Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]

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Evie Knott
Admin
Evie Knott
Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] Tumblr_oeg84rXG3L1rlnjw2o1_500
Messages : 155
Emploi : Serveuse à l'Aster Clover
Sur ton walkman : Led Zeppelin - Immigrant Song
MessageSujet: Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]   Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] EmptyJeu 9 Nov - 22:02

Evie Knott
NOM : Knott. Prononcé "Not" comme "I will NOT be tamed" PRÉNOM(S) : Evie ÂGE : 29 LIEU ET DATE DE NAISSANCE : 04/09/1955 à Baltimore STATUT CIVIL : Fiancée. Enfin... C'est compliqué. PROFESSION / NIVEAU D'ETUDE : Bac à sable. Plus sérieusement, elle s'est arrêtée à la fin du lycée. Elle travaille actuellement comme serveuse au Aster and Clover, le pub irlandais. CLASSE SOCIALE : Moyenne REPUTATION : Evie est le genre de fille indocile qui a tendance à avoir une mauvaise réputation où que la mènent ses pas. Elle n'a pas la langue dans sa poche et ressent un malin plaisir à choquer les pauvres petits conservateurs. GROUPES : Like a Virgin CRÉDIT AVATAR : hedgekey

       
C'était un jour pluvieux d'automne où les nuages se chamaillaient avec le soleil. Le vent frais soulevait les feuilles rougies par le temps dans un bruissement musical. Il y avait dans l'air un calme qui caressait toute chose, frôlait le cœur et adoucissait l'humeur. Le voisinage huppé de la banlieue de Baltimore se baladait, enveloppé des gilets qui venaient de sortir des placards. Un silence confortable régnait, rompu tantôt par les rires d'enfants se jetant dans des montagnes ocres et pourpres confectionnées de leurs mains. Ça, et...

« Chérie, tu ne sais vraiment pas comment l'arrêter ? »

Un éclat de rire, délicat comme les rayons de soleil perçant les cumulus.

«  - C'est un bébé, Johnny, pas une poupée... Il faut comprendre pourquoi elle pleure...
- Mais on l'a changée, et puis on l'a nourrie... Elle vient de se réveiller, et puis tu la berces !
- Dans ce cas, c'est autre chose...
- Quoi ?
- Est-ce toi ou elle, l'enfant, Johnny ? »

Devant la moue désespérée de son mari, Mathilda Harrington laissa l'hilarité secouer ses frêles épaules. D'elle, sa fille hériterait un physique longiligne, presque trop mince selon certains. De son père, il le jurerait pour toujours, elle avait pris un petit grain de beauté sous l'orteil. Mais à voir son regard et ses cheveux couleur citrouille, les jeunes parents eurent pu se demander quel tour la génétique avait bien pu leur jouer. Ni la teinte si claire de sa mère, ni celle, ébène, de Johnny, oubliés les yeux verts ou bleus, à croire qu'elle s'émancipait dès la naissance.

À bien y réfléchir, ils n'étaient pas au bout de leur surprise.

Les chaussons de poupin devinrent des bottines, la bouille d'ange se teinta de la malice d'un petit démon et la peau immaculée se tâcha de bien des manières. Car Evie n'était pas née à la bonne époque, ou peut-être juste pas dans le bon corps. Trop de liberté dans cette petite, trop de fougue pour une demoiselle qu'on voulait bien élevée, trop de passion pour la vie rangée qu'on lui réservait déjà. Les salopettes furent trouées, les chaussures éraflées, les genoux égratignés, l'on oublia parfois qu'elle était une fille sous sa courte tignasse enflammée. Tignasse qu'elle avait d'ailleurs pris soin de couper elle-même, insistant, face à l'horreur dont témoigna sa pauvre mère, que les cheveux longs étaient un obstacle à ses aventures.  

« C-comment ça ?
- Mais Mamaaaan ! Un capitaine pirate ne peut pas rester en vie si on peut l'attraper par les cheveux, c'est le B-A-BA !
- Mais chérie, tu n'es pas un-
- Siiiiiiiiiii ! Tu dis n'importe quoi parce que tu n'es pas contente que j'ai coupé mes cheveux, mais ils ne servaient à rien ! »

Mathilda laissa son regard se perdre sur les mèches orangées qui jonchaient la chambre en désordre, son expression perdue dans le vide de son cœur. Les boucles qui épousaient désormais le visage de la petite terreur lui conféraient un air plus coquin encore, accentuant l'étincelle mêlée de défiance et de fierté qui régnait sur le regard noisette que lui adressait son unique enfant. Elle soupira.

