Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 (flashback) it's a date, then • Camden

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MessageSujet: (flashback) it's a date, then • Camden    (flashback) it's a date, then • Camden  EmptyLun 12 Nov - 20:14

 Cette ville est étrange, voilà ce qui passe par la tête d’Andrea Ferretti alors qu’il court, le casque de son walkman sur les oreilles - la chose se balade, balançant dans sa poche, droite gauche, droite gauche, virant parfois un peu en haut et en bas. Il est partie une demi-heure plus tôt, ayant enfilé un survêtement gris datant de mathusalem, certainement un peu abîmé aux entournures. La journée au salon a été chargée, bien qu’agréable, comme toujours - le jeune homme se rend compte que le métier lui plaît, qu’être en contact avec les gens lui convient et que faire des gâteaux, des biscuits et autres sucreries est un bonus qu’il n’avait pas envisagé. Et s’il court, ce n’est pas pour évacuer le stress ni les tensions, non : c’est pour se faire plaisir, se sentir assez fatigué, le soir, lorsque sa tête touche l’oreiller, pour dormir profondément et avoir l’impression d’avoir bien remplie sa journée. Il y a l’habitude, aussi, qui le pousse à courir pour dépenser cette énergie supplémentaire, pour voir le monde bouger, défiler plus rapidement, trop vite pour qu’il n’en remarque les détails. Il a toujours aimé cette sensation - l’impression de voir le monde disparaître, caché par la vitesse, par l’effort, par la concentration.

La ville est étrange, oui, sans qu’il ne puisse mettre le doigt sur le pourquoi ou le comment. Évidemment, les rumeurs y sont pour quelque chose, et puis il y a l’atmosphère, un peu pesante, qu’Andy parfois oublie, qui parfois lui revient en plein visage. Peut-être est-ce son imagination qui lui joue des tours alors qu’il tente encore de s’adapter à cette vie. Oui, c’est certainement cela, se dit Andrea en accélérant la cadence. Sa foulée est légère et, parfois, il a l’impression de pouvoir bondir plus haut qu’avant. L’idée lui traverse l’esprit alors qu’une silhouette se découpe, au loin, montée sur un vélo. Les cheveux sombres, l’allure, le torse, les épaules, le porté de tête, la nuque… Andrea reconnaît le corps en un instant et son coeur loupe un battement - non pas de peur ni d’angoisse, mais de satisfaction, de joie, peut-être. Depuis quand n’a-t-il pas vu Camden ? Quelques jours, peut-être, le jeune homme étant passé au Sweet Tea, Andy lui ayant ramené sa chemise, les McKinnon étant ensuite passés ensembles au salon… Ils se sont croisés un certain nombre de fois, depuis leur première rencontre, mais jamais assez longtemps au goût d’Andrea.

« Camden ! Eh, Camden ! » Poussant un peu plus sur jambes, il accélère la foulée jusqu’à rejoindre le jeune homme. La tête de Camden se tourne enfin vers lui et Andy passe son propre casque autour de son cou. Le visage qui l’observe - à nouveau, comme une énième première fois - lui paraît à la fois extrêmement différent et parfaitement semblable. Un instant s’écoule, quelques secondes peut-être, et Andrea l’observe, sourire aux lèvres, fasciné par ce visage aux traits si délicats et parfois si fermés - mais, en peu de temps, le serveur a appris à lire les petites expressions presque invisibles, à décrypter quelques signes, même épars, même discrets et a bien compris que rien, dans tout ça, n’est vraiment fermé. « Tu te promènes ? Ah, peut-être que tu rentres chez toi. On fait le chemin ensemble ? » Andrea en a envie, alors pourquoi mentir ? Ses mains s’enfoncent dans les poches de son pantalon gris et il arrête son walkman dont la musique continuait à emplir l’air. « Je suis content de te voir. » Et la suite ne vient pas. Que dire d’autre ? Que dire de plus ? Tout est là : Andy est content, oui, et il y a autre chose, sur le bout de sa langue, quelque chose auquel il pense depuis quelques temps mais qu’il n’a pas encore à réussi à mettre en forme plus clairement. Il y a les possibles embûches sur son chemin - sur leur chemin - et les envies, les drôles de désirs qui émergent au détour d’une rencontre fortuite, d’un accident impromptu, à cause d’un chat qui traverse quand il ne le faudrait pas. « Je voulais passer te voir mais on a pas mal de travail ces derniers temps. Il faudrait quand même que je te rende ton vinyl. » Parce que la chemise est déjà repartie, imprégnée de deux odeurs, de deux lessives, de deux corps différents. Les pieds d’Andy traînent sur le bitume un instant. Est-ce qu’il va le dire ? Est-ce qu’il va réussir à lui demander ? La nervosité se glisse là, au milieu de l’émotion, de l’envie, de l’attirance - et il met malgré tout son souffle court sur le compte de l’exercice, en toute mauvaise foi.
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MessageSujet: Re: (flashback) it's a date, then • Camden    (flashback) it's a date, then • Camden  EmptyMar 20 Nov - 10:15


