Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland

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Kenny Holland
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Kenny Holland
« La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland Tumblr_oxkognMvtS1tduc9ro1_400
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Emploi : En quête de lui-même. Branleur, sinon.
Sur ton walkman : Billy Idol - Hot In The City
MessageSujet: « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland   « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland EmptySam 3 Mar - 1:01

Kenny Holland
NOM : Holland PRÉNOM(S) : Kenny ÂGE : Presque 22 ans. Presque trois ans, partis en fumée, écrasés sous le joug d'un bourreau dont il ne se souvient même pas. Kenny est devenu adulte sans en garder la mémoire. Kenny a mûri sans le savoir. Kenny a sacrifié tout ce temps pour un supplice dont il n'a qu'un unique souvenir. Au final, dans sa tête, il est toujours le même gosse de 19 ans qui a redoublé son senior et qui crève d'envie de quitter sa putain de ville. Ironie du sort ou facétie du destin, c'est en exauçant ce souhait qu'il en est arrivé là. LIEU ET DATE DE NAISSANCE : Louisville, 17 juin 1963, la chaleur de l'été qui commence et un conflit qui prend son envol. En donnant naissance à Kenny l'année de la guerre du Vietnam, sa mère aurait déjà dû se méfier. STATUT CIVIL : Célibataire, ou peut-être en couple avec les one-night-stands. Pour Kenny, l'amour ça se résume à un lit qui grince sous deux corps qui transpirent, à des soupirs perdus dans l'intimité d'une pièce close et des baisers éparpillés sur des peaux rougies. Le reste c'est juste de la prise de tête. PROFESSION / NIVEAU D'ETUDE : Le putain de lycée, toujours ce même putain de lycée. Il y a deux ans, il ne rêvait que d'une chose : partir, loin, réaliser des rêves dont l'engrais ne prendrait qu'au cœur des buildings et des grandes avenues. Il y a deux ans, il luttait avec son redoublement pour pouvoir enfin, enfin se casser. Et le voici de retour, à 21 ans. A croire qu'Aster High refuse de le laisser partir.  CLASSE SOCIALE : Roi du lycée, prince de la pauvreté. Préservé du besoin, et de loin, par les rackets exercés sur ses chers condisciples, Kenny n'a cependant jamais pu cacher l'état lamentable de sa petite bicoque mal entretenue dans la banlieue d'Aster Cove, ni justifier l'absence de la voiture typique des adolescents en senior year. Il faut dire que vivre à plusieurs sur les maigres revenus de veuve de guerre de sa mère et sur le peu qu'elle parvenait à empocher d'une manière ou d'une autre ne s'est jamais avéré aisé. REPUTATION : Au bahut, c'était le roi, coiffé d'une couronne de terreur qui faisait bien fermer sa gueule à tout le monde. Kenny, c'était le gars qui obtenait tout ce qu'il voulait en claquant des doigts, parce qu'il avait trop de pouvoir parmi les élèves pour qu'on osât le contredire. Kenny, c'était aussi le bourreau, cruel agitateur public qui n'hésitait pas à s'en prendre aux autres sur une simple envie. Violent, drôle, on l'adorait parfois, on le détestait plus souvent encore.
Pour les adultes, c'était un petit con, le rejeton de la pauvre femme qui se laissait crever au fond du quartier. Pas étonnant au final, qu'il fût si dissipé, vue son éducation... Kenny, c'était le gosse qu'on se vantait de ne pas avoir, le gosse qui servait d'exemple pour les bons gentils parents afin de pointer du doigt les dérives de ceux sur qui il est bien trop simple de cracher. GROUPES : Pacman CRÉDIT AVATAR : Fantaisiie

   
       
   

« Dis, tu penses que ça aurait été différent ?
- Quoi ?
- Tout. Si on avait eu un père, je veux dire. »

Un silence. Kenny tourne un regard vers son frère. Celui-ci se tient dans l'angle, adossé à une fenêtre embuée qui embrasse la fumée de sa cigarette. Ses yeux à lui sont perdus vers le dehors, illuminés par la liberté qu'on lui a coupé sous le pied. Son visage est fermé, ses traits crispés, ciel d'orage et atmosphère électrique. Il est comme ça, son frère. Un peu comme lui aussi. Toujours prêt à exploser.