« On ne prend pas ces décisions comme ça.
- Si.
- Non.
- Si.
- Evie...
- Maman ! »

Et aucune punition ne suffisait jamais. Au contraire, c'en devenait pire encore, à croire que le comportement de la gamine s'aggravait proportionnellement aux réprimandes qu'on lui donnait, que sa fougue gagnait en vigueur à mesure qu'on tentait de la restreindre. On n'arrêterait pas cette tornade, on ne l'arrêterait jamais et elle emporterait avec elle le cœur des passants, ou peut-être leur dignité. Comme cette fois avec le pantalon de M. Taylor, tâché de boue au mauvais endroit, ce qui n'était définitivement pas de la faute d'Evie en dépit de ce qu'on voulait bien dire.

« Je ne le visais paaaas ! C'est la faute de Peter ! »

Un soupir, une punition, l'indifférence. Le même refrain, la même cadence, infernale, croissante, cercle vicieux d'un serpent qui avait l'insolence de savoir qu'il allait se mordre la queue et de le faire quand même. Evie cherchait. Evie cherchait et trouvait. Toujours. Encore. Et l'adolescence ne calma pas ses maux.

Premiers flirts, premiers amours, premières disputes, premières larmes. Pause. Stop. On retourne la cassette. On recommence. Bang bang, dit la chanson. Les onze ans passèrent et emportèrent avec eux les illusions doucereuses de la naïveté infantile. Evie rencontra le regard des autres, comprit enfin les remarques qui la poursuivaient depuis ses premiers pas, ombres voraces accrochées à ses chevilles. Ses pantalons étaient trop larges, ses jupes étaient trop courtes, son comportement trop enthousiaste, elle n'était pas digne, on ne comprenait pas, qu'avaient pu rater ses parents ? La réalisation, brutale, qu'elle ne correspondrait jamais à ce que son entourage attendait d'elle la percuta de plein fouet. La colère suivit de près. Puis vint la rébellion. Evie réagit comme elle l'avait toujours fait : en allant plus loin encore. Peu importait, au fond, les regards dédaigneux des voisins ou le désespoir mal placé de sa mère, peu importait les rumeurs sur sa vertu jetée au caniveau, peu importait les têtes qui se tournaient sur son passage. Quitte à faire réagir, Evie décida qu'elle saurait pourquoi. Elle ne serait pas soumise d'un destin, d'une communauté ou d'un mari. Non, elle, elle ne serait l'esclave de personne, ne se laisserait jamais être domptée par la honte qu'on plaçait sur ses épaules trop frêles. Et elle allait leur montrer.

« Chérie, enlève-moi ce chewing-gum de ta jolie bouche. C'est vulgaire. »

Une remarque, encore. Un jugement, toujours. Evie ne serait jamais assez sage. Son visage se contracta. Colère. Frustration. Puis un sourire provoquant se dressa sur les lèvres rougies en cachette.

« J'ai besoin de m'occuper la bouche et c'est plus efficace que la langue des garçons. »

La gifle qui lui cingla la joue ne fut pas une surprise, mais elle ne fit qu'apporter un peu plus de satisfaction à la fougue irrépressible de la demoiselle. Un éclat de rire se perdit dans le silence de plomb.

« Oh, maman, tu n'as vraiment aucun humour, hein ? Allez, chuss, j'me casse. J'vais faire un tour avec les copains. »

Il y avait ce soir là comme un craquement dans l'air, comme une gravité lourde de sens, quelque chose qui susurrait à l'oreille de la mère figée de choc et de honte qu'une fois passé le porche, sa fille ne rentrerait plus jamais vraiment. Mais on n'arrêtait plus Evie.

These boots are made for walking, and that's just what they'll do...

Evie ne passa plus beaucoup de temps chez elle. Elle n'hésita pas à sacrifier une vertu qu'elle n'avait jamais prétendu avoir, n'eut aucun scrupule à faire planer un voile de honte sur la maison familiale. Elle s'en moquait. Pas qu'elle détestait ses parents, pas qu'ils ne l'aimaient pas non plus. Simplement, rien ne les reliait. La différence et le manque d'écoute avaient fini de briser la fragile entente qui régnait au foyer. Ils ne se comprenaient plus, n'y parvenaient plus, avaient surtout fini par abandonner l'idée, par abandonner peut-être l'image qu'ils se faisaient de leur petite fille. Evie était un électron libre. L'appel de l'aventure faisait battre ses veines plus profondément que l'étiquette et la mesure, poussait ses pieds vers le danger et l'entraînait dans des ennuis parfois plus gros qu'elle, mais elle s'amusait, vivait, s'épanouissait en dépit des règles de cette société pour laquelle elle n'avait pas assez de respect.