La voix se mêle aux notes, son souffle porté par le mouvement de l'archet de Maisky. Soudain contre les tympans de Camden une présence connue, chaleureuse s'invite, et il se rend compte qu'il ne l'a pas rêvée seulement quand il découvre Andy à courir à côté de son vélo, au rythme de l'orchestre lancé sur son Walkman. Camden freine plutôt brusquement, surpris par cette réalité aux airs de rêve, ralentit pour s'arrêter complètement et, abaissant son casque, pose son regard sur Ferretti. Il se tient là, souriant et en sueur, et sur les lèvres du violoniste, jusque dans son regard clair, s'épanouit un sourire. « Salut Andy. » Son cœur a fait un bond, à l'instant, et son souffle en pâtit. Il se passe une main dans les cheveux pour les ordonner après sa course, d'abord, pour reprendre une contenance, ensuite. Ils se sont croisés, oui, mais jamais vraiment en tête-à-tête, et certainement pas avec un Andrea Ferretti dépouillé de ses obligations successives d'invité, de serveur, de fils modèle. Andy à l’instant est juste Andy, le regard pétillant, une expression ravie au visage. Tout se voit sur ses traits, oui.

Camden ancre ses pieds au sol, en apparence tranquille -le sourire persiste, accroché à ses lèvres de façon discrète. Ils s’observent un instant, et Andy reprend la conversation avec naturel. « Avec plaisir », répond-il, en lâchant le guidon pour éteindre de concert son Walkman. Il relève les yeux vers Andy, le regarde, attend une suite -qui lui semble-t-il se perd dans le silence, comme restée derrière le sourire de Ferretti. Il attend encore pour être sûr, mais Andy enchaîne avant que Camden ne puisse formuler une réponse -un “oui ?” interrogateur. Il a peut-être rêvé, cette fois encore. Il veut peut-être entendre ce qu’il a envie de lui dire, depuis qu’il l’a invité à écouter Queen dans sa chambre. « Tu peux le garder, cadeau de bienvenue à Aster Cove. » Un sourire, et Camden retrouve dans ce silence cette même hésitation, cette latence, ce quelque chose d’indescriptible dans les yeux d’Andy, dans l’inclinaison légère de son corps. “Je te ramène ?” fait finalement Camden avec un sérieux qui lui est propre, camouflant tout juste la plaisanterie. « C’est pas spacieux, mais c’est plus confortable que ça en a l’air. » Son vélo est vieux, peu adapté à circuler en tandem, surtout quand l’autre est aussi grand que lui et indéniablement plus épais -mais il a déjà fait, avec Beth, avec Jon, et si les gabarits différent, s’il peut passer pour un allumé, il est prêt à ramener Andy jusqu’en haut de la pente qui mène jusqu’à chez eux.
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MessageSujet: Re: (flashback) it's a date, then • Camden    (flashback) it's a date, then • Camden  EmptyDim 25 Nov - 13:17

