Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 (wyatt) i might give you a kiss

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MessageSujet: (wyatt) i might give you a kiss   (wyatt) i might give you a kiss EmptyDim 13 Jan - 21:30


 « Dites-moi, vous ne chercheriez pas à engager, par hasard ? Je suis pas la plus douée en relations sociales mais je sers de super cocktail et je sais faire une pression parfaite sans mousse. Ou presque. » Le barman l’observe en souriant. Enfin, Arleen n’est pas bien sûre qu’il s’agisse d’un sourire - ça ressemble un peu plus à une grimace. Amusé ou non par la bonne femme qui lui tient la jambe depuis près de cinq minutes, il ne dit rien, se contentant de lui servir un autre whisky. Net, sans glaçons. Le deuxième d’une tournée d’elle ne sait combien. Théodore n’est pas là ce soir - ce sera certainement moins marrant que d’habitude. Ils finissent toujours par raconter n’importe quoi, mais au moins Théo ne la juge pas. Il boit avec elle, se marre avec elle, et se contente de ça. Arleen sait, par ailleurs, qu’elle ne devrait pas boire autant. Elle ne devrait pas non plus fumer ce qu’elle achète au gamin - Stan ? C’est son nom ? - qui squatter le coin de la rue, pas loin de son appartement minable. Elle sait pertinemment que c’est mauvais pour la santé - on le répète, un peu partout, dans les magasines, à la télévision, sur ces putains d’affiche accrochées aux murs de la pharmacie ou dans le cabinet du médecin. Mais Arleen ne va pas chez le médecin. Arleen se fiche d’avoir la gueule de bois, le lendemain matin. À vrai dire, c’est plutôt ce qu’elle chercher : gueule de bois carabinée, ou l’effet désiré après une soirée passée à boire, d’abord au bar, puis chez elle, seule, dans sa cuisine. Certains parleraient d’alcoolisme, et ils ont peut-être raison. Ils ne savent pas, toutefois, ce qu’il se passe dans sa tête, le soir, quand elle ne boit pas. Et c’est pire, depuis qu’elle est arrivée dans cette foutue ville. Les murs sont pleins de ressources insoupçonnées et, parfois, ils se referment sur elle. Les bruits deviennent alors insupportables : le moindre crissement de pneus sur l’asphalte, la moindre goutte d’eau dans l’évier - un rien semble déclencher leur apparition. Si à Los Angeles, elle réussissait à les éviter, voire à les ignorer, cela semble être mission impossible depuis son arrivée à Aster Cove.

« Un Pepsi s’il-vous-plaît. » « C’est une blague ? » Areen sait à qui elle s’adresse avant même de s’être retourner. Si elle ne s’attendait pas à le voir là, dans un bar, un endroit de débauche où Dieu n’a certainement pas mis son nez depuis une bonne dizaine d’années, elle en est agréable surprise - la distraction, tout ça. Dr. Wyatt Jr. Bishop. Elle s’est tout de suite souvenue de ce nom, et de la petite croix, fine, presque discrète, qui pendait de sa blouse, aux urgences de l’hôpital d’Aster Cove. Le barman lui lance un coup d’oeil avant d’hausser les yeux au ciel - c’est qu’elle connaît tout le monde, emmerde tout le monde, et l’emmerde lui aussi, parfois, même si elle paye sans rechigner et ne casse rien dans son bar. Il sort le Pepsi d’un frigo, le verse dans son verre, y ajoute des glaçons, une tranche de citron, sous le regard amusé d’Arleen. Le bonhomme lui ferait presque les gros yeux, si cette nana ne lui foutait pas un peu les jetons. « J’étais persuadée que vous vous autorisiez un petit martini, après le travail. Combien de temps à durer votre dernière garde ? » Le type a l’air épuisé, mais elle ne lui dira pas tout de suite. Cela ruinerait tout le plaisir qu’elle a à le taquiner. Arleen est incapable de deviner son âge, mais elle sait qu’il est jeune, plus jeune qu’elle, et qu’il travaille d’arrache-pied - comme tout médecin urgentiste, elle présume, ou médecin tout court dans une ville pareille. Elle a eu vent de ce qu’il s’est passé, pendant la battue de Lost Pine, mais n’en parlera pas non plus. Si elle est entrer dans ce bar, c’est parce qu’elle veut oublier où elle se trouve, où son intuition l’a menée. Un instant, elle revoit le corps vidé de la jeune femme, pendu à la poutre du salon. Impossible de réprimer le frisson qui lui remonte le long de l’échine.

