Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 Shake the disease

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MessageSujet: Shake the disease   Shake the disease EmptyJeu 31 Mai - 1:14

La veille, Andrew est rentré du funérarium plus furieux que jamais. Son père, Victoria, Jessica, Mackenzie…ils se sont tous attachés à lui pourrir la vie le même jour. Alors en arrivant chez lui, Andrew n’a pas accordé un seul regard à son père malgré sa demande de détails de la cérémonie. Dans sa colère, le fils a même pris soin de faire claquer la porte de sa chambre avec assez de violence pour faire trembler tous les carreaux de la grande maison. C’était peut-être puéril, n’empêche que les adultes continuent de le faire malgré eux, et que le message passe toujours. Andrew a eu la paix qu’il exigeait, même s’il a tout de même passé la moitié de la nuit à ruminer la journée passée avant de s’endormir, plus par épuisement que par apaisement.

Le lendemain, il se décide à quitter son lit seulement après midi. Ainsi il s’évite un repas en tête à tête avec son père. Il n’est pas naïf, il sait que ce grand relou ne sera pas satisfait tant qu’il n’aura pas entendu le récit de son fils. Andrew n’est cependant pas encore prêt à lui pardonner de l’avoir envoyé seul dans cet enfer. Il a beau y avoir pensé toute la nuit et y penser encore depuis son réveil, il ne parvient toujours pas à donner sens à ce qu’il a vécu la veille. Il se souvient avoir été furieux, dévasté, surpris et même apeuré, parfois tout à la fois. Il ne préfère pas s’attarder sur les souvenirs de sa mère que cette escapade a remués. A la place, il fait le bilan en mordant férocement dans une tranche de pain qu’il dérobe dans la cuisine.

D’abord, il y a cette haine nouvelle qu’il cultive pour Mackenzie. Cette sale pute qui lui a fait ratisser la ville pour rien, tout ça pour se pointer en retard et dans un état lamentable à la cérémonie. Après ça, il ne faudra pas qu’elle vienne chouiner en se plaignant des rumeurs que les gens s’empresseront de faire courir sur elle. Sa seule option sera de se faire passer pour une pauvre victime, faible et pathétique. Andrew secoue la tête avec mépris en avalant la moitié de son café. Il ne décolère pas, alors il note de passer chez elle pour s’expliquer prochainement. Peut-être qu’après avoir extériorisé, il se sentira mieux. Mais ce n’est pas la seule à lui courir sur le système. Il y a aussi Jessica, cette fille incompréhensible qui ne semble jamais savoir ce qu’elle veut. Un instant elle vous serre la main, la seconde suivante elle court dans les bras de son père en vous fuyant comme la peste. Elle a clairement un problème dans sa tête, et Andrew n’est pas d’humeur patiente. La prochaine fois qu’elle viendra lui pleurer dans les bras, il prendra un malin plaisir à l’ignorer de la même façon. Néanmoins, la championne de cette catégorie reste Victoria. Un instant, elle s’apprête à vous coller une tarte, l’autre elle flirte comme si elle s’attendait à passer la nuit ensemble ! Bien qu’Andrew ne soit pas forcément contre l’idée de jouer à ce genre de jeu, il doutait que Victoria soit d’humeur joueuse en ce jour bien particulier, d’autant plus après la guerre sans merci qu’ils se livrent depuis plusieurs mois.

Andrew est occupé à soupirer bruyamment lorsque Martha entre soudainement dans son repère silencieux. Le grand blond sursaute en croyant que son père l’a enfin débusqué, et lance un regard de reproche à la gouvernante lorsqu’il la reconnait. « Andrew ! Est-ce que ça va ? » Elle questionne avec un air qui semble honnêtement inquiet, mais sans aucune compassion, l’interrogé répond sur son ton le plus sec. « Non, me parle pas. » Il reporte son attention sur son repas et lui fait signer de vaquer à ses occupations plus loin, mais Martha insiste : « Mais la cérémonie d’hier…Tu devrais peut-être voir un médecin ? » Elle s’approche en lui tendant le journal. Pendant que les gros titres attirent brièvement le regard d’Andrew, elle profite de ce court instant de proximité pour l’inspecter de plus près. « Oh mais lâche moi ! » Il râle en montant le ton et quitte sa chaise pour traverser la cuisine et échapper à la femme, alors elle abandonne. « Bon… C’est toi qui vois… » Il ne semble pas si malade que ça après tout, alors elle quitte la cuisine pour lui rendre sa tranquillité.

Ce n’est qu’une fois à nouveau seul que le grand blond cesse de fusiller du regard la porte récemment fermée et s’approche à nouveau de la table. Il accorde une nouvelle attention au journal abandonné là, parce qu’il a noté que les gros titres parlent du funérarium. Et il n’en croit pas ses yeux lorsqu’il parcourt l’article rapidement. Une hallucination générale suite à une fuite de gaz ? Voilà qui explique l’inquiétude de Martha et le pétage de câble général de la veille. Ça n’était donc pas la drogue ni une intoxication qui avait déclenché l’anarchie en pleine cérémonie, mais sa théorie de la veille n’était pas si mauvaise. Cela n’explique pourtant pas qu’il ait été épargné, ni l’épisode de Mackenzie. Une part de mystère perdure donc…

Bien malgré lui cependant, ce nouvel indice déclenche de nouvelles spéculations dans sa petite tête surmenée. Quelles parties du discours de Vicky avait été honnête envers lui ? Inconsciemment, il repensait à la façon dont elle lui avait parlé, aux regards qu’ils avaient échangés, à cet instant où ils étaient revenus en arrière, comme s’il ne s’était rien passé ces derniers mois de guérilla puérile. Ça lui avait plu, il ne pouvait pas le nier complètement malgré tous ses efforts. C’est probablement ça qui le rendait encore plus furieux. Lui qui avait juré de ne jamais lui pardonner ses affronts, voilà qu’il sent son cœur s’affoler à nouveau timidement en repensant à elle. Il s’en veut et quitte la cuisine en hâte pour écouter la radio dans le salon, en espérant se changer les idées. Mais sur les ondes aussi, on parle du funérarium et des potentiels blessés. Apparemment, les choses se sont encore empirées après le début de l’évacuation.

Andrew a à peine le temps de se féliciter d’avoir quitté les lieux rapidement – en rageant au passage d’avoir été obligé d’y aller en premier lieu – qu’il sent son cœur se serrer lorsqu’il songe à tous ceux qu’il a laissé derrière lui. Vicky, bien sûr, harcèle à nouveau son esprit. Princesse, la petite chatte touffue de la maison capte sa détresse et vient piétiner son torse en ronronnant. Alors que le grand bonhomme lui offre quelques gratouilles, il pèse le pour et le contre. Finalement, c’est une pièce de sa poche qui décidera pour lui. Pile : il y va. Face : il reste sur ce foutu canapé.

Pile.

Pendant de longues minutes, il fixe l’entrée avec angoisse. La décharge est silencieuse et aucune trace de la moindre présence n’est visible depuis le parking. C’est la mère de Victoria qui lui a dit que sa fille avait quitté la maison depuis plusieurs heures sans dire où elle allait. Elle était restée vague sur le récit de ce qui s’était passé après son départ, mais apparemment, l’hallucination collective avait mal tournée, au point que cet abruti de Walter avait sorti son flingue. L’incompétent de service, toujours bon à se faire remarquer celui-là !

La décharge, c’est le refuge de Vicky depuis longtemps. Depuis toujours même, probablement. Toutes les crises sérieuses trouvaient leurs solutions ici pour elle. A croire qu’elle avait trouvé le secret pour se débarrasser de ses problèmes au milieu du bordel abandonné. Pendant un moment encore, Andrew reste immobile, assailli des souvenirs passés ensemble dans cet endroit tranquille et toujours désert. Et puis il finit par perdre patience. S’il ne rassemble pas son courage, autant rentrer directement et faire comme s’il n’était jamais venu. Putin Andrew ! Soit un homme bordel ! C’est pas le moment d’avoir peur d’une petite blonde, aussi reloue soit elle !

L’instant d’après, Andrew traverse la décharge d’un pas tranquille, les mains dans les poches. Il ne dit rien et ne signale pas sa présence. Il aurait l’air con à appeler Vicky si elle n’est pas là. Depuis des mois, il n’est plus sûr de vraiment la connaître. Il n’est même pas sûr de l’avoir connue un jour, comme si depuis le début elle avait joué un rôle pour se rendre populaire. Et puis le jour où elle en avait eu assez de se jouer de tout le monde, elle avait jeté ses meilleures amies comme de vulgaires bouche-trous. Elle l’avait jeté lui, avec le même manque de considération. Comme si rien n’avait eu de valeur à ses yeux.

Destin cruel, c’est au moment où le grand blond commence à regretter d’être venu que son regard se pose sur la chevelure qu’il connait bien. Alors il se fige. Victoria n’a pas encore l’air de l’avoir vu. Il prend une minute pour l’observer de loin, mais il n’est pas sûr de savoir ce qu’elle fait exactement. Au moins, elle n’est pas avec ce looser de Isha. A cette idée, Andrew s’agace tout seul comme un abruti. Alors il décide de signaler sa présence en shootant dans un caillou pour le faire rebondir bruyamment sur une tôle d’acier. Lorsque son regard croise celui de Victoria, il se perd immédiatement dedans et regrette de ne pas avoir préparé de discours. Il y a quelques minutes, il trouvait cette idée ridicule. Préparer un speech ? Et pour quoi faire ? Ce n’était certainement pas à lui de s’excuser, fuite de gaz ou non ! Sauf que voilà, maintenant, c’est lui qui est ridicule, à rester parfaitement silencieux à quelques pas d’elle. « Est-ce que ça va ? » Il demande, avant de se rappeler la colère qu’il a ressenti lorsque Martha lui a posé la même question un peu plus tôt. « J’ai lu le journal, ta mère m’a un peu raconté. » Il s’empresse d’expliquer, sans savoir quoi ajouter d’autre. L’aveu qu’il vient de faire est déjà de taille. Andrew Dean s’inquiète pour Victoria. Ça c’est un scoop qui mérite la première page.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyVen 6 Juil - 0:37



Shake the disease
Vickandy
J'avais dormi à peine deux heures cette nuit là. Prémices d'une longue période d'insomnie pour ma gueule. J'avais été plongée de cauchemars en cauchemars, comme si quelqu'un s'amusait à me sortir la tête de l'eau pour mieux me noyer à répétition. Le monstre de l'église était là. Le clown était là. Le flingue était là. Et au final, je m'étais réveillée en sursaut, avalant désespérément l'air, sortant d'une apnée terrifiante. Il manquait plus que Freddy Krueger et la parade de mon subconscient était au complet. Et dire que j'avais eu la "peur de ma vie" après avoir été regarder ce film au drive-in avec Andrew à l'époque. À cet instant précis, je ne m'étais jamais sentie aussi proche de Nancy Thompson.
Je n'ai pas compté le nombre de fois que j'ai tourné dans mon lit. Fiévreuse, haletante, mes espoirs devenaient vains et mon énervement, total. Je finis par en piéger mon visage dans l'oreiller, l'inondant de larmes impuissantes. Cette soirée. Cette putain de soirée de l'enfer. Et la nuit... elle me paraissait double. C'est une sorte de torture de faire paraître le temps si long dans ces moments ?

