seuls à deux (darcy)

Des années qu’ils fréquentaient ce drôle de cimetière. Allez savoir, peut-être qu’inconsciemment et c’était bien triste, ils trouvaient leur compte par ici. Oubliés parmi les oubliés, ce tas d’ordures qu’on cachait loin de la banlieue, que nul regard pudibond ne saurait souffrir, ça semblait être le QG idéal, l’endroit tout désigné pour eux. Le royaume des évincés.

Darcy étira ses bras au-dessus de sa tête, réanimant ses articulations ankylosées en grimaçant avant de les laisser retomber le long de son corps. Comme un écho à ses propres réflexions, Ten avait balancé les siennes. Retenant un soupire et préférant taxer le joint de son meilleur ami, elle le porta à ses lèvres en fronçant ses sourcils.

- Putain, Ten, c’est déprimant.

Qu’est ce qu’elle était censée répondre à ça ? L’analogie entre eux et ce tas de ferrailles étaient peut-être évidentes, n’empêche, ça lui flanquait quelque frisson de la formuler à voix haute.

- Me retourne pas la tête. On s’en fou d’où ils viennent, non ?

S’hasarda t’elle a demander, indécision et angoisse dans la voix. La question de Ten était moins stupide qu’elle le laissait supposer, elle avait déjà commencé à faire son bout de chemin et foutu le bordel dans son esprit fatigué.

- Ils sont peut-être très heureux ici. Plus heureux que n’importe ou d’ailleurs. Ils ont le ciel pour plafond, ils sont entourés d’objets pourri… Pourri comme eux, je veux dire. J’en sais rien Ten, j’en sais rien. Peut-être qu’un dechet il assume pas des masses, mais il a un comité d’accueil plutôt sympa pour lui souhaiter la bienvenue ici, alors ça va. Peut-être qu’ils se soutiennent, ils sont laids, inutiles, mais ils s’en moquent pas mal ils se sont trouvés.