait d'humour avalé par ce dernier : « Il paraît, ouais. Hum. C'est pas compliqué. » La fin de sa phrase se perd dans son marmonnement alors qu'elle se détourne, avise une des deux machines de la station, encore vide, se penche pour ouvrir le placard qui se situe en-dessous, en sort une bouteille d'huile. « Il faut mettre cinq cuillères d'huile là-dedans (elle lui indique du menton la boîte en métal suspendue à l'intérieur de la machine -sans la regarder), attendre que le levier remonte, quand c'est assez chaud, et après faut mettre le popcorn lui-même... Essaie. C'est simple comme bonjour, n'importe quel idiot pourrait s'en charger. » Ses yeux sombres accrochent ceux aux iris artificiels d'Ange. Avant qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit, sa bouche s'ouvre de nouveau et elle ajoute : « Même Kane. »
Les pupilles de Reese s'écarquillent, mais elle déglutit, et fait comme si de rien n'était. Après tout, ce ne sont pas ses affaires. Après tout, ce n'est pas comme si elle avait envie d'étrangler Jack, comme si elle se sentait honteuse pour le jock d'avoir été aussi infâme.
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MessageSujet: Re: Give me time to realize my crime {AnRee}   Give me time to realize my crime {AnRee} EmptyDim 30 Déc - 0:33

¤ Give me time to realize my crime  ¤
@Therese Wallis







Tu avais longtemps cru au destin, encore aujourd’hui, tu t’y accroches comme à une vieille habitude, un souvenir précieux et douloureux qui te revient sans cesse en tête. Le reflet de mon visage dans le miroir, de mon corps, de cette partie de toi qui faisait que tu n’avais jamais vraiment réussi à contrôler cette fierté démesurée qui comblait mon manque d’assurance de petit garçon. Cette facette de nous que tu ne supportais plus, elle t’avait poussé dans des directions que tu regrettais, encore aujourd’hui. Jonah, Camden, Reese. Il y avait de ces noms qui te rappelait que tu n’étais pas une simple victime de la société conservatrice dont la ville était esclave. Ne te mens pas à toi-même, Ange. Tu n’as pas toujours été cet esprit paisible, assurée, tu le sais bien. Tes angoisses, tes peurs ont souvent teinté tes choix de couleurs désagréables, nuance violente de l’orgueil craintif.

Thérèse Wallis et ses t-shirt délavés, son air détaché, ses cheveux emmêlés. Nouveauté d’Aster Cove au même titre que toi, mystère venu d’ailleurs, elle était à même de comprendre le fameux concept de la “Nouvelle élève”. Un point commun, probablement le seul, qui vous a pourtant rapproché, un certain temps. Mais les rumeurs viennent toujours tout gâcher. Murmures assassins qui s’accrochent à vos chevilles, plantent leurs crocs pour diffuser le poison mortel de la honte. Ton bagage était trop lourd à porter, à l’époque, pour que tu t’encombre du sien. Alors tu t’es éloignée, toi, ta valise toute sale et tes rêves impossibles.

Tes prunelles, elle s’accrochent férocement à la face de Wallis. Parfois, tu te demandes si elle t’en veut. Toi, tu t’en veux, si tu étais ta place, tu ne te parlerais même pas. Tu te cracherais même au visage. Mais Wallis, elle gardait ce même visage désinvolte et, quelque part, tu l’avais toujours admiré pour ça, en silence. Sa silhouette va d’un endroit à un autre sans vraiment s’attarder sur ton visage mais tu sais, tu le sens, qu’elle est peut être déconcerté par ton insistance. Il y a cette pression muette entre vous, tu ne saurais l’expliquer, tu as juste envie que ça cesse.

Tu la regardes, oreilles attentives, automatisme des gestes que tu enregistres au fur et à mesure. Elle ponctue ses explications d’un humour ironique, sourire qui lui écorche les lèvres alors que le nom de Jack se glisse entre les grains de pop-corn huileux. Tu ne peux retenir un soupir amusé, une sorte de rire étouffé par ce goût amer qui saisit sa langue, souvenir d’un baiser dérangeant, d’une altercation mouvementée. Les mots te viennent un par un, alors que tu tentes de reproduire la leçon fraîchement enseignée.