À cinq heures, j'étais devant la télé. J'avais abandonné. Au moins les images à l'écran me changeraient de celles qui défilaient en boucle dans ma tête. Monstre. Clown. Canon de flingue. Monstre. Clown. Canon de flingue. Monstre. Clown. Canon de flingue. Monstre. Clown. Canon de flingue. Monstre. Clown. Canon de flingue. Stop.
La télé marchait plutôt bien. Elle me maintenait dans un état léthargique. Elle avait brisé la boucle. Elle projetait sur mon visage des ondes bleuâtres plutôt rassurantes. C'était tout ce dont j'avais besoin. Vers huit heures, ma mère et mon frère accompagnèrent les premiers rayons du soleil. On ne me questionna même pas sur le pourquoi du comment de ce que je foutais là. C'était évident. Je répondais à peine à leurs semblants de conversation matinale. La télé me paraissait former une nouvelle boucle en elle-même, me faisant tourner la tête, à m'en donner la nausée. Je finis par me lever et me préparer comme je pouvais. Et je sortis. J'avais besoin d'air. C'est ce que j'avais dit.

Le vélo. Vite. Le sanctuaire. Ça faisait longtemps. Enfin j'avais l'impression. C'était le seul endroit où j'étais sûre d'être seule. J'en avais besoin. C'était stupide, mais il m'apaisait cet endroit. Il était surréel. Dans une autre dimension.
Alors je m'étais mis à mon endroit de l'endroit. Le bus abandonné de la décharge. Il transpirait la liberté. Dans sa mort, il avait encore l'utilité de me réconforter. Comme une grosse créature pleine de sagesse et de rouille. La neige l'avait recouvert, mais elle fondait déjà par endroits. Il n'avait pas neigé après la soirée d'hier. Comme si le temps s'était arrêté au même moment que... Bref.

Posant mon vélo contre une des grosses roues du mastodonte jaunâtre, j'escaladai le bus pour monter sur le toit. La neige rendait le tout glissant, mais je réussis à ne pas me casser une jambe malgré ma fatigue. Arrivée sur le toit, je m'assis, faisant pendre mes jambes au-dessus du pare-brise fissuré. Puis, enfilant la capuche de mon sweat, je m'allongeai parmi le blanc des flocons qui recouvrait la crasse. Il y avait toujours quelques oiseaux qui chantaient à cette période. L'endroit était encore plus magique en hiver. Enfin, j'avais la paix. J'étais bien. Je respirais vraiment.

Et pourtant.
Je n'arrivais toujours pas à dormir.

Je restai là un moment. Je n'avais pas pris mon walkman, et je ne le regrettais pas. Même écouter de la musique me semblait... inutile. C'était vraiment un moment critique de mon existence... Par contre, il y avait quelque chose qui m'était nécessaire, là, tout de suite. J'avais bien fait d'en emmener un paquet. Me redressant finalement, j'enlevai ma capuche humide pour laisser mes cheveux à la merci du vent, et pris une cigarette du paquet dans ma poche, ainsi qu'un briquet. J'entendis le bruit réconfortant du feu s'allumer. Je laissai griller le bout.


*TCHinG*


C'était quoi ce bruit ? Je levai les yeux. Andrew. Je bloquai un instant. ... Lui aussi ? ... Je sais pas. Encore un tour du temps qui s'étend dans des moments... bizarres.
Andrew ? Qu'est-ce que... C'était bien la dernière personne à qui je m'attendais de voir aujourd'hui. Vu comment il était parti hier... Vu comment je l'avais pas rattrapé non plus. Mh. Je le regardai, clope au bec, perplexe. J'avais même pas la force de froncer les sourcils.

« Est-ce que ça va ?

Il connaissait la réponse à la question. Ça, ça voulait juste dire bonjour. Mais bon, j'avais pas la force de sourire non plus. Et pourtant... C'était con, haha. Mais c'est vrai qu'il y avait que lui pour penser à me trouver ici. Ah...
En guise de réponse, je lui balançai - amicalement, contre toute attente - mon paquet de cigarettes. Autant qu'il m'accompagne, tant qu'il était là. Je fumais pas tant que ça à vrai dire, et, en plus d'être ici, avec probablement des cernes plus longues que mes bras, ça traduisait pas mal mon état mental.

- Comme ça, fis-je en gardant le filtre collé à mes lèvres.

- J’ai lu le journal, ta mère m’a un peu raconté.

J'ai cru que la clope allait me tomber sur le pantalon. ... Ma mère ?! D'où il. Il avait été voir ma mère. Il avait été chez moi. Oh... D'accord.
Donc Andrew Dean s'inquiétait, maintenant. Wow. C'était la journée surprises à gogo aujourd'hui. Bientôt il allait me sortir un chèque d'un million et faire sortir les caméramans de derrière les voitures en miettes ? Haha. Non, mais... D'accord... Je savais pas trop comment gérer ça, là maintenant. C'était chiant, en fait, de se retenir de sourire. Surtout avec deux neurones restants. Mais. Ouais. J'avais pas envie de lui avouer. Mais ça me faisait vachement plaisir. Un peu trop, d'ailleurs... T'emballe pas, Vicky... Ton sourire il remonte dans tes yeux. C'est pas bon...
Je pris la première taffe juste avant que la cigarette s'éteigne. Merde, elle venait à point nommé, celle là. Que la nicotine fasse redescendre cette idiote sur terre !

- Elle veut qu'on aille à l'hôpital cet après-midi, agrémentais-je d'un petit rire sarcastique.

J'avais légèrement dévié le sujet, rapport à ma survie. J'y croyais tellement pas à cette histoire de fuite de gaz... C'était possible, une fuite de gaz incolore, inodore ? Inexistante.

- T'es reparti au bon moment, hier... continuai-je avec un petit sourire pas très heureux. J'étais un peu soulagée qu'il ait pas eu à vivre ça. Mais... Et t'avais évité le pire aussi...

Mais... C'était ça qui était chiant. Pour une fois. Pour une fois les choses commençaient à prendre forme (pas que j'en sois heureuse, au contraire...), et même à ce moment là, eh ben... Andrew me croirait jamais. Je le connaissais... Même si toute la ville clamait un truc, si Andrew était persuadé du contraire, il trouverait toujours quelque chose à dire dans son sens. Ça faisait partie de son charme... agaçant... j'imagine. En tout cas, c'était suffisant pour que je ne m'étale pas sur le sujet.

- 'Fin bref. Tu devrais pas plutôt aller consoler "Jess" au lieu de t'embêter avec moi ? »

P'tain, j'avais à peine réussi à cacher ce que ça me faisait sous une fine couche d'amertume. C'était presque trop triste... Ouais nan, plus je repensais à ce que je venais de dire, moins je me disais que j'avais réussi mon coup de la fille insensible. Tant pis... J'avais plus qu'à espérer qu'Andrew prenne la mouche et me fasse une de ses fameuses sorties grandiloquentes. Même si... non, j'en avais pas envie. J'allais peut-être même le retenir s'il me faisait ça, cette fois... Et j'avais parlé de Jessica... Bordel. Je me détestais.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyMar 10 Juil - 1:58

Andrew attrape le paquet que lui lance Victoria et la fixe un court instant avant de sortir une cigarette sans discuter. Le geste est une preuve d’ouverture au dialogue. Voilà un long moment qu’ils n’ont pas échangé de cette manière, et le grand blond a la vague impression d’émerger d’un long cauchemar. Il s’interdit pourtant le moindre espoir et s’oblige à allumer sa cigarette dans la plus grande indifférence. Depuis ce que lui a fait Vicky, il sait qu’il ne doit surtout pas s’emballer avec elle. Considérer les choses comme acquises, ce serait faire une grossière erreur qu’il s’est interdit de renouveler.

La jolie blonde explique qu’elle a rendez-vous à l’hôpital avec sa mère. Sa voix ne cache pas son agacement, elle n’a clairement pas envie d’y aller. Dans une autre vie, Andrew aurait probablement pris la peine de la persuader. Il l’aurait convaincu que la visite ne durerait pas longtemps, qu’elle rassurerait sa mère, et qu’ils auraient le temps de s’offrir un milkshake après. Néanmoins, pour ne pas trahir la moindre de ses pensées, l’héritier Dean souffle longuement la fumée de sa cigarette et reste silencieux, le regard pensif fixé au sol.

Lorsque Vicky aborde immédiatement les évènements de la veille en lui assurant qu’il est parti au bon moment, Andrew relève les yeux, soudain sceptique. Il s’est passé beaucoup trop de choses étranges pour le peu de temps qu’il est resté. Mais la vraie raison de son départ, c’était elle, cette petite tête blonde qui avait encore le pouvoir de jouer avec ses sentiments. Il s’était cru en plein contrôle. Il l’avait haï avec tellement de force ces derniers mois qu’il ne la pensait plus capable de l’atteindre autant. Pourtant, il ne lui avait suffit de prononcer que quelques mots, quelques petits mots stupides qui faisait allusion à une vraie complicité perdue, pour plonger Andrew dans une nostalgie douloureuse.

Victoria McNamara. La seule fille dont il est vraiment tombé amoureux. La seule fille qui savait vraiment le faire rire, le mettre à l’aise, et le comprendre tout à fait. C’était la fille parfaite. Il l’adorait en tout point. Il avait eu plusieurs conquêtes, c’est vrai, mais aucune n’avait pu égaler la belle blonde. Elle restait la seule et l’unique. Même s’il peinait parfois à l’avouer, il aurait tout fait pour elle. Tout donné, tout abandonné. Et elle, c’est lui qu’elle a abandonné. Lâchement, furieusement, elle a rompu tous les ponts et s’est lancé dans les bras d’un autre – cet enfoiré d’Isha. Ce jour-là, Andrew avait perdu une partie de lui-même. Il avait pleuré des heures durant, étouffé par le désespoir. Inconsolable, brisé sans s’y attendre par la première femme de sa vie, son chagrin s’est doucement muté en colère sombre. Une colère féroce et cruelle, qu’il a cultivé avec soin jusqu’à se persuader qu’il n’avait pas besoin d’elle. Il s’est refermé comme un coquillage assailli dans une forteresse imprenable. Il s’est convaincu que plus rien ni personne ne pourrait l’atteindre comme elle l’avait fait. Il en avait bien sûr laissé d’autres partager un moment de sa vie, mais il ne s’était jamais attaché à elles comme avec Vicky. Il ne serait plus jamais le même, il se l’était promis. Victoria avait brisé quelque chose d’irréparable. Il ne serait plus jamais comme avant.

