it's my soul, it isn't yours anymore. (nana)

( anthem for the broken ) foyer déchiré bien avant son arrivée, décombres d’une obligation après une nuit dans les bras d’un étranger, puis cette poupée neuf mois après. y’a rien de concret dans cette existence saccadée. du début à la fin. du commencement jusqu’au jugement. pauvre môme si loin de se douter que sa vie n’aurait rien d’un conte de fée. on l’a bercé entre les hurlements et les tremblements. la formant bien trop tôt aux échos de cette société bourreau. père absent, mère abusée psychologiquement et cet enfant. fruit de la luxure et de l’usure. d’une femme prête à tout pour retenir un homme. dans le désespoir de son manque sentimental, dans l'absence d'une ancre dans sa vie instable.

( dollhouse ) et la réalisation tardive, la conclusion livide. c’est elle qui est partie la première avant que le père puisse lui faire vivre un enfer. pour cette gamine calvaire. pour garder un semblant de rationalité avant d’être brisée. la mère elle a brûlé tous ses repères pour devenir solitaire. soigner les maux désobligeants, le besoin d’attention constant. indépendance pour évincer la démence. car elle n’est plus seule maintenant. y’a cette poupée aux prunelles claires et au sourire amer. pour la maintenir, pour la retenir, pour la reconstruire...

( homemade dynamite ) aster cove, c’était l’identité de ce nouveau départ hagard. le paradis artificiel, le patelin paumé où elles sauraient se faire oublier. entre les visages étrangers et les familles décomposées. facile de s’intégrer, de cacher le passé. mais ce changement a joué sur le comportement de l’enfant. môme qui s’est renfermée, comme persuadée que cette ville était condamnée. méfiance envers les alentours, peur de tomber nez à nez avec des vautours. les monstres ne se cachent pas que sous les lits. elle en est persuadée la folie. jolie théorie que la vie va lui apprendre avec une pointe d’ironie.

( if i love you was a promise would you break it if you're honest ? ) y’a eu cette période d’inertie, sans complications ou ennuis. long fleuve tranquille jusqu’aux turbulences sans arrêt. océan démonté où elle s’est faite aspirée. la gorge nouée et les prunelles trempées. car la môme qui se cachait derrière les casiers, les pieds trainant dans ce lycée délabré, elle a mis sa garde de côté. pour un gamin joueur, adolescent arrogant qui avait besoin d’un divertissement mais qui semblait si innocent. il était charmant, avec ses traits bien dessinés et son sourire malicieux. et elle l’a pris pour une exception. une curiosité qui arrivait à lui faire lâcher quelques rires entre deux sonneries. amitié naissante et ambiguïté flagrante. à se chercher sans cesse, à jouer jusqu’à l’ivresse. ethan, il est vite devenu son meilleur ami, son seul repère dans cette folie. et elle a sombré pour lui. elle s’est même faite audacieuse la capricieuse ou naïve pour revoir son regard enflammé et ses mimiques débauchées. car elle aimait le désir qu’elle voyait dans ses prunelles abaissées, les rougeurs sur ses joues immaculées. confiance aveugle et conneries répétées. quelques photos dénudées. erreur de débutante, erreur qu’elle payera pour sa négligence. erreur qu’elle a observé sur chaque paroi des casiers avec ce joli mot pour la décorer. traînée.

( i thought it'd be easy to run but my legs are broken ) piégée. bloquée. face aux murmures, face aux étiquettes, face au mur. c’était un pari, à ce qu’il parait. il devait la baiser puis la rejeter. à croire qu’il voulait pousser le vice plus loin. l’enterrer en plus de la briser. et il mérite une mention pour ce succès, pour l’avoir manipulé pour mieux la rabaisser. il a gagné. elle a perdu. il ne l’a pas touché, mais il l’a explosé. en exposant sa nudité aux regards indiscrets, en laissant les autres l’observer avec cet air amusé. car c’est drôle de voir le malheur de quelqu’un, ça empêche de penser au sien. et elle croyait nana être une étoile dans sa galaxie mais elle n'était qu'une étoile filante. un jouet au milieu de son coffret. un petit pion facile à appâter, facile à abuser. elle n'était rien. rien de concret, rien d'abstrait. une distraction d'un instant, un loisir amusant. alors quand les jugements ont vrillé jusqu'à ses tympans, quand les rires se sont mêlés à ses larmes et qu’elle n’avait plus d’armes, elle s’est rattrapée à cette réputation donnée. elle l’a retrouvé lui, celui qui l’avait écrasé en milliers d’éclats pour son image de casanova. et elle l’a giflé de son poing, elle lui a offert sa violence à la place de son palpitant. car il n’y avait plus de pardon, juste cette confrontation. que de la haine à profusion et cette colère damnation. puis elle s’est brisée encore plus pour lui montrer son erreur. pour créer cette jalousie et cette folie. car elle l’a vu ce désir martyr, elle l’a senti cette connexion à la con. alors à son tour de subir les sentences de ce jeu pernicieux. elle a perdu sa pureté la beauté dans les draps d’étrangers, elle a offert sa virginité sur un plateau dorée. sexualité dépravée, timidité envolée. elle est devenue ce qu’on voulait d’elle. qu’une traînée à user. et ethan ne pouvait qu’observer le monstre qu’il avait crée.

( go ahead and cry little girl nobody does it like you do ) puis la liberté après le lycée. chapitre fini, pages tournées et histoire terminée. nana elle a repris sa vie comme elle en avait envie. sans chuchotements ou murmures insolents. et ce coup ci, elle savait ce qui l’attendait quand elle s’est faite engagée dans un club de drag queens. la même tourmente permanente, mais la gamine a grandi. avec ce désir d’enjôler la beauté, de la capturer sur les visages maquillés, d’exister sans avoir à se justifier. de prouver que le sexe n’est pas une barrière pour devenir ce que l’on désire. alors la nuit, elle se maquille à côté des gars, un sourire sur ses lèvres rosies.  se préparant à devenir une étoile sous les lumières bipolaires, sous les regards qui ne l’angoissent plus comme auparavant. car on ne vit qu’une fois et qu’on ne peut pas la rabaisser plus bas. et qu'ici bas, les existences semblent éphémères dans cette ambiance austère. entre disparitions et agitation, entre peur muette et méfiance fluette. quelque chose ne tourne pas rond dans cette équation. ville maudite et danger pernicieux. les regards s'aveuglent pour taire les enjeux, pour se cacher loin de la vérité. mais nana elle le sait que bientôt, ils ne pourront plus s'effacer de la réalité, quand la menace prendra place dans leurs foyers, pour détruire leurs conforts bien ancrés.