Mini Event Halloween 2018 | Groupe 2

This is Halloween

Groupe 2

...Venez
vous perdre
en Enfer...

Vous ne sauriez expliquer ce que vous faites ici. Vous avez beau chercher à vous rappeler, à comprendre, vous ne vous souvenez pas pourquoi vous êtes rentrés chez cette antiquaire aux longs cheveux gris. Vous avez pourtant flâné dans des allées couvertes de poussière, caressant la couverture d'un vieux grimoire ou fixant votre attention sur ce qui a un jour été le fœtus d'un porcelet. Vous avez certainement croisé le regard de verre d'une tête réduite, ou peut-être celui de cette étrange poupée qui semble toujours vous fixer. C'est qu'elle a des yeux à glacer le sang, cette poupée, avec sa petite robe noire et son chapeau des grands jours, orné de trop de dentelle. Ils sont d'un bleu électrique, mais ce qui vous a surtout arrêté, c'est ce sourire un peu trop large à jamais figé dans la porcelaine. Il y a quelque chose de dérangé dans celui-ci. Il y a quelque chose de dérangeant dans cette boutique. Peut-être auriez-vous dû vous arrêter là, faire demi-tour et retourner d'où vous veniez. C'est d'ailleurs certainement le mouvement de recul que vous avez esquissé qui l'a poussée à vous alpaguer.

« Je connais vos doutes et vos craintes... J'ai les réponses à vos questions. Toutes. »

Sans vous l'expliquer, vous vous êtes retourné vers celle qui vous semblait être la propriétaire des lieux. Sourire édenté, longs cheveux gris, gras et raides. Une robe aussi noire que celle de la poupée de tout à l'heure, légèrement déchirée par endroits. Un œil vert, l'autre bleu. Des rides qui semblent millénaires et cette sorte d'aura mystique qui vous a saisi jusqu'à l'os. Pour chacun d'entre vous, elle a su trouver les mots.

« Tu veux savoir la vérité sur ce fameux soir de terreur, Scarlett... ? »
« Si tu souhaites voir ce qu'est devenu ton père, je peux te le montrer, Andrea... »
« Je possède les réponses aux questions que tu te poses sur ta mère, Jack... »
« Tu prétends te jouer de l'avis de ton père, Isha, mais je peux t'apprendre à trouver les mots... »
« Tu veux connaître les abysses d'où tu t'es échappé, Walter...? »
« Le noir te fait peur, Louy...? Si tu veux te débarrasser de tes peurs et mieux les comprendre, je peux t'y aider... »

Vous ne vous souvenez pas lui avoir donné votre nom. Vous ne vous souvenez pas non plus lui avoir ouvert votre âme, mais dans un mouvement fasciné, vous l'avez suivie lorsqu'elle a soulevé le rideau de son arrière boutique. Vous vous êtes alors retrouvé dans une salle plongée dans le noir, éclairée par mille bougies d'un blanc pur. Au centre de celle-ci, une table ronde sur laquelle repose une étrange planche de bois qui regroupe toutes les lettres de l'alphabet, ainsi qu'une sorte de curseur. Partout autour de vous, l'odeur de la sauge, mêlée à une autre que vous n'identifiez pas.

« Asseyez-vous, asseyez-vous... »

Peut-être ne comprendrez-vous jamais pourquoi vous écoutez cette femme. Toujours est-il que vous vous exécutez sans protester. Alors, c'est là que vous les remarquez. Vous n'êtes pas seul pour la séance qui vous attend. Votre regard croise des visages connus, d'autres moins connus, mais vous savez que chacun vient d'ici. La vieille finit par prendre place à son tour et semble sonder vos âmes. Un sourire édenté vous est adressé.

« Prenez-vous les mains, il est temps de trouver des réponses. »

Encore une fois, sans comprendre comment ni pourquoi, vous vous exécutez. Peut-être n'auriez-vous jamais dû...

Instructions:

Je ne me rappelais même pas comment j'étais arrivée là. Mes souvenirs restaient flous, comme si un voile m'empêchait de vraiment les saisir. C'était comme si cette étrange boutique que je n'avais jamais remarqué avant m'avait attirée. Mais ce que je ne pouvais oublier, c'était la poupée. Ses yeux bien trop bleus étaient terrifiants et son sourire absolument diabolique. Au plus profond de moi, une petite voix me hurlait de fuir et pourtant j'étais restée.

Charmée par la proposition qui s'était ensuite élevée, me promettant des réponses à mes questions les plus intimes. Que savait-elle ? Ou plutôt, comment pouvait-elle savoir? Je ne voulais pas qu'elle puisse me lire ainsi. Cette étrange femme aussi faisait peur. Rien en elle ne semblait naturel et pourtant... Pourtant je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle possédait la connaissance.

Alors je l'avais suivie, avide. J'en oubliais même les recommandations que le Père O'Leary rabâchait sans cesse à l'Eglise et me laissait tenter par le Serpent pour mieux croquer dans la pomme qui s'offrait à moi. Un frisson me parcouru en voyant les bougies posées partout et cette plaque impie au centre de la table. L'ombre laissa place à d'autres visages. Etaient-ils déjà là où viennent-ils d'arriver ? Impossible à dire.

Déjà la femme parlait de nouveau et, docile, je prenais place avec les autres. Une étrange odeur me taquina et me donna envie d'éternuer mais je m'abstins sans trop savoir pourquoi. Tout ça me faisait peur. La vieille dame me faisait peur et je jetais un regard terrifié à mon voisin de droite au moment de lui prendre la main.

Le voile est dense, la confusion est certaine. Walter ne se souvient pas d'être entré dans cette boutique. Il ne se souvient pas non plus de la raison de sa venue. Il ne sait même pas dire où elle se trouve, si elle borde le magasin de comics ou bien celui de vêtements. Il ne comprend pas, et la sensation qu'une brume diffuse obstrue ses pensées le dérange. C'est un goût amer qui envahit sa bouche, celui d'un déjà-vu désagréable qui serre ses poings. Dans sa tête, un visage unique emporte tout le reste. Celui d'une poupée dérangeante au regard presque malsain. Avant ça, il n'y a rien d'autre que la sensation du cuir sous ses doigts ou la forme, vague et imprécise, d'un fœtus animal. Avant, elle, il n'y a rien, et même la suite est floue, lui file entre les doigts alors qu'il s'efforce de la rattraper en vain. Il se souvient de la phrase, cependant. Celle, unique, qui lui a été adressée. Il se souvient de l'élan de son âme, formidable et décidé, alors que l'idée de trouver la clé des ténèbres lui est venue en tête. Pouvoir sauver les disparus, ramener les vivants et enterrer les morts, avait quelque chose de grisant. Pouvoir retirer les affiches, c'était quelque chose que Walter rêvait de faire depuis son retour. Pouvoir s'assurer qu'Evie ne risquait rien, c'était ce qui rythmait la vie de l'adjoint du shérif. Alors, quand les mots s'étaient envolés de la bouche irréelle, Walter les avait crus. Il avait suivie cette femme au bout du monde, au delà du voile ténu entre rêve et réalité. Il avait rencontré les bougies, senti d'obscures odeurs et rejoint d'autres visages. À moins qu'il ait été rejoint par certains entre temps. Le temps, d'ailleurs, est lui aussi d'un flou infini. Le temps s'estompe, se déforme et s'étire pour le perdre. Walter n'aime pas ça, mais pour une raison qu'il ignore, il ne parvient pas à vouloir s'échapper. Au contraire. Lorsque la vieille ordonne à chacun de prendre la main de son voisin, il s'exécute diligemment. Il se retrouve avec celle d'une petite blonde qu'il connaît de très loin mais la pensée de savoir ce qu'elle fait ici s'estompe en un éclair. Le regard qu'il lui rend à celui, terrifié, qu'elle lui adresse, se voudrait rassurant. Pourtant, Walter en est persuadé, il doit certainement être hagard.

Il ne souhaite pas savoir ce qu’est devenu son père - du moins c’est ce qu’il se répète depuis quelques minutes, le visage de la poupée imprimé sur sa rétine. Il ne sait pas vraiment ce qui lui saisis les entrailles : l’allure de la vieille femme - soit-disant antiquaire - ou l’odeur. Cette odeur de poussière et… De pourriture ? De viande ? D’ailleurs ? Il n’est pas sûr de savoir ce dont il s’agit mais il ne veut pas savoir. Andrea ferme les yeux et déglutit difficilement. Il a oublié ce qu’il est venu faire là - pourquoi il est entré, pourquoi il s’est avancé dans la boutique. On l’attend à la maison - sa mère a préparé, pour la soirée d’Halloween, une tarte au potiron, du cidre chaud et de la salade de pommes de terre comme Teo et lui l’aiment ; il doit accompagner Teo, qui a préparé son costume, pour faire le tour du quartier, voir de la ville. Il ne doit, définitivement, par être là.

Il avance pourtant, tenté par la vieille femme, malgré la répugnance, malgré tout. Ses yeux sont attirés par la poupée alors que ses jambes se dérobent et avancent sans même lui demander son avis. Ses cheveux bleus ont quelques chose d’étrange mais le pire, c’est son sourire - comme le sourire de la vieille, là, encadré par ses cheveux gris. Andrea la suit et sa tête se décolle presque tant il est fasciné par la poupée - un instant, le mot « folie » lui traverse l’esprit et il secoue la tête.

Andy n’a pas souvent peur mais là, là dans cette pièce où des silhouettes indistinctes l’attendent déjà, il sent un fil, tissé de terreur et d’inconnu se nouer autour de ses entrailles. Il croit reconnaître des visages mais, étrangement, n’arrive pas à leur donner un nom. Tout lui échappe, l’extérieur comme le dedans, et Andrea s’assoit en tentant de ne pas faire de bruit - les pieds de sa chaise sur le sol lui attaquent les oreilles. Une main se referme sur la sienne, à droite, puis une autre à gauche, et il jette un coup d’oeil à ses voisins. Ils n’ont pas l’air plus à l’aise que lui et un frisson remonte le long de sa colonne.

Les yeux de Jack se fixent sur l’établi, il regarde au dehors, le bleu traçant les carreaux, ses mains parcourant les étalages, la poussière passant contre son pouce et son index, l’intérieur des bocaux, tout le paysage le percute soudain, il dévisage une femme. - Sans âge autre que les fils argentés débordant de son crâne, elle l’a amené ici, c’est elle, personne d’autre. - La ceinture de Jack lui arrache presque de feints soupirs, elle est trop serrée mais il n’ose pas y toucher, persuadé d’être observé à la loupe, il voit au travers des pots noyés d’un liquide à l’odeur vieille et dégoulinante de réalisme les spécimens morts-nés et abandonnés (comme lui).
Sa main se baisse pour atteindre la caméra qu’il laisse d’habitude pendre contre sa sacoche mais sa paume se replie sur du vide, il avale sa salive de travers, incapable de garder une trace, témoignage d’une abomination sans personne pour en laisser une trace. Jack se laisse attraper par cette voix, communicative, tissant un conte, il la suit sous les lits de vieillesse et d’usure, le grand rideau épais et presque étouffant le recouvre et dans le noir il les rejoint.  Il a senti leur présence dès le début mais la phrase de la vieille cabossée lui remonte dans la gorge, il siffle presque avec son air, mais une fois assis, la main chaude d’un des autres saisit la sienne, Jack regarde sans ciller la planche face à eux, réponse à toutes les questions. « Eh pourquoi vous dites rien? » Il prit soin de ne pas couper la parole à la mystérieuse femme en décrépitude, le silence résonnait de nouveau dans la pièce.

This is Halloween.

Je ne savais pas ce que je faisais ici, depuis quand j'étais là et non plus quand est-ce que j'étais entré ici. J'avais l'impression de me réveiller d'une sieste et que je ne savais pas quel jour on était. En regardant autour de moi, je pouvais voir que je me trouvais dans un magasin qui vendait de vieilles choses comme de vieux livres plein de poussière ou encore plein de choses bizarres. Alors que je regardais les allées du magasin en essayant de comprendre ce que je faisais ici, je sursautai en voyant cette poupée non loin de moi. J'avais l'impression que ses yeux me transperçaient l'âme tellement son expression était effrayante. Je déglutis, espérant tout bas qu'elle ne se mette pas à me courir après comme cela aurait pu se passer dans quelconque film d'horreur.

Je ne pus m'empêcher de sursauter à l'entente de la voix qui s'était apparemment adressée à moi. Je me retournai doucement pour voir qui était mon interlocutrice. C'était une assez vieille dame, de longs cheveux gris et un sourire à m'en glacer le dos. Je me suis directement dit que ce devait être la gérante de ce que je pensais être une antiquaire ou quelque chose dans ce genre. Je ne m'y connaissais pas vraiment. Je me sentais obligé de m'avancer vers elle même si elle me faisait un peu peur. Seulement, ses paroles suivantes m'avaient convaincu de vraiment m'avancer vers la vieille dame. Le noir? Mon pire ennemi depuis l'enfance. Peut-être que si je réussissais à m'en débarrasser, mon père me verrait un peu plus comme un homme fort, celui qu'il aurait voulu que je sois.

Je la suivis dans l'arrière boutique où l'ambiance m'obligea à m'asseoir à cette table. Mais je n'étais pas seul, il y avait d'autres personnes. Je ne les connaissais pas personnellement, mais je savais qu'ils venaient d'Aster Cove, je les connaissais de vue. Mes mains attrapèrent celles des personnes assises autour de moi comme demandé puis je levai la tête vers les autres pour les examiner un peu mieux. Un des garçons s'adressa à moi et aux autres personnes du cercle.

-Je com-comprends pas trop ce qui se passe, p-perso.

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This is Halloween

Groupe 2

...Venez
vous perdre
en Enfer...

La peur et l'incompréhension règnent en maîtres absolus sur vos esprits, mais déjà, la vieille femme vous rappelle à l'ordre. Ses sourcils se froncent et sa peau se plisse à la manière d'un vieux grimoire. Il y a quelque chose qui ne va pas, chez elle, mais il vous est impossible de mettre le doigt dessus.

« Chhhhht... »

Son ton a quelque chose d'envoûtant, qui vous impose le silence. Les gorges se serrent et l'encens semblent brûler un peu plus fort, répandant d'étranges volutes de fumée tout autour de vous. Les mains se lient, le contact est aisé, alors qu'hier encore, vous ne vous connaissiez pas. Les regards se croisent, s'apprécient, se jaugent et chacun de vous sait, chacun de vous sent que le secret qui obscurcit ses nuits n'a rien d'un mystère, ici. Les bougies vacillent, rien qu'une seconde, alors que les mains de la vieille s'emparent de celle de ses voisins. Celle-ci prend une inspiration, et l'espace d'un instant, vous avez la sensation que c'est la vôtre, qu'elle aspire.

« Vous ne devez jamais lâcher la main de votre voisin. Quoiqu'il advienne. Maintenant, posez vos mains liées sur la table. »

Le ton, toujours, a quelque chose de saisissant, qui vous force à obéir. Vos mains gagnent la table mais votre cœur se serre, dans l'attente de quelque chose que vous ne comprenez pas. La peur est terrible, ce soir. Peut-être avez-vous raison, d'avoir peur.

« Te qui audes et respodes, te qui vox certus est et verbi acidus est, te invoco. Totus dominus, erga qui secreta chimaerae sunt, te appello. Nos veni Valake. »

Un silence de plomb s'installe, juste après la réplique de la vieille. Celle-ci fixe la tablette de bois sur laquelle attend un curseur. Un instant, il vous semble frémir mais lorsque vous clignez des yeux, il vous apparaît clairement que ce n'est qu'une illusion. Vraiment... ?

Sur votre gauche, la flamme des bougies vacille dangereusement, comme animée d'une volonté propre.

« Es-tu là... ? »

La voix de la vieille déchire presque violemment le silence. Son regard a quelque chose de malsain, alors qu'elle fixe dangereusement le curseur. Au début, rien ne se passe. Le temps s'écoule et les minutes s'égrènent. Alors que vous perdez espoir et que vous vous résignez à considérer l'antiquaire comme une cinglée, quelque chose se passe. L'air s'alourdit brusquement et l'impression fugace qu'un autre invité vous a rejoint vous traverse.

Ridicule. C'est ridicule.Il n'y a personne, sinon les présents autour de la table. Pourtant, sur la planche de bois aux mille et unes promesses, le curseur s'élance lentement. Sous vos yeux ébahis, il gagne le oui.

Vous n'êtes plus seuls, désormais. Le sourire qui mange les lèvres abîmées de votre hôte a quelque chose de terrifiant. Ou peut-être est-ce simplement vous qui craignez l'invisible... ?

Instructions:

Ma main se perd dans celle de l'adjoint du shérif. Walter Bishop. Je le connais de vue bien sur. Qui n'a pas entendu parlé de lui ? L'un des disparus qui nous étaient revenus. Comme Kenny. Mon regard terrifié s'est accroché au sien en quête d'assurance. Pourtant tout ce que je pus décrypter était un regard légèrement voilé. Comme si lui aussi ne savait pas vraiment ce qu'il faisait ici. Et ça, ce n'était pas rassurant du tout. Les autres non plus n'avaient pas l'air rassurés. J'aurais bien voulu répondre à Jack mais les mots se bloquèrent dans ma gorge. J'étais incapable de prononcer le moindre son.