C’est évidemment du classique, qui s’échappe du casque de Camden - même si Andy s’était attendu, comme une drôle de coincidence, à entendre du Queen s’échapper de l’appareil. Du regard, il lui suit le chemin des doigts qui glissent dans les mèches brunes avant de revenir au visage. Il y a là, au coin des lèvres, l’esquisse d’un sourire. Un peu plus qu’une esquisse, même, un peu plus que les dernière fois, aurait-il envie de dire. Camden a l’air content de le voir - ou du moins est-ce ce qu’Andy veut bien croire, même s’il se trompe, même si ce n’est qu’un mirage. Lui est ravi, vraiment ravi, et il ne sert à rien de le cacher, il ne sait pas faire. Il tente bien d’apaiser son enthousiasme mais tout se voit, là, sur son visage. « Merci ! C’est encore mieux que le cake à la banane de Mrs. Ashgrove. » C’est largement mieux, oui, et son sourire taquin dissimuler la légère chaleur qui lui mord les joues. Ça passera inaperçue, n’est-ce pas, après la course, la transpiration, l’exercice ? Camden le prend au dépourvu avant même qu’il n’ait le temps de penser à ce qu’il veut dire ensuite, avant qu’il n’ait pu formuler, dans son esprit, la demande qui le titille depuis quelques jours déjà. Après tout, Andrea n’est sûr de rien - il a envie de croire, évidemment, mais comment pourrait-il être sûr de la réaction de l’autre, de sa compréhension, de son acceptation ? « Je crois qu’on m’a jamais ramené à vélo », laisse-t-il échapper avec un rire, passant déjà la jambe par-dessus le cadre pour s’installer sur la selle. Il pense un instant à Camden et à ses pauvres mollets, mais se dit que l’occasion est trop belle, et l’image un peu trop comique pour passer à côté.

La pointe de ses chaussures touche encore par-terre quand le fils McKinnon donne le premier coup de pédale, et Andy repousse le sol pour l’accompagner. Un instant, il hésite, ses mains là, suspendues, incapable de décider où les poser - le dos, les épaules, la taille. Il doit bien leur donner un équilibre, une unité, et ses doigts finissent par se poser sur la chemise, sous les côtes, mine de rien. Le contact est étrange sans être vraiment gênant - il réveille en lui le désir de quelque chose d’autre, d’un peu plus, qu’Andy a tôt fait de chasser. Le paysage se met à défiler autour d’eux. « Dis Cam, tu fais quelque chose vendredi soir ? » Les mots lui échappent avant qu’il n’ait le temps de les retenir, parce qu’il sait qu’une seconde de plus lui aurait donné l’occasion d’hésiter et de revenir en arrière, et il en a envie, alors il sait qu’il doit le faire - ça fait plus d’une semaine qu’il doit le faire et qu’il repousse, qu’il attend. Heureusement, Camden ne peut pas le voir et Andy baisse la tête un instant, prenant bien soin de ne pas laisser traîner ses longues jambes n’importe où. « Je me disais que, si ça te tentait bien sûr, on aurait pu aller voir un film, ou manger un morceau, ou voir un film et manger un morceau, l’un et l’autre ne sont pas incompatibles. » C’est un rendez-vous, ce qu’il lui propose. Un véritable rencart, en bonne et due forme, qu’il ne peut pas faire passer pour autre chose. Et s’il se trompe, hein ? S’il se trompe sur toute la ligne ? Et pourquoi il doute ainsi, lui qui vit les choses au feeling, qui laisse aller et couler et passer et fait en fonction de ce qu’on lui offre, de ce qu’on lui propose, de ce qu’il a envie de faire, de ce qu’il ressent. « Je finis un peu plus tôt vendredi mais on peut faire ça un autre jour, aussi, si ça t’arrange. »
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MessageSujet: Re: (flashback) it's a date, then • Camden    (flashback) it's a date, then • Camden  EmptyJeu 6 Déc - 9:25