« On a eu un père. »

La réponse est sèche, cinglante, sans appel, le ton pincé et les bras de son aîné se referment contre sa poitrine. Crétin.

« Nan, toi t'as eu un père. Moi j'ai eu un connard sur des photos où j'suis même pas. »

Le regard que lui adresse Mike lui arrache presque un frisson, et il ne peut s'empêcher de concentrer son attention par terre, une moue boudeuse au visage. C'est la vérité, pourtant. Son paternel, il a crevé à peine deux mois après sa naissance dans un pays qu'il ne sait même pas placer sur une carte. Il n'est rien pour lui qu'une ombre omniprésente. Il pèse sur tout, tout le temps, sauf lui, et ça le fait chier. Personne ne peut comprendre ça ?

« De un, abruti, on parle pas comme ça à douze ans, et certainement pas de son père. De deux, not' père était un putain de héros, ok ? Il est mort pour not' pays dans une guerre horrible, et t'as pas le droit de l'insulter. T'es qui pour lui manquer de respect ? Toi t'es qu'un putain de gosse, t'es pas foutu d'avoir plus de C à tes contrôles, et tu fais de la merde avec tes potes de classe. Alors ouais, nan, tu parles pas de lui comme ça. »

Le mécanisme se met en place tout seul. Douleur. Colère. Rage. Kenny serre les poings et se redresse d'un coup, prêt à en découdre. Son regard bouillonne d'une furie qui grouille dans ses entrailles en permanence, ses membres voués à le suivre dans des élans de violence dont personne ne parviendra jamais à l'extraire.

« Mais pourquoi t'es toujours comme ça, putain ! J'allais juste te demander si maman aurait été autre chose qu'un putain de légume avec lui, voilà, merde à la fin ! T'es vraiment qu'un connard ! À croire que c'est de famille hein ? »

Tous les mêmes, dans cette baraque. Des débiles, des pantins qui s'agitent sans réfléchir autour d'un fantôme sans voir leurs propres problèmes. Tous. Des. Cons. Kenny déboule de sa chambre sans demander son reste, prenant soin de claquer derrière lui la porte branlante qui n'a jamais fermé correctement. Elle émet un craquement sous cette énième maltraitance, gémissante d'une douleur dont elle est la seule à avoir conscience.

« SI JE T'ENTENDS ENCORE PARLER DE MAMAN COMME CA JE TE DEFONCE, CONNARD !
- JE T'ATTENDS, SALE BATARD ! »

Les pas de son frère retentissent après un grognement de rage. Il s'enfuit.


---


« Bon allez petite merde, j'ai faim et j'ai pris qu'un goûter ce matin. »

Jim' a les larmes qui montent. Il se recroqueville davantage contre le mur, secouant faiblement la tête dans une ultime défiance. Ça ne durera pas. Kenny hausse les épaules en soupirant, croisant les bras.

« J'ai rien contre toi, tu sais ? J'ai juste faim. Tu me files ton pognon et tout ira bien. »

Il est sincère, au fond. Jim', c'est pas un mauvais gars. Il a juste pas de chance, et lui peut en profiter. C'est pas avec l'argent de sa mère qu'il pourra s'acheter des comics. Elle, elle s'en fout de toute façon, de ses comics. Il se contente donc de faire avec ce qu'on lui donne, et on lui a donné des poings efficaces couronnés d'un charisme de leader. D'où les trois types qui l'entourent alors qu'il se penche sur son cadet.

« Allez, Jim', fais pas chier et raboule avant que je m'énerve. J'suis pas bon quand j'm'énerve et tu le sais. »

Bien sûr qu'il le sait. Tout le monde le sait. En deux ans de collège, Kenny s'est forgé une réputation d'acier, une réputation qui l'aide à ramasser un peu plus d'argent chaque jour, une réputation qui lui donne la vie d'un roi alors qu'il pourrait n'être qu'un minable. Il appelle ça être malin, son frère appelle ça être une sous-merde. La pensée l'agace.

« Jim', je te donne dix secondes. 10...9...8... »

A six, il perd patience. Jim rentrera avec des bleus sur le ventre, Kenny avec trois dollars supplémentaires.


---


Lorsqu'il rentre ce soir là, c'est l'ego blessé et du sang dégoulinant de ses phalanges à vif. Son œil a commencé à gonfler. Ce n'est rien. Il s'en fout. Ce qui fait mal, c'est la défaite. Il savait se battre, le connard, et il ne l'avait pas prévu. C'était mérité. Son entraîneur de boxe lui aurait dit ça, s'il avait été là. Il a mal tenu sa garde au moins trois fois. Erreur de débutant, face à un expert. Forcément, ça passe pas.

Il soupire en fermant la porte, qu'il ne prend pas la peine de verrouiller. C'est pas comme s'il y avait quoique ce soit à voler dans cette baraque de toute façon. Le seul ici à avoir un minimum de thune, c'est lui. Ce qui n'est pas vraiment étonnant au final, vu l'état de la daronne. Ah, pour sûr, si on la payait pour dormir, ils seraient millionnaires. Mais on n'est pas dans un conte de fée et Kenny est bien content de ses propres revenus. Il ne les partage pas. De toute façon ils seraient utilisés à s'acheter de la merde.

Un nouveau soupir s'échappe de ses lèvres tandis qu'il y glisse une cigarette. La fumée remplit l'espace restreint du couloir, le suivant dans ses pas rapides jusqu'au salon. La sensation, amère, le soulage. Moins de colère, moins de rage, plus de calme. Il lance un regard sur la droite en rentrant et constate la présence de sa mère, affalée dans son fauteuil. L'espace d'un instant, comme trop souvent, il se demande si elle est morte.

« M'man ? »

La poupée désarticulée s'allume et se redresse à peine, un sourire éteint marquant ses lèvres devenues inexistantes. Quand elle parle, on croirait une vieille dame.

« Oh, b'j'r K'nny. C'va mon cœur ? Bien dormi ?
- Il est 23h.
- … Oh... »

Le silence remplit la pièce dont il est le roi. Il gonfle, mute, prend toute la place, massacre l'oxygène, étouffe la vie, arrache les tripes et repousse tout ce qui pourrait ressembler de loin à de l'espoir. Le silence, c'est la pire connerie de sa mère. Kenny serre les dents et adresse un regard mauvais au déchet qui l'a enfanté, gorgé d'une amertume que seul le diable peut avoir inventé un jour. Peut-être que c'est lui, le diable.

« T'as ach'té mes médicaments ? »

Un éclat de rire sans joie. Il lance la boîte orangée d'un geste nonchalant, le cœur enflé de haine. Putain, il la déteste. Il la déteste de ne pas voir le sang sur ses doigts, d'ignorer la couleur violacée de son œil gauche, il la déteste de s'en foutre, il la déteste de l'avoir mis au monde, il la déteste d'exister. Parfois, parfois, lorsque dans les confins de la nuit il se perd dans les ténèbres, Kenny voudrait rentrer après une overdose. Il sait qu'il ne se le pardonnerait jamais, sait qu'il ne pourrait affronter cette scène en réalité, mais les songes sont là et le hantent. De toute façon, même en vie, sa mère n'est pas là et ne l'a jamais été.

« Merci mon poussin.
- Ta gueule. »

Il l'a mis sous la lumière, pourtant, son visage ensanglanté. Il lui a tendu sa foutue drogue de sa main dégueulasse, en plus. Connasse.

La rage au ventre, il grimpe les escaliers miteux qui le mèneront à sa chambre et défonce presque la porte. Le rituel recommence. Il s'avance vers cet endroit du mur qu'il s'est approprié et tape, tape, plus fort, à s'en faire craquer les jointures, à en rougir les jaunissures du papier peint, tape encore, tape jusqu'à avoir étouffé la colère qui le ronge, jusqu'à avoir égorgé ses regrets et bousillé ses pulsions. Alors, essoufflé, il pose son front bouillant contre la paroi et ferme les yeux. Le calme revient le bercer. Il reprend sa cigarette et inspire.

Il ouvre sa fenêtre en priant silencieusement pour qu'elle ne se casse pas la gueule. En vrai, c'est impossible, mais c'est une habitude qu'il a prise il y a bien longtemps et c'est pas maintenant qu'il va l'arrêter. L'envie n'y est pas de toute façon. Il s'assoit sur le rebord et laisse son regard dériver vers le dehors, savourant la tendresse du vent contre sa peau échaudée.

Ce qui suit est son secret le mieux gardé, son moment de plaisir coupable, un instant de grâce dont le seul témoin est la Lune, lueur bienveillante au cœur de l'obscurité. Kenny allume sa lampe de bureau et déverrouille le cadenas accroché à son tiroir principal. Il sort ses feuilles, ouvre sa boîte à crayons, installe ses ustensiles et, enfin, s'évade.

Dans un monde idéal, il dessinera pour ses auteurs favoris. Quittant cette ville pourrie, il laissera derrière lui l'ombre de sa mère et prouvera à son frère qu'il n'est pas un raté en souriant à la vie échaudée de Los Angeles. Il sera repéré dans un magazine ou ailleurs, on lui donnera les opportunités dont il a toujours rêvé, il oubliera sa maison en ruines et son cœur en miettes, et à son tour fera rêver des milliers de gens. Il sait déjà quel héros inventer, en a déjà fait le croquis des dizaines de fois et décrit chaque soir les contours de ses aventures. Dans son vieux tiroir, il a des pages à ne plus savoir où les faire rentrer, des pages et des pages d'illusions qu'il n'ose pas offrir au monde. Un jour, elles ne seront plus chimères. Un jour il sera riche, il sera créateur, il aura son propre refuge et aura réussi sa vie sur tous les points. Un jour.


---


« Ta mère t'a filé que 10 balles aujourd'hui ? C'est la crise, hein Parker ? »

Kenny adresse un regard moqueur à l'intéressé, qui se contente de laisser sa haine dégouliner par tous les pores de sa peau. Pas qu'il en ait quelque chose à faire. Lui, tout ce qu'il veut, c'est assez de thunes pour se faire plaisir. La vie de racketteur a ses avantages et il compte bien en profiter pleinement. Il ne ressent pas de remords. Au final, c'est l'ordre naturel des choses : il y a ceux qui mangent et ceux qui sont mangés. Kenny a appris à faire partie du premier lot, ils n'auront qu'à faire de même.

« Demain il me faudra 5 dollars de plus, Parker. Je peux pas faire grand chose avec ça, surtout que je dois partager avec mes potes. Je suis quelqu'un de généreux, tu vois. »

Les rires éclatent derrière lui et lui arrachent un sourire amusé. Il aime bien le lycée en vrai. Pas les cours, mais le reste. Il a des potes, des vrais, et tout un tas de gens à sa botte qui se plient en quatre pour le moindre de ses plaisirs.

« J-je peux pas, Kenny...
- Comment ça tu peux pas ? »

Il hausse un sourcil et croise les bras. Rébellion, vraiment ? Ce n'est pas acceptable. Parker se prend pour un héros, capable de changer les choses et de renverser le tyran qui est au pouvoir. Ce qu'il ne sait pas, c'est que n'importe qui le remplacerait et serait tout aussi dégueulasse avec les autres élèves. Naïf. Il n'y a pas de gentils dans la vie. Kenny lui apprendra, à l'occasion.

« J-je... Ma mère me filera jamais autant de sous e-
- Enfin merde, quoi, Parker, t'es en senior, tu peux quand même te démerder pour inventer des excuses, nan ? T'es pathétique à ce p- »

Son frère.
Son putain de frère est là, en train d'assister à la scène de loin, et il est en colère. Leurs regards viennent de se croiser. Il va venir.

Une boule d'angoisse se forme dans sa gorge et il peine à la faire descendre. L'anxiété fait pulser son cœur un peu plus vite. Il a peur. Fait chier. Fait chier fait chier fait chier. Au final, celui qui est pathétique, c'est lui. Mais il n'a pas le temps de se flageller : il doit dégager de là.

« Putain, les gars, je vous laisse. Je dois me bouger.
- Mais d'où ? Mec, tu soûles, je voulais ses pompes...
- T'as entendu Parker ? T'auras qu'à amener tes pompes demain.
- Mais elles sont neuves !
- Justement. Et si tu me prends la tête, je te défonce, clair ? »

Parker opine du chef et lui se tire. Mike approche à grandes foulées, les poings serrés, et Kenny sait ce qui arrive. Ça l'énerve, de se sentir comme ça, d'avoir peur comme un gosse devant son frère. Ça l'énerve de devoir se cacher. C'est nécessaire, pourtant. Personne ne doit voir ce qui arrive. Personne.

Mike est furieux et ça se voit. La colère dévore son regard bleu, la rage crispe sa mâchoire et son visage promet un bien mauvais moment à son cadet. Kenny s'approche pour mieux l'éloigner de la vue de tous.

« Je peux savoir ce que tu faisais ? »

Il hausse les épaules, l'air faussement nonchalant.

« Je prends de la thune. J'ai envie d'un nouveau vélo. »

Il ne tressaille même pas lorsqu'on l'empoigne par le col. Son dos se heurte au mur avec violence, sa tête cognant contre la surface dure sans qu'il ne réagisse. Au lieu de cela, il souffle simplement. Sa fumée de cigarette va caresser les lèvres de son frère, seule douceur jamais adressée à l'autre. Ils se détestent. En tout cas il est détesté, Kenny le sait.

« Putain, mais même quand je pense que tu peux pas être plus décevant, tu le fais. T'es un petit génie dans ton genre toi, hein ? »

On n'aime pas quelqu'un qu'on considère comme une merde.

« Sérieusement... Je sais même pas quoi te dire. Qu'est-ce que tu crois faire ?! T'as même pas besoin de cet argent, merde ! T'en as pas besoin mais t'es, quoi, trop égoïste pour pas agir comme un connard, c'est ça ? »

La sincérité est un peu douloureuse, parfois. Kenny prend une bouffée de cigarette.

« Réponds-moi, bordel !!! »

Leurs regards se rencontrent, océan d'incompréhension et terre dénudée. Il hausse les épaules. Il s'en fout, de ce que pense son frère. Ça n'a plus d'importance depuis longtemps, ça n'en a même jamais eu. Ou peut-être juste un peu trop.

Le poing qui rencontre son visage l'envoie à terre. Il éclate de rire.

« Tu te retiens maintenant, Mike ?
- Oh, ta gueule.
- C'est triste, moi j'dis. Tu peux mieux faire. »

Il obtient l'effet escompté. L'intéressé serre les poings, crispe la mâchoire et crache par terre avant de s'éloigner, assénant un dernier « Tu me dégoûtes » à son cadet. Kenny inspire de la fumée.

Ouais, il s'en fout.

---


« Salut les gars, z'allez bien ? »

Des aboiements joyeux récompensent sa voix, gorgés d'un amour qui fait plaisir à entendre. Un sourire bourgeonne sur les traits de Kenny, qui s'agenouille pour enlacer les trois chiens qui courent à sa rencontre. Il a la sensation d'enfin rentrer à la maison.

« Oui, oui, je sais... Moi aussi je suis content de vous voir. »

Une grande langue parcourt sa joue, lui arrachant un éclat de rire. Il flatte les flancs offerts, embrasse les poils ébouriffés, étreint les corps musclés de ses compagnons du jour. Les chiens sont ravis de le voir, et ils savent le faire sentir. Ils ne sont pas cons comme les humains, eux. Ils n'ont pas besoin des mots pour agir ou détruire. Ils sont plus beaux, plus sages qu'il ne le sera jamais, et ils l'aiment.

« Moi aussi, moi aussi je vous aime. Tiens, vous voulez voir ce que je vous ai amené ? »

Il sort de son sac un énorme paquet de croquettes et les verse dans leurs gamelles respectives, les observant se jeter sur leur pitance avec un amusement non feint. L'un d'eux perd l'équilibre. Bon, peut-être pas plus intelligents. Kenny veut bien être con, mais pas à ce point. Un éclat de rire lui échappe.

« Merci. Pour ce que tu fais. On n'a pas beaucoup de fonds et... »

La voix le prend de court et il fait volte-face, cherchant le visage dont sont originaires ces mots. La gérante du refuge lui offre un sourire doux, bienveillant, qui le dérange. Il hausse les épaules.

« C'est pas pour vous, c'est po-
- Oui, je sais, pour les chiens. Merci pour eux. »

Il ne répond pas, préférant à sa compagnie celle des bêtes qui se battent pour son attention. Riant tendrement, il se saisit de quelques laisses et les enfile autour des cous offerts. Ça aussi, c'est son moment. Leur moment.

Un grand sourire s'empare des lèvres de Kenny, qui enfile son casque audio. Ses pas se perdent dans les sentiers en sortie de refuge et, très vite, accélèrent. La liberté l'appelle et lui donne des ailes qu'il crève de déployer. C'est son rituel, leur rituel, la course au bonheur dans la forêt, la solitude bénie et le partage d'une affection mutuelle. Il court vite, loin, longtemps, avec toute l'endurance que lui ont offert ses cours de sport, avec tout l'enthousiasme d'une liberté retrouvée.

Ces quelques heures sont son paradis, son jardin secret, un sourire rendu à un monde qui semble trop souvent le détester. Ces quelques heures sont un nouveau souffle lorsqu'il sent le sien se perdre. Ces quelques heures sont sa passion, ses passions mêlées les unes aux autres. Sport, chien, jeu... Ces quelques heures sont un concentré de bonheur qui lui est devenu presque vital.

Personne n'a besoin de savoir que ses dons au refuge viennent de l'argent racketté.

---

Le ciel est orageux ce matin. Il y a comme une lourdeur dans l'air, une pesanteur dans les nuages sombres qui étouffent les collines alentours. Une tempête approche, lentement, prédateur jouant avec ses proies impuissantes. Kenny n'a pas pris de parapluie, et ça l'emmerde. Il a une veste neuve depuis deux jours et refuse de la bousiller pour si peu. C'est rare qu'il ait un si beau cadeau d'anniversaire, ce serait con de le gâcher à peine reçu, surtout qu'il a dû coûter une blinde à son frère.

Tant pis, il va devoir piquer celui de quelqu'un. La question étant, qui ? Esquissant une moue boudeuse, Kenny laisse son regard couler sur les visages qui traînent dans les couloirs, cherchant un faciès lui inspirant son méfait.

Sauf qu'il n'y a pas de faciès à regarder.
Ou plutôt il y en a un mais... mais pas le bon.

Kenny s'arrête, figé, ses yeux fixés sur le masque. Les masques. Car lorsqu'il tourne son attention sur les alentours, le même rituel se reproduit, le même visuel le glace. Tout le monde en porte un, tous identiques, tous pareils, au moindre détail. Un sourire cruel, une étincelle d'amusement dans le regard... Il déglutit.

« OK les gars... Bien joué, vraiment. Bien joué. Je le reconnais. Pas mal. Vous m'avez eu. Mais honnêtement, c'est glauque. Vous vous êtes cru dans un film d'horreur à la con, c'est ça ? »

Car c'est son visage qu'il regarde à chaque fois qu'il croise un camarade de classe.

Un éclat de rire retentit et trouve son écho dans des dizaines d'autres. Il n'y a plus de mouvement dans le couloir. Les élèves sont statiques, coincés dans la même position, à le hanter du regard. La blague est étonnamment poussée. Il se sent mal à l'aise.

« Ouais, ha ha ha, très drôle. Vous pouvez arrêter maintenant. »

Les rires redoublent, prennent des voix et augmentent à en devenir assourdissants. Ils se moquent. Ils se moquent tous et Kenny est soudain devenu la cible de leur hilarité. Il ne comprend pas. Pourquoi font-ils ça ? Pourquoi n'ont-ils plus peur ?

Ils ont forcément peur.

Mais les rires se poursuivent sans diminuer, se poursuivent à en devenir fous, à en devenir terrifiants. Ça le fait chier. Ils se prennent pour qui ?! Ils se croient forts, ils se croient à l'abri ? Il va leur montrer.

Le coup part tout seul, mû par son désir de vengeance et sa rage de vaincre. Kenny frappe parce qu'il se sent menacé, parce qu'il ne comprend pas, parce qu'ils doivent se remettre à leur place et le laisser à la sienne, parce que la scène a un goût étrange contre sa langue et que son instinct lui hurle de fuir. Le coup part tout seul et ne trouve jamais sa cible.

Et les rires d'éclater de nouveau. Ils sont partout, résonnent contre les murs jusqu'au fin fond de son âme. Ils sont partout, le jugent, le mettent à genoux sur un trône de ronces, le traînent dans une boue qu'il pensait constituée de diamants, le ramènent sur une terre qu'il refuse de frôler.

T'es qu'une merde, Kenny.

Sa gorge se serre et il s'apprête à frapper de nouveau. Il veut les faire taire, tous, il veut sceller leurs lèvres maudites, il veut qu'ils la ferment, maintenant. Maintenant.

« Vos gueules, VOS GUEULES PUTAIN !!! »

Le poing qui le jette au sol lui brise le nez. La douleur foudroie son crâne, l'assourdissant une seconde. Celui qui l'a frappé est fort. Très fort. Trop fort. Kenny n'a jamais été propulsé au sol avec autant de violence. Ses doigts vont chercher ses narines ensanglantées, tremblant légèrement sous une rage mêlée de crainte. Au sol, deux perles pourpres luisent à la lueur grisâtre du jour. Il ne comprend pas ce qu'il se passe. Tout ça est... est... Impossible. Il doit rêver.

Mais les rires reprennent plus fort. On applaudit même, quelque part. Les rires reprennent et il tente de se relever, son corps rendu fébrile par la puissance de l'attaque subie.

Oh, mais le roi ne doit pas se relever. On s'amuse de sa tentative, on la moque et, très vite, on l'avorte. Un coup de pied l'atteint en plein dans le ventre. Son souffle se brise sur les écueils du choc, et il retombe, poupée de chiffon qu'on aurait jetée sans un regard. Kenny pose son front contre le sol, inspirant péniblement un oxygène qui ne veut plus pénétrer ses poumons. Une peur croissante l'envahit et se propage dans tous ses membres.

« L-les gars, qu-qu'est ce q- »

Les rire continuent et lui arrachent un frisson. Il veut se réveiller. Il veut se réveiller, il veut se réveiller, il veut se réveiller... Il veut se réveiller.

C'est un pied qui menace de lui briser le dos, arquant son échine pour mieux l'enfoncer dans le carrelage. La souffrance pulvérise sa résistance et lui arrache un gémissement plaintif. Sa tête lui tourne. Il a peur. Il ne comprend pas, il... Il...

« Les gars, a-arrêtez... Stop... »

Les rires s'accentuent. La foule devient hystérique, folle, hilare à l'idée de le rouer de coups qui, soudain, pleuvent.

« Les gars, arrêtez. »

Il devient désespéré. On se met à califourchon sur lui pour le soulever par le col, décochant des poings trop rapides et trop forts pour être évités. Son crâne émet un bruit sourd lorsqu'il se heurte aux dalles. Il voit flou.

« S-stop... »

On le frappe à nouveau. Il a du sang dans la bouche.

« A-arrêtez... »

Ses côtes craquent sous un talons amusé. Un sanglot lui échappe.

« S'il vous plaît... »

Quelqu'un le soulève par les cheveux. Il est terrorisé. Il a besoin d'aide, il a besoin qu'on vienne, il a besoin de leur pitié, il a besoin de vivre et ils vont le tuer, s'ils continuent, ils vont le tuer et il ne veut pas, il ne veut pas...

« Je vous en supplie... »

Il crache du sang avant qu'on éclate sa lèvre et s'échoue au sol, une fois de plus. Les rires se mêlent à la douleur qui le broie. Il a mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal. Son corps hurle, ou peut-être est-ce lui. Il n'est plus sûr de savoir. Il n'est plus sûr de rien.

Son bras se brise dans l'hilarité générale. Kenny hurle.

« ARRETEZ !!! »

Il veut qu'ils le laissent, il fera n'importe quoi, il le jure, il veut juste vivre, juste se barrer de cette foutue ville et réaliser les rêves qu'il protège depuis tout gosse, il veut juste que la souffrance s'arrête et que les coups cessent de pleuvoir, il veut effacer le son de ses propres os qui, un à un, cèdent sous les pieds et les poings de ses victimes, il veut oublier les rires qui le détruisent de l'intérieur et fuir l'Enfer qu'on vient de lui promettre.

« A L'AIDE !!! A L'AIDE !!! »

Il s'égosille, se rompt la gorge, se perd dans le désespoir de n'être pas entendu et laisse les larmes qu'il retient depuis trop longtemps dévaler ses joues ensanglantées. Tout devient flou, tout devient confus, et il ne peut que regarder son sang s'écouler sur le sol trop blanc, seule note de couleur dans l'immensité sombre qui le dévore. L'inconscience l'appelle sans l'accepter tandis que la torture se poursuit, encore et encore, inlassablement.

Et les rires, encore les rires. Toujours. Kenny se demande vaguement s'il n'est pas déjà en Enfer. Ses sanglots ne trouvent aucune pitié dans les yeux de ses bourreaux. Ses cris de douleur ne suscitent que davantage de moqueries. On redouble d'efforts.

Son poignet se retourne. Il voudrait être déjà mort.

Ses barrières se brisent et il implore, pleurant son désespoir, implore un soulagement qu'on lui refuse, quémande un repos qu'on ne lui offrira pas, hurle une souffrance qui l'épousera. Le supplice s'étend, paraît se transformer en heures. Le supplice dure et il voudrait s'achever lui-même. Chaque coup le torture un peu plus, l'écorche vif, accentue le brasier infernal dans lequel on l'a plongé.

Avant de mourir, il a le temps de perdre espoir. Avant de mourir, il a le temps de perdre foi en lui-même, foi en ses rêves, foi en son avenir. Il n'a jamais eu aucune chance. On ne réussit pas quand on est comme lui. Son frère avait raison. Il ne le mérite pas. Et s'il est là au jugement dernier, alors la douleur est sa seule récompense. Il n'aura jamais rien de plus. Jamais. C'est la pénitence du bourreau, la peine du meurtrier. Kenny n'y serait pas arrivé. Il aurait tout perdu et aurait fini comme sa mère.

Sa colonne vertébrale émet un craquement sourd. Ultime souffrance, dernier hurlement. Le pire de tous. La torture est absolue. Le néant qui la suit aussi. Bientôt, il n'y aura plus rien.

A la fin des temps, il voit son propre visage, hilare, et un poing.
Une ultime douleur.
Le noir.

T'es qu'une merde, Kenny.  
AINSI VA LA VIE
     
(c) bird box.

     
PSEUDO : Evie :perv: ÂGE : 18 ans. PAYS : France BLABLA : Je vous aime, et j'espère que vous serez contents de ce que j'ai fait de ce joli scénario !♥️ AVATAR : Dylan O'Brien
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MessageSujet: Re: « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland   « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland EmptyDim 4 Mar - 8:51

WTH? Un nouveau personnage et je n'en savais rien? Vas y jeune homme, raconte moi, je veux tout savoir! :red: choque :3
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MessageSujet: Re: « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland   « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland EmptyDim 4 Mar - 20:09

YEEES YOU DID IT, HEHE !! :red: Re-bienvenue, je suis sûre que tu vas tellement dépoter avec ce personnage, haha, j'ai tellement hâte !! hug coeur

Et bien sûr nous faut des tonnes de liens là, héhé. drague
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Walter Bishop
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Walter Bishop
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Emploi : Assistant du shérif
MessageSujet: Re: « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland   « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland EmptyDim 4 Mar - 23:41

Bienvenue ♥️♥️
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Kenny Holland
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Kenny Holland
« La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland Tumblr_oxkognMvtS1tduc9ro1_400
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Emploi : En quête de lui-même. Branleur, sinon.
Sur ton walkman : Billy Idol - Hot In The City
MessageSujet: Re: « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland   « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland EmptyLun 5 Mar - 0:18

Marciiiii ♥️

Oui cette fois je prends un petit - gros - con comme on les aime, fufufu :perv:
J'espère que ça vous plaira en tout cas !
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MessageSujet: Re: « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland   « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland EmptyLun 5 Mar - 9:31

KENNY ! ENFIN ! J'AVAIS TELLEMENT HÂTE EY2YHDIU3HIDHID31HI
"Bienvenue", bb me gusta
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MessageSujet: Re: « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland   « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland EmptyMar 6 Mar - 10:49



       


OMG JE SUIS COMME CA : omg Tu nous livre un Kenny par-fait ! C'est terrifiant, c'est triste et j'ai teeellement hâte de voir comment le bougre va s'en sortir après son p'tit voyage, damn. Tu m'as foutu des frissons, héhé, franchement bravo. ♥️ Allez, je te valide et je veux des liens ! :perv:


Félicitations, tu peux désormais poser tes bagages à Aster Cove et partir sur les traces du demogorgon ! Mais avant de chausser tes rangers, nous t'invitons à recenser l'avatar et le métier/niveau d'études de ton personnage.




Bienvenue sur Aster Cove ta fiche est validée !
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MessageSujet: Re: « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland   « La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland Empty

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« La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. » - Kenny Holland
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