« Ouais. » C’est la seule réponse amère qu’il daigne lui faire. Il est furieux contre lui-même de devoir lutter si ardemment contre la douce envie de reconquérir Victoria. Il s’était promis d’enterrer tous les bons souvenirs qui pouvaient lui causer la moindre douleur. Pourtant, c’était triste à dire mais il avait suffi de quelques mots à la jeune étudiante pour bouleverser tout ce mince équilibre auquel le jeune Dean était parvenu. Andrew se déteste d’accorder autant d’importance à cette fille qui joue avec lui alors qu’il peut en avoir tant d’autres. Il se sent terriblement vulnérable face à elle et voudrait pouvoir la serrer dans ses bras, ou bien la voir disparaître pour de bon de sa vie.

Il hésite, en proie à une lutte intérieure sans merci, lorsque Victoria lui fourni la réponse. Qu’est ce que c’est que ce bordel ? Le grand blond a relevé un regard stupéfait et outré sur Vicky. « Quoi ? » Il questionne sur un ton choqué alors qu’il a parfaitement entendu, et parfaitement compris. Elle vient de se permettre de lui faire une réflexion sur Jess – qu’il avait trouvé bien plus choquée qu’elle la veille – après tout ce qu’elle lui avait fait ?! Il y avait tellement d’autres filles dont elle aurait pu légitimement se sentir jalouse. Mais Jess ??? Il n’a fait que lui apporter le soutien indispensable d’un ami. Il aurait dû la laisser pleurer dans son coin pour faire plaisir à mademoiselle McNamara qui l’avait jeté comme une vieille merde ? Ah non Victoria, pas de ce petit jeu avec un Dean !

« T’es sérieuse Vicky ? C’est quoi ton problème avec Jess ? T’es jalouse ? » Il contre-attaque aussitôt sur un ton provocateur, en la fixant droit dans les yeux. Putain après lui avoir servi du Monsieur Dean de la manière la plus inattendue qui soit, voilà qu’elle refout la merde en se prenant la tête pour que dalle ! Cette fille ne comprend vraiment rien à rien ! Il n'a fait que s'inquiéter pour Jessica. La seule fille qui comptait vraiment, c'était elle, cette petite blonde tête de nœud. Mais victime de la plus grande des injustices, cette ultime agression achève les rêves de réconciliation d'Andrew une bonne fois pour toutes. Dans un mouvement de colère, il jette la cigarette au sol avant de poursuivre. « Franchement je comprends rien à ce que tu veux. Pourquoi tu me casses la tête avec Jessica alors que tu as fait bien pire avec Isha ?! C’est quoi ton délire ? » Plus il parle et plus le ton monte avec la colère. Enfin, il caresse l’occasion de vider son sac. L’opportunité de se venger de cette souffrance unique est à sa portée. Il veut la blesser comme il l’a été. « Tu veux qu’on fasse la compet’ de celui qui a le plus de conquêtes ?! » Il questionne en ouvrant les mains comme s’il n’y trouvait aucun sens. « T’es vraiment qu’une gamine, grandi un peu ! » Il finit par déclarer en secouant la tête, désabusé, définitivement déçu par son premier amour. « Tu sais quoi, je sais même pas ce qui m’a pris de venir là ! »  Il se sent obliger de rajouter, pour qu’elle n’aille surtout pas se faire des idées. Il ne la laissera plus jamais croire qu’elle peut avoir une quelconque influence sur lui. C’est une promesse. A partir de maintenant, Victoria McNamara ne compte plus, pour de bon. Les espoirs sont morts et enterrés, avec les ordures de la décharge.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyMar 10 Juil - 12:28



Shake the disease
Vickandy
Visiblement, la conversation n'allait pas tourner sur ce qu'il s'était passé hier. Ça m'arrangeait un peu, à vrai dire. J'avais même pas fini de tout comprendre dans ma tête. Alors pour en parler... ça allait demander plus que ça.

« Quoi ?

La bombe Jess. Oops. Je pensais quand même pas qu'il allait s'en offusquer. Qu'est-ce que je devais en penser moi ? Je le regardai d'un air un peu inquiet, consciente que j'avais fait une bêtise sur ce coup. Ça arrivait tellement vite.

- T’es sérieuse Vicky ? C’est quoi ton problème avec Jess ? T’es jalouse ?

J'émis un grognement en roulant les yeux. C'est bon, Andrew était énervé. J'avais tenu quoi ? Deux minutes ? Un temps record.

- Rah mais non... ça me surprend c'est t...

- Franchement je comprends rien à ce que tu veux. Pourquoi tu me casses la tête avec Jessica alors que tu as fait bien pire avec Isha ?! C’est quoi ton délire ?

Ah puis, il était parti au quart de tour, quoi. Même pas le temps d'en placer une. Et maintenant il était en train de me lancer des piques ? Il attendait n'importe quel mot pour pouvoir me le retourner en pleine tronche ou quoi ? Je me redressai davantage, assez outrée.

- Hey ! N'importe quoi, ça a rien à...

- Tu veux qu’on fasse la compet’ de celui qui a le plus de conquêtes ?!

... Alors là, il allait trop loin. Les yeux grands ouverts, je ne tentai plus d'avoir une conversation. Ma mâchoire se serra, je grinçai des dents. C'était très, très dangereux de poser cette question, Dean. Personnellement, je savais déjà qui avait gagné cette "compet'" haut la main. Conquêtes... Donc Jess...

- T’es vraiment qu’une gamine, grandi un peu !

Mes yeux se métamorphosèrent en deux fentes. C'était vraiment l'hôpital qui se foutait de la charité. Comment il faisait pour être aussi insupportable, putain ?! Sans me rendre compte, je tremblais, sur le point d'écraser ma cigarette entre les doigts tellement j'étais crispée. Il avait le don, il avait le putain de don...

- Tu sais quoi, je sais même pas ce qui m’a pris de venir là !

- Ouais, franchement, je sais pas non plus ! répondis-je au quart de tour. J'avais haussé le ton de ma voix, sans espérer avoir le dernier mot, m'attendant à ce qu'il me coupe une nouvelle fois. Mais non. Alors la suite de ma phrase fut beaucoup plus calme. Franchement, t'as vraiment fait tout ce chemin pour venir me reprocher des trucs ? Sérieusement...

Je remis ma cigarette meurtrie dans ma bouche. Une engueulade express avec Andrew et j'essayais déjà de contenir que j'étais dans tous mes états. J'avais mal, dans tellement d'endroits. C'était dur d'être lucide à travers la douleur. Et je savais pas trop qui était mon vrai ennemi, ici. Andrew ou tout ce que je pensais ? Tout ce qui m'étouffait. Mais c'était pas comme s'il me facilitait la tâche... Sa voix me perçait en plein cœur. Ses yeux fusillaient mon âme, et ça fonctionnait parfaitement. J'étais... une loque. J'arrivais plus à encaisser tout ça. Au bout... j'étais au bout. Je finis par soupirer, puis glissai sur le pare-brise pour descendre du bus. Geste que j'avais fait des millions de fois.
Je me mis à côté de la roue géante, tirant une bouffée sur ma seule alliée. J'avais l'impression d'avoir lâché prise rien qu'en écoutant ma propre voix...

- Je suis fatiguée, Andrew... J'en ai marre de nos embrouilles, de... Je sais plus comment me comporter avec toi. Je suis perdue...

Je portai ma main à mon front, comme pour stopper ce flot de paroles douloureux. Je m'étais pas autant ouverte à lui depuis... des mois ? Je savais plus. Mais je pouvais plus faire autrement.

- Tu parles d'Isha, mais tu t'en est fait une montagne. C'était tellement... rien. J'émis un petit rire amer, dénué de tout humour. On a flirté vite fait, et on s'est embrassé à une soirée. Et tu sais ce que j'ai ressenti ? Je tournai la tête en direction d'Andrew sans pour autant le regarder dans les yeux. Rien. Absolument rien.

Je reculai ma tête jusqu'à toucher la tôle du bus, dans un bruit métallique. Ça me paraissait tragique, en fait. À ce moment là, c'était comme si j'avais compris que je ne pouvais ressentir rien d'autre si Andrew n'était pas dans l'équation. Aussi cul-cul que cela pouvait paraître, je me sentais piégée par mes propres sentiments. Putain... J'avais essayé et... j'avais totalement perdu. Les yeux dans le vague, je sentis cette sensation me prendre à la gorge une nouvelle fois. C'était censé être aussi douloureux de ne pouvoir être qu'avec une personne sur Terre ?

- On s'est pas revus depuis. Pas reparlés ni rien. C'était rien du tout... Pas comme...

Pas comme toi qui m'a trompée je sais même pas combien de fois. Pas comme toi qui te tape plein de gonzesses dès que t'es plus avec moi. Aïe...
Je me laissai glisser contre la paroi du bus jusqu'à me retrouver assise au sol, parmi les gravillons, le restant de neige et les touffes d'herbes folles grisâtres.

- J'aurais pas dû parler de Jessica. Désolé. C'est juste que... je m'attendais pas... à ça...

Je m'attendais pas à ce que voir une partie de ta nouvelle vie me fasse autant de mal la nuit. Je m'attendais pas à ce que tu puisses tenir à quelqu'un comme ça. Peut-être parce que j'aurais encore voulu que ce soit moi. Peut-être que, ouais, je suis jalouse... Et je peux pas en décider autrement...
Je sentais mes yeux se remplir dangereusement de larmes. Désespérément, je m'accrochai à ma cigarette et emplit mes poumons de fumée, écrasant les mots, les pensées, et la boule qui nouait ma gorge. Puis j'évacuai. Toutes ces pensées négatives, tout ce qui me rongeait, tout ce qui inondait mon oreiller, dans des volutes blanches hypnotiques. Si seulement c'était si facile...

- Bref... j'ai pas la force de me battre avec toi aujourd'hui.

Ça pouvait vite se voir. J'avais l'impression d'être une coquille vide. Douloureuse, mais réduite à néant. J'avais rien digéré de tout ça, ni de ce qui s'était passé dans l'église. Mes yeux écarquillés dans le vague avaient encore la peur imprimée sur les pupilles. À ce moment, je savais pas trop comment j'allais en ressortir, de ça. Ça allait être dur. Très dur.
À côté de ça, les blessures d'Andrew étaient presque douces. Ce qui était effrayant, c'est que j'aimais ça, en partie. La nicotine... c'était lui. Quelle conne. En parlant de ça, je me souvenais du geste qu'il avait eu envers la cigarette. Pas cool.

- Gâche pas mes cigarettes, comme ça... Ou prends-en une autre. »

Je le regardai enfin. C'est ce qui me faisait peur, aussi. Dans tout l'agacement que je pouvais ressentir envers son être, toute la haine à peine enfouie, il était parfait. Pourquoi ? Je regardais ses grands yeux bleus qui glaçaient le sang... et pourtant ils avaient le don de me réchauffer même en plein mois de février. Je regardais son nez, ses traits parfaits, et j'avais envie de mourir. Et... je n'allais même pas parler de sa bouche.
Tendant mon briquet vers lui, je l'allumai pour qu'il en grille une avec moi, affichant un minuscule sourire fatigué. Le calumet de la paix... Rien que pour cette fois... C'est tout ce dont j'avais besoin aujourd'hui.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyDim 15 Juil - 16:54

Andrew n’a même pas le temps de faire un volte-face dramatique dont il a le secret que déjà Victoria lui répond en hurlant presque. Stupéfait par cette répartie soudaine, le grand blond est figé dans son geste. Ces quelques mots lancés avec colère lui font cependant l’effet d’un coup de poignard. Elle ne sait pas non plus ? Elle n’a pas la moindre idée de la façon dont elle le hante continuellement ? Elle ignore qu’en chaque fille qu’il laisse approcher il cherche les traits qui lui rappellent Vicky ? Elle ne devine pas qu’il ne s’est jamais vraiment remis de leur rupture soudaine et violente, et qu’il n’est plus le même depuis ? Elle ne sait pas toutes ces choses, et quand elle lui avoue par ces mots, Andrew comprend qu’elle ne sait rien de lui. Elle ne sait rien de tout l’amour qu’il a encore pour elle malgré tout ce qu’elle peut s’imaginer. La solitude qui l’éprouve alors le cloue dans le silence. La jeune McNamara en profite pour continuer.