One of these days these boots are gonna walk all over you.

Parce qu'au final l'école n'était qu'un carcan de plus dans lequel elle ne pourrait jamais rentrer, et parce qu'elle avait le désir de toucher les billets que son travail aurait fait fructifier, parce qu'elle refusait d'être tenue en laisse plus longtemps, Evie fit ses bagages tôt après le lycée. Elle n'avait pas grand chose à prendre, pas grand chose à part peu d'ambition et une profonde envie de s'amuser. L'océan de la vie l'emporta, la porta vers l'épanouissement, orna sa peau de dessins immortels et fit d'elle une femme qu'on ne fréquente pas, ou si peu, une femme qu'on désire et qu'on jalouse parfois, parce que trop libre, parce que trop forte, parce que trop vigoureuse. Car si l'existence était une mer, elle avait décidé d'être pirate. La lueur vivace des vieux néons décorant le bar miteux d'une minuscule ruelle fut son phare. Evie s'y accrocha sans savoir pourquoi, fit ses armes sur le comptoir élimé, discuta beaucoup et rencontra parfois, se laissant toujours le droit d'aller plus loin, d'inviter l'homme et pas l'inverse, de bouleverser les codes pour mieux les ravir.

Et puis il y eut Lui.

Bang bang.

Elle aurait dû se méfier sans doute, de sa gueule d'ange et de son regard trop sincère, de ses mimiques gênées et de son accoutrement de gendre parfait. Elle aurait dû voir par delà les sourires gorgés d'un je-ne-sais-quoi d'incroyablement lumineux, à croire que le bonheur de ce garçon était un soleil et qu'elle était un insecte, battant des ailes sans s'en rendre compte vers un astre trop puissant qui finirait par la consumer.

I used to shoot you down.

« Je viens d'arriver, oui, j'entre demain à l'école de police. »

Et évidemment, que ce devait être un flic. Évidemment qu'elle devait craquer pour un Boy Next Door, évidemment qu'elle devait fondre pour la chemise-cravate et pas pour le T-shirt déchiré, elle qui se jouait toujours des codes, elle qui se détournait toujours du chemin tracé pour elle. Bien sûr qu'elle n'eut pu céder qu'à celui auquel on s'attendait le moins. Un éclat de rire lui traversa les lèvres comme une flèche avait transpercé son âme.

« Voilà qu'on nous ramène un flic, maintenant ! Vous entendez les gars ? Un flic ! »

Les clients s'esclaffèrent et elle avec, de ce rire un peu moqueur qui rend les gens inconfortables. Ce gars là était encore plus craquant lorsqu'il ne savait plus où se mettre, décida-t-elle, inconsciente d'être elle-même la cible d'une gueule de loup dans laquelle elle se plongeait déjà à corps perdu. Une timide demande, quelques mots perdus dans le brouhaha :

« Et tu n'aimes pas ça, les flics... ? »

Hier, elle eut répondu que non.

« Tu rigoles ? J'adore les mecs en uniforme. »

Un clin d’œil pour rendre le tout plus crédible, par curiosité aussi, pour voir ce qu'elle pouvait tirer de plus de ce joli minois plein de charme. Elle sentait qu'elle lui plaisait. Elle voulait savoir à quel point. Son cœur, déjà, criant d'une réalité qu'elle ne s'avouerait que bien plus tard, battait un peu plus vite qu'à la norme, palpitant d'une excitation anormale.

Elle obtint son prénom en deux phrases, assez fière d'elle, et d'une manière adorable qui-plus-est. Ce regard brun gorgé de sincérité devait la hanter une vie entière, elle qui ignorait jusque là ce qu'était l'Amour coiffé d'une majuscule, elle qui refusait d'être attachée. En une seconde, en un sourire, en un échange, trop tard, le prédateur avait raccroché ses crocs, le tueur avait brisé son arme, le cœur de marbre fendu de part en part pour faire surgir la lave qui désirait exploser en elle. Ce con. Pour la peine, elle lui donna un surnom.

Bang bang, he shot me down.
Elle céda sans même s'en rendre compte. Ils s'embrassèrent après quelques jours, trop longtemps pour ses lèvres brûlantes de désir, jouèrent une mélodie de séduction qui la fit languir plus que de raison, la rendirent folle d'une envie qu'elle ne comprenait pas encore. Son sourire l'emporta, ses doigts l'emprisonnèrent. Walty était son raz-de-marée, défonçant ses barrières à grands coups de douceur, écrasant ses réticences sous ses caresses. Il était beau, beau à s'en oublier, beau à en crever.

