Rita Thomspon est née et a grandis dans la petite ville d’Aster Cove. Issue d’une famille ayant toujours vécue au sein de cette bourgade, il serait aujourd’hui impensable d’imaginer ce lieu sans trace des siens. Une famille tout ce qu’il y avait de plus banale, au quotidien insipide et au destin tout tracé pour la plupart de ses membres. Ce genre de famille présente depuis si longtemps que l’arbre généalogique a eu l’occasion de s’étendre encore et encore, s’enracinant profondément dans cette ville. Une Thompson parmi d’autre Thompson, perdue au milieu de la masse. La dernière née d’une famille effacée, où il semble presque impossible de briller, d’être reconnue en tant qu’individu tant la masse semble importante. Pourtant l’amour n’était pas absent du foyer familial : sa mère l’adorait et la choyait, lui offrant plus qu’elle ne le méritait vraiment, elle avait été chanceuse d’être née après Laurie, ce grand frère qui veillait toujours sur elle.
Trop sur elle, osait penser Rita, sur le chemin du retour de l’école, de temps à autre. Rita avait été une petite fille heureuse. Pendant longtemps, elle n’avait eu que faire d’être
la dernière Thompson, tant qu’elle pouvait courir dans les bras de ceux qui l’aimaient quand l’école se terminait, fière de montrer ses excellentes notes à sa famille, à les entendre la féliciter. Quand elle était petite, Rita Thompson avait l’impression d’être extraordinaire …
Elle était une reine dans son propre univers. L’enfant avait même « convié » Oliver à son arrivée, à coup de pierre dans le visage alors qu’il avait osé pénétrer dans son domaine royal. Les bois étaient son domaine, invitées des fées, profitant de l’insouciance que l’on pouvait avoir quand on était enfant. Elle était une pirate, protégeant le phare et ses secrets merveilleux dont elle seule avait connaissance. Rita usait de son intelligence à bon escient, nourrissant son imaginaire et ses soifs de connaissances. Elle plongeait dans les univers que lui proposaient les siens, suivant leurs aventures et en menant. Rita aurait fait une parfaite Princesse Leia., qu’importe ce qu’Oliver pestait. Ce
petit garçon qui lui répétait encore et encore que quelque chose se tramait dans cette ville, que quelque chose de surnaturel les entourait, avec une excitation qui lui était propre. Elle l’écoutait toujours avant d’éclater de rire.
Elle était heureuse.
Naïve, insouciante, rêveuse. Et qu’est-ce que cela importait que personne ne connaisse son nom ? Qu’elle ne soit qu’
une Thompson ? Elle était Rita pour sa famille, et pendant longtemps, cela avait été suffisant …
La dernière des Thompson, la sœur de la tapette, la Thompson tête d’ampoule. Ce n’était pas grave. Jusqu’au jour où cela le devint.
Le lycée ne laissait plus place aux jeux d’enfants, aux rires insouciants … Nouvelle dans ce nouveau monde, elle n’était à nouveau qu’une gamine parmi les autres. Une
Thompson. Et non Rita … L’amour de ses parents n’était plus suffisant, les bras de son frère n’était plus suffisant. Une faim immense commençait à la dévorer alors qu’elle comprenait qu’elle prendrait racine dans cette bourgade. Qu’elle serait une âme parmi les autres, effacée sous un nom de famille synonyme de banalité. Sous la réputation de sa famille, de son frère.
Elle voulait être quelqu’un d’autre. Elle voulait être Rita avant tout, quitte à briser cette étrange tradition qui avait fait des Thompson des voisins parfaits, des personnes sans histoire. Elle voulait trouver sa place, son propre univers où évoluer.
Marquer les esprits. Peut-être partir pour l’université ? Elle en avait les capacités, on ne cessait de lui répéter. Mais pour cela, la jeune Rita devait tourner le dos à un passé qu’elle regrettait déjà, plein de rires et loin de ces tracas qui lui rongeaient aujourd’hui l’âme. Mais il y avait tellement de façon de marquer les esprits. Et parfois, c’est en se cherchant que l’on se perd le plus, rejetant ceux qui nous étaient chers à travers un amas de mauvaise décision. Comme se boucher les oreilles devant les paroles de ses meilleurs amis, commencer à les repousser petit à petit, pour se tourner vers des personnes qui l’aideront certainement à se faire reconnaitre.
Pas forcément en bien. Quitte à agir contre sa propre nature.
Mais après tout, pour le moment, ses amis étaient toujours là, en train de rire autour d'elle, et ses notes étaient toujours aussi excellente. Il n'y avait rien d'alarmant. N'est-ce pas?