Andy ne montre pas de signe d’hésitation et enjambe le cadre avec un rire. C’est un oui sans appel, aux couleurs du pâtissier et de son énergie solaire : Andrea est un grand oui, un oui au sourire large et honnête, qu’il s’agisse d’un tour du monde en voilier ou d’un bête trajet jusqu’à chez lui à l’arrière d’un vélo dont la peinture s’écaille petit à petit. Quand il le voit, Camden a l’impression d’inspirer une grande bouffée d’air, un souffle chaud qui vient s’enrouler au fond de son torse et réchauffe ses poumons encore pris de froid. Il lui suffit de le voir, sourire, vivre, de le voir bêtement pour que soit chassée la fraîcheur chronique de sa chair. Et quand il n’est plus là, il reste dans son ventre une sensation douce, les biscuits moelleux encore dans l’estomac, l’image vive d’Andrea et de ses yeux d’or. « C’est vrai ? » Camden a un sourire amusé, cette fois. « Il faut bien une première fois. » Il se décale un peu plus à l’avant de la selle, laisse de l’espace autant que possible au gabarit géant d’Andy. Ils doivent faire la même taille, mais l’impression est radicalement différente : le pâtissier est tout en corps et en os solides, Camden semble être simplement fait de nerfs.

L’équilibre change une fois Andy en selle. Il y a le vélo, qu’ils font démarrer de concert, et puis il y a la chanson du coeur du violoniste, qui après un battement à contre-temps, s’adoucit en une mélodie chantante. Les mains qui s’accrochent doucement à sa chemise, la fait grimper d’un octave : ils ont changé de clé, et dans son dos, sous ses côtes, Camden peut sentir qu’il se joue autre chose. Ils se sont accordés avec un naturel qui le trouble ; mais il n’en dit rien -comment pourrait-il ?- et pédale lentement, les entraînant sans se presser. « Dis Cam, tu fais quelque chose vendredi soir ? » Le violoniste a besoin d’une demi-seconde, pour assimiler la question ; et Andy, qui semble avoir compris la mélodie, continue d’écrire la partition en y mettant les mots, avec précaution, douceur, qui accrochent au visage de Camden un vague air d’agréable confusion.

Heureusement qu’ils ne peuvent pas se voir, oui. Car il n’y a pas de doute : Andrea Ferretti vient de lui proposer un rendez-vous. « Je suis libre. » Camden sent ses joues chauffer. La chaleur généreuse d’Andy, son contact, sa propre réponse -sans appel. Il a l'impression d'être dans un rêve, et en même temps tout lui semble trop réel.  La route est douce, la grimpée précédant leur quartier encore à distance : ils avancent à un rythme tranquille, comme pour faire durer leur tête-à-tête autant que possible, Camden ne sentant pas encore la fatigue du poids double dans le corps. A vrai dire, ce dernier bourdonne d'une allégresse nerveuse -de la joie. « Tu finis à quelle heure, vendredi ? » commence-t-il, et puis : « Il y a un nouveau film, au drive-in. L'horreur, c'est pas mon truc, mais il paraît que ce film-là est... Drôle. » Drôle est dit avec un brin de confusion, avec un léger sourire. C'est son grand-père qui en a fait l'éloge, en revenant de la séance avec son rendez-vous au bras - « nous sommes juste revenus pour voler une bouteille de mauvais vin » a fait Charles McKinnon avant que sa mère ne leur fasse les gros yeux. Camden pause une seconde, une hésitation, et finalement se lance : « On pourrait aller manger français. Il y a un restaurant où va souvent mon grand-père... Le vin n'est pas mauvais, et c'est sans prétention. » Il ne précise pas que Charles lui a chaudement recommandé pour ses futurs rendez-vous, avec un clin d'oeil éloquent et un rire amusé de sa mère. Le contexte est, après tout, déjà assez clair.
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MessageSujet: Re: (flashback) it's a date, then • Camden    (flashback) it's a date, then • Camden  EmptyMar 25 Déc - 22:33