Ce bon à rien ? Tu parles, il se contenterait de payer des gens pour faire le job à sa place, haha…


La chaleur fait éclore petit à petit les bombes soufflées, le silence lie de nouveau ta langue alors que tes yeux se raccrochent de nouveau à ceux de Wallis. Tu lui adresse un fin sourire, tu hisses dans ce rictus le drapeau blanc du renouveau, en espérant que la jeune fille l’accepte.



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MessageSujet: Re: Give me time to realize my crime {AnRee}   Give me time to realize my crime {AnRee} EmptyMar 1 Jan - 8:02

A la mention malheureuse de Kane, Ange garde la tête haute et distille un sourire, destiné à trouver la rédemption plus qu'à masquer les blessures du passage du sportif. La force d'Ange est remarquable, et Reese, la regardant imiter ses gestes, est renvoyée à son admiration muette. Elles n'ont qu'un an entre elles, et parfois il semble faire toute la différence. Ange résiste à l'assaut des vagues les plus virulentes -elle leur crache même à la figue, aux vagues, comme elle a pu en être le témoin direct ou l'entendre par le biais des cancans. La dernière en ville ne fait pas exception, d'après les dires révoltés de Sasha. Reese, en y repensant, voudrait s'excuser elle aussi.

Le décalage est cocasse. Le décalage Jack, et ses impulsions écoeurantes, et Jack qu'elle connaît au club, idiot mais jamais vraiment méchant, la surprenant parfois d'une excuse ou d'une maladresse involontaire. Longtemps, Reese a eu du mal à combiner ces deux facettes -deux personnes semblent-il foncièrement différentes. Si elle sait aujourd'hui, comme on sait comme les chiens montrent leurs crocs pour mieux rouler sur le dos en quête de caresses, Reese peine encore à excuser ces sursauts de violence, héritage d'un profond malaise.

Et puis il y a ce décalage, entre elles. Ange et ses grands yeux, qui cherchent à capter les siens aujourd'hui, comme ils cherchaient à capter ceux des rois et reines du lycée deux ans plus tôt encore. Reese est déstabilisée par cet inversement des rôles. Qu'on quête son attention ne fait pas partie de son quotidien de nerd étiquetée quasi-invisible -on la remarque majoritairement grâce aux interventions peu discrètes de Kane. Qu'on quête son attention, sans chercher à la faire bisquer tout du moins.

Le silence retombe. Reese, après un sourire bancal, dessinant comme une grimace sur ses traits gênés, garde les yeux rivés sur la machine. C'est le popcorn qui les en délivre : un premier grain éclate, suivi d'un autre, et bientôt les flocons soufflés soulèvent le couvercle en métal pour sauter au fond de la machine.

« La prochaine étape, c'est la mise en paquet... » Reese prend un des paquets sur le côté de la machine, leur redonnant leur volume en quelques gestes habitués. Elle hésite, un bref instant, et reprend en regardant Ange : « Quelle dose de popcorn, à ton avis ? » Reese lui donne, faussement tranquille, le paquet en détournant les yeux de nouveau vers la machine.

Regarder Ange en face s'avère difficile. Sur son visage se mêlent le reflet agressif de Kane, la déception amère de Wallis, ce froncement de sourcils méprisant et cette moue dédaigneuse qui un jour a signé la fin de leur amitié d'adolescentes.
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MessageSujet: Re: Give me time to realize my crime {AnRee}   Give me time to realize my crime {AnRee} EmptyDim 6 Jan - 19:13

¤ Give me time to realize my crime  ¤
@Therese Wallis







Vivre dans un monde où ta personne était constamment remise en question était difficile. Tu savais qui tu voulais être, tu savais quel genre de personne tu pouvais être mais les autres passaient leur temp à chambouler tes certitudes. Tu veux être aimée. Tu veux être admirée. Mais les gens ne cessent de te répéter que tu dois te cacher, tu dois ressembler aux autres, tu dois te fondre dans la masse. Tu veux porter un beau maquillage, ils veulent te voir transpirer comme les sportifs. Tu veux porter de jolies robes, ils veulent te voir avec la chemise trop grande et le pantalon à ourlets. Tu veux te faire belle pour les garçons, il veulent que les filles se fassent belles pour toi. Tu veux être toi-même mais ils s’entêtent à te changer. Sois quelqu’un d’autre. Sois une version de moi-même qui rentre dans le moule. Ne sois pas Ange. Sois Isaac.

