Prologue : Only ashes will remains …
« This world and the other are against me. It wouldn’t be fair otherwise. »
Douleur. Chagrin. Colère. Vengeance. Peur. Depuis plus d’un an maintenant, voilà à quoi se résume sa vie.
Celui qui voulait atteindre les étoiles, les décrocher du ciel, et prendre leur place. Porté par les chants valeureux du rock et de la liberté. Le porte-voix des opprimés et des marginaux. Le rêve de toute une vie. Aujourdu’hui, seul les cendres restent. Celles d’un rêve et d’une âme qui se consument, mais néanmoins accompagnées d’une braise, plus brûlante qu’il n’y paraît, ne cessant de faire marcher ce corps meurtri.
Et la voilà, debout, dans le grand salon de cette maison, trop grande pour une seule personne. Les meubles sont poussés contre les murs, pour ne laisser que ce garçon, seul, au centre de la pièce. Son menton se redresse peu à peu, auparavant appuyé sur son torse nu. Le mouvement, lent, et accompagné d’une profonde respiration. Les muscles seyant du jeune homme se tendent. Une posture martiale se profile alors. Il s’arrête. Ses yeux sont clos. Le silence persiste un instant.
Son regard éclate soudain dans la pièce, plongé dans le noir, et il se met en mouvement, exécutant des mouvements vif et puissants, les poings fermés, dans une pantomime pleine de colère. Il s'arrêt’ quelques instants plus tard, le souffle court, prend le temps de respirer, avant de descendre au niveau du sol, pour faire quelques pompes.
Comme chaque jour, ce rituel se finit par notre ami, sur le balcon de cette grande demeure, un verre et une cigarette à la main, observant la ville, attendant quelque chose. Mais quoi ?
« - Darkness are upon us … Where are you hidding … »
Partie 1 : We were younger …
« - Follow your dreams. Never regret anything. Let’s meet again on top of the world. »
La jeunesse … Son insouciance, ses rêves. Je n’étais pas différent des autres, à l’époque. Des ambitions démesurées, des étoiles plein la tête. Au lycée, j’étais même une star, si je puis dire. Le rockeur, guitariste et chanteur, issue d’une famille riche du quartier Nord, promis à un grand avenir, mais qui a choisi la voie de la liberté et de la débauche. Au grand dam de mes parents.
Les filles se succédaient pour m’avoir. J’aimais ça. Cette sensation d’être admiré, aimé et adulé. Cela étant, au contraire des apparences, je me faisais défenseur des marginaux, des nerds, et des timides, me servant de ma notoriété pour calmer les brutes sans cervelles qui les malmenaient. J’ai même refusé la couronne de roi du lycée, par modestie, ne cherchant pas ce genre de récompense.
Mais au final, vous savez ce qui ressort d’une telle vie ? La solitude. La vraie. Celle qui qui vous prend aux tripes quand vous vous rendez compte que malgré la pléthore de gens qui vous aimes et vous suivent, aucun ne vous apprécie pour la personne que vous êtes, mais pour l’image que vous renvoyez. Mes parents m’aimaient néanmoins. Fils unique, ils ont rapidement compris que leur fils suivait son propre chemin, et, au bout d’un certain temps, ont fini par me supporter. Après le lycée, j’ai pris un boulot comme serveur dans le bar dans le centre-ville, me laissant du temps pour ma musique.
De vrais amis ? Hum … Si. Il en avait une. Une seule. Kay Adkins. Je l’ai rencontrée lors d’une session d’école buissonnière en 11ème année. Je me suis fait l’effet d’un idiot fini quand j’ai compris, au bout de plusieurs minutes, que cela faisait déjà un paquet d’année que nous étions dans la même classe. Depuis, nous partagions les cigarettes, derrière le lycée, au lieu d’aller en cours. Elle ne me jugea pas sur ma notoriété, ni mon image. Elle était juste elle. Simple. Une amie. Et je me suis surpris à aimer ces moments de flottement avec elle. Même lorsque nous ne nous disions rien, nageant simplement dans un nuage de fumée, la tête dans nos rêves. On se comprenait. Sans avoir besoin de le dire. Je me demande encore aujourdui pourquoi il ne s’est jamais rien passé de plus entre nous, ni pourquoi je ne l’ai pas empêché de partir. Mais c’est ainsi.
Quelques temps après son départ, ma vie allait changer du tout au tout.
Partie 2 : A new dawn …
Je me rappel clairement cette nuit-là. Un cri. Ma mère. Le bruit de la chair qu’on tranche. Le silence.
Mes pas qui font grincer le parquet de bois alors que je me dirige vers l’origine de ce vacarme. J’ai 21 ans. Je ne suis plus un enfant, mais j’ai peur, plus que jamais dans ma vie. Mon cœur menace de sauter de ma poitrine à tout instant, et rien ne pouvait me préparer à ce que j’allais voir. Un bruit de pas dans le grand salon me figea. Puis, de nouveau le silence. J’approche, lentement, et passe une tête terrifiée dans l’encadrement de la porte.
Mes yeux s’écarquillent. Mon cœur s’arrête.
Mes parents jonchent le sol, dans une mare de sang, la fenêtre brisée derrière eux. Mais s’il n’y avait eu que cela … Sur leurs corps sans vie, se tenait une bête. On aurait dit un être humain à la peau sombre, presque écailleuse. Son visage … Si on peut appeler cela comme ça … On aurait dit une sorte d’appendice suintant. Elle ne me remarqua pas, et, tremblant, une main sur ma bouche pour couvrir ma respiration, je me roulais en boule dans le couloir, incapable de faire quoique ce soit. Même de pleurer. Seul la peur le saisissait. Je l’entends alors bouger, je reste immobile. Du verre qu’on écrase, et le bruit s’estompe. De longues minutes passent, et j’explose. Les larmes. Un cri de rage devant mon impuissance.
La police ne m’a évidemment pas cru, comme personne d’ailleurs. Et j’ai fini par sombrer. Abandonné. Traité de fou. Quand on ne m’accusait pas tout simplement du meurtre. Ils ont rapidement conclu à un acte de barbarie isolé, et ont classé l’affaire, faute de preuves. On a tenté de me consoler avec le gros tas d’argent dont j’héritais à la mort de mes parents. Mais peut-on acheter le chagrin ?
La grande maison familiale m’étant insupportable, je passais le plus clair de mon temps en dehors, à boire pour oublier, jusqu’à devenir le jeune idiot et violent de la ville. Celui qui rêvait de rock et de gloire était tombé de haut. Pour passer ma rage et ma tristesse, je me suis alors mis à la musculation intensive, et j’ai acheté des sacs de frappe. Et pris le 1911 de mon père, avec lequel je m’entrainais à tirer en forêt.
Et alors, les disparitions ont commencé. D’abord un simple fait divers sans intérêt. Mais plus le phénomène prenait en intensité, plus cela m’attira, sans que je comprenne pourquoi. Tentant de mener ma propre enquête, je ne fis guère mieux que la police, loin de là. Puis survint le cas Amanda Pike. En lisant le journal, je fus convaincu que ce qui lui était arrivé, à elle et aux autres, était lié à cette créature. J’ai alors doublé mon entraînement et mon enquête. Et ma consommation d’alcool.
Car la prochaine fois que je la croise, ce sera pour la tuer. Elle, et toutes les autres saletés dans son genre. Car je sais que les monstres existent. Je le sens. Et quelqu’un doit se tenir entre elles et nous. De toute façon, je n’ai rien à perdre.