Je me relève maintenant que j’ai mes chaussures à mes pieds et j’ai terminé de nouer mes lacets. Mais une fois debout, je me penche pour ramasser mon skateboard et ma deuxième main attrape la poignée de la porte. Dès que je l’ouvre, la voix de ma mère s’élève, elle est dans la pièce d’à côté :
- Tu sors encore ?
Je me retourne mais j’ai déjà un pied dehors, je n’ai pas l’intention de rester ici cette après-midi, « j’en ai pas pour longtemps » lui dis-je en fermant la porte, je sais pas si elle continue de parler, en tout cas je ne suis plus là.
C’est la fin de l’été et il fait moins chaud, j’ai enfilé un pull à capuche aujourd’hui mais je ne la porte pas, elle. Alors quand je grimpe sur mon skateboard et que je roule avec, mes boucles virevoltent un peu au-dessus de ma tête et devant mes yeux.
Je tâte l’une des poches de mon jean pour vérifier si mes clés sont là, je ne sais pas quand j’ai l’intention de revenir à la maison même si j’ai dit à ma mère que je n’allais pas traîner longtemps dehors, j’ai menti. Mais l’atmosphère là-bas me pèse, j’ai l’impression de soulever tout le temps un sac à dos trop lourd, j’en ai marre.
Une voiture klaxonne derrière moi, j’étais en train de me perdre dans mes pensées mais je sursaute à cause d’elle et je jette un coup d’œil derrière moi, le type derrière le volant me fait des signes avec la main, il veut que je dégage de là. Alors je me pousse en dirigeant ma planche, je pose un pied par terre et je prends de la vitesse pour grimper sur le trottoir au passage piéton. Mais là, c’est les gens que j’emmerde, je me pousse pas alors ils sont obligés de le faire, dès que j’arrive vers eux, ils s’écartent pour me laisser passer, quelques-uns me regardent de travers, surtout les femmes. Quant aux hommes, ils se retournent pour me hurler quelques grossièretés. À ce moment-là je repose un pied par terre et je me donne encore un peu plus de vitesse pour rejoindre la prochaine rue, il y aura peut-être moins de gens là-bas. Mes deux pieds retournent sur la planche et je lève le menton pour avoir la tête haute, je regarde devant moi mais je plisse les yeux à cause du vent, il me colle quelques claques sur les joues, un frisson vient de naître sur ma nuque et dégringole jusqu’à mes reins, je frémis même dans mon gros pull épais.
Je suis obligé de ralentir, je repose un pied par terre et je zigzag entre deux ou trois personnes qui s’amassent en troupeau au milieu du trottoir, ils attendant que le feu passe au vert pour pouvoir traverser. Quand je tourne la tête, je remarque qu’il y a quelqu’un que je connais de l’autre côté de la rue, sur le trottoir d’en face.
- Hé
@April Lane ! J’ai battu ton score minable à Ghosts 'n Goblins !
Dis-je quand je te vois sur une planche de skateboard, j’ai haussé le ton pour que tu puisses m’entendre de l’autre bout de la rue. Moi je me suis arrêté, j’ai toujours un pied sur le skate mais l’autre reste par terre.
Accueil 