C’est dur. C’est très dur. Tu ne comptais plus le nombre de fois où tu avais regretter tes actes. Une méchanceté, une fierté dont tu te servais comme armure, elle repoussait les mauvaises intentions mais blessaient aussi les bonnes. Seulement, quand on fonce tête baissée dans la masse pour s’en dégager, impossible de distinguer les visages. Tu étais aveugle, tu en voulais au monde entier et ton erreur fut de croire que le monde entier t’en voulait en retour.

Kane. Les années t’avaient rendu faible. Non, pas faible, imprudente. Tu gardais la tête haute mais l'hémorragie était plus profonde sans précaution. Alors tu laissais le sang couler, avec le rire faux qui s’envole, parce que tu n’as pas le droit de souffrir. Kane, quand t’y penses, c’était pas vraiment sa faute. Il était simplement le fruit des erreurs de son temps. Son seul mérite était que lui, à la différence de tant d’autres, te voyait simplement comme la fille que tu voulais qu’ils voient. Tu ne lui en voulais pas. Mais tu étais blessée. Et c’était dur.

Les flocons éclatent dans un rythme semblable aux pulsations de ton coeur. La pluie de grains tombe en continu, les mots de Reese se perdent dans la chaleur de la machine et l’odeur d’huile. Un rictus vainqueur se dessine sur ton visage de poupée, tu saisies le sac de papier, l’air dégageant l’espace nécessaire.


Trop facile”. Tu saisies la pelle, le maïs tombe en cascade dans le paquet. “Deux grosses poignées, une demi de plus, histoire de pas trop déborder, mais assez pour que ça donne envie. Et même avec ça, Jon arrivait à-Ouais, enfin, les gens sont maladroits, c’est fou.


Le rouge dévore tes joues, ton regard fuit subitement tandis que tes dents mordent le bout de ta langue jusqu’au sang. Le drive-in, c’était vraiment le pire endroit. Tu tentes de changer de sujet, répétant tes mouvements avec une mécanique naturelle.


Au fait, j’voulais te dire un truc, hum. Tu … T’as pas besoin de maquillage. T’es très jolie, naturellement. C’est … quelque chose que je t’envie, haha.


Tu glisses le paquet de pop corns prêt entre les mains de la demoiselle. Un soupire tire sur tes lèvres, tu ajoutes en arrangeant ton gilet. “Désolé, je sais pas pourquoi j’te dis ça, c’est bizarre. Bref, bref. C-C’est quoi la suite ? Du boulot, j’veux dire.”. Ange, c’est fou ce que tu peux être adorablement embarrassante quand tu es toi-même gênée.




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MessageSujet: Re: Give me time to realize my crime {AnRee}   Give me time to realize my crime {AnRee} EmptyJeu 31 Jan - 10:34

Reese a croisé un bras sur sa poitrine, l’autre ballant contre elle. Des yeux elle suit les gestes d’Ange, jusqu’à ce que son attention ne dévie vers les longs cils, le trois-quarts où s’alternent embarras et sourire naturellement. Quand elles se fréquentaient encore, Reese prenait parfois quelques secondes comme celles-ci, à détailler son profil, fascinée par sa délicatesse, la féminité peinte avec dextérité sur les paupières d’Ange. Une féminité subie par certains comme une agression; Reese la revoit dans les couloirs d’Aster High, noir et strass, provocation honteuse dans l’univers étriqué de leur ville tapissée de plaids et de dentelles. Ange mérite de grandes allées pavées de néons et de d’étoiles, un Broadway de grandes villes, une New York ou une Los Angeles. Ange mérite mieux qu’un gilet rouge porté par trois générations d’employés tout juste majeurs, mieux que les faveurs dégradantes d’imbéciles boutonneux derrière les gradins de l’école.