 Il y a une forme d’étrangeté dans la conversation, quelque chose qu’ils n’ont pas appris, qu’ils ne sont pas censés faire, pas comme ça, à ciel ouvert. Il y a des règles, des normes qu’on ne brise pas, pas encore, pas vraiment, que l’on brisera peut-être un jour mais on ne sait pas quand, ni comment. D’un autre côté, tout lui semble étrangement naturel, et Andy est persuadé que quelque part dans le pays, peut-être même dans l’état, dans la ville d’à côté, il y a un couple, ou de simples amis, assis sur un vélo, et ils parlent. Il y a deux autres eux, deux autres personnes comme eux, deux autres hommes, peut-être deux autres femmes, peut-être deux personnes qui ne devraient pas être là, ensembles, mais s’obstinent. Andrea aime cette idée et il sourit, tant que Camden ne peut pas le voir ni l’interroger. Il ne lui expliquera pas sa pensée, pas tout de suite, la gardant pour lui, la chérissant un bref instant avant de la mettre de côté. Il ne dira pas non plus qu’il a hésité, mais que son hésitation a été réduite par des années de savoir, des années de certitude et d’acceptation. En est-il pareil pour lui ? Sa réponse lui dit que oui, d’une certaine manière - que oui, ou qu’il n’a pas compris, mais Andy en doute. Camden comprend, c’est un fait, une certitude. Il prend le temps d’entendre et d’observer, il réagit avec ce léger décalage qui dit, tout haut, ce qu’il se passe tout bas dans son esprit. Il fonctionne, pendant le silence, il tourne et forme une réponse - et cette fois, il ne tourne qu’un bref instant, une seconde, tout au plus, avant que la réponse ne franchisse ses lèvres. Le sourire d’Andy, dans son dos, s’agrandit.

« Je finis à dix-sept heures, Teo et maman font la fermeture. Je peux avoir la voiture pour la soirée, d’ailleurs. » Même s’il s’imagine parfaitement venir le chercher sur son skate, ou sur son vélo, lui ouvrir la portière et le mener en ville lui convient mieux, lui semble plus formel, même s’il n’y a rien de formel entre eux. On dira que c’est pour le drive-in, évidemment, qu’il empruntera la vieille guimbarde rafistolée, et il ajoutera qu’elle est confortable, malgré l’ancienneté. Andy se demande un instant s’il peut subtiliser une couverture du salon, pour leur permettre de mieux s’installer, et s’il doit prévoir quelques boissons, peut-être de quoi grignoter avant le dîner. Il travaille sur des cookies très petits, presque des bouchées - mais est-ce que ça ne fera pas trop, avant d’aller manger ? Son train de pensée est arrêté net quand il se dit qu’il doit répondre, qu’il doit parler et ne pas se laisser emporter par son contentement. Ses doigts se serrent un instant sur le tissu. « J’aime bien les films d’horreur, de temps en temps. Ça me va. Même si je suis plutôt du genre Breakfast Club, je l’admets. » Il l’ajoute avec un sourire dans la voix parce qu’au fond, tout lui va. Camden pourrait l’emmener voir un film muet, en noir et blanc, de l’expressionnisme allemand, qu’il en serait ravi. Parce que c’est ça, la chaleur qui lui monte aux joues quand le violoniste parle de restaurant : l’assurance d’une compréhension mutuelle, d’un véritable rendez-vous, d’une envie partagée. L’assurance, aussi, que ce qu’il y a entre eux coule dans les deux sens, n’a pas été imaginé. En doutait-il vraiment ? Andy ne saurait le dire et puis, de toute façon, il est trop content pour y penser.

« Tu sais que je n’ai jamais mangé français ? » Un rire lui échappe quand il s’en rend compte, lui aussi. Quand son père était encore là, ils n’avaient pas vraiment le temps d’aller au restaurant et, depuis qu’il est parti, c’est l’argent qui manque parfois. L’argent et l’envie de sortir après une longue journée de travail. « Chez nous, c’est toujours très italien, ou très américain. Mais quand même plus italien. Avec des pâtes et des pizzas à tout va, un véritable cliché. » Il ne rajoute pas qu’il n’a jamais vraiment bu du vin, à part celui que sa mère met parfois sur la table et dont il vole une gorgée, car Andy ne boit pas, pas vraiment, une bière, de temps en temps, mais ce n’est pas vraiment lui. Le vin sicilien qu’ils gardent dans le petit cellier a quelque chose de fort, de râpeux qu’il ne sait pas apprécier. Il pense un instant en offrir une bouteille à Taylor, pour que Camden le goûte et lui donne son avis. « Alors le français, c’est parfait. » Évidemment, que c’est parfait, mais il n’est pas gêné de le redire, pas gêné de laisser poindre cette note d’excitation et d’impatience qui lui donne l’air d’un enfant. « Je ne t’ai jamais demandé, maintenant que j’y pense : c’est lequel, ton film préféré ? » La question dépasse sa pensée et il ne réfléchit pas, ne pense pas que Camden va peut-être être soufflé. Andy envisage un instant de descendre et de pousser le vélo pour lui épargner la montée qui arrive mais il est bien, là, dans son dos, dans sa chaleur. Si bien que, pour le moment, il n’en fait rien.
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MessageSujet: Re: (flashback) it's a date, then • Camden    (flashback) it's a date, then • Camden  EmptyMar 1 Jan - 7:28