Elle l’interroge sur le but véritable de sa venue et Andrew ne peut que répondre par un regard mécontent. Il y a longtemps qu’il ne trouve plus de satisfaction en l’accablant de reproches. Même son petit jeu avec Mackenzie s’essouffle car chacun souffre encore de l’absence de la jolie blonde. Celle-là même qui décide finalement de descendre de son perchoir pour le rejoindre au sol. Andrew la regarde glisser paresseusement sur le pare-brise sans dire un mot. Il est blessé et rêve de s’enfuir, mais en même temps pendu aux lèvres de Victoria dans l’attente de ses prochains mots. La crainte d’une sentence irrévocable le ferait presque trembler, mais le ton soudainement plus calme qu’elle avait pris l’interpelle tout de même et le force à y croire, ne serait-ce qu’un chouilla.

La fatigue qu’elle exprime alors à son sujet lui serre le cœur. Il voudrait combler les quelques pas qui les sépare encore et la prendre contre lui en la couvrant d’excuse et en la rassurant. Il voudrait lui faire croire à nouveau que tout ira mieux. Mais la violence avec laquelle elle l’avait repoussé la dernière fois qu’il avait tenté quelque chose lui reste encore bien vivement en mémoire, alors il se contente d’un léger soupir, fixant le sol en passant une main embarrassée dans ses cheveux. Il se sent terriblement idiot d’y avoir cru seulement parce que Vicky avait daigné lâcher quelques mots en sa faveur. La déception qu’il éprouve alors l’obnubile tant qu’il n’écoute déjà presque plus Vicky. Il a cessé d’y croire. C’est un dernier mauvais moment à subir. Le dernier.

Rien. Ce dernier mot lui fait l’effet d’un choc électrique. Il est arraché à ce monde froid et sans couleur sans s’y attendre. L’impression de regagner enfin la surface après une longue noyade dans un océan déchaîné se répand dans tout son corps. Le soulagement détend enfin ses muscles alors qu’il pose à nouveau des yeux stupéfaits sur Victoria. Est-ce qu’elle est sérieuse ? On pourrait presque voir les pupilles d’Andrew trembler d’espoir lorsque Vicky commence sa phrase, mais aussitôt a-t-elle engagé le début de ce qui semble être un reproche, déjà les pupilles se sont posés sur une carcasse de voiture un peu plus loin. Vicky se laisse tomber par terre et elle a l’air aussi mal que lui, pourtant Andrew ne peut plus se résigner à la consoler. Il reste obstinément silencieux, en attendant le signal du départ.

Lorsqu’elle en revient à Jessica, il lui semble que c’est le bon moment. Il relève des yeux fâchés vers elle puisqu’elle refuse définitivement de le voir autrement que comme un playboy sans empathie. Alors soit, lui aussi est fatigué d’essayer de la persuader du contraire. Il en a assez de se défendre contre ces interprétations injustes. Il n’est certes pas un ange, mais il en a marre de toujours courir après le pardon. Après tout, Vicky n’est pas des plus innocentes non plus malgré ce qu’elle essaye de lui faire croire. Jessica, elle au moins, ne lui prend pas la tête sur ses autres fréquentations. Il ne risque pas le jugement au moindre malentendu et peut profiter des bons moments avec elle sans se questionner sans arrêt sur ses autres activités. Alors que Vicky souffle sa fumée, Andrew plonge les mains dans ses poches et s’apprête à cracher sa rancœur. Mais comme si Victoria avait pu le deviner, elle interrompe sa première syllabe en concluant par une phrase qui lui fait refermer la bouche. Elle ne veut pas de combat. Très bien. Les choses sont dites de toute façon. Le jeune Dean ne voit pas d’autre raison de s’attarder là mais Vicky le retient encore, à sa grande surprise. Elle lui propose une autre cigarette – la première ayant connu un destin tragique. Andrew s’apprête à refuser, préférant la laisser seule à son ras-le-bol général qui n’est visiblement pas terminé, mais elle insiste en tendant un briquet allumé vers lui. Alors ses yeux passent du briquet à elle, et leurs regards se croisent.

L’héritier Dean y lit tellement de fatigue et de douleur qu’il prend une cigarette sans discuter. Juste une. Il l’allume, se laisse tomber à côté de Victoria, et ne daigne enfin parler qu’après avoir tiré une première fois sur la cigarette salvatrice. « C’est vrai que t’as une sale tête. » Il commente sans moquerie parce qu’il ne trouve rien d’autre à dire. Oui, Victoria a l’air à bout de force et ça ne lui fait pas plaisir de la voir comme ça. Il ne se sent plus légitime à la rassurer et à la protéger, et pourtant il se sent obligé de préciser : « Tu devrais pas rester là tu vas chopper la mort par-dessus le marché. » Il hésite un court instant et ajoute : « En plus tu devrais pas t’exciter comme ça pour Jessica. » Sa remarque n’a pas grand-chose à voir avec le froid de la décharge, mais il a l’impression que cette information aura de l’importance pour Vicky. Il ne ment qu’à moitié car Jessica n’est pas rien à ses yeux. Pourtant, il ne la considère pas de la même manière que Victoria. Ils partagent les mêmes blessures et s’apprivoisent par ce fait à leur façon, voilà tout. « Elle m’a raconté pour sa mère une fois et…tu vois. » Le sujet du suicide reste tabou pour Andrew, mais Victoria le sait bien. Pour sûr, le grand blond n’en dira pas plus, le regard perdu au loin. « Elle était juste pas bien hier. Y’a jamais rien eu entre elle et moi. » Il tient à être aussi explicite que Vicky l’a été au sujet d’Isha. Se dire qu’ils ont juste été bêtes de ne pas se parler plus tôt, c’est triste mais salvateur en même temps. Victoria a raison, ils ont attendu ce moment trop longtemps et les choses se sont envenimées pour….rien ?

« Tu sais… » Il hésite, tous ses muscles sont tendus, il ne respire plus pendant qu’il réfléchit à mille à l’heure et même son cœur semble oublier de battre pendant cette seconde qui passe à toute allure et trop lentement à la fois. « Tu me manques Vicky. » La confession qui lui a demandé tant d’efforts est finalement sortie le plus naturellement du monde. Il se sent soulagé d’un poids infiniment lourd et tremble en même temps d’entendre la réponse de la belle blonde. Il tire à nouveau sur sa cigarette et lui jette un léger coup d’œil. Il sent son cœur battre trop vite, beaucoup trop vite, comme la première fois.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyJeu 19 Juil - 22:29



Shake the disease
Vickandy
Il avait pris la cigarette. J'affichai un petit sourire satisfait, assez soulagée que pour une fois nous ne nous sautions pas à la gorge comme des bêtes enragées. Ça changeait un peu.

« C’est vrai que t’as une sale tête.

Il était sérieux, mais sa remarque ne put m'empêcher d'émettre un léger rire nasal. J'imaginais bien que mon état était pas beau à voir. Pas très flatteur en soi, mais c'était la vérité. Andrew avait sûrement abdiqué pour pas se faire manger par le zombie que j'étais devenu. Mais malgré mon rictus amusé, il n'avait pas idée de tout ce qui se cachait derrière mes traits tirés par l'épuisement. Et... à ce moment là, je ne savais pas trop s'il fallait qu'il le sache. Dire ce que j'avais sur le cœur n'avait jamais porté ses fruits jusqu'à présent. Mis à part mon départ brutal. Est-ce qu'aujourd'hui ça allait changer quelque chose, plus que n'importe quel autre moment ? J'en doutais fort.

- Tu devrais pas rester là tu vas chopper la mort par-dessus le marché.

J'haussai les épaules. Soit c'était la pneumonie, soit la folie. Des fois, il fallait juste choisir son poison. Et personnellement, l'air frais m'aidait beaucoup plus que d'étouffer dans ma maison. Andrew le savait. Au fond, je pense. Il savait ce que ça signifiait ma présence ici, ma clope au bec et mes épaules. Il me fallait tout ça. Il le savait, mais il savait pas quoi. Pas encore. Peut-être jamais. Je savais pas. J'aurais voulu lui répondre qu'au vu de tout ce que j'ai vécu hier, la mort je l'avais vue en face, et c'était pas en comatant dans cette décharge que ça allait faire une différence quelconque à ce stade... Mais je n'eus pas la force ni le temps.

- En plus tu devrais pas t’exciter comme ça pour Jessica.

Le nom me fit me retourner vivement vers lui. Vraiment ? Je ne pouvais plus penser à rien d'autre qu'à ce qu'il allait me dire. Nerveusement, je tirai une nouvelle fois sur ma clope salvatrice. Il fallait que je la fume moins vite si je voulais pas me retrouver avec les poumons goudronnés...

- Elle m’a raconté pour sa mère une fois et… tu vois.
- Oh.

Eh oui. Je comprenais enfin. C'était donc ça ! Quelle autre raison qu'Andrew Dean traîne avec Jessica Banner, une fille sur qui il n'aurait jamais posé les yeux pour d'autre raison que... C'était triste, mais c'était comme ça... Même si parfois, le cœur s'en foutait royalement de la hiérarchie du lycée. C'était bien ça qui me faisait peur. Je ne l'avais jamais vu lui parler. Et hier, c'était comme s'ils s'étaient connus depuis des années. Le choc. Je m'étais rendue compte à quel point je m'étais propulsée. Loin. Trop loin.

- Elle était juste pas bien hier. Y’a jamais rien eu entre elle et moi.

Il n'y avait jamais rien eu... Je me sentais mal de me l'avouer, mais... sur le coup j'étais soulagée. Pourquoi ? Il me devait rien. On n'était plus ensemble, il avait le droit de faire ce qu'il voulait avec qui il voulait. Et moi, j'avais pas le droit de lui reprocher quoi que ce soit, même si mon cœur criait d'agonie à l'intérieur de moi. De tout le déchirement que je pouvais ressentir, aucune de mes larmes n'était légitime. Je n'avais pas le droit.
Et pourtant... qu'est-ce que ça faisait mal quand même. Qu'est-ce que ça faisait mal de se l'avouer, qu'est-ce que ça faisait mal de sentir la souffrance envahir la moindre parcelle de peau, insidieusement. Il n'y avait jamais rien eu, mais j'avais bien vu comment elle l'avait regardé hier. Comme s'il était son oasis, sa raison de vivre. J'avais bien remarqué avec quel désespoir elle s'était accrochée à ses mains et ne les avais pas lâché une seconde. Le seul souvenir de cette image rajoutait des petites coupures de rasoir à mes entrailles. Minuscules. Horribles. J'aurais pu la comprendre. Après tout, je le regardais comme ça moi aussi, avant. Je... Je continuais peut-être de le faire. Mais il ne fallait pas... Il n'y avait jamais rien eu...
Ce n'était même pas ça le plus grave. Il fallait que je me reprenne. Merde. S'ils étaient aussi proches, c'est parce qu'ils avaient tous les deux perdu leur mère, et c'est tout ce qu'il fallait que j'extrapole. C'était vrai que Jessica ne vivait qu'avec son père, et j'avais entendu quelques histoires, des moqueries principalement. Je ne savais pas toute l'histoire, contrairement à Andrew. Andrew qui avait beaucoup souffert de ça, lui aussi. Très différemment. Personne ne s'en serait pris à lui pour ça au lycée. Mais je le sentais, et il m'en avait déjà parlé. C'était d'ailleurs une des seules choses sur laquelle il s'était vraiment ouvert dans mes souvenirs. Et j'avais été là. Ce n'était pas Jessica qui le consolait, c'était moi. Est-ce qu'il avait été la voir une fois la rupture passée ou non ?... Est-ce qu'elle avait pris cette place que j'avais...
Oh merde, Vicky, reprends-toi putain ! Ce n'étais pas de toi qu'il s'agissait, là. C'était d'Andrew, et du drame qu'il avait vécu. Jamais je ne pouvais mettre ça de côté. C'était pas juste envers lui. Toutes les vacheries du monde pouvaient s'effacer à côté de ça.

- N...non, t'en fais pas, répondis-je en balayant son excuse du revers de la main. Je n'avais pas le droit. Je comprend. Je suis désolée, je savais pas. J'aurais pas dû...

Je me sentais mal. J'aurais voulu poser ma main sur son épaule, fébrile marque d'attention qui brûlait mes doigts. Mais... Est-ce que je pouvais encore le faire ? J'avais un bref souvenir de nous deux dans son lit, les yeux brillants de larmes, prenant sa tête pour la lover dans mon cou, un baiser sur le front, ses mains m'enserrant contre lui. C'était ce moment là. Est-ce que je pouvais encore le consoler ? Est-ce que j'en avais le pouvoir ? Vite. Une autre bouffée de nicotine.

- Tu sais…

Et voilà, j'étais encore un poisson mordant à l'hameçon. Pendue aux lèvres douloureusement parfaites d'Andrew Dean. Je faillis même garder la fumée indéfiniment, manquant de m'étouffer, mais je réussis à expulser le tout lorsque je sentis ma gorge picoter, évitant le drame. Quoi ? Lui aussi semblait tendu...

- Tu me manques Vicky.

Mon cœur lâcha de dix étages. Je m'attendais franchement à tout sauf à... sauf à... Wow. L'expression avec laquelle il avait dit ça... Le regard fuyant qui traduisait sa fragilité. Ça me fendait le cœur. Moi qui aurait jeté sa remarque comme du fumier quelques mois auparavant. Et là je... est-ce que j'étais trop faible maintenant ? Ou est-ce que je m'étais protégée par la colère ? Je savais plus trop où j'en étais...
J'avalai toute la salive que je pouvais pour faire partir la boule dans ma gorge. Elle était revenue, et avait amené ses copines les-larmes-dans-les-yeux. Je n'osais plus le regarder non plus dans cet état. Mais même en nous tournant le dos, on semblait beaucoup trop proches. Tout nus. Et apparemment ça ne changeait rien d'avoir vraiment vu la personne nue des milliers de fois. Peut-être que c'était même encore pire.

Il fallait que je réponde un truc... Mais quoi ? Qu'est-ce que je ressentais par rapport à ça, d'ailleurs ? Je pris une nouvelle fois mon front dans ma main. Il ne fallait pas qu'il s'en aille parce que j'avais du mal à mettre un doigt sur mes émotions, et encore plus sur mes mots. J'écrasai ma cigarette sous mes chaussures. Tu me manques Vicky. Tu me manques Vicky...

- T... toi aussi...

Les mots avaient coulé, les larmes avaient été révélées. Au même moment. Deux filets silencieux sur des joues blanches et cernées. C'était trop. Trop d'un coup. Bien sûr qu'il me manquait putain, bien sûr que je me faisais violence presque tous les soirs pour me persuader que j'avais pas besoin de lui, que ça servait à rien que je pleure pour son cul, que je me blindais pour plus qu'il me fasse de mal. Et tout ça pour quoi ? Pour me rendre compte que, ouais, j'avais toujours envie qu'il me prenne dans ses bras avant de dormir. J'avais toujours envie de sentir son odeur et partir en paix dans le pays des songes. J'avais toujours envie de l'embrasser et de me rendre compte une millième fois que je l'aimais plus que tout. Mais il fallait pas, putain.
Il fallait pas... J'avais pris ma décision, ferme. Et j'étais trop têtue pour revenir dessus. Et puis, il était trop tard, non ? Essuyant mes larmes, je finis par me retourner vers lui. Le regarder. Ça m'aidait à me mettre les idées en place. Même si l'envie me brûlait tout le corps, je ne pouvais pas me jeter dans ses bras. Faire comme si de rien n'était, et tout recommencer. Non... Ce n'est pas que je ne pouvais pas me le permettre, c'est que je ne pouvais pas. Trop de choses n'étaient pas réglées entre nous. Et alors, si tous les deux on se brûlait de désir et de colère comme deux allumettes, si tous les deux on le voulait... ? Il fallait enlever les mauvaises herbes qui répandaient l'incendie. Non ? L'idée germait dans ma tête, faisant définitivement disparaître la boule de ma gorge. Je m'essuyai une dernière fois les yeux avant de me redresser, plus calme. Plus en contrôle.

- On s'est pas dit grand chose au final, tu penses pas ? Avec tous ces... toutes ces embrouilles, je sais pas...

C'était clairement pas productif.

- Peut-être qu'on peut enfin essayer de se dire ce qui va pas. Qu'on se réponde enfin, pour une fois... De toute façon, on n'a plus rien à perdre, non ?

Je lui fis un petit sourire désolé. Au point où on en était... Il n'y avait plus rien d'autre à faire.

- Alors si tu veux, aujourd'hui, on n'a qu'à se dire tout ce qu'on a pas réussi à se dire. On peut se poser n'importe quelles questions. Interdit de s'énerver et de se crier dessus, d'accord ? Pinkie swear...

Je lui tendis mon petit doigt. Mieux qu'un pacte de sang et deux mollards en prime.

- Je te laisse commencer. »

Je ne le lâchais pas du regard. Pas question qu'il m'échappe, aujourd'hui. J'avais l'intention d'enlever le plus d'échardes de mon cœur, en cette fraîche journée de février. Peut-être que ça empirerait tout, peut-être qu'il serait enfin plus léger. En tout cas, maintenant que j'avais fait évanouir toute responsabilité depuis des mois, ça paraissait plus facile de dire les choses. J'avais perdu le droit et le pouvoir sur beaucoup de choses, mais j'avais gagné un ticket pour jouer au jeu du livre ouvert sans remettre toute une relation en jeu. Un jeu puéril pour les gamins bornés que nous étions. Quand on arrive dans une impasse, on revient en arrière.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyLun 23 Juil - 14:22

La confession jette un silence lourd sur la décharge. Pendant quelques secondes qui semblent durer une éternité, Andrew a le temps de regretter son aveu. Comment a-t-il pu oublier la façon dont Victoria l’a rembarré la dernière fois qu’il a essayé de réparer les choses entre eux ? Qu’est-ce qu’il est allé s’imaginer cet abruti, lorsque la belle blonde lui a avoué ne plus vouloir se battre avec lui ? Elle en a peut-être juste assez de devoir supporter ses sautes d’humeurs, sans savoir si elle doit s’attendre à des paroles douces ou tranchantes. Elle ne veut peut-être tout simplement plus le voir, et point final. Andrew s’attend à son bannissement pur et simple de la décharge pendant que Vicky cherche ses mots.

Et en attendant, comme il regrette cette faiblesse qu’il a eue ! Elle n’a duré que quelques secondes, mais elle en a déjà bien trop dévoilé sur lui. Il a pourtant fait tant d’efforts pour faire croire à Victoria qu’il la déteste au moins autant qu’elle semble le haïr. A un certain moment, il avait même réussi à se convaincre lui-même. Il avait été persuadé que détruire cette petite tête blonde lui soulagerait le cœur, mais ça n’avait fait qu’empirer les choses. A chacun de leurs échanges, le fossé de l’incompréhension avait grandi entre eux. Aujourd’hui, est-il encore possible de construire un pont ? Le doute est permis.

Mais la douleur du premier amour perdu ne s’estompe jamais vraiment et l’espoir lacère le cœur du jeune Dean plongé dans l’attente. Il se sent si proche d’elle à cet instant qu’il sait qu’il aura du mal à renoncer encore si elle lui met un stop. Alors lorsqu’enfin Vicky ose murmurer les deux mots, Andrew ose à peine y croire. Il pose enfin les yeux sur elle, et c’est au tour de la jolie blonde d’éviter son regard. Il a cependant le temps d’apercevoir les larmes qui coulent silencieusement sur ses joues et son cœur se serre face à la souffrance qu’il a l’impression d’avoir encore causé. Il voudrait lui prendre doucement le visage et sécher lui-même ces larmes d’un geste du pouce en lui souriant tendrement pour la consoler. Il voudrait lui raconter combien elle reste belle à ses yeux malgré sa tête de déterrée. Et il voudrait pouvoir lui dire je t’aime à nouveau en lui embrassant doucement le front avant de la serrer contre lui. C’est toute la détresse de l’espoir fragile qui s’empare de lui face à cet aveu que Vicky semble avoir fait dans la douleur. Elle s’en veut probablement autant que lui, peut-être même plus. Elle n’a peut-être pas finie d’être en colère après lui. Après tout, il lui en a donné, des raisons de ne plus pouvoir l’encadrer. Et il a beau regretter chacune d’entre elles désormais, ce qui est fait est fait. Il sait que le pardon ne sera pas évident pour Vicky. Mais ces deux mots hésitants qu’il lui a arrachés ont entrouvert une porte. Il sait que c’est maintenant ou jamais.

Andrew prend pleinement conscience de ce fait lorsque Vicky se relève en passant une manche sur ses larmes. Il la suit du regarde et l’écoute avec attention. « Ouais. » Il murmure, peu fier de lui. C’est vrai qu’ils se sont surtout dis beaucoup de conneries ces derniers mois. Ils ont craché beaucoup de venin pour essayer de se protéger l’un de l’autre. Mais cette stratégie douloureuse a prouvé son inefficacité – dans les deux camps semble-t-il. Et puis Vicky propose qu’ils se laissent une chance. Jouer cartes sur table, juste une fois, pour voir. L’offre est plus que tentante, mais lorsque Victoria annonce qu’ils n’ont plus rien à perdre, c’est là qu’elle se trompe. Pour Andrew, l’enjeu lui semble colossal. Il se contente pourtant de répéter, avec tout ce que ça lui coûte : « ouais. »

Il la laisse énoncer les règles de son petit jeu et sent déjà son énième procès venir. Il trouve refuge auprès de sa cigarette et relève des yeux surpris vers elle lorsqu’elle lui tend son petit doigt. Ok, ça c’est nouveau. Il hésite un court instant, mais lit tant de sincérité dans le regard que Vicky pose sur lui qu’il finit par attraper le petit doigt avec le sien. Il se sent projeté des années en arrière, comme s’il était redevenu un gosse. Mais c’est bien comme tel qu’il s’est comporté avec Vicky ces derniers mois, comme un gamin hargneux sans le moindre bon sens. Il faut dire qu’être responsable n’a jamais été le fort d’Andrew, même si son père s’efforce de corriger ce défaut tenace. Alors soit, il sera encore un gosse pour cette fois, mais un gentil. Le genre tendrement innocent qui peut tout entendre et tout dire, sans jamais percevoir la méchanceté ou la gravité des propos tenus. Voilà le genre de personne qu’il s’efforcera d’être le temps de ce petit jeu. Pour elle, pour Victoria.

Elle le prend cependant encore de court lorsqu’elle lui annonce que c’est à lui de commencer. « Hum ? … ok. » Il prend un court instant pour réfléchir et en profite pour tirer encore sur sa cigarette. Il n’a pas besoin de chercher longtemps pour identifier l’abcès de la rancœur à percer en lui. Il a en revanche besoin d’une éternité pour trouver les bons mots. Ceux qui ne seront pas trop acerbes. C’est un jeu dangereux auquel ils ont décidé de jouer.

« Est-ce que tu regrettes ce que tu as fait ? » Il la fixe si durement en posant sa question qu’il se sent obligé de développer sur un ton plus doux pour expliquer son interrogation. « Je veux dire, avoir bazardé tout le monde comme ça, du jour au lendemain. » Il s’interrompe un instant parce qu’il se souvient que trop bien de la douleur qui avait suivi la surprise lorsque Vicky l’avait plaqué. « Je sais que tu avais des problèmes et qu’on t’écoutait pas. Ça t’a saoulé, ok. » Il a fallu du temps à Andrew pour admettre sa part de responsabilité dans la décision de Victoria. « Mais je tenais vraiment à toi Vicky. Et quand j’ai essayé de te le dire, tu as fini par me persuader que c’était trop tard. » Et elle est née là, la vraie rancœur. Celle qui dure encore aujourd’hui. La jeune lycéenne avait si bien réussi son coup qu’elle avait convaincu Andrew de renoncer à l’amour pour se livrer tout entier à la haine. Elle l’avait aidé – poussé même – à franchir ce cap, et dieu seul sait comme il a été difficile pour le jeune Dean de revenir en arrière. Maintenant qu’il a retrouvé un semblant d’apaisement, il ne reste plus que de la mélancolie dans le regard de l’héritier. Mais l’équilibre est précaire. S’il peut être certain que Victoria reconnait elle aussi son erreur, alors peut-être la page pourra-t-elle être définitivement tournée.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyVen 27 Juil - 1:28



Shake the disease
Vickandy
J'aurais pu m'énerver de son manque de réaction au premier abord, mais je sentais que je le prenais au dépourvu. Lui aussi réfléchissait à ce qu'il allait dire, lui aussi marchait sur les mêmes œufs que moi. Pour une fois, j'avais l'impression qu'on était tous les deux redescendus sur terre. De nos grands chevaux, comme dirait cette expression que je détestais tant. On n'était plus à des kilomètres l'un de l'autre, diabolisant nos mots, nos gestes, nos intentions. Finalement, en cette journée surréaliste, on avait décidé de descendre dans le fossé qu'on avait creusé. Et encore une fois, c'était quelque chose qu'on avait fait ensemble. Aucun de nous deux ne pouvait le nier.

Alors son petit doigt s'accrocha au mien. Un lien si fort et si fragile à la fois. C'était qu'une promesse stupide digne du collège, mais ça voulait dire tellement de choses en même temps. On ne pouvait communiquer que par des jeux et des futilités de toute manière. Peut-être que cette fois, y ajouter un peu de sincérité allait enfin faire bouger les choses. Ça serait pas trop tôt.
En tout cas, j'avais beau être prête à franchir ce cap, je redoutais tout de même les paroles qu'il allait prononcer. Énormément. La nervosité me poussait à mordiller ma lèvre inférieure, oubliant presque que j'avais des cigarettes pour la faire passer, et que j'en avais déjà avalé une bonne dose. J'avais l'impression d'avoir beau fumer comme un pompier, rien n'allait me calmer face à ça. Il fallait que je respire.
Son regard devenait perçant, et pendant un instant, j'eus peur qu'il ait changé d'avis. Qu'il trouve cette règle stupide et qu'il s'en aille car, après tout, il n'avait aucune raison de rester traîner ici avec moi. Mais contre toute attente, il était en train de se prêter au jeu.

« Est-ce que tu regrettes ce que tu as fait ?

Sur le coup, le ton qu'il avait employé fit descendre ma mâchoire. Est-ce qu'il était aussi en colère contre moi qu'il n'arrivait pas à se contenir ? Est-ce qu'il avait fait semblant d'accepter d'être honnête avec moi pour vouloir me faire du mal à nouveau ?

- Je veux dire, avoir bazardé tout le monde comme ça, du jour au lendemain.

Non, ce n'était pas ça. Il ne... il ne comprenait juste pas. Il n'avait pas compris depuis tout ce temps... Pour la première fois, je commençais à en ressentir la gravité. Je savais qu'il ne comprenait pas, c'était pas un scoop depuis le temps. Justement. Mais j'avais toujours fait comme s'il ne pouvait pas comprendre. Est-ce que j'avais eu tort ? J'étais tellement aveuglée par ce qui allait m'attendre que je n'avais pas été intéressée de regarder en arrière. Je ne savais pas si j'y avais laissé une traînée de sang. Pour moi, son cœur n'était qu'en acier, et j'aurais cru qu'il s'en remettrait en quelques jours. J'y ai cru.

- Je sais que tu avais des problèmes et qu’on t’écoutait pas. Ça t’a saoulé, ok.

Je levai les sourcils, effectivement c'était plutôt ça. Au moins, ça, il l'avait capté. Pas sûr qu'il pige vraiment ce qu'étaient ces problèmes en question, mais ce n'était pas encore le sujet de notre conversation.

- Mais je tenais vraiment à toi Vicky. Et quand j’ai essayé de te le dire, tu as fini par me persuader que c’était trop tard.

Une ombre triste changea mon visage. Oui... à ce moment c'était trop tard. Et maintenant ?
Je soufflai un peu, essayant de mettre de l'ordre dans les mots qui s'entrechoquaient dans ma tête. Est-ce que j'éprouvais du regret... pourquoi c'était trop tard ? Pourquoi j'avais fait ce que j'ai fait ? Je fermai les yeux un temps, pour pouvoir les rouvrir lorsque je pris la parole. C'était dur, mais il fallait le faire.

- Je le regrette... oui, un peu des fois.

Je m'en voulais pour ça. D'avoir pris une décision qui me mettait dans cet état là. De m'être privée d'amour du jour au lendemain. Mais il fallait que quelque chose change. Cette fusion entre lui et moi, elle n'était plus possible si l'on procédait comme avant. C'était comme vouloir me jeter dans ses bras, encore une fois. Un mur invisible m'empêchait de le faire.

- Mais j'ai pas vraiment eu le choix. Je crois que j'ai craqué. Entre les choses qui n'allaient pas avec toi, la pression de Mackenzie et du lycée... et tout ce que vous vouliez pas entendre... ça m'est revenu dans la tronche, hier, tu sais. J'ai vu de mes propres yeux que je rêvais pas depuis des mois. Je me sentais plus moi-même avec vous. J'avais l'impression d'être une folle. Alors j'me suis dit "tiens, j'ai qu'à agir comme la folle que je suis, après tout, y'aura que ça qui fera avancer quelque chose". Au final je sais pas... Personne a rien compris, et je suis toujours terrifiée, mais toute seule maintenant. Je sais pas si c'est mieux... En tout cas je sais que même maintenant tu voudras pas comprendre... Je plissai les yeux. Non. Pas "voudras", pardon... c'est plutôt que... je repris ma respiration, ayant du mal à continuer mon monologue débordant. J'ai toujours peur que tu me comprennes pas. J'ai peur de me sentir seule à nouveau. C'est horrible comme sentiment.

Je fis enfin une pause. J'avais l'impression d'avoir bien trop parlé, et bien peu dit. Mon cœur battait la chamade et m'empêchait de réfléchir correctement. C'est fou comment on peut penser un discours longtemps dans sa tête, puis ressortir du vomi de paroles pour simple résultat. Vraiment pas juste...

- Je pense que j'étais pas prête de continuer comme ça. Fallait que ça explose. Et en y réfléchissant je suis toujours pas prête, je veux pas que tout redevienne comme avant... c'était pas si bien que ça à la fin... J'essuyai une larme récalcitrante avec un geste dénué de patience. Mais j'suis désolée quand même. J'ai pas été cool. J'ai voulu te faire du mal parce que tu m'en avais fait et... j'émis un petit rire nerveux. C'est con, je me rend compte à quel point c'est con quand je le dis. C'était puéril.

Seulement maintenant je me rendais compte de ce qu'il avait pu ressentir. Je sentais qu'il ne disait pas ça pour me faire rager, il essayait sincèrement de comprendre pourquoi j'avais fait ça et... c'était déchirant. Il n'avait pas laissé tomber, il était resté bloqué, et il avait probablement beaucoup souffert... Beaucoup plus que ce que je voulais. Je voulais simplement qu'il ressente ce que ça faisait d'être aussi seul. Mais ça avait été beaucoup trop loin... Et oui, alors, je regrettais. Mes larmes coulaient encore. Ces stupides putain de larmes. J'arrivais pas à faire sortir les mots sans flot salé. Eh bien, soit. De toute façon, ça s'était bien retourné contre moi. Moi qui voulait le voir misérable, alors qu'il semblait l'être, je n'arrivais pas à le supporter. Je n'arrivais pas à lui faire du mal. Et je me sentais conne.

- Je suis désolée, sincèrement. Je voulais pas ça...

Je m'arrêtai, essuyai mes joues, et reprit mes esprits. J'y risquai même un sourire. Plus pour m'aider à rester concentrée.

- J'espère que j'ai répondu à ta question.

J'avais surtout l'impression d'avoir été entraînée dans une spirale ridicule et d'avoir effectué une pirouette nulle et maladroite. Mais bon... j'arrivais pas vraiment à faire autre chose. J'avais fait de mon mieux pour l'instant... et c'était mon tour.

- Bon, à moi... c'était tout aussi difficile de formuler la question que la réponse. Je pris une grande expiration, priant pour que le côté lacrymal de la chose ne revienne pas au grand galop. Est-ce que c'est vrai que... tu m'as trompée... quand on était ensemble ? »

Je lui avais beaucoup reproché. Toujours pour me protéger, j'avais imaginé que c'était vrai, et qu'il valait mieux que tout cesse plutôt que de souffrir plus que ça. Mais au final. C'était une question qui me taraudait, qui me bouffait. Je n'avais jamais été vraiment sûre. Toute évocation de la chose avait mené à des disputes. Sur la confiance, ou le manque total de confiance en soi-même d'ailleurs... Et je n'avais jamais eu de réponse concrète. Oh, un efficace terreau à mon imagination. Les rumeurs prenaient racine, et les disputes faisaient fleurir mes doutes. Au final, j'étouffais sous les mauvaises herbes. Et j'avais craqué. C'était aussi... à cause de ça.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyVen 27 Juil - 16:43

Au fur et à mesure qu’Andrew parle, il voit les expressions défiler sur le beau visage de Vicky. A chaque mouvement de sourcil, à chaque tremblement de lèvre, il réfléchit à toute allure pour bien peser ses mots. Un exercice bien difficile pour le grand Dean qui n’a jamais été du genre diplomate. En général, il dit ce qu’il a à dire sans se soucier de l’impact qu’auront ses paroles. On le croit alors insensible, on le traite souvent de connard, et pour lui c’est un pari réussi. Il ne s’attache plus à ceux qu’il fréquente. Plus depuis que la seule femme qui comptait vraiment à ses yeux l’a lâchement abandonné. Depuis la mort de sa mère, c’est une manière systématique de se protéger de la peine destructrice qui l’a secoué. Alors il lutte encore plus particulièrement contre ceux qui sont proches de lui et qu’il sait capable de l’ébranler encore. Vicky, tout particulièrement, est de ceux-là. Elle fait briller ses yeux d’admiration et tient son cœur en otage. Une dépendance agréable face à laquelle il s’est rapidement senti en danger. Et quand la jolie blonde a décidé de tout plaquer, elle lui a donné raison. Il s’est félicité d’être resté sur ses gardes et d’avoir résisté à l’envie de se livrer tout entier à elle.

Et pourtant…. Pourtant la souffrance il ne l’a pas évité. Alors il a réalisé combien il s’est menti à lui-même. Il a cru qu’en se montrant détaché de Vicky il pourrait en faire une vérité, alors qu’il était fou amoureux. Il s’est dit qu’en encourageant les disputes entre eux il parviendrait à prendre du recul, alors qu’il n’a fait que se montrer dur avec Vicky en empoisonnant leur relation. Et quand elle est partie, il était tant en colère contre elle et contre lui-même qu’il a pensé que ce serait facile alors qu’il ne s’en est jamais vraiment remis. Sa stratégie de protection ne l’a mené qu’à l’autodestruction. Mais le temps qu’il comprenne son erreur – et qu’il l’accepte – Victoria a bâti des murs infranchissables entre eux. Des murs dont il a posé les fondations lui-même.

Aujourd’hui, ils s’avouent enfin qu’ils sont tous les deux fatigués de cette guerre froide. Alors pour une fois, pour cette journée exceptionnelle, Andrew ravale ses habitudes et prend sur lui. Il essaye de s’expliquer au maximum en maitrisant son agressivité autant que possible. Il n’est pas certain de sa réussite, et quand la lycéenne se prépare à lui livrer une réponse, il croit un instant qu’il s’est méchamment planté. Mais quelques secondes après, Vicky confirme qu’elle regrette. Les traits d’Andrew se radoucissent aussitôt. Savoir qu’elle regrette aussi lui soulage le cœur bien plus qu’il ne l’aurait espéré. Il repense à tout ces échanges acides qu’ils ont eus, toutes ces choses qu’il lui a dites sans les penser, seulement pour la blesser comme elle le faisait. Alors qu’elle était peut-être simplement dans la même dynamique que lui : attaquer pour mieux se défendre. Il se trouve idiot et pourrait presque avoir envie d’en rire nerveusement, mais la réjouissance est de courte durée, parce que Vicky s’empresse de rajouter un mot qui lui fait plisser les yeux. Un peu des fois ? Qu’est-ce que c’est supposé vouloir dire ? Qu’elle n’a pas encore pris de décision et qu’elle va encore s’amuser à l’attirer puis à le repousser jusqu’à se lasser de cette nouvelle petite lubie ? Ça lui plait de se sentir désirée alors elle joue avec lui sans parvenir tout à fait à lui dire non ? Immédiatement, Andrew sent la carapace qu’il vient d’entrouvrir se refermer avec précipitation. Il en veut à la petite blonde de lui avoir fait les beaux yeux simplement pour le faire jouer à ce jeu stupide. Il aurait dû se méfier lorsqu’elle l’a invité à commencer. Vicky est et restera une petite vipère qui aime jouer avec lui.

Andrew termine sa cigarette sur ce fort sentiment d’amertume, et il est occupé à l’écraser avec rancœur lorsque Victoria développe sa réponse. Elle a craqué, ça c’est sûr, et pas qu’un peu. On pourrait même dire qu’elle a carrément explosé. Et puisqu’elle parle de la veille et de ce qu’elle a vu, Andrew devine en silence que les choses ne se sont pas améliorées depuis. Les hallucinations provoquées par la fuite de gaz ont dû remuer le couteau dans la plaie encore saignante. Alors pendant que Vicky parle, il la regarde attentivement. Il comprend mieux que personne la terreur de l’âme solitaire, mais il ne sait pas quoi faire pour la tirer de là. Il ne comprend pas ce qui la met dans cet état. Et c’est bien ça qu’elle semble lui reprocher encore, même si elle se rattrape de justesse. Mais cette fois, Andrew n’est pas saoulé par son air perdu et son détachement de la réalité. Il est déterminé à comprendre et à la sortir de cet enfer, si seulement elle le laisse essayer…

Il n’a cependant pas le temps de l’interroger davantage sur le sujet. Vicky repart de plus belle et montre qu’il était nécessaire de crever cet abcès douloureux. Elle annonce qu’elle n’est pas prête pour repartir comme avant que tout parte en couilles et le cœur d’Andrew se serre. S’il lui manque mais qu’elle ne veut pas revenir à lui, alors qu’est-ce qu’elle attend de cet ultime échange ? Elle chasse une larme et Andrew saisit qu’il s’agit peut-être d’un dernier règlement de compte pour enfin mettre un point final à leur bataille. Après ça, il n’y aura peut-être plus rien. Plus de positif, plus de négatif. Chacun partira de son côté, satisfait des réponses qu’il aura enfin reçues de l’autre. Il serre la mâchoire en réalisant ce que cet échange implique, mais Vicky entame soudainement des excuses. Décidément, la jolie blonde a décidé de lui faire des frayeurs.

Des excuses, c’est tout ce qu’il espérait de cette question. Des excuses et la même conclusion que lui. Oui, on a été cons et puérils. Il n’ose pas lui dire pour ne surtout pas l’interrompre, mais un léger sourire entendu se dessine sur ses lèvres. Et puis elle formule une nouvelle excuse, plus sincère que jamais. Les mots pénètrent en lui en lui réchauffent le cœur comme une bouillote qu’on serre contre soi un soir de grand froid. Enfin le doute et la crispation laissent place à l’apaisement. Le soulagement est délicieux, et Andrew s’en veut presque d’en profiter seul. Alors lorsque la jeune McNamara arrive enfin à sa conclusion, l’héritier Dean lui répond aussitôt. « Oui, complètement. Et je suis désolé aussi, Vicky. On a été cons tous les deux, pas seulement toi. » Il plonge les mains dans les poches de son manteau face à cette constatation et s’étonne du bénéfice de cette discussion. Si seulement ils avaient pu avoir l’idée de se trouver ici plus tôt !

Mais le grand blond n’a pas le temps de s’épancher dans le regret. Victoria est prête à poser sa question. Elle lui coûte visiblement, parce qu’elle prend d’abord le temps de respirer, et quand elle formule enfin son interrogation, Andrew comprend son malaise. La question le fâche, mais il se contente de soupirer en fermant un instant les yeux. Combien de fois ont-ils abordé ce sujet pour toujours finir en engueulade ? Impossible d’établir un chiffrage exact. Trop de fois. Mais puisque la jolie blonde a joué le jeu, il prend à nouveau sur lui et prend le temps de s’expliquer clairement cette fois, sans subterfuge ni pirouette. Il va droit au but, sans chercher à ménager Vicky. 100% honnête. « Non Vicky, je t’ai jamais trompé quand on était ensemble. » On ne peut pas faire plus clair, et pour expliquer l’exaspération qu’il a du mal à camoufler, il décide de poursuivre. « Mais c’est vrai que j’ai été tenté plusieurs fois, surtout à la fin. Je t’aimais toujours, mais tu étais tout le temps bizarre. J’avais l’impression que tu étais jamais heureuse avec moi. Tu faisais tout le temps la gueule, quoi que je fasse ou quoi que je dise. Quand je te faisais la réflexion, ça finissait toujours en engueulade. » Il hésite un moment, parce que la confidence qu’il s’apprête à lui faire est bien plus lourde de sens que tout le reste, mais une fois lancé dans le jeu, il décide de le jouer à fond. « Tu me faisais un peu penser à ma mère. » Il regarde ailleurs un court instant, pensif, et se reprend quelques secondes après pour s’interdire de sombrer dans les mauvais souvenirs. « Alors forcément j’étais un peu désespéré. Les rumeurs ça m’arrangeait bien, c’était un peu comme un test, pour voir si ça te faisait réagir. Quand tu me faisais des crises de jalousie, c’était une façon de savoir que tu tenais encore à moi… »  Une nouvelle fois, il fait le bilan de sa stratégie et se rend compte comme il a été maladroit d’y trouver son compte. « Mais au final, plus on s’engueulait, plus ça me saoulait que tu crois ce genre de rumeurs. J’en n’ai rien à foutre des autres, mais ça me faisait vraiment chier que toi tu me prennes pour un connard. » Il hausse les épaules et secoue doucement la tête, désespéré par lui-même. « Ça s’est retourné contre moi ce petit jeu con. Je voulais qu’on s’entende bien et qu’on rigole comme au début, mais plus on parlait et plus j’avais l’impression que c’était impossible. Entre autres parce qu’on arrivait plus à se faire confiance. Et c’est ça, au final, qui me donnait envie d’aller voir ailleurs. Je voulais plus me casser la tête. » En énonçant ces derniers mots, Andrew se rappelle à quel point il avait baissé les bras pour aider Vicky avant de la perdre. Un voile triste passe dans son regard qui fixe le sol en songeant que la seule chose qui l’ai retenu de tromper Victoria, c’est leur rupture. La seule chose qui lui ait fait comprendre qu’il ne trouverait pas du réconfort ailleurs, c’est leur rupture aussi. Au final, le grand Dean avait appris beaucoup de choses, au travers de cette rupture. « Mais y’a personne comme toi Vicky. » Andrew lui avoue en posant sur elle un regard qu’il n’avait pas eu depuis longtemps. Un regard chargé de douceur et d’admiration, accompagné d’un sourire léger qui traduisait la mélancolie accompagnant ses doux souvenirs.

Et tandis que son cœur est doucement bercé par la nostalgie des beaux jours, il ose enfin se dire que, peut-être, ils pourraient arriver à enfin se comprendre à nouveau à l’issue de cette journée. Il ose enfin espérer d’abattre ces murs épais qui les séparent et de construire un pont solide entre leurs deux territoires jalousement gardés loin de l’autre pendant si longtemps. Pour lui, l’origine du problème est claire. Il n’a jamais voulu y porter attention parce qu’il se concentrait toujours sur son propre ressenti. Mais pour une fois dans sa vie, Andrew réalise qu’il a manqué une occasion de se taire et d’écouter à la place. « Si tu savais comme je me sens con maintenant. Je suis vraiment qu’un connard débile, et je suis désolé. » Il pose sur elle un regard navré et enchaîne : « Mais j’aimerais faire les choses bien maintenant. » Il lui assure le plus honnêtement du monde, parce qu’enfin il a l’impression d’y voir clair et a bien l’intention d’aller jusqu’au bout de ce petit jeu. « Alors, si tu me racontais ce que tu as vu hier ? »  Peut-être, il l’espère, pourra-t-il l’aider ou au moins lui apporter un peu de réconfort. Quoi qu’il en soit, à la manière dont elle lui en a parlé, il est convaincu que ce récit pour l’aider à mieux comprendre ce qui travaille Victoria depuis tout ce temps. Alors il la sonde d'un regard encourageant, comme s'il pouvait deviner la difficulté que cette future réponse allait lui faire vivre.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyVen 3 Aoû - 21:16



Shake the disease
Vickandy
Andrew sourit, et je ne sais plus quoi faire. Est-ce qu'il avait conscient d'être un délicieux piège ? J'avais de plus en plus envie de tout laisser tomber, de briser les murs, de reconstruire les ponts, de me jeter dans ses bras et de lui demander de tout recommencer. Mais la peur m'en empêchait encore. Peur que toutes les erreurs recommencent, que toutes les souffrances s'accumulent, que rien ne change finalement. Et pourtant j'étais à deux doigts de craquer devant ses efforts, ses expressions qui signifiaient toutes qu'il y donnait de l'importance. Pour une fois, il était en train de me le prouver. Et c'était presque contre nature de ne pas lui tendre ma main et lui offrir mon cœur à nouveau. Mais... il fallait que je sois plus forte que ça. Et si je faisais une erreur en allant dans cette direction ? Et si je descendais une pente rocheuse la tête la première ? Même si on avait été cons...

« Oui, complètement. Et je suis désolé aussi, Vicky. On a été cons tous les deux, pas seulement toi.

Je retins un hoquet de surprise. Andrew... Andrew s'excusait et admettait qu'il avait été... eh bien... plutôt infect, lui aussi ? C'était... une première. Je tentai de reprendre ma respiration la plus normale possible. J'avais tellement espéré qu'il se prenne au jeu qu'il était limite plus facile qu'il se comporte comme le pire des abrutis. Je l'aurais repoussé, je l'aurais maudit une énième fois, je l'aurais envoyé au diable comme je savais si bien faire. Mais là, il ne me facilitait pas la tâche... j'étais prise à mon propre jeu. Il fallait que je l'assume moi aussi, que j'évite de tomber dans les différents ravins que j'avais creusé. Respirer. Respirer. Il s'était... excusé.
Je n'arrivais pas trop à réaliser. Mais je lui devais de réagir moi aussi à ce qu'il me disait, car ces paroles valaient tout l'or du monde. Je ne pouvais pas les prendre à la légère. Alors, un peu plus calme, je finis par lui sourire. Vraiment. J'étais soulagée. Les poids s'enlevaient progressivement, seule la peur resterait au final. Elle, il me faudrait du temps pour la vaincre. Juste un peu de temps.

Mais le plus dur n'était pas encore passé. Il fallait encore qu'il réponde à ma question. J'étais tellement nerveuse que je n'osais plus le regardais lorsqu'il réfléchissait à ce qu'il allait me dire. Je serrais mes mains entre elles, douloureusement refroidies. Est-ce que je voulais vraiment le savoir après tout ?... Peut-être que cette partie du jeu me donnerait définitivement envie de couper les ponts, une bonne fois pour toutes. Qu'il me donne les cartes de ma liberté. Enfin...

- Non Vicky, je t’ai jamais trompé quand on était ensemble.

Je relevai soudainement la tête pour le toiser. Il disait vraiment la vérité ? Mh... pourquoi me mentirait-il maintenant au point où on en était ? C'est ce que j'espérais... je ne voulais pas avoir la prétention de penser qu'il voulait me récupérer à tout prix. Mais si c'était le cas, j'étais bien sotte de le croire. Et pourtant. Être sotte paraissait la solution la plus simple. Et je n'avais plus vraiment la force de partir dans des conspirations compliquées. Puisse le bon sens suivre la voie du chemin le plus simple.

- Mais c’est vrai que j’ai été tenté plusieurs fois, surtout à la fin.

Ah, effectivement je la sentais l'honnêteté. Un peu trop aiguisée. P'tain, pourquoi ça me faisait toujours autant mal ? Je me contentai de froncer les sourcils, prenant une autre cigarette de ma poche. Avec tout ça je ne savais même plus comment ni quand j'avais fini l'autre. Mais je ne la voyais plus, donc bon. Je me concentrai sur mes gestes tout en écoutant les mots percutants d'Andrew pour justement ne pas leur donner trop d'importance. J'aurais craqué. Je me serais énervée. Et j'avais promis que non. Oui. Encore. Prise à mon propre piège. J'aurais dû m'en douter, non ? J'allumai le briquet alors qu'il était en train de détailler les raisons pour lesquelles ça avait été dur de rester avec moi à la fin. J'en étais même surprise que ce ne soit pas lui qui y mette un terme...

- Tu me faisais un peu penser à ma mère.

Je n'avais pas réussi à faire jaillir de flamme. Alors là, j'arrêtai net d'essayer. Mon regard horrifié croisa celui glacé d'Andrew. Sa mère... Sa mère qui s'était suicidée... rien que ça... Que ça me fasse un choc était un euphémisme. Pire, je ne me voyais pas lui dire quelque chose du genre sans risquer de le voir prendre la mouche. Mais le jeu était le jeu, n'est-ce pas ? Et je n'avais pas non plus le droit de l'attaquer sur quelque chose que je ne pensais pas. Alors admettons... même si j'étais loin de commettre un acte pareil envers moi-même... admettons que j'ai été dans la même détresse que sa mère. Alors...

- Alors forcément j’étais un peu désespéré. Les rumeurs ça m’arrangeait bien, c’était un peu comme un test, pour voir si ça te faisait réagir. Quand tu me faisais des crises de jalousie, c’était une façon de savoir que tu tenais encore à moi…

Il avait eu peur, lui aussi... Une expression triste hanta mon visage un moment. S'il me l'avait dit... à quel point ça le faisait souffrir de me voir comme ça... comment avait-il pu rester comme ça ? Comment avait-on pu rester comme ça ? Côte à côté mais aussi seul l'un que l'autre ? C'était triste, c'était ridicule... Et puis ces rumeurs. Bon dieu. J'avais envie de le secouer, de lui rappeler à quel point j'avais raclé toute mon âme contre cette putain de jalousie destructrice. Et il avait laissé continuer les choses parce que c'était tout ce qui nous restait ? C'était pathétique. J'étais aussi en colère contre lui que contre moi. Mais il n'avait pas fini. Alors cette fois-ci, j'allumai la cigarette du premier coup.

- Mais au final, plus on s’engueulait, plus ça me saoulait que tu crois ce genre de rumeurs. J’en n’ai rien à foutre des autres, mais ça me faisait vraiment chier que toi tu me prennes pour un connard.

J'essayais de comprendre. C'était pas facile. Au final, j'étais pas la seule à être compliquée. Mais c'était sûr que se reposer sur nos crises de jalousie, c'était loin d'être la meilleure relation... C'était de ça que j'avais peur. Je voulais plus ressentir autant de douleur à l'intérieur. Non, je ne voulais pas finir comme sa mère si tout se mettait à recommencer... mais je n'étais pas sa mère !

- Ça s’est retourné contre moi ce petit jeu con. Je voulais qu’on s’entende bien et qu’on rigole comme au début, mais plus on parlait et plus j’avais l’impression que c’était impossible. Entre autres parce qu’on arrivait plus à se faire confiance. Et c’est ça, au final, qui me donnait envie d’aller voir ailleurs. Je voulais plus me casser la tête.

Oui, ça, j'avais compris. Un peu irritée, je tirai sur ma cigarette. Mh... en même temps... lui aussi avait ses raisons. Il fallait s'en douter. Andrew n'était pas qu'un connard comme il aimait le prétendre pour rendre les choses plus simples. Il était un être humain. Une personne complexe que j'avais vraiment aimé, de tout mon cœur, de toutes les parcelles de mon corps. Je n'avais jamais ressenti ça pour personne. Je ne pouvais pas nier qu'un lien spécial nous avait collé ensemble pendant trois ans. Et en y réfléchissant... je n'étais pas sûre de l'avoir vraiment brisé... Je ressentais encore cet aimant au plus profond de moi. Toute la haine du monde n'avait pas suffi à l'étouffer... Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse de plus. Impuissante, j'extirpai la fumée de mes poumons, prête à abdiquer.

- Mais y’a personne comme toi Vicky.

Je sentais mes joues s'empourprer. Moi... Pourquoi moi ? Après tout ça, il le pensait, lui aussi ? Cette chose qui était entre nous était restée chez lui aussi ? Tout ce qui pouvait me rester de colère en moi s'évapora avec la fumée dans les airs. Je ne savais pas quoi dire, il m'avait ôté les mots, le souffle, tout. Avec six mots et un regard. Même si je n'arrivais pas à lui répondre, mon visage parlait de lui-même. Nos yeux semblaient danser fébrilement en se suivant comme des âmes en peine. Ma bouche entrouverte lui disait qu'il avait brisé ma coquille avec la pointe de ses paroles. Et mes joues... leur couleur signifiait qu'il m'avait touchée, de plein fouet. S'il n'y avait personne comme moi, il n'y avait personne comme lui non plus... Une Vicky pour un Andrew. À prendre ou à laisser.

- Si tu savais comme je me sens con maintenant. Je suis vraiment qu’un connard débile, et je suis désolé.

Je secouai la tête, me rapprochant un peu de lui dans un bruit crépu de gravillons. Non pas qu'un connard débile. Tellement plus que ça. Moi non plus, je ne m'y étais sûrement pas bien prise pour lui faire comprendre ça. Je l'avais poussé, excédée, à montrer le meilleur de lui-même en le retranchant dans ses limites, mais ça n'avait fait que le contraire. Nous étions jeunes. Nous le sommes toujours. Peut-être un peu moins cons qu'avant. Il fallait l'espérer. Lentement, je me sentais glisser dans la pente. Ça allait me prendre plus qu'un après-midