Welcome back little Georgie

Le directeur du lycée nous avait tous convoqués tôt ce matin dans la salle des professeurs. Je pensais qu'il allait parler de la fête de fin d'année - pas scolaire, l'autre - qui était bientôt, quand on y pensait c'était dans un mois. C'était donc tout guilleret et avec des idées pleins la tête que je m'étais installé sur une chaise à côté de la professeur de mathématiques. Une fois tout le monde assis, le directeur avait affiché un air sérieux. Ce qui était loin de l'esprit de Noël si vous voulez mon avis. Le nom de Georgie McGalaan était prononcé. Oh, c'était vrai qu'il avait réapparu. Tout le monde avait pensé au début qu'il était malade ou qu'il avait fugué...Mais plus les heures et les joues s'étaient écoulés pour finalement le mettre dans les portées disparus. Si je me souvenais bien j'avais participer à une battue dans la forêt, pendant trop longtemps et j'avais fais un malaise au final. Le petit Georgie allait faire son retour à l'école aujourd'hui, et le directeur nous demandait d'être gentil avec lui et de faire de notre mieux pour ne pas l'exclure. Comme si c'était mon genre de faire de faire ça tiens.

- Et s'il vous plaît Monsieur Caldwell, agissez en adulte responsable

Je feignais de ne pas comprendre ces accusations hautement calomnieuse. J'étais tout à fait un adulte responsable. Vu la tête de mes collègues, j'étais manifestement le seul à le penser. Merci du support, vraiment.

- C'est noté

Ca voulait rien dire en plus sa demande. Je chérissais mes élèves comme si ils étaient mes enfants. Je les conseillais, les chouchoutais, les éduquaient - pour certains - et les séparaient en cas de bagarre verbales ou physiques. Non vraiment, il ne pouvait pas y avoir plus responsable que moi. Ou alors peut être faisait il allusion aux gouters d'anniversaire que j'organisais en l'honneur du roi ou de la reine du jour ? En tant que professeur je connaissais la date de naissance de tous. Enfin, les consignes données il était temps de se mettre au boulot. Ca tombait bien, j'avais McGalaan dès la première heure. Ce qui me permettrait de bien lui faire démarrer sa journée de lycéen.

A la sonnerie, ils étaient déjà tous bien devant la porte de la salle. Ah, c'était tellement une joie de savoir que l'on était attendue. Je répondais aux bonjours de certains, aux plaisanteries d'autres tout en ouvrant la salle. Je n'avais pas vu Georgie, il devait probablement passer voir le patron avant. Je laissais donc ses camarades s'installer pendant que j'écrivais à la craie la date du jour en haut à droite sur le tableau. Un coup à la porte se faisait ensuite entendre et je souriais au petit bonhomme tout en l'invitant d'un geste de la main à s'approcher de moi.

- Bienvenue Georgie ! Entre, ne fait pas ton timide !

Je le laissais prendre son temps, et une fois qu'il fût près de moi. Je demandais aux autres de se taire et de m'écouter - pour une fois.

- Certains le connaissent peut être déjà mais voici Georgie McGalaan ! Je compte sur vous pour être gentil avec lui et de l'épauler dans son retour sur l'enfer des bancs de l'école !

Je proposais ensuite au ressuscité de parler un peu de lui à ses camarades. Ce qu'il aimait, détestait.

L'objectif avait été de ne pas faire s'enfuir en courant Georgie. Le but avait été accomplie puisqu'il était allé s'asseoir tout seul comme un grand garçon. C'était plutôt une bonne nouvelle pas vrai ? Pas besoin de lui prendre la main pour le guider jusqu'à une place libre. L'étape 1 avait été un franc succès. Maintenant que j'avais accueillit comme il le fallait mon nouvel élève, le cours pouvait reprendre. J'espérais qu'il ne serait pas trop perdu. En ce moment j'avais jeté mon dévolu sur la poésie d'Allan Poe. Pour aujourd'hui mes chers élèves devaient lire le Corbeau mais vu leur tête, quelques uns seulement l'avait fait. Etait ce donc si compliqué de lire un bout de papier ? Ce n'était même pas un livre entier que j'avais fait noté comme devoir. On allait donc perdre encore cinq minutes. Je soupirai et attrapai mon cahier avant de fermer les yeux et de laisser mon doigt tomber sur la feuille des prénoms des étudiants. Colin Brooks.

Maintenant que le poème avait été lu et que tout le monde l'avait entendu je pouvais enfin passer aux choses sérieuses. D’une grande musicalité et à l'atmosphère irréelle, obéissant à une métrique stricte, le poème racontais l'histoire d'une mystérieuse visite que reçoit le narrateur, qui se lamentais sur la mort de son amour, Lenore. Un corbeau perché en haut de sa porte répète inlassablement « Jamais plus ». La répétition de ces mots plonge le narrateur dans un désarroi si fort qu'il sombre dans la folie. Tout en donnant mon cours, je surveillais Georgie du coin de l'oeil. Il avait l'air d'avoir du mal à suivre. Si je m'écoutais, je la taquinerai mais le directeur m'avait dit que je devais agir en adulte responsable. Donc, je laissai pour le moment le revenant tranquille. Ce n'était que lorsque la cloche avait sonné pour annoncer la fin de la classe que je me permettais de le retenir.

- N'oubliez pas de rendre votre expression écrite demain sur Les Cloches

M'écriais je en direction de la porte où passait les jeunes.

- Attend Georgie je voudrais te parler

J'attendais que l'on soit tous les deux seuls avant de me lever pour aller fermer la porte. Je savais que ses camarades pouvaient écouter à cause de la curiosité. Je faisais ensuite signe à Georgie de s'asseoir sur la table juste devant mon bureau.

- Alors, comment c'est passé cette première heure ? Pas trop dur j'espère ? Si tu as des questions n'hésite pas ! Ah et tiens

Je me tournais vers mon bureau, fouillant dans le tiroir avant de lui tendre un tas de feuilles. C'était tout les polycopiés que j'avais donné la semaine dernière.

- Prend ton temps pour lire tout ça, et surtout si tu as un soucis viens me voir

Je pouvais comprendre comment on pouvait se sentir après une longue absence. Après tout j'avais été endormi pendant un mois, et en quatre semaine le monde changeait pas mal. Plus le même tube au top des charts, des sorties de films manqués..