« Vous êtes sûr que je ne peux pas vous offrir autre chose, Wyatt ? Un whisky ? Une bière peut-être ? Je peux vous appeler Wyatt ? Docteur Bishop, c’est un peu formel pour un tel endroit. » Il ne l’a certainement pas reconnu, quand il est entré, du moins c’est ce qu’elle imagine. Avec ce qu’elle lui fait subir à chaque rencontre fortuite, elle imagine mal le jeune Bishop venir s’installer volontairement près d’elle au bar. Elle revoit encore leur dernier échange et le rouge qui a fini par envahir les joues du docteur. C’est qu’il est facile de le gêner : un ou deux sous-entendus un peu osés, un sourire charmeur et la promesse d’un verre, d’un dîner, d’une nuit un peu échevelée, et le voilà qui perd ses moyens. S’il la surprend, parfois, par sa répartie, c’est sa gentillesse et sa naïveté qui amuse Arleen.

Un sourire aux lèvres, elle avale une gorgée de son whisky, à peine frais, à peine tiède, température parfaite. À défaut d’être aimable, le barman sait ce qu’il fait - et a cessé de lui servir les pires whiskys de la terre. « Alors, Docteur Bishop, comment allez-vous ? Ah, vous voyez, j’peux pas m’en empêcher. Ça sonne bien, Docteur Bishop », dit-elle en laissant rouler les syllabes sur sa langue, le sourire s’étirant à chaque seconde.
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Wyatt Jr Bishop
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MessageSujet: Re: (wyatt) i might give you a kiss   (wyatt) i might give you a kiss EmptySam 19 Jan - 12:52

ARLEEN &
WYATT JR

I might give you a kiss

Wyatt Jr. a le teint fatigué et les joues creusées. Dans le miroir, son reflet lui souffle de retourner se coucher, se cacher sous les couettes bienfaitrices dont il a trop manqué. Ses yeux déparaillés ont perdu de leur éclat, ses épaules se sont afaissées sous le poids de ses angoisses. Un soupir lui échappe tandis qu'il passe de l'eau sur sa face blême, espérant se débarasser du désarroi qui colle à ses traits.

Ses gestes sont mécaniques. Il enlève sa blouse, défait son pantalon, ôte sa chemise. L'ordre est toujours le même. Étirer les muscles noués d'un mouvement rapide, cent fois répété. Ouvrir son casier, saisir son sac. Enfiler ses vêtements personnels. Ajuster la veste. Il passe ses doigts dans ses cheveux blonds, se racle la gorge, cligne des paupières. Nouveau soupir. Il croise de nouveau son alter ego dans le miroir. Instant de flottement. L'image qui l'observe ne lui plaît pas. Il fronce les sourcils, secoue la tête, pince l'arrête de son nez.

« Qu'est-ce qui ne va pas chez moi, bon sang... », murmure-t-il, las.

Il sait très bien. Il sait ce qu'il s'est passé, ce qu'il a vécu, ce qui l'a mené à venir s'enfermer dans les vestiaires avant de partir de l'hôpital. Serrant la croix qu'il a en pendentif dans sa main, Wyatt prononce une brève prière.

Aujourd'hui, Wyatt a perdu un patient. Son premier. Trop jeune, trop gentil, trop innocent pour mériter son sort. Dans le silence qui embaume sa présence, il croit entendre le bruit sourd du moteur cardiaque qui s'arrête, le « biiiiiip » strident de la mort. Le gosse a attendu la visite de son oncle, venu de l'autre bout du pays, avant de se laisser partir. Il revoit son sourire, heureux et triste à la fois, teinté d'une nostalgie douce-amère qu'arborent trop souvent ceux qui arpentent les couloirs de l'hôpital. De ceux qui savent que leur séjour en ces lieux ne se conclura que par la mort, qu'il n'y a plus vraiment d'espoir à nourrir autre que celui de partir sans douleur. Dix-neuf ans. Ça lui rappelle son cousin, jamais fréquenté et dont le décès l'a pourtant drôlement heurté. Ça fait bizarre, de perdre quelqu'un qu'on n'a pas connu mais qui était si proche, tout ce temps, depuis le début. De savoir qu'il n'y a plus d'espoir désormais de nouer le moindre lien. De savoir qu'on est passé à côté d'un membre de sa famille, comme ça, par principe, parce que Papa dit que ce côté là de sa branche n'est pas fréquentable. Parce qu'on obéit à Papa. Parce que ceux qui se détournent du chemin de Dieu ne peuvent être une bonne influence. Wyatt Jr se demande, soudain, si son patient avait vécu les mêmes travers, s'il avait été perçu à un moment donné comme un voyou. Ça l'étonnerait, mais il a vécu plus surprenant.

Les questions se bousculent mollement dans son esprit fatigué. Trente-six heures de garde. On ne ménage pas les internes, on leur montre la dure réalité de leur futur travail. Il ne se plaint pas, s'interroge doucement. La douleur s'arrêtera-t-elle un jour ? Sera-t-il capable un jour de dicter froidement l'heure du décès sans repenser au sourire de la personne qui se tient derrière le dossier de papier ? Il ne sait pas ce qu'il espère.

En un dernier soupir, il saisit son sac et s'éloigne des vestiaires, observe l'entrée de l'hôpital comme une oasis au cœur du désert. Il aime son métier, l'aime avec passion, mais tout ce qu'il désire désormais se résumer en un mot : s'éloigner. Prendre du temps. Prendre une pause. Arrêter de visualiser le moteur cardiaque qui forme une ligne droite, plate. Ne plus entendre le bip. Il doit se détacher, reprendre ses esprits. C'est ce que lui ont conseillé les professionnels, ceux qui ont vu plus de morts que tous les policiers du comté réunis et qui ont accepté, simplement, parce qu'ils en ont sauvé tout autant. Sortir, oublier un peu, tourner la page.

C'est dans cette optique qu'il se trouve à ouvrir les portes de l'Aster and Clover quelques minutes plus tard, sans trop savoir ce qu'il y fait. Ses pas le guident vers le comptoir auquel il s'assoit tranquillement, passant une main lasse sur son visage blême. Il laisse ses lèvres dicter d'elles-mêmes les salutations polies qu'il adresse au barman.

« Un Pepsi s'il vous plaît.
C'est une blague ? »

Oh. Wyatt n'a pas besoin de voir qui parle pour la reconnaître, elle, sa voix et son timbre si particulier, ce petit ton narquois qu'elle prend toujours pour s'adresser aux autres. Elle. Mademoiselle Arleen Wright. Si ce n'était irrespectueux, il oserait dire qu'elle n'a rien d'une demoiselle, qu'elle tient davantage de la femme fatale peut-être. Sur certains points, elle lui fait presque penser à la compagne de son cousin, dont il apperçoit au loin la crinière flamboyante ondulant entre les tables. En pire. En bien, bien pire. Sans gêne, provocante, moqueuse. Il ne sait pas pourquoi il l'apprécie et pourtant, pourtant c'est le cas. Peut-être à cause de ce charisme si spécial qui émane d'elle et impressionne tous les lourdeaux qui ont tendance à fréquenter le bar aux heures tardives – Evie lui en a parlé, il sait. Peut-être parce qu'elle est si franche, si claire dans ses intentions et dans ses mots qu'il est impossible de douter de sa sincérité. Elle a beau le taquiner souvent, tout le temps, Wyatt s'est pris à profiter de sa présence à sa manière.

« Bonsoir, Mademoiselle Wright. », salue-t-il poliment tandis qu'il se tourne vers elle.

Il saisit le verre tendu par le barman d'une main souple, le remercie avec un hochement de tête, offre à nouveau son attention à la femme qui lui fait face. Un sourire taquin orne ses traits. Il ne peut s'empêcher d'avoir un éclat de rire. Oh, il sait où tout cela va le mener...

« J’étais persuadée que vous vous autorisiez un petit martini, après le travail. Combien de temps a duré votre dernière garde ?
- Hé bien figurez-vous que je ne bois pas d'alcool, ou très peu du moins. Et puis avec la fatigue que je traîne, si je buvais un martini il faudrait me raccompagner chez moi ! »

Un nouvel éclat de rire lui échappe, léger, et le soulage. Ce n'est qu'une partie de la vérité, mais Arleen n'a aucunement besoin de savoir le reste. Personne n'en a besoin. Wyatt refuse de toucher à la moindre goutte d'alcool depuis que celui-ci a fait de lui un futur père. L'idée le renfrogne, il prend une gorgée de soda pour oublier et s'acoude au comptoir pour mieux fixer son interlocutrice, ses yeux tâchés fixant les pupilles océan.

« Ma dernière garde, pardon, se reprend-il. Trente-six heures. J'ai dormi six heures. Il y a eu un carambolage entre trois voitures. Je suis crevé. »

Une nouvelle gorgée, un sourire aimable, il omet de préciser qu'il a vécu son premier décès et se concentre sur la musique, trop forte pour laisser place à ses souvenirs. Tant mieux. Le bip l'a quitté.

« Vous êtes sûr que je ne peux pas vous offrir autre chose, Wyatt ? Un whisky ? Une bière peut-être ? Je peux vous appeler Wyatt ? Docteur Bishop, c’est un peu formel pour un tel endroit. »

Son visage trahit son amusement. Il secoue la tête en levant une main en signe de refus, maintenant sur ses traits une expression affable.

« Je vous remercie, mais ça ira. Un Pepsi c'est bien aussi. Et oui, appelez-moi Wyatt. Je ne suis pas vraiment docteur de toute façon, pas encore. Je le serai officiellement à la fin de l'année, et je pourrai pratiquer dans... dans huit ans. Oui, vraiment, Wyatt c'est très bien ! C'est le nom de mon père. »

Il ne sait pas pourquoi il déballe ça, comme ça, sans aucune pudeur. L'un des pouvoirs magiques de mademoiselle Wright semble être de pousser les gens à dévoiler leurs secrets. Il ignore comment c'est possible, ignore par quels biais elle en est capable, soupçonne que Dieu ait placé en elle un don insoupçonné de communication mais n'en dit rien. Arleen est athée, après tout. Il n'est pas sans l'ignorer.

Un éclat de rire lui échappe alors que son interlocutrice s'évertue à l'appeler Docteur. Ses yeux retrouvent des étincelles qu'il a perdues. Il oublie, un peu, son désarroi. La magie Wright, sans doute.

« Je vais bien, en dépit de la fatigue. Et vous ? Qu'est-ce qui vous mène à explorer seule le pub d'Aster Cove ? Je ne sais pas si c'est l'endroit le plus recommandé pour une belle femme isolée. »

Ce n'est pas vraiment une flatterie, et ce n'est certainement pas du flirt. Dieu a offert des yeux à Wyatt Jr et il n'a pas besoin de plus pour reconnaître l'évidence : peut-être l'ignore-t-elle, mais Arleen est attirante. Trop âgée pour lui, certainement, mais pas moins jolie. Dans son regard parfois, il croit deviner quelque chose, un apperçu peut-être de l'âme qui se cache sous l'armure d'acier qu'elle semble avoir placée entre elle et le monde. Quelque chose qui l'a poussée ici, peut-être, à parler au barman comme une habituée, à errer dans cette ville comme un fantôme.

« Vous cherchez quelqu'un à qui parler ? Je suis là, en tout cas. »

Il sirote son verre, calmement, sans honte. Agir autrement risquerait une méprise de ses intentions. Elles ne sont pas mauvaises. Le raisonnement est aisé en soi : si Arleen est capable de l'apaiser de sa présence, sans doute devrait-il faire de même.


Pando
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MessageSujet: Re: (wyatt) i might give you a kiss   (wyatt) i might give you a kiss EmptyMar 5 Fév - 21:06

 « Eh bien, vous êtes bien sages, mais j’imagine que c’est plus raisonnable. » Arleen, quand à elle, descend une gorgée de son verre sans aucun scrupule avant d’esquisser un sourire en coin. Ce gamin parle comme s’il n’était pas à côté d’une des plus belles emmerdeuses de la ville - ce n’est pas faute, pourtant, de le malmener, gentiment, à chaque fois qu’ils se croisent. « Vous parlez de vous raccompagner à la maison, et vous me tendez une sacrée perche, Docteur Bishop. Vu que la soirée ne fait que commencer, je ne relèverai pas cette fois, histoire de ne pas vous mettre mal à l’aise tout de suite. » Elle se doute toutefois que cette simple remarque pourrait le faire rougir, par ce qu’elle implique, et Arleen l’observe avec attention. Le spectacle de Wyatt Jr. Bishop gênée devant elle est un petit plaisir dont elle ne se prive jamais. Peut-être est-ce parqu’il est si croyant, ou tout simplement parce qu’il a ce petit côté angélique auquel elle n’est pas vraiment habitué. Les gens que fréquentaient Arleen, quand elle habitait encore à Los Angeles, ne ressemblaient pas au jeune docteur. Tous en ombres et en secrets, ils étaient faits de la même étoffe que la jeune femme : quelque chose de sombre et de glissant, que l’on ne garde entre les doigts qu’un bref instant, car ils préféraient s’enfuir, eux aussi. Mais Arleen ne peut plus fuir, maintenant. La réalisation lui traverse l’esprit rapidement, un éclair, vif, déjà disparu. Elle espère que rien ne s’est égaré sur ses traits car elle ne saurait expliqué au jeune homme pourquoi son humeur change tant, ces derniers temps, pourquoi elle passe du pire des cynismes à une sorte de déprime noirâtre. Elle a l’habitude. Elle a l’habitude et d’ici un verre ou deux, tout sera redevenu normal.

L’éclat de rire la ravive et la fait sourire par la même occasion. Elle croit voir passer une ombre sur le visage de son interlocuteur mais ne pose pas de question - pas tout de suite, du moins. Elle n’est pas certaine qu’ils parlent un jour de ce genres de choses, mais ils ont déjà parlé de Dieu alors qu’ils se connaissaient à peine, si bien que tout est possible à présent. « Vous avez l’air un peu fatigué, effectivement. Pourquoi ne pas être rentré vous reposer ? » La question ne comporte aucun sous-entendu et Arleen s’en surprend elle-même. Elle observer, de son tabouret de bar, les cernes qui se dessinent sous les yeux du jeune homme et se dit que trente-six heures, c’est effectivement très long ; qu’elle n’aurait jamais pu faire un métier pareil car elle n’avait ni le talent ni la détermination ; qu’elle n’était pas prête à sacrifier ses heures de sommeil pour le bien-être d’autrui et que c’était ce qui la différenciait, précisément, de Wyatt Jr. Bishop.

Il se met à parler, plus que d’habitude peut-être, et Arleen ne peut s’empêcher de rire. « J’apprends beaucoup de choses ce soir. Mais je ne suis pas sûre que votre père - ou vos proches en général - serait ravi de vous voir attablé avec moi. Ma réputation me précède, vous savez. » À cela, Arleen lève son verre avant d’en boire une nouvelle gorgée. Elle n’en est pas vraiment gênée et sait ce qu’on dit d’elle, au bar comme dans le reste de la ville. Il faut dire qu’elle n’est pas vraiment du genre à se cacher et qu’une femme qui porte du cuir, qui fume et jure comme un pompier, ça a tendance à faire tâche au milieu des jolies dames au foyer d’Aster Cove. « Utilisez le titre le « docteur », je suis sûre que c’est un outil de drague infaillible. Non pas que vous en ayez besoin avec l’allure que vous avez, mais sait-on jamais. » Et voilà qu’elle dérape à nouveau, un large sourire amusé au visage. C’est tellement tentant qu’elle ne peut se retenir que quelques instants avant d’à nouveau le titiller. Le barman, qui passait par là, lève les yeux au ciel, prêt à venir en aide au jeune docteur si le besoin s’en fait sentir, et Arleen le chasse d’un geste de la main comme on ferait fuir un nuisible. Heureusement qu’elle paye bien - et qu’en réalité, la jeune femme l’amuse plus qu’autre chose.

Portant une nouvelle fois son verre à ses lèvres, Arleen y dissimule son sourire. Elle sent bien qu’il n’y a ni séduction ni flatterie derrière les mots du jeune médecin, mais ce n’en est pas moins agréable, bien qu’elle ne soit pas prête à l’admettre. « Vous me flattez, Wyatt. Vous savez, je suis une habituée de l’endroit, déjà. Mon ami ici pourrait vous le confirmer. » Mais le barman se contente de grogner quelque chose d’inintelligible avant de s’occuper d’un autre client. « Et je ne suis pas certaine que vider mon sac à vos pieds soit la meilleure idée du monde, bien que j’apprécie l’intention. Certaines des choses que je pourrais vous dire vous ferez certainement partir en courant. Ou vous signer quatre ou cinq fois. » Depuis quand se moque-t-elle aussi gentiment des gens qui, d’ordinaire, s’attirent ses foudres ?

La proposition, pourtant, semble suspendue entre eux, fil invisible qu’elle ne peut briser ni ignorer et elle adresse à Wyatt un coup d’oeil qui n’est, cette fois, ni cynique ni amusé. Elle ne sait pas ce qu’il y a dans son regard - et elle remarque à nouveau les taches dans l’iris de son voisin. Il serait imprudent d’accepter son offre, de dire des choses, de se révéler - une nouvelle fois. Jetant un bref coup d’oeil par-dessus l’épaule de Wyatt, à l’affut d’une ombre, elle finit par déposer son verre sur le comptoir. « Il s’est passé quelque chose, à l’hôpital, aujourd’hui ? » Et elle peut jurer avoir entendu, dans un coin de son esprit, le bruit des freins et des pneus qui crissent sur l’asphalte.
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Wyatt Jr Bishop
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MessageSujet: Re: (wyatt) i might give you a kiss   (wyatt) i might give you a kiss EmptyLun 18 Fév - 14:59

ARLEEN &
WYATT JR

I might give you a kiss

Sa manière de l'appeler « docteur », son ton joueur et ses lèvres, boudeuses et taquines, le regard lourd de sous-entendus et l'intonation traînante, chantante, charmeuse. Arleen, c'est tout ça à la fois, une femme à laquelle il ne parvient pas à échapper. Questions trop pertinentes et jeux de personnalité ; Wyatt Jr lui court après et ne parvient jamais vraiment à la rattraper. À sa provocation, il répond d'un petit rire.

« Je pense au contraire que c'est précisément ce que vous désirez faire, Miss Wright. Mais je vous remercie, vos égards pour moi ne cesseront jamais de me flatter... »

Le ton est léger et les mots glissent d'entre ses lèvres avec l'aisance de l'eau. Discuter avec elle est simple, s'amuser l'est peut-être plus encore, et il se surprend dans son plaisir, ne s'attendait pas à se complaire dans l'atmosphère de tendre raillerie qui règne entre eux. Junior a conscience de la puissance de sa foi – déplore souvent d'être considéré comme exceptionnel dans celle-ci, parce que tout ça devrait être normal, parce que Dieu a placé en l'Homme la capacité de l'aimer – et il a appris depuis longtemps à en rire. Heureusement, songe-t-il, amusé. Arleen ne l'aurait épargné dans aucun cas, il en est certain.

La conversation s'enchaine et il traîne derrière, son esprit trop lent pour la rapidité des mots, ses pensées trop volatiles pour s'accrocher aux paroles d'autrui. Wyatt s'excuse, se reprend, répond en retard et lance un regard distrait au verre ambré. Il se demande silencieusement si on peut se saouler à l'épuisement. Puis il se demande si Mademoiselle Wright est aussi solide et heureuse qu'elle prétend l'être, s'interroge sur l'ombre qu'il a vu passer sur ses traits harmonieux. Doit-il demander ? Doit-il dire ? Les yeux dépareillés se figent un instant, détaillent le visage d'en face, puis se baissent. Elle a ses secrets, lui a les siens, et qui est-il vraiment pour exiger des réponses ? Il fait semblant, donc, ignore le fantôme de douleur qu'il a cru deviner et rit, doucement, espérant la divertir peut-être. L'inquiétude demeure, enrobée cependant d'une légèreté qu'il voudrait réelle.

« Vous avez l’air un peu fatigué, effectivement. Pourquoi ne pas être rentré vous reposer ? »

Les mots l'interrompent dans ses pensées. Sa tête se relève, un peu trop vite, ses lèvres s'entrouvrent sur des paroles qui refusent de sortir. « Je ne sais pas. » Voilà ce qu'il devrait répondre. Voilà la vérité. « Je ne sais pas, et je ne voulais pas rentrer dans le silence de la maison endormie. Sans bruit, j'entends celui de la mort, encore et encore, et je n'en peux plus, je n'en veux plus, alors je suis allé dans un bar même si je n'ai rien à y faire. » Il articule quelque chose, ne sait pas quoi répondre, a peur de dire.

« Je... J'avais besoin de me détendre un peu. »

Ce n'est pas un mensonge, ce n'est pas la vérité. Le jeune homme en fait de plus en plus, des scénarios du genre, ça le dégoûte mais il ne peut plus s'en empêcher. Il a attrapé le virus du menteur et il répète, contamine, détruit son honnêteté à grands coups de demi-réalités, de non-dits et de fausses excuses. Sa pomme d'Adam roule sous la gorgée de Pepsi qui lui brûle la langue. Il songe au moteur cardiaque et à la ligne blanche, plate. Biiiiiiiiiiiiiiip.

Il boit de nouveau, pose son verre sur la table, affiche ce foutu sourire aimable qu'il porte parfois comme une énième tromperie et se tourne vers Arleen. Et il meuble. Il dit trop de choses, parle sans trop dire, et puis il rit un peu parce qu'il se sent ridicule.

« J’apprends beaucoup de choses ce soir. Mais je ne suis pas sûre que votre père - ou vos proches en général - serait ravi de vous voir attablé avec moi. Ma réputation me précède, vous savez. »

« Je m'en fous. » Les mots manquent de sortir et se bloquent tout juste à la lisière de ses lèvres, le surprennent dans leur sincérité brutale. Wyatt Jr en aurait presque sursauté, mais il se contente d'un temps d'arrêt, d'une seconde de réflexion. N'en a-t-il vraiment rien à faire ? Toute sa vie, il a cherché l'aval de son père, de son Père, de ces figures d'autorité suprême dont l'avis importe plus que tout, importait du moins. Assez pour qu'il ne rencontre jamais ce cousin désormais décédé. Assez pour qu'il refuse le lien avec un gamin qu'il ne verra plus. Il ne sait pas s'il regrette, il ne sait pas ce qu'il désire, désormais il a bafoué ses serments à l'un comme à l'autre et sa rigidité a perdu un peu de son sens. Il hausse les épaules.

« Je ne fais rien de mal. Et les rumeurs ne sont pas selon moi une invention de Dieu. Mais enfin, je crois que vous avez raison. En fait, mes proches ne seraient pas ravis de me voir ici. Trop tard, je suppose ! »

Un rire lui échappe et il amène son verre à ses lèvres, fredonnement  contre sa gorge tandis que le liquide pétillant dévale sa langue. Leurs regards se rencontrent ensuite. Elle utilise de nouveau son surnom, il secoue la tête en riant.

« Je n'ai pas vraiment envie de ça, pour l'instant. Pas le temps. »

Trop d'ennuis. Ses tourments reviennent et il cherche à s'en éloigner, regarde ailleurs, la regarde elle. Il se souvient de l'inquiétude, elle revient, elle le titille. Il sait qu'Arleen cache quelque chose, et il s'en moque au fond, voudrait juste qu'elle ouvre un peu les portes de prison qu'elle a refermées sur son cœur. Elle se défend, ça ne prend pas. Qu'elle soit une habituée de l'Aster Clover ne le rassure pas. Au contraire. Il connaît le schéma. Il en a vus, trop vus, des ivrognes qui se retrouvent coincés aux urgences parce qu'ils ont trébuché sur leurs propres pieds, emplafonné leur voiture ou provoqué un autre accident. Être une cliente récurrente, ce n'est pas forcément une bonne chose, pas si on en est à plusieurs verres de whisky par soir. La tentative d'humour le fait sourire, mais le regard qu'il lui adresse est sérieux.

« Vous seriez surprise de ce qu'on rencontre aux urgences... Et puis je croyais que me mettre mal à l'aise était votre petit plaisir ? »

Lui aussi sait placer des messages entre ses mots. Lui aussi sait dire sans prononcer. Allez-y, murmure-t-il, parlez. Vous pouvez.

Arleen semble l'entendre. Peut-être. Elle pose son verre, elle le regarde, sérieuse soudain. Son visage est dénué de jeu, dénué de charme, presque trop vif pour lui. C'est ridicule, pourtant il ne peut se départir de la sensation qu'elle est en train de fouiller son âme – et il est certain qu'elle n'aimerait pas ce qu'elle découvrirait, ou plutôt qu'elle rirait, amusée sans doute de lui découvrir tant de défauts humains, à lui qui se revendique héritier de Dieu.

« Il s’est passé quelque chose, à l’hôpital, aujourd’hui ? »

Il est coincé. Ce n'est pas un test, il le sait, mais il ne pourra exiger d'elle aucune réponse si lui-même évite les sujets difficiles. Ce n'est pas un test, mais peut-être est-ce un défi, en quelque sorte. Vas-y, toi, qu'on voit si tu balaies si bien devant ta porte. Un petit rire échappe à Wyatt et il apporte le verre à sa langue déséchée. Rien. Vide.

« Je veux bien un second pepsi, s'il vous plaît. »

L'échappatoire, une seconde, puis le retour au regard turquoise, si puissant, si intense, presque terrifiant. Il observe Arleen. Il se demande. Il sourit, un peu, passe une main dans ses mèches claires. Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.

« Un gosse est mort. »

Ça sort comme ça, comme un crachat, et ça laisse un arrière goût de pourri contre sa langue. Le jeune homme prend un peu trop vite le nouveau soda pour le porter à ses lèvres. Il boit, une fois, deux fois, masse sa tempe lorsque la musique se mêle au souvenir. Et les mots se déballent d'eux-mêmes :

« Il avait dix-neuf ans. Il ne portait pas sa ceinture. Il était dans la voiture du milieu. Sa colonne vertébrale ne l'a pas supporté. Ils ont tenté d'opérer, ça n'a pas marché. Et puis il est mort, après que son oncle soit enfin arrivé. Il avait roulé toute la nuit, lui. Et le gamin a tenu. Pour le voir. Ensuite son cœur a lâché. »

Inconsciemment, il trace la ligne droite avec les gouttes d'humidité qui traînent sous son verre, sur le comptoir. Ses yeux traînent, la suivent, et il pousse un soupir sans oser la regarder de nouveau.

Biiiiip.


Pando
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