Event#1 - Halloween

En l’espace d’un claquement de doigt je m’étais retrouvée en arrière. Aveugle à ce qui se passait. Sans cela et, si j’avais reconnu le visage de Walter, sans doute aurais-je été directement prévenir Evie. Sourde à toutes les conséquences possibles. Car, le retour miraculeux de l’être cher, c’était un petit peu le rêve secret de tous ceux qui avaient enterré un proche. Moi la première. Mais non, aussi étrange que cela puisse paraitre, ce ne serait pas ce soir que j’apprendrais la nouvelle. Mais bien quelques jours plus tard, de la bouche de mon oncle. Les indices étaient pourtant là. Un regard décalé vers la gauche, une oreille un peu plus attentive aux murmures des uns et des autres et j’aurais su. Mais non. Le destin en avait décidé autrement. Comme si, au fond, il fallait des retrouvailles épiques à ceux qui avait été cruellement séparés et qu’il restait une dernière boucle à démêler dans ce long fil rouge qui ramènerait Walter à son Evie.

Alors que je suis toujours en arrière, ma main a, presque malgré moi trouvé celle d’Aaron et ce contacte m’anesthésie un peu plus au monde. Les regroupements, les cris, les questionnements, tout cela m’éloigne un peu plus de la réalité de ce qui était en train de se passer. Comme dans un réflexe post traumatique, mon cerveau a décidé que ce genre de scène lui rappelait trop cette funeste journée ou tout le monde s’afférait en panique autour de moi tout en m’annonçant gravement la pire nouvelle de ma vie. Je ne fais pas attention à la clique des populaires, encore moins à l’endroit où pourrait se trouver Braden ou d’autres représentants du clan O’Leary. De toute façon, tout le monde est bien trop occupé.

Et puis soudain, la marée humaine et les sirènes d’une ambulance retentissent puis la voix de Laurie m’interpelle dans ma transe. Je ne le vois pas encore. Trop petite et trop de monde autour. Mon regard perdu se fixe sur sa crinière si reconnaissable. Il me faut ensuite un instant pour percuter ce qu’il peut bien vouloir de nous. Je me contente de secouer négativement la tête. Non, je n’ai pas vu Rita. J’ai juste besoin de m’éloigner d’ici. Je fais donc quelques pas en arrière pour m’éloigner de la foule et reprendre de l’air comme si j’étais en plein milieu d’une crise d’asthme. Pourtant, je ne suis d’ordinaire pas du tout sensible à ce genre de choses. Le temps que je reprenne un peu mes esprits, l’ambulance avait emporté Dieu sait qui et la foule commençait à se diluer dans la nuit. Tant mieux. Plaquant un sourire de façade sur mon visage, je tentais de faire bonne figure.

« Désolée. J’avais besoin d’un peu d’air. »

Et je gérais mal les situations de crise. Mes mains en étaient encore toutes tremblantes.

« Je crois que je ne dirais pas non à un grand verre de n’importe quoi d’alcoolisé. »

Ou à un câlin mais bon, le but était ici de passer pour une fille forte et pas une geignarde au bord de l’évanouissement simplement parce que, pour une raison étrange, toute cette situation lui filait des sueurs froides et l’envie de fuir à toutes jambes. Et ça se disait forte et indépendante. Ben voyons…