« Je t'aime. »

Les mots s'égarèrent hors de sa bouche avant même qu'elle ne s'en rende compte, éruption du cœur, écho d'un amour qu'elle percevait déjà chez l'autre. Ah, et ce sourire...

« Au fait, j'ai 19 ans, pas 21. »

Bang bang, I hit the ground

Et la danse de continuer, les pas se succédant dans des mouvements souples, caresses frôlées de deux âmes l'une contre l'autre. Ils s'écoutaient, ils s'entendaient, ils s'aimaient. C'était simple. C'était suffisant. Ce genre d'histoire de princesse dont elle avait juré de se passer, ce genre de sentiments surpuissants qu'elle avait jugés illusoires... Elle s'était perdue dedans, volontairement, absolument, un sourire aux lèvres et le cœur un peu trop plein. La vie, de ce jour, avait semblé plus colorée, plus palpitante peut-être. Walty avait composé son Tout d'un petit peu de lui, partout, toujours. C'était tellement cliché en soi, tellement stupide et inconscient, de s'abandonner, mais elle avait confiance. Elle savait. Elle savait que ce garçon, cet homme, ce petit con, elle ne le perdrait jamais. Jamais.

Seasons came and changed the time
When I grew up, I called him mine


Il mit le genou à terre et eut le culot de provoquer ses larmes, cette andouille, des larmes de joie trop mièvres pour la femme qu'elle se devait d'être, des larmes sincères surtout, des larmes comme une promesse secrète à son cœur. Tout irait bien, tout serait beau, comme ça, toujours, à jamais.

« Je t'aime, et je veux que tu t'appelles Evie Bishop...
- Il est même pas beau, notre nom, abruti. »

Et elle l'avait étreint, son émotion trahie de toute manière par les gouttes qui se répandaient sur ses joues, parce qu'elle l'aimait absolument et qu'elle voulait peut-être lui appartenir un peu. Elle le voulait, car elle savait qu'il ne lui volerait rien. Au contraire, il rendrait tout plus beau, plus fort, plus grand. Et ils seraient heureux. Ensemble.

L'euphorie dura neuf ans. Evie n'avait pas hésité une seconde à faire ses valises pour le suivre, n'avait pas eu peur une seconde de cette petite ville percluse de rumeurs et de on-dit, enthousiasmée au contraire par les perspectives qui s'ouvraient à elle. Rien ne se passa vraiment mal, ou trop peu pour la déstabiliser. Sa belle-famille était adorable – preuve étant qu'elle avait accepté une telle compagne pour l'aîné de la fratrie, aîné pourtant si parfait – bien que leur rencontre fût un moment éprouvant pour elle, et elle avait trouvé un travail immédiatement. Ils avaient trouvé un appartement, un grand logement qui avait pour seul défaut d'appartenir à un pique-sous qui vénérait l'argent plus qu'un chrétien n'honorait Dieu. Ils s'étaient perdu dans cet amour qu'ils éprouvaient, s'étaient préparé doucement à un mariage qui arriveraient un jour et serait grandiose, serait à leur image, serait parfait. Et si elle se persuadait qu'elle gardait les pieds sur terre, Evie avait plutôt la tête dans les nuages.


Le 27 octobre 1982, Walter partit au travail en prenant soin de ne pas réveiller sa fiancée. Adorable, comme toujours. Evie dormait lorsque la porte claqua, se remettant tranquillement d'une longue nuit de travail à l'Aster Clover. Ce moment, elle devait le rejouer des milliards de fois dans sa tête, changeant de minuscules détails, des petits rien qui auraient peut-être pu tout changer, mettant Paris voire le Monde en bouteille pour espérer une autre fin, un autre jour, un cauchemar ou un rêve, un mirage, une illusion, pour massacrer la réalité et la recréer sans fin. Elle aurait pu se réveiller, vouloir lui faire l'amour peut-être, lui proposer d'arriver en retard, juste une fois, ou l'accompagner au travail ce matin-là, ils auraient pu marcher main dans la main, ils auraient pu passer un moment ensemble, elle aurait pu lui faire son petit-déjeuner, l'embrasser, juste le regarder, juste le sentir, juste être là, elle aurait dû le retenir, par un moyen ou par un autre, n'importe comment, en prétextant une maladie ou simplement une envie. Elle aurait pu faire quelque chose, réagir, dire, partir, avec lui, le forcer à rester, l'enfermer, le garder. Peut-être aurait-elle dû tout changer, recommencer. Car ce matin du 27 octobre 1982, Walter Bishop n'arriva pas au travail. Ce soir du 27 octobre 1982, il ne rentra pas à la maison.