Camden laisse Andy parler, le fil de sa voix grave dans son dos, savourant la proximité des mots, d'Andy lui-même juste derrière lui. Le violoniste a du mal à réaliser ce qu'ils sont en train de se dire. Andy parle de la voiture, du restaurant, de l'heure à laquelle il termine, et au cœur de l'euphorie qui les emmène sur le bitume à un rythme léger, un pressentiment désagréable, comme un trou noir quelque part dans l'esquisse, se dessine. Une bête impression, se dit Camden en entendant Andy sourire, qu'il met sur le compte, habitué à ses inclinations, de son défaitisme latent, guettant sous la surface tranquille. C'est sûrement cette tendance à piquer du nez quand les événements s'enchaînent et se forment en une masse solide, à l'image de cette soirée qu'il peut presque toucher du bout des doigts. Il imagine Andy et la vieille voiture, ses sourires, le film et les sursauts de McKinnon, les rires de Ferretti, le dîner chez le français, l'ivresse légère causée par le vin -un rendez-vous de rêve. De rêve, oui.

« C'est vrai ? » L'amusement d'Andy est communicatif, et Camden lui jette un coup d'oeil par dessus son épaule. Bonne pioche, lui dirait son grand-père ; mais il préfère écouter Andy plutôt que d'entendre les commentaires encourageants du vieux loup plus rôdé aux amourettes que son petit fils de vingt ans. « Ça doit être un festin, avec ta mère. Avec toi, aussi », ajoute-t-il avec un sourire, revenant à la route qui s'ouvre devant eux. Il n'a goûté d'Andy que les cookies, le soupçonne de mettre la main à la pâte plus qu'il ne le dit, à la boutique. La chaleur est la même, dans les paumes de Julia et de son fils ; il y a une nuance, que Camden est encore incapable de distinguer complètement dans leurs préparations. Andy a du talent, il en est en tout cas convaincu.

A la question d'Andy, Camden prend le temps de la réflexion. « Le magicien d'Oz. » C'est le film qui se démarque, aux côtés de ses fétiches allemands et films noirs peuplant la vidéothèque limitée des McKinnon. « C'est Judy Garland, et la bande-son », explique-t-il simplement, comme pour expliquer ce choix surprenant. « Et toi ? » Il peine à continuer, la montée se profile. Le souffle de Camden commence à se faire plus court ; Andy, c'est autre chose que Roxanne, ou même Jake quand ils étaient enfants. C'est autre chose que son violon calé à l'arrière, et l'habitude bien ancrée désormais de se promener en solitaire. « Prêt ? » fait-il à son passager, et pédalant de plus belle, il prend son élan, droit sur l'ascension qui les attend.

Ils grimpent un mètre, puis deux, portés par l'élan que Camden a dans les pédales.
Puis le rythme ralentit. Ralentit, ralentit encore, et Camden s'essouffle... Il n'abandonne pas, et laisse échapper un léger rire. « Je... On y est presque. » Ils sont encore loin, et ils le savent tous les deux. Ils avancent à un rythme de tortue, et la menace de repartir en arrière se fait bien réelle.
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MessageSujet: Re: (flashback) it's a date, then • Camden    (flashback) it's a date, then • Camden  EmptyDim 20 Jan - 20:53