De toute façon, la vieille femme ne nous laisse pas le temps d'en dire plus. Terrifiante, elle nous impose le silence et les volutes d'encens me chatouillent le nez et la gorge, me donnant envie de tousser. J'en suis pourtant bien incapable. Elle attrape alors ma main et le contact de sa peau parcheminée m'arrache un frisson irrépressible. Les instructions tombent et je regrette déjà de m'être approchée de cette table. Je voudrais m'enfuir mais c'est comme si une force invisible m'en empêchait et je pose donc mes mains jointes sur la table. J'ai peur la chair de poule me saisit et ne fait que redoubler tandis qu'elle prononce son incantation latine.

Je n'ai que de vagues notions de cette langue mais suffisamment pour comprendre qu'il s'agit d'une invocation démoniaque. Je voudrais sortir. Fuir. Loin, très loin mais mon corps et ma tête semble en désaccord tandis que la terreur s'empare de moi et que je tourne la tête en tout sens, lançant à mes camarades d'épouvante des œillades désespérées.

« C’est une blague ? » Andy regarde autour de lui ; il aimerait rompre le cercle, lâcher la main qu’il tient mais, sans savoir pourquoi, il est incapable de le faire. Peut-être est-ce les mots de la vieille femme ou sa main dans la sienne. Sa peau ressemble à un parchemin - où ce qu’Andrea s’imagine être la sècheresse, la texture d’un vieux parchemin. Il s’imaginait une main désagréablement chaude, mais elle est glacée, horriblement glacée. Il jette un coup d’oeil à Kane qui tient son autre main sacrement fermement. « Jack… » Il n’a pas le temps d’en dire plus que la vieille femme commence à parler une langue qu’il ne reconnaît pas instantanément. C’est du latin, non ? Cette foutue sorcière est en train de parler en latin ? Andy a envie de se tirer, de prendre ses jambes à son cou comme un gamin et de se tirer. L’idée de proposer une bière à Kane contre une fuite rapide lui traverse l’esprit, mais il n’ose pas parler. Il n’ose pas non plus lâcher les mains qui étreignent les siennes, ni quitter des yeux la planche qui se tient là, devant lui.

Il a aussi envie de dire que son père, il s’en fout, mais il sait que ce n’est pas vraiment et, chez les Ferretti, on essaie de ne pas mentir. Andrea déteste son père : du moins est-il persuadé de le haïr depuis son départ et de ne plus vouloir avoir quoi que ce soit à faire avec lui. Et puis il y a la réalité - la jalousie de la nouvelle famille, la rancoeur contre le départ précipité, les dettes laissées sur les épaules de sa mère… Y a tout un tas de choses qu’il veut savoir, un tas de trucs qu’il veut demander, mais ce genre de trucs - le ouija, non ? - c’est censé être pour les morts. Non ? Pas pour les vivants qui se sont tirés. Il y pense quand le bout de bois se met à bouger, glissant lentement sur le oui. « Bon, ça suffit, qui vient de faire ça ? Qui le fait bouger ? » Parce que certainement, il n’y a pas d’esprits dans cette vieille boutique poussiéreuse…

Une terreur acceptable, c’est comme ça que Jack l’aurait appelée, elle se glisse derrière eux tous, Jack est attentif mais plus volontairement qu’il ne l’imagine. Une oeillade furtive dans la direction de Ferretti, les mains liées dans une alliance forcée, et il déglutit. La vieille disait de ne pas se détacher des autres mais Jack n’était pas certain que même en ayant voulu se défaire du contact, il aurait abouti à un quelconque résultat. La pièce autour se noie de plus en plus dans la pénombre, seul le plateau aux lettres enfoncées ressort dans un contraste cinglant.

  « Laisse-la Ferretti, elle veut qu’on s’pisse dessus. » lâche Kane, convaincu, les yeux tournés vers la conteuse macabre, ils sont noirs, plus noirs que d’habitude, comme s’il trouvait un semblant de satisfaction dans la situation, une ivresse un tant soit peu cousine de celle en bouteille et ils se mirent tous à voguer sur cette onde vacillante - la sensation remontait le long de la colonne vertébrale de Jack. - « Bah alors tu nous dis pas qui fait bouger l’bordel? Peut-être que c’est moi. » Le fin sourire du jock trace sur sa figure, il est trop bavard pour l’assistance, c’est vrai.   

Il n’a pas de question Jack, d’ailleurs ce serait une erreur d’en avoir, ce serait répondre à des abysses de connerie, pense-t-il. Inutile, les esprits ça se convoque pas. La pensée rationnelle de Jack se bat avec son imagination, il faut l’avouer mise à l’épreuve depuis qu’ils ont pénétré dans la pièce, Hendersen lui est muet comme une carpe pour l’instant. Il a peut-être raison.

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