Ce matin là, au lever du jour, Walty était parti de chez lui pour la dernière fois.

Le temps s'arrêta. Elle passa une semaine sans aller au travail, prétextant tous les maux de la Terre pour attendre chez eux le retour de son fiancé. C'était stupide, c'était même complètement con, mais ça la soulageait. Se dire que c'était possible, qu'il y avait de l'espoir. Les jours passèrent. Le cendrier se remplit, déborda, se renversa. Pause. Stop. On retourne la cassette, on recommence. Encore et encore. Inlassablement. Peut-être l'ostinato des mélodies ramènerait-t-il l'être égaré, peut-être la clef du mystère se trouvait-elle dans la répétition infernale de ces actions stupides, dans l'oubli de soi au profit de cette attente, de ce supplice.

Now he's gone, I don't know why
And to this day, sometimes I cry
He didn't even say goodbye
He didn't take the time to lie


Les mois défilèrent sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. C'était fou, au final, comme la vie pouvait se ternir d'un coup, se briser sur un écueil. C'était fou comme elle était fragile, au fond, Evie, derrière ses grands airs coriaces. Son soleil était brusquement en pleine éclipse, et elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire pour qu'il revienne. Et soudain elle était redevenue une petite fille, boucles courtes épousant ses joues et regard terrifié vers le monstre caché dans le placard. Sauf que son monstre à elle s'appelait Solitude et qu'il ne se cachait nulle part. Non, cette bête là était autrement plus coriace, autrement plus douloureuse aussi. Elle venait de paire avec son amie Perte, cette connasse qui s'installait dans le cœur de tout le monde, qui les faisait abandonner des recherches qu'elle s'était jurée de poursuivre. Elle la détestait, elle aussi. En fait, Evie s'était mise à secrètement détester un peu tout le monde.

« On... L'enquête est suspendue. On doit se concentrer sur des cas qui ont plus de chances de...
- Hé bien, il fallait s'y attendre. »

Elle haussa machinalement les épaules, une cigarette éteinte traînant par delà ses lèvres, ignorant le bruit si singulier d'un cœur qui se broie. Pleurer ne servirait à rien. Pleurer n'aiderait personne, certainement pas Walty. Au lieu de ça, elle chercha d'une main qu'elle voulut stable son briquait et alluma son petit cancer en stick.

« Tu as d'autres bonnes nouvelles pour moi ?
- Je suis vraiment désolé, tu sais que je ne-
- C'était une blague, mec, t'inquiètes. Ça va.
- Evie... Viens manger à la maison ce soir, ma femme t'adore.
- Nan, nan, t'inquiètes je te dis. J'ai du taff. »

Elle avait beaucoup de taff en ce moment.

« Passe une bonne soirée. Et courage, ok ? Je sais que c'est pas facile. Occupe-toi bien des autres disparus. C'est ce qu'il aurait voulu. »

Cette expression sur le visage de son ami, de leur ami, elle la connaissait trop bien. Ce refus, cette désapprobation outrée, cette rigidité de cœur qui hurlait ''Non, tu feras comme je l'ai dit'', elle les avait vus cent fois peut-être. Oh, elle aurait même sans doute pu faire un compte à rebours pour prédire sa réaction. Mais là, elle n'avait pas la patience. Ses doigts se levèrent droits et interrompirent d'office une réponse en devenir.

« S'il te plaît. Non. J'ai besoin d'être seule. »

Le regard qu'elle adressa à l'homme était d'une rare fragilité, fenêtre vers la brèche qui s'était ouverte droit dans son âme. Il fallait qu'il la laisse tranquille. Elle voulait ce moment, elle voulait pouvoir craquer. Elle en avait le droit, bordel. Ce n'était pas trop demander.

« Evie...
- Ce n'est pas une question et je n'ai pas envie de m'énerver. »

Son visage s'était fermé d'un coup. Portes closes, drapeau en berne. Refus de coopérer, qu'ils appelaient ça, tous ces idiots. La conversation n'irait pas plus loin. Deuil ou pas, Recherche ou pas, Fiancé ou pas, la fougue d'Evie n'était pas morte et son tempérament n'avait fait que s'enflammer plus encore. On ne l'arrêtait pas. On ne l'avait jamais pu.

