Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne

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Evie Knott
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Evie Knott
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MessageSujet: “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne   “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne EmptyMer 5 Déc - 12:02

Trois mois. Evie croisa son reflet dans le miroir tandis qu’elle enfilait son ample T-shirt, admirant les rondeurs naissantes de son ventre. Un sourire s’empara sur ses lèvres. Une caresse s’égara sur la peau qui, doucement, se tendait. Trois mois. Date marquée, date marquante, premiers pas d’une grossesse dont elle avait rêvé en secret, consécration de son bonheur le plus intense. Elle était heureuse, presque trop, presque violemment, heureuse comme elle n’avait osé espérer l’être. Fraîchement mariée, enceinte, elle se sentait entière, complète, forte, inatteignable. Le malheur ne pouvait s’approcher de pareille lumière. La noirceur ne pourrait vaincre la joie qui rayonnait de ce foyer. Leur foyer.

Cette idée fit bourgeonner son sourire et, ravie, elle trottina avec entrain jusqu’au salon. Là, elle enroula ses bras autour du coup de son mari – son mari, répéta-t-elle dans l’intimité de son esprit, juste pour le plaisir de se le dire – et déposa un baiser sur l’angle de sa mâchoire, juste sous son oreille.

« Je suis prête… », souffla-t-elle, malicieuse.

Elle rayonnait. Ses yeux étaient illuminés d’un bonheur aussi doux que puissant qui palpitait tout en son corps, l’animant d’une énergie qui faisait plaisir à voir. Non, vraiment, Evie en était persuadée, on ne pouvait décemment être plus heureux qu’elle. Un rire ravi s’empara d’elle et elle prit la main de Walter, pétillante, avant de l’entraîner au dehors.

Trois mois. Première échographie. Première rencontre.

« J’ai hâte de le voir, Walter, j’ai hâte ! »

Elle ne s’était jamais imaginée ainsi, avait toujours pensé que l’instinct maternel n’était tout simplement pas présent en elle. Comme elle avait eu tort… Et comme elle eut ri, à seize ans, lui eut-on fait rencontrer cette version mièvre et bien trop candide d’elle-même ! L’idée l’amusa mais elle ne la verbalisa pas, trop occupée à caresser d’un pouce distrait la main de son cher et tendre.

Le trajet vers l’hôpital se déroula fort bien, sur fond de musique et de discussions animées, douleur oubliée au profit de cette liesse omniprésente qui sauvait tout. Evie n’avait envie de songer à rien d’autre. Elle refusait de ternir sa journée à grands coups de pensées assassines, de visages absents et de peur sous-jacente. Non, pour une fois, rien qu’une fois, elle serait enthousiasme des pieds à la tête, jusqu’au plus profond de ses entrailles. Elle avait le droit. Et elle savait que Walty penserait pareil.

« Tu penses qu’on verra quelque chose, s’interrogea-t-elle, en vrai ? Sur les échographies de Sandra, on voyait des formes cheloues sur fond noir mais ce n’était vraiment rien de concret… Elle avait l’air d’être ravie, elle, mais moi j’y comprenais rien. »

Peut-être que c’était un truc de mère, peut-être que c’était l’instinct qui permettait à la génitrice de reconnaître des bouts de son enfant en dépit du manque de clarté de l’image. Evie espérait sincèrement en être dotée. Elle était bien trop impatiente pour tolérer d’attendre plus longtemps pour voir son enfant. Son bébé. Un rire lui échappa tandis qu’elle ouvrait sa portière.

« Bon sang, il reste six mois et je n’arrive déjà plus à patienter… Comment je vais faire ? »

Son ton jovial trahissait le bonheur que ses mots dissimulaient. Elle lança un regard ravi à son mari, lui adressa même un clin d’œil avant d’aller le rejoindre, de l’autre côté de la voiture. Ses bras enserrèrent le buste rassurant, ses mains allant trouver ses fesses dans un rapide geste malicieux. Elle déposa un baiser sur ses lèvres, se dressant sur la pointe des pieds.

« On y va ? »
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MessageSujet: Re: “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne   “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne EmptyVen 7 Déc - 19:54

Trois mois, c’était énormément de choses. Maman disait souvent pour soigner un chagrin que « trois mois » fussent-ils un an, trois ans, n’étaient pas une tragédie à suivre, loin de là, remets-toi ma fille, sur toute une vie, ça n’avait pas tant de valeur que ça: Le temps, dévoué à soi, dévoué aux autres, le plus désintéressé possible, s’écoulera bien qu’on le veuille ou non. 

Et il ne fallait pas se sentir esclave, sous ces habits blancs et tirés les premières semaines, une peine à se lever, à se sevrer de tout l’alcool perturbant les muscles. Roxanne était jeune, à raison d’être passée au confessionnal ils l’avaient recueillie sans évaluer le temps écoulé.



Trois mois, que Roxanne comptait les bougies pendant le service, que les hosties fondaient sur les langues, que les cierges chauffaient au creux des mains. Cette chapelle haute et modeste dont les plafonds laissaient retomber la poussière; Roxanne avait compris qu’en n’y voyant pas un toit chaud et aimant, ce qu’il était, elle n’avait plus le droit de s’asseoir en invitée, de contempler ce qui ne lui donnait aujourd’hui que du chagrin, des regrets.

Il y avait une latte à la maison, celle du moins qu’elle appelle ainsi, celle de Dexter. A travers les fenêtres, les grains de poussière volaient et le rayon de soleil appuyait sur le canapé enfoncé et rouge. Roxanne était restée assise là, de vieilles frasques enfilées vite, des pompes qui devaient être à l’ancien occupant (il avait des pieds d’athlète, elles étaient usées, comfortables, ces chaussures). Maintenant en remarquant la bosse dans le bois, Roxanne s’était levée. La curiosité l’avait animée, ce qui n’arrivait pas souvent, elle aimait vivre dans le vide latent là où rien ne risquait de lui tomber dessus, c’était prudent.



Au petit jeu du bonheur la chance elle espérait remporter un butin laissé par un garçon qui facilement aurait pu être le pirate de mers déchaînées. Roxanne s’était alors penchée avec un couteau très lourd pour le planter là où elle distinguait un jour et déboitant la latte facilement elle avait voulu tirer très fort dessus mais le parquet s’était fendu et lui avait découpé le flanc de l’avant-bras.

Le sang afflue et tombe à grosses gouttes sur le sol, elle entend le « tap tap tap » singulier de l’urgence, Roxanne a grogné sous la douleur mais ce n’était pas intenable, simplement elle voyait bien que vu la largeur de l’entaille, elle ne pouvait pas simplement tenir le fil, l’aiguille et se recoudre dans le même temps, toute la matière poisse rendait son entreprise périlleuse, alors elle se décida.



Tout le long cela résonna comme un supplice au fond de sa gorge, elle réprimait une nausée terrible, elle ne voulait pas sortir, Roxanne. Le pick-up à la peinture écaillée crachait si fort, elle disait au moteur: « Allez, allez! » et de son bras valide, elle se débrouillait pour boucler la ceinture. Roxanne regardait le soleil percer à travers les feuilles des arbres aux feux-rouges, elle tachait les sièges et son jean aussi. La voiture couinait en glissant dans le parking, Roxanne suait par tous les pores, quand elle sortait enfin, elle marchait si vite qu’en passant devant eux, elle les manquait presque.



Mais voilà où était la nuance, elle les manquait, presque et le sang faisait « tap tap tap », plus silencieusement encore, sur le goudron en face de Evie et Walter.
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Walter Bishop
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Walter Bishop
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MessageSujet: Re: “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne   “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne EmptyJeu 3 Jan - 14:40

Vie qui commence, lancinante, absolue de beauté, caresse d'éternité, promesse de bonheur, total, immuable. Sourire aux lèvres, liesse en bannière et clin d’œil amoureux envers madame Bishop, rousse incendiaire aux grands yeux brillants de malice. Une petite rouquine. La vie qui grandissait en elle était celle d'une petite demoiselle aussi téméraire que sa mère. Et aussi belle.

« Évidemment qu'on la verra, Evie. Elle a certainement tout aussi envie que nous de nous rencontrer. »

Caresse distraite sur un ventre rendu rond par les trois mois qui venaient de s'écouler, rien qu'une courbe, discret rappel de sa paternité à venir. Discret murmure de bonheur, avenir.

La voiture se gare, les portes claquent et même ce bruit a quelque chose de délicieux, de presque doux dans la violence de son à-coup. Walter est heureux et rien ne pourrait entacher sa joie de vivre. Il laisse de côté les enquêtes, il oublie les visages, ceux de Bartholomew Caldwell et de Camden McKinnon, qui pourtant le hantent encore et encore à mesure que passent les jours, dossiers brûlants sur un bureau dépassé par les événements, rangés parfois aux côtés de ceux de Béatrice Kane, qu'il sait morte, tout au fond de lui, Jeff Brown et tant d'autres. Dont le sien. Estampillé classé, mais classé à demi, car on ne saura sans doute jamais vraiment qui l'a enlevé.

Dans l'intimité de son esprit, le rugissement d'une créature sans visage, sans âge, sans doute aussi, résonne comme la terrible berceuse de ses cauchemars. Il ne l'avouera jamais à Evie, il ne veut pas l'effrayer, mais lui-même est terrorisé à l'idée de ne pas être à la hauteur, de ne pas parvenir à la protéger, ni elle, ni leur enfant à venir. Il a peur de les perdre, renforce la muraille qu'il crée secrètement entre eux et le monde, n'oubliant jamais plus de verrouiller la porte alors que la nuit se crée un nid dans la cité des cauchemars, des peurs et des folies. Aster Cove. Nom maudit qu'il voudrait quitter, s'il se permettait de fuir son devoir, sa famille et ses rêves.

« Je t'aime, Evie. Je vous aime… »


Murmure lancé à l'assaut d'un monde où dansent les ombres tandis que la jeune femme rejoint l'étreinte de ses bras, qu'il voudrait protectrice, qu'il voudrait cocon, qu'il voudrait bastion contre les atrocités qu'il sait la couvrir du regard. Il a peur de la perdre, peur de la perdre comme il a déjà perdu tant de gens, disparus dans un univers que personne ne pense réel ou disparus au delà de la ville, ou peut être de la vie, visage encadré de boucles blondes dans lesquels il prenait plaisir à agiter la main.

Le câlin qu'il offre à ses rouquines se fait plus tendre et plus ferme à la fois, de ces mains de fonctionnaire de police en lesquelles il croit, qu'il sait capables de tenir une arme pour défendre, protéger, servir et parfois, pour tuer. Il repense à la forêt, à ces gens qu'il a sauvé sans réussir à sauver ceux qu'il aimait, Devoir avant Amour, cœur scindé en deux missions irréconciliables. Partir au delà du monde pour échapper aux démons de l'au delà. Protéger et servir une ville qui, sans lui, sans eux, sans ces hommes prêts à mourir pour la Justice et pour la Loi, sera à la merci des créatures sans nom.

Deux chemins, deux destins s'entrechoquant dans son esprit sans jamais se croiser, sans jamais se mêler. Impossibilité chronique de concilier sécurité des uns et sécurité des autres. Un temps, il a hésité à proposer à Evie de disparaître, de quitter la ville maudite pour des abords plus harmonieux, de tout laisser derrière, seule ou avec lui. Cette idée s'est chassée d'elle-même lorsque Bartholomew Caldwell et Camden McKinnon ont inscrit leurs noms dans la longue liste sans réponse.  

Moue contrariée sur le visage aimant, yeux qui accrochent, cherchent et trouvent une distraction en la personne d'une silhouette lointaine, tenant un bras qui goutte, goutte sur le sol et que Walter devine blessé. Ce n'est pas étonnant, aux abords de l'hôpital. Walter suit des yeux l'ombre pendant un temps, puis détourne une seconde les yeux à la poursuite d'un oiseau éperdu d'amour pour sa propre liberté. Lorsqu'il revient sur l'infortuné inconnu, son cœur rate un battement. Les cheveux sont blonds. Ils retombent en boucles sur un visage d'ange, aux grands yeux ouverts sur le monde. Les cheveux sont blonds, et Walter pourrait en décrire la douceur sans une once d'hésitation. Les cheveux sont blonds et il a passé tant de temps à les ébouriffer qu'ils sont certainement toujours marqués de ses différents passages.

Les cheveux sont blonds. La bouche est boudeuse et les yeux sont verts, rares feuillages au sein d'une famille marquée par le bois. Les cheveux sont blonds. La silhouette est une femme et Walter la reconnaîtrait entre mille. Le nom sort, délivrance ou condamnation, d'entre les lèvres étourdies.

« Lily... »

Le nom sort, délivrance ou condamnation, d'entre les lèvres étourdies et s'inscrit au passage dans le gigantesque grimoire de la destinée. Chemins incontournables, virages en épingles et sursauts de surprise se mêlent sur les traits d'un seul visage. L'étreinte se desserre alors que la stupeur s'impose à lui, le regard se perd et doucement il libère Evie. Sa lèvre inférieure tremble. Ses parents lui ont annoncé qu'ils n'avaient pas la moindre nouvelle. Evie lui a raconté le départ volé de la belle. Ses traits se serrent d'émotion. Il l'a cherchée, des mois durant, menant une enquête sur laquelle il n'avait aucun droit, touchant du doigt l'illégalité pour le souvenir des boucles blondes. Il ne l'a jamais retrouvée, énième fantôme d'une ville promise à la perdition.

Silence, réalisation et odeur cuivrée se fondent en lui dans une même seconde. Roxanne est de retour, revenue d'entre les disparus d'un ailleurs qui diffère en tout point du sien. Roxanne est de retour et elle saigne.

L'instinct suit très vite. En trois pas, il atteint la demoiselle avant qu'elle ne disparaisse. Les souvenirs s'attrapent au vol ou repartent d'où ils sont venus. Les laisser filer c'est les perdre à jamais.

L'instinct suit trop vite. Trois ans régressent, ou peut-être dix.

« Tu saignes... Comment tu t'es fait ça ? Tu as prévenu maman ? Elle doit être morte d'inquiétude. »


Le temps s'inverse et le présent revient dans un énième sursaut. La lèvre tremble.

« O-où est-ce que tu étais ? J-j'ai imaginé le pire, Roxanne. »


Hésitation, oubli du monde qui les entoure, silence. Puis...

« J-j'ai cru que je t'avais perdue, Lily. »

Et ensuite, la bulle éclatera, le temps redeviendra stable et s'écoulera à nouveau à la manière d'un fleuve ou d'une rivière. Les vagues s'apaiseront ou viendra alors le ras-de-marée. Mais pour l'heure, Lily saigne. Lily saigne et ils doivent se rendre à l'hôpital. L'hôpital. Walter y est venu parce qu'il a rendez-vous pour l'échographie de sa femme, la toute première. Deux chemins qui s'entrechoquent, se touchent d'un doigt sans jamais se croiser. Sans jamais se mêler.
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MessageSujet: Re: “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne   “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne EmptyDim 6 Jan - 23:45

Il y avait un tas de choses dans son sac. Ses papiers, une bouteille d'eau et son carnet de santé – pas de clopes, à son grand dam – bref, un tas de choses qu'elles ne souhaitait pas spécialement faire tomber. Si sa gourde se brisait, elle n'aurait plus de carte d'identité, ce qui signifiait une valse administrative dont elle ne désirait pas vraiment subir les afres. Non pas qu'elle avait prévu, en soi, de se montrer ainsi maladroite. Ce qu'elle avait planifié, pour l'instant, tournait autour d'images en noir et blanc où se dessinaient quelques figures géométriques censées représenter la petite graine qui serait bientôt responsable de ses vergetures.

Pas ça.
Définitivement pas ça.

Ce fut par le visage de son mari qu'Evie sut. Quelque chose se passait. Les traits hantés soudain, vulnérables et inquiets, inquiets et aimants pourtant, tellement aimants... Elle tourna les yeux alors même que le nom frôlait les lèvres tremblantes.

« Lily... »

Lily Bishop. Visage doux et chevelure blonde, air d'ange et sourire de soleil. Petite sœur de Walter et déserteuse, disparue de concert avec son frère, comme la répercussion d'une secousse. Une blessure à ciel ouvert, attaquée par les mouches et putréfiée depuis longtemps déjà. Trop longtemps. La fratrie déchirée, le fantôme reparu et le pourpre gouttant sur le sol.

Clang.

Autant pour son sac.
Oubliant momentanément son existence, Evie loucha sur la plaie qui zébrait la main de la gamine, écarquillant les yeux de choc. Sa bouche s'ouvrit, ne sortit pas un son, se referma. Walter, pour une fois, serait plus bavard qu'elle.

« Tu saignes... Comment tu t'es fait ça ? Tu as prévenu maman ? Elle doit être morte d'inquiétude. »

Il s'était approché de sa sœur, de sa petite sœur, enfant couvée depuis le berceau, posant sur elle un regard d'une infinie tendresse, oubliant les crimes pour ne garder que l'amour qui les transcendait. Ça et l'inquiétude, formidable et puissante, communicatrice. Non pas qu'elle avait eu besoin de ça.

À son tour, la jeune femme s'approcha du duo, lentement, laissant à Walter le temps de glisser sa question et, peut-être, d'obtenir la réponse. Le regard noisette se posa sur la demoiselle, noyée eût-on dit de désarroi, qui leur faisait face. Elle n'avait pas changé, si peu du moins. Toujours la même bouille adorable. Toujours la même gueule d'ange. Un truc de famille, pensait-elle.

Prise d'une hésitation, elle se figea une seconde. Elle ne savait pas trop quoi dire, ni quoi faire. Elle voulait la gifler et l'étreindre, en même temps, cette petite conne aux allures naïves. Elle voulait lui dire combien elle avait merdé et combien ce n'était pas grave au fond.

« Espèce de sale petite conne. », souffla-t-elle finalement.

Cela ne l'empêcha pas, toutefois, d'embrasser la chevelure blonde avec douceur. Une poussée d'instinct maternel, peut-être. En réalité, elle se doutait bien du contraire. C'était simplement qu'elle l'aimait, la garce.

« Tu sais que si tu veux provoquer une syncope chez ton frère, t'as juste à lui dire que t'as perdu ta virginité pendant ton absence, hein ? Pas besoin d'aller jusque là... »

Oui, bien sûr qu'elle fuyait la réalité en blaguant. C'était plus simple d'en rire, plus simple de détourner l'attention de son estomac retourné et de la bouteille en verre qui venait d'éclater dans son sac. Éclat d'hilarité un peu nerveux, elle lança un regard en arrière, se rappelant soudain de ses papiers et de son carnet de santé. Une petite flaque se formait déjà autour du tissus, silencieux témoin du trépas desdits éléments.

« … Tu me dois une carte d'identité, Lily. »
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MessageSujet: Re: “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne   “Le retour fait aimer l'adieu.” ft. Walter&Roxanne EmptyLun 14 Jan - 2:14

Les rares fois où elle n’a pas porté son habit de courage, Roxanne s’est agenouillée en songeant à prier. Longtemps elle n’aurait fait que ça prier, prier pour ceux qu’elle a laissés pour compte. Elle s’est surprise à rêver d’une vie similaire à celle-ci: Le carré de ciel bleu, le ventre rond, les alliances réfléchissant la lumière. Au début, elle était humble. Elle demandait la miséricorde, la grâce, l’amour, puis l’acceptation, accepter de vivre dans ce corps de fugueuse, de se plier encore et encore à la même règle en espérant replacer les morceaux de son esprit en bonne place. Quand elle remettait la croix autour de son cou, qu’elle était capable d’y compter les perles, elle se rattachait à celui en qui les Bishop avaient le plus confiance.



Au fond ces désirs d’équilibre retrouvés, cette vie idéale pour son frère, pour sa belle-soeur, pour la famille toute entière, ce n’était que les attentes idéalistes d’une fille de son âge. Si jeune, si prise dans l’étau, pleine de manque. Maintenant qu’elle l’avait devant les yeux tout semblait si irréel, si pré-fabriqué. Elle voyait tout ce dont elle avait rêvé, ce pourquoi elle avait souillé ses échanges avec le seigneur, elle avait tant d’avenir, là-bas, elle avait tant à faire, là-bas. Pourquoi soudain le soleil acceptait de faire couler de sa lumière sur la plaie béante dans son coeur, pourquoi lui accorder tant de clémence, alors qu’elle était si imparfaite? 



Mais malgré toutes les questions qui se bousculent, elle mâche celles de ce fantôme, revenu d’une tombe creusée trop vite. Elle tend si bien l’oreille qu’elle s’en fait mal au crâne et que sa main appuie très fort sur son bras d’où le sang pulse et quitte le réceptacle corporel comme une rivière menée droit hors de son lit. Elle aimerait lui répondre, mais d’abord, elle se demande combien de temps l’hallucination va durer, si elle a le droit de contempler, si regarder est plus prudent. Roxanne ne laisse pas un mot sortir, un mot pourrait entraîner des conséquences terribles, la faire basculer dans un coma profondément solitaire, car c’est ce qui l’attendait après les visions, elle en était persuadée.

Clac!

Le bruit du verre brisé, les pupilles de Roxanne dilatées. Elle se souvient d’une dispute dans la cuisine, elle ne se souvient pas de ce pourquoi ils se disputaient, elle est impressionnée. Impressionnée, oui, elle pensait avoir décomposé au fur et à mesure les traits de son visage, les sillages très marqués qui justifiaient tous les sourires de son frère. Son frère! Il était tellement beau, on n’avait qu’une envie, c’était entourer sa figure avec les deux mains et de déposer un baiser sur sa joue. Elle n’était pas naïve, c’était le contact physique forcément qui lui manquait le plus, il n’y avait que comme ça qu’elle aurait pu le retenir si elle l’avait retrouvé.

Ce n’est pas cohérent cela dit que d’autres figures parviennent à remuer dans le décor: Evie pourquoi est-ce-qu’elle criait? C’est vrai, il y a énormément de colère, tout est refoulé en définitive. Roxanne a téléphoné à absolument tout le monde la veille de son départ, très soigneusement, elle avait une liste pré-établie. Il fallait commencer par Maman et finir par Evie. La logique s’applique très bien à la situation, c’est l’appel avec Evie qui a définitivement arraché la page d’Aster Cove, le timbre de sa voix pouvait se découper, le baiser.... Roxanne lui aurait rendu la même tendresse, oui.


Une fièvre la prend, elle a si chaud, tellement chaud, elle pourrait ôter tous ses vêtements, Roxanne. D’abord, se délestant de sa veste, s’éloignant d’un pas: Le rêve allait sur la longueur, la torturait, elle détestait ça. Le dos de Roxanne dégoulinait à présent, elle se tenait à distance raisonnable du couple. Pas question de les toucher encore, elle pourrait les broyer de son imagination et ne plus jamais les revoir. Le rire de Roxanne s’évacue sans préavis, elle les ressent comme des nausées, ils sont incontrôlables, elle veut se tordre et se tenir le ventre dans l’euphorie, mais en lâchant son bras, elle continuerait de saigner, et elle ne les verrait plus. Ni lui, ni elle, tant persuadée de vivre le rêve.
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