 « Mais oui, je t’assure. Quand on habitait à Boston, mon père avait ce truc très italien - et franchement bête - de ne vouloir manger qu’italien. Dehors, à la maison, c’était italien. À savoir qu’à l’époque, il avait pas franchement mis les pieds en Italie hein, va comprendre. » Il reste un sourire dans sa voix, et on ne doit ça qu’à la présence de Camden. Quand Andy parle de son père… À vrai dire, il n’en parle pas, pas même avec sa mère. Teo aborde le sujet parfois, lui demandant où leur géniteur peut bien se trouver, ce qu’il peut bien faire, maintenant qu’il a une nouvelle famille, un nouveau restaurant, une nouvelle vie toute entière. Il n’a évoqué que vaguement leur situation, avec Camden, n’ayant pas eu l’occasion d’échanger seul à seul, vraiment, depuis les quelques instants qu’ils ont passé dans la chambre du musicien - leur première rencontre, toute récente, au final. Andy n’a pas tout dit et il sait qu’un jour, Cam aura des questions, qu’il prononcera ou non, qu’il lui posera, d’un regard ou d’un mot, bien choisir, bien placé, délicat. Et certainement qu’il lui dira tout, qu’il expliquera mieux le départ, le déménagement, la crise, l’abandon de ses études et de tout ce qui allait avec, de tout ce qu’il n’a fait qu’effleurer, la première fois. « Tu viendras dîner, un soir. Enfin, si tu veux. Je ne cuisine pas aussi bien qu’elle, mais il y a bien quelques recettes que je maîtrise… Ça devrait faire un repas entier. » Le sourire s’étire et, en une fraction de seconde, un coup de pédale, Andrea oublie son père et Boston avec, les doigts serrés sur la chemise de Camden.

Sans que son conducteur ne puisse le voir, il hausse les sourcils et se rappelle, un instant, les images du Magicien d’Oz. Le film lui échappe un peu : il ne l’a pas vu depuis longtemps mais se souvient de Judy Garland, du tin man et du lion. « Je crois que je ne l’ai vu qu’une fois. Et bizarrement, j’avais un peu peur. » Un rire lui échappe, cette fois : c’est tout ce dont il se souvient de ce film, malgré Judy Garland et la bande-son. S’il n’est pas vraiment surpris par la réponse de Camden, Andy se demande un instant qui, dans sa famille, l’a introduit a un film réalisé il y a si longtemps - les années trente, ou les quarante, il lui semble, non ? L’information s’ajoute aux autres et forme un tout, une agglomération cohérentes de détails qu’Andrea garde secrètement dans une poche bien à lui. « Hm, j’ai failli dire Footloose. Il est récent, mais j’ai adoré, la musique surtout et puis l’ambiance. Mais je crois que Grease reste mon favori incontesté. » Est-ce qu’il a honte d’avouer aimer les comédies musicales ? Pas le moins du monde. C’est une tradition, dans sa famille, de s’installer sur le canapé le samedi soir avec un large saladier de pop corn maison - salé pour Julia, beurré pour Teo, avec du caramel pour Andy - et de lancer un film musical. Ils choisissent à tour de rôle et n’ont pas le droit de contester le choix du jour, règle que Teo ne respecte jamais. Il faut dire qu’Andrea a tendance à remettre Grease en boucle et qu’il chante - faux -, en plus, notamment sur Grease Lightning. S’il était honnête, il admettrait qu’il a tendance, à ce moment-là, à sauter sur le canapé pour imiter Zuko et Kenickie.

« Prêt. » La pente est raide et Camden accélère, accélère mais le vélo n’est pas d’accord, semble même sur le point de reculer. Andy éclate de rire, secouant la carcasse métallique sous son poids. « Je suis trop lourd. Attends, je vais t’aider. » Lorsque les roues s’arrêtent, le pâtissier met pied à terre et arrange le casque encore autour de son cou. « Pédale, je pousse. » Une main sur le guidon et l’autre à l’arrière de la selle, Andy se met à pousser Camden, le vélo, tout ensemble, le long de la pente qu’il a parcouru un nombre de fois à pied, en skate ou en voiture. Il adresse au visage du musicien un coup d’oeil un peu long et un sourire en coin. Il ne pensait pas que ces moments, à deux seulement, lui avaient tant manqué.
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