Lorsqu'enfin il céda, lorsqu'enfin il comprit, Evie laissa un instant de silence régner dans l'appartement. Il était grand, quand on y vivait seule. Ou peut-être était-ce simplement cette absence qui imbibait tout, rongeait jusqu'aux souvenirs qui trônaient sur les étagères. À cette idée, son regard s'égara sur les photos éparpillées dans la bibliothèque. Putain de sourire d'ange. Putain de gueule sage. Elle le détestait tellement, cet abruti, ce connard, d'être parti comme ça, de l'avoir laissée sans un mot, le haïssait plus encore de la certitude qu'il lui était arrivé quelque chose d'immensément grave. Elle le maudissait à l'idée de ne plus jamais le revoir.

« Bon, stop stop stop... »

Les mains fébriles et le cœur en vrac, elle alla fouiller un tiroir pour en tirer une substance que Walty aurait jugée illicite.

« Tant pis pour lui, 'l'avait qu'à être là. Pas vrai, Tchoupi ? »

Elle adressa un sourire amer au chat qui se frottait mollement contre un angle avant d'allumer son joint. Si son fiancé n'était pas content, il n'avait qu'à revenir.

Mais Walty ne revint pas. Et c'était idiot, sans doute, de se dire qu'une absence pouvait prendre plus de place encore que celle qu'occupait l'être aimé, l'être arraché, mais... Il était là, partout, dans toutes les habitudes qu'ils avaient eu, dans tout ce qu'il avait fait, dans tout ce qu'il aurait pu faire, dans ses doutes et dans ses craintes, dans ce qu'elle entreprenait, dans la nourriture qu'elle se forçait à ingurgiter, dans la volonté qu'elle s'insufflait. Il était là dans tout ce qu'elle faisait, dans tout ce qu'elle pensait, là comme il n'aurait jamais pu l'être, à s'en croire possédée, à s'en croire folle, à vouloir l'être peut-être. C'était idiot, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Comme elle ne pouvait s'empêcher d'errer dans la ville à la nuit venue, à la recherche de l'intangible, ombre désarticulée en quête de sa raison d'exister. C'était plus fort qu'elle. C'était plus fort que tout. Elle voulait s'accrocher, être têtue comme même la Mort ne l'était pas, croyant peut-être que la Faucheuse lui rendrait dans un élan de bonté ce qu'elle avait osé lui arracher. Espoir. Illusion. Vide. Rien. Plus rien.

Walty ne revenait toujours pas.

Elle commença à s'y faire. C'était devenu comme une routine, un quotidien bien ficelé dont elle avait compris les rouages. Se lever, s'habiller, aller au travail, travailler encore un peu, sortir, rentrer, attendre. Regarder le téléphone, se dire que c'est idiot, aller se coucher. Ne pas réussir à dormir. Sortir. Errer. Finir aux endroits emblématiques, ceux qui font mal et qui pourtant soulagent, ceux qui rappellent et évoquent, ceux que le présent a rendu incroyablement vides et qui remplissent le cœur de souvenirs. S'asseoir. Regarder. Se rappeler. Pleurer, parfois, lorsque l'obscurité nocturne permet de cacher au monde les perles traîtresses. Se relever. Rentrer. S'effondrer dans son lit. Pause. Stop. On retourne la cassette. On recommence.

Walty ne reviendrait pas.

Cette réalité vint la marquer au fer rouge un beau matin de printemps, un peu plus d'un an après la disparition de son fiancé. Evie préparait sagement un petit déjeuner, emmitouflée dans un pull qui ne lui appartenait pas vraiment mais qu'elle n'avait jamais pu se résoudre à jeter. L'odeur des œufs se répandait dans la cuisine pour mieux éveiller ses papilles, frémissantes déjà à l'idée du repas à venir. Puis il y avait eu le téléphone. La mère de Walty, une femme adorable, une femme en souffrance, comme elle, comme ils l'étaient tous, une femme qui était comme une seconde mère et qu'elle s'était jurée de soutenir.

« Oui ? Oui ça va... Et vous ? Vous êtes sûre ? Je n'en ai pas l'impression. »

Il y eut un silence au bout de la ligne.

« Vous savez que vous pouvez me parler. »

Eût-elle su, elle n'eut jamais prononcé le moindre de ces mots. Mieux valait l'ignorance que la bombe qu'on venait de faire exploser entre ses doigts. Mieux valait ne pas savoir que de se sentir submergée par les sentiments qui voulaient désormais la noyer. Tout mais pas ça.

Son corps devint rigide. Ses muscles se tendirent. Son visage se ferma. Ses doigts se crispèrent sur le combiné tandis qu'elle reprenait, d'une voix tendue comme la corde d'un arc :

« C-Comment ça, vous allez l'enterrer ? »

Elle n'en revenait pas. C'était impossible. Elle devait faire l'un de ces nombreux cauchemars complètement cons où il se passait des choses stupides et douloureuses. Elle devait être en train d'halluciner une réalité comme il n'y en aurait jamais. Elle devait voir le ciel plus sombre qu'il ne l'était vraiment. Jamais la mère de Walty ne ferait ça à son fils. Jamais. Sa voix se fit plus dure sans qu'elle ne s'en rende compte.

« Vous vous foutez de ma gueule ? »

Elle se foutait de sa gueule.

« Ce n'est pas drôle. Vous ne feriez pas ça. »

Elle ne ferait pas ça. Elle aimait trop son fils pour ça. Elle ne l'abandonnerait pas ainsi, elle ne le laisserait pas tomber dans l'oubli que lui promettait une tombe, elle ne lui ferait pas l'affront de lui offrir une sépulture vide. On ne faisait pas ça quand on aimait son enfant. On ne faisait pas ça quand on le respectait.

Mais elle, si.

Un vent de furie s'abattit sur la jeune femme, s'insinua dans ses veines, brisa son cœur pour y faire battre le plus noir des poisons. Evie serra le téléphone à l'en briser entre ses doigts. Elle avait des envies de meurtre, des envies de violence, de hurler, de frapper, de casser, de détruire, de tout refaire, de forcer le monde à écouter.

« Comment pouvez-vous lui faire ça... ? »

Ce fut la dernière phrase calme qu'elle parvint à prononcer. La réponse obtenue arracha une à une les résistances de son âme pour la faire céder à la rage, à la furie, à la plus sanguine des colères. Elle devint folle, peut-être définitivement, peut-être à jamais, et tant pis, tant pis, puisque personne n'en avait rien à faire, puisque tout le monde s'en foutait, puisque tout le monde tournait le dos et trahissait et oubliait. Ils pouvaient tous aller se faire foutre.

« VOUS VOUS RENDEZ COMPTE DE CE QUE VOUS FAITES ?! ENTERRER ?! ENTERRER ?! ET VOUS OSEZ M'APPELER ?! VOUSOSEZ ?! ALORS QUE VOUS L'ABANDONNEZ ! C'EST CE QUE VOUS FAITES,C'EST CE QUE VOUS FAITES!!! »

Evie était hystérique, Evie pleurait, pleurait sans même s'en rendre compte, hurlait plus fort que sa douleur, plus fort que sa rage, hurlait à s'en déchirer les cordes vocales, à en percer les tympans de cette mère qui avait mis le masque d'un monstre à ses yeux.

« C'EST COMME CA QUE VOUS LUI MONTREZ VOTRE AMOUR ?! AVEC UN CERCUEIL VIDE ?! VOUS SAVEZ QUOI ?! ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE ! ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE, VOUS ET VOTRE CONNERIE D'ENTERREMENT !!! JE VIENDRAI PAS ! PLUTOT CREVER!!! »

Ses mains tremblaient trop pour raccrocher le combiné, alors elle le laissa tomber. Se laissa tomber avec. Frémissante. Fébrile. Douloureuse. Brisée. Les larmes se firent torrent, sa respiration se déchira en sanglots, en sanglots de plus en plus nombreux, en sanglots trop longtemps retenus qui défonçaient le peu de défenses qu'il lui restait pour se répandre à la face d'un monde devenu noir.

Lorsqu'Evie tomba ce jour là, il n'y avait personne pour la rattraper.

Elle tint parole et ne se rendit pas à l'enterrement. Il n'y avait rien à enterrer pour elle. Pas de cadavre, pas de fiancé, pas de sourire, pas de souvenir. Ce placebo, c'était un médicament pour les vivants, mais il n'aidait pas les victimes, ne servait à rien et ne lui était d'aucune utilité. Elle refusait de participer à pareille mascarade. Toutefois, elle en était venue à une conclusion. Glaçante. Atroce. Intolérable.

Walty ne reviendrait vraiment jamais.

On venait de lui arracher tout espoir de voir cette illusion se concrétiser un jour. Il fallait faire avec. Elle l'avait toujours fait. On n'arrêtait pas Evie, douleur ou non, deuil ou non. On ne l'arrêterait jamais. Walty aurait voulu qu'il en soit ainsi, se persuada-t-elle. Walty aurait voulu la voir heureuse. Elle le serait. Tôt ou tard. En attendant, elle ferait semblant.

Elle quitta l'appartement et tout ce qu'il symbolisait. Ce qu'elle garda de Walter Bishop, disparu le 27 octobre 1982, se résumait à trois choses : des photos, un chat et une bague de fiançailles qu'elle refusait de quitter. Son emploi au pub lui plaisait trop pour qu'elle l'abandonne, la ville aussi. Elle resterait. Des excuses auprès de la mère de Walty suffirent à faire passer la pilule de l'horrible dispute. Tant mieux. C'était toujours ça de pris. Elle accepta finalement les invitations à manger, à sortir, à bouger. Une autorisation de vivre, peut-être, un peu, en attendant de se remettre.

Le temps passa, n'effaça pas les blessures mais les rendit vaguement moins pénibles. Evie avait accepté de se réveiller sans les bras chéris, de s'endormir sans aussi. Elle avait appris à vivre avec un trou au cœur et un creux dans l'âme. Difficile, mais faisable.

Et puis il y avait eu ce type. Pas vraiment canon, pas vraiment brillant, pas assez pour être comparé à Walty, jamais. Mais il y en avait eu un. Il avait un joli sourire, un sourire sincère comme on en faisait rarement, et puis il était gentil. Du moins il en avait l'air. C'était ce genre de gars un peu bourru mais plein de bon sens, avec lequel on finissait facilement mariée parce que c'était tellement plus facile. Le mariage, Evie avait abandonné. Mais après bientôt deux ans de solitude, après quelques temps d'encouragement à refaire sa vie aussi, elle eut envie de céder. Elle fut honnête, franche, directe.

« Si tu viens, tu seras mon Kleenex. »

Il se trouva que Stef' était un vrai gentil. Un vrai gentil avec un de ces cœurs plus gros que le monde et des épaules assez larges pour accepter ses cicatrices en plus de celles qu'il avait sans doute déjà. Ce n'était pas de la passion, pas vraiment, mais elle l'aimait à sa manière, au final, comme un très grand ami dont elle avait besoin. Égoïstement. Parce qu'il l'aimait, lui, elle le voyait, elle le voyait et en abusait sans doute, comme cette fille si peu fréquentable qu'elle était donc. Égoïstement, toujours. Parce qu'il aidait. Parce qu'il était là, lui, pour combler le vide de son lit de temps en temps, et puis parfois celui de son cœur. Parce qu'avec lui elle se relèverait peut-être, estropiée mais toujours debout.

En prenant son temps et sans catastrophe supplémentaire, c'était faisable.

Faisable, oui.




Bang bang.
AINSI VA LA VIE
 
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PSEUDO : Whisper ÂGE : 18 ans. PAYS : France BLABLA :  coeur  hello  :cute:  superman  
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Walter Bishop
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Walter Bishop
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MessageSujet: Re: Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]   Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] EmptyJeu 9 Nov - 22:03

Bienvenue Evie ♥️
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MessageSujet: Re: Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]   Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] EmptyJeu 9 Nov - 22:09

bienvenue parmi nous ma belle coeur
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MessageSujet: Re: Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]   Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] EmptyVen 10 Nov - 12:22

faints tellement de poésie dans ce début de fiche !!
bienvenue parmi nous Evie :red: coeur
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Invité
MessageSujet: Re: Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]   Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] EmptyVen 10 Nov - 12:26

Je t'aime déjà toi! Encore bienvenue.

Je t'attends avec impatience pour nos soirées gateaux et cours de comment éviter les haricots :p

J'ai adoré ton debut de fiche en tout cas coeur
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Evie Knott
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Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] Tumblr_oeg84rXG3L1rlnjw2o1_500
Messages : 155
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Sur ton walkman : Led Zeppelin - Immigrant Song
MessageSujet: Re: Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]   Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] EmptyVen 10 Nov - 21:41

Merci à tous ! :)
J'espère que la suite vous plaira aussi heart
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Invité
MessageSujet: Re: Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]   Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] EmptyMer 15 Nov - 10:09



       


OH. MON. DIEU. coeur
En créant le personnage de Walter, je n'avais vraiment aucune idée de ce que pourrait être le tempérament de sa fiancée. Là, je prends une grosse claque avec un personnage incroyable, une histoire poignante, touchante (je chiale dans mon amphi ptn) et franchement, c'est magnifique !
Ta plume est sublime, l'histoire d'amour entre Walty et Evie est juste ultra belle et JE SHIP PUTAIN. faints
En tous cas, Bienvenue ma Belle, j'ai hâte d'assister aux retrouvailles :perv: (Stef, tire toi, please)(j'suis méchante ohlalala)(balec je ship)



Félicitation, tu peux désormais poser tes bagages à Aster Cove et partir sur les traces du demogorgon ! Mais avant de chausser tes rangers, nous t'invitons à recenser l'avatar et le métier/niveau d'études de ton personnage.

pulp


Bienvenue sur Aster Cove ta fiche est validée !
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MessageSujet: Re: Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]   Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ] Empty

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Mauvaise fille de bonne famille [ Evie Knott ]
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