Reese a su avec les autres, quand la rumeur a un matin éclaté dans les salles de classe. Delacourt, une tafiole ! Le lien rompu, Reese est restée le nez dans son casier, observatrice silencieuse du drame quotidien qui suivrait l’ange jusqu’à la fin. C’était idiot, se rend-elle compte aujourd’hui. Idiot et égoïste.

Ange lui donne le paquet de pop-corn. Un léger silence, que Reese brise à contre-temps : « Tu sais… » elle reprend son élan, continue : « T’aurais dû l’avoir, ta place au lycée. » Son titre convoité de reine. Reese hausse les épaules, pour alléger l’aveu, probablement stupide. « Je t’ai toujours trouvé plus royale que Mackenzie. Plus méritante, aussi. » Reese relève les yeux vers Ange. « T’es très belle, Ange. » Elle lui fait un sourire, passe d’une pupille à l’autre, dégringole sur sa bouche, puis se détourne finalement pour poser le paquet de pop-corn. « Je suis désolée, pour Kane. C’est pas mes affaires, mais c’était infect. »

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Give me time to realize my crime {AnRee}   Give me time to realize my crime {AnRee} EmptyDim 3 Fév - 0:26




Je ne m’étais jamais trouvé beau, comme garçon. Avec ce corps trop fin, trop étriqué, ce visage trop long, ses mains squelettiques, cette silhouette menue d’enfant fragile. J’étais condamné à être ce sac d’os repoussant. Mais tu m’as changé, Ange. Ta douceur a embelli mes courbes, ton assurance a affiné mes traits, et tout s’est enchaîné comme la confection d’une poupée. Les détails n’étaient pas aussi parfaits que tu l’aurais voulu mais la solution n’était plus très loin. Cette solution était l’unique raison de ta présence ici.

Un rire amer t’échappe, Reese, elle est soudainement sentimentale et ça te ferait presque bizarre si l’ambiance ne s’y prêtait pas autant. Vous vous frôlez, comme deux petits papillons dans une prairie trop grande, le battement des ailes accompagne les coups de vents, ça vous éloigne, ça vous rapproche, c’est aléatoire mais ça vous ressemble bien. “Tu m’idéalises trop, Ree.”. Tu regardes le bout de tes doigts et t’as l’impression de sentir tes ongles s’enfoncer dans ta peau, jusqu’au sang, l’Ange du passé put l’orgueil des ruelles tokyoïtes et la peur d’un sexe égaré. Y penser te rendait honteusement malade.

Si j’avais eu la couronne, je serais probablement devenue pire qu’elle.”. Tu ressors un paquet pour occuper tes mains tendues, les grains de pop-corns plongent de nouveau au fond du sac. Tes yeux suivent l’huile qui brille sur les flocons. “Je … Je me suis faite virer de mon collège, quand j’habitais chez ma mère. Ils m’ont viré pour “atteinte à la pudeur”. J’avais mis l’uniforme féminin. C’est pour ça que mon père m’a envoyé ici.”. Les confessions tombent en même temps que le maïs soufflé. Je revois ma mère, à la sortie de l’établissement scolaire, droite comme un i, le regard absent, et le silence qui tiraille mes tripes. “J’étais en colère. Je voulais juste briller mais j’étais trop pourrie pour ça.”. Tu ne voulais plus jamais voir le vide.

T’es très belle, Ange. Reese accroche ton regard et ton coeur s’excite. Le rouge monte de nouveau pour s’accorder à ta veste. Cette phrase, tu l’as entendu sur de nombreuses bouches, sur de nombreux tons mais le timbre de Wallis hérissait tes poils dans une douce décharge électrique. Ses excuses t’arrachent même un sourire alors que tes yeux la redécouvrent de nouveau le visage d’une innocence vieille de deux ans. “Ne t’excuse pas pour cette tête de nœud. Ne t’excuse pas, tout court … C’est plutôt à moi de le faire. Désolé d’avoir été une tête de nœud.”.
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