Il passe, il repasse, c'est un rapace...

J’ai entendu dire que j’avais été conçu à l’autumn 1965 sur l’île d’Honolulu. Ma mère, une native hawaïenne étant tombée enceinte d’un beau militaire américain basé là-bas. Ce dernier était paraît-il très beau, mais pas très courageux. C’est sans doute pour cela, qu’il disparu sans laisser de traces lorsque celle avec qui il s’était “roulé dans l’herbe” quelques semaines auparavant lui apprit sa grossesse. Bref, pile neuf mois après ces roulez boulez… BIM ! Je venais au monde ! Moi la gamine non-désirée, la bâtarde, symbole des moeurs légères de ma génitrice.

J’ai donc grandi entre une mère aussi démissionnaire que dépressive et un père absent, qui avant de quitter définitivement Hawaii eu quand même la gentillesse d’envoyer une lettre d’adieu à ma mère. Un petit mot que je n’eu pas la chance de lire avant mes dix-huit ans et qui j’ai fantasmé durant toute mon enfance. En effet alors que je passais plus de temps dans la rue, chez les voisins ou avec les parents de mes amis, je me disais que dans cette lettre mon “père” avouait peut-être les véritables raisons de son départ et que celles étaient liées à autre chose que la lâcheté. La guerre, une mission secrète, un problème de famille, la mafia, toutes ces raisons auraient été meilleures que celle réellement évoquée dans ce fameux document, longtemps tenu à l’abris des regards indiscrets par ma mère.

Hélas mon père n’était ni Captain America, ni Wolverine, ni même un X-Men, non il n’avait absolument rien à voir avec les héros de comics qui bercèrent mon adolescence et qui font encore aujourd’hui encore partie de ma vie. Car quand à mes dix-huit ans ma mère me laissa lire cette fichue lettre, je fus forcée de constater que celle-ci n’était qu’il ne s’agissait en réalité que d’une accumulation de vieux poncifs hypocrites et faussement romantique pour essayer de faire passer la pillule à son amante. Pilule que cette dernière aurait peut-être dû avaler AVANT ma naissance afin d’éviter quelques petits problèmes.

Vous l’aurez sans doute compris ma daronne ne se remit jamais de la disparition du “grand amour de sa vie”. Abandonnée par sa famille, qui n’acceptait pas ma naissance, elle m’éleva tant bien que mal… plus mal que bien… mais avec beaucoup d’amour ! Elle m’aimait, mais n’était pas capable d'assumer… Femme enfant, elle enchaîna les amants et les petits boulots pour essayer de nous payer à manger. Moi plutôt que d’aller à l’école, je me baladais dans Honolulu pour piquer à bouffons à certains marchant et passer le plus clair de mon temps auprès de la nature.

Une vie de sauvageonne certes, mais qui me convenait parfaitement. Malheureusement en août 1983 ma mère reçus une lettre qui semblait venir de mon père. Celui-ci semblait vouloir prendre de mes nouvelles… Et plutôt que d’envoyer une réponse à l’adresse indiquée dans lettre, ma mère décida de rassembler toutes ses économies pour se rendre là-bas… Aster Cove dans le Maine.. Je n’avais aucune envie de quitter Honolulu, j’y avais mes amis, mes plans, mes coins… mais je fus obligé de suivre ma vieille pour veiller sur elle… .