fucking savior ft. elias

fucking savior

ft. elias oliver

C’était une journée de plus en enfer. Une journée de plus où il verrait sa mère confronter une énième fois son père pour qu’il ne lui prête un peu plus d’attention. Une journée de plus où il faudra qu’il mette ses problèmes de côté et faire comme si tout allait bien. Lever la main et donner la bonne réponse. Attirer des regards féminins de deux ans ses cadettes. Faire semblant de ne pas connaître Victoria et lui passer sous le nez sans un regard. Balancer une remarque piquante à Nancy. Il pouvait au moins compter sur le soutien de Dave, mais Isha était de toute façon quelqu’un qui n’aimait pas partager son mal être avec les autres. Alors il supportait, encore une fois. Pourtant encore une fois ce matin-là, encore allongé dans son lit, il se demandait réellement s’il y avait le moindre intérêt à ce qu’il ne se lève. Il aurait pu prétendre être malade, mais là encore ce qui le rendait dingue serait le regard que son paternel poserait sur lui en cette journée. Un regard traduisant déception, encore une fois. Il essayait pourtant tellement dur. Et il se ramassait pourtant tellement. Et il était fatigué de se relever pour quelqu’un qui n’en valait pas la peine. Mais il le faisait quand même.

Il inspira profondément, expira de manière bruyante. Les mille et une discutions du couloir parvenaient à ses oreilles sans qu’il ne puisse en reconnaître les moindres mots. D’une manière presque brutale, il referma le casier qui lui était attitré, rejetant son sac sur son épaule gauche. Il passa sa deuxième main sur son visage, puis dans ses cheveux, avant de se retourner et d’envisager de se rendre en classe. Il n’atteint pas sa destination, du moins pas encore. Traversant les couloirs qui se faisaient de moins en moins bondés, ce sont des rires masculins qui attirèrent l’attention du jeune homme. Se stoppant net, la scène qui se déroulait sous ses yeux eu pour don de rapidement faire grandir cette colère, cette impulsivité qui le définissait bien et qui le gardait au sommeil des élèves de ce lycée. Cette rage face à un acte injuste qu’était celui de s’en prendre à plus jeune et plus vulnérable que soi. Certes, Isha avait fait ce genre d’erreur une ou deux fois dans sa vie, mais en gagnant en maturité, il lui était devenu hors de question d’agir de la sorte, préférant tomber dans l’ignorance comme en ce qui concernait le cas de Vicky.

Du moins, sauf lorsqu’il en était spectateur. Et il n’allait certainement pas rester là les bras croisés à les regarder martyriser ce pauvre bonhomme seulement parce-que il était différent d’eux. Des rumeurs, il en avait entendu sur tout le monde, comme sur lui. Et pourtant, ça ne l’empêchait pas de ne pas réagir comme ces abrutis. Mâchoire serrée, il laissa son sac retomber lourdement sur le sol. Il était temps qu’il joue de son autorité sur ces bons à rien. Il s’approcha alors d’un pas menaçant. « Eh. Je peux savoir ce que vous foutez ?! » Commença-t-il, attrapant l’épaule de l’une de ces brutes. Ils ne semblaient pas le craindre, du moins pas vraiment. Mais Isha savait parfaitement qu’ils ne s’opposeraient pas à lui. Il avait les profs de ce lycée dans la poche s’il le voulait, et une bande prête à leur sauter dessus s’ils levaient le petit doigt face à lui. En tout cas, si ce n’était pas eux qui oseraient s’approcher d’Isha et des autres populaires qui le suivaient, ce serait eux qui leur tomberaient dessus. Mais pas tout de suite. Pas ici, pas devant tout le monde. Mais plus tard, oui, c’était envisageable. Pour le moment, il préférait mémoriser chaque trait de leurs ignobles visages.

« On vous a pas appris le respect bande de connards ?! » Rajouta-t-il, laissant ses yeux pénétrer chacun de leurs regards, la mine dégoûtée. Il haussait la voix, et voilà que ceux qui les entouraient se taisaient petit à petit, bien trop subjugués par ce qu’il se passait à proximité. Isha marqua une pause, continuait de les fixer pour être sûr de bien se faire comprendre. Il leur tourna le dos deux secondes, histoire d’offrir sa main au petit homme qui avait été poussé de manière violente contre son casier, le relevant par la même occasion. Poings serrés, il fit un demi-tour sur lui-même pour confronter à nouveau ces idiots qui n’avaient rien dans le crâne. « Maintenant, vous allez me faire le plaisir de dégager de là, et bien vite. Et je vous préviens : je ne veux plus vous voir vous en prendre à lui. Ce sera votre seul avertissement. C’est compris ? » L’inquiétude grandissait sur leurs visages, mais il n’eut aucune réponse de leur part, de quoi énerver d’autant plus Isha. Il en attrapa un par le col. « J’ai pas entendu. Est-ce que c’est compris ?! » Celui qu’il avait attrapé et attiré à lui hocha vivement la tête, suivit par ses deux autres compagnons. Le jeune homme le repoussa plus loin, les laissa filer. Il ne cessait de penser qu’il avait été trop gentil avec eux, qu’il aurait bien aimé en cogner un ou deux, mais il voulait éviter de se faire réprimander par le personnel du lycée, par sa mère, attirer un énième regard de dégoût de son père, ou finir au poste de police.