en travers les néons (libre)

De la crasse sur les doigts, des points noirs qui ne disparaissent pas. Et une mèche toujours sur l’œil qui donne l'air dramatique du borgne, Marlon a faim, pas mangé de la journée et l'envie d'un gros toast au bacon se fait sentir, celui qui sent le beurre rassit et le ketchup, celui qu'on ne trouve qu'ici. Ici c'est Aster Cove c'est chez lui, il n'y a rien a voir, rien à faire, faite demi-tour, que quelques histoires de gamins pour pimenter vos jours. Ne faites pas comme lui ne moisissez pas ici.
Marlon s'avance, pas nonchalant de celui qui n’a pas tout à fait fini son adolescence, un comics multicolore sous le coude, main dans les poches. Il aperçoit un regard familier.
Un sourire s'étend sans qu'il en sache trop pourquoi sur son visage maladif et il va s'asseoir en face d'elle, celle qui a un corps d'oiseau chétif, celle qui a les yeux en croissant de lune et les cheveux de la couleur de la nuit fuyante d'un jour sans étoiles.
Pas un mot pas un bruit supplémentaire, il l'a regarde, ils se regardent, ils se connaissent, au moins les vieux débris arrêteront de la dévisager maintenant que le gosse du village c'est assez à côté.
Marlon leur lance un regard noir comme lui seul peu faire, on dit qu'il ressemble à oncle Bert comme ça, il est étrange parfois. Mais il s'en fout, après tout il ne leurs doit rien à eux et leurs milk-shakes à la fraise, il ne doit rien à personne. Et Ethel est comme la terre et le ciel et parfois elle a une touche d'infini, elle est unique et sa présence est rassurante quelque part car elle est comme lui, une ombre dans cette ville, une ombre qui aimerait certainement fuir mais que les forces inconnus et les circonstances clouent au sol. C'est comme ça à Aster Cove, rien n'est simple et pourtant il n'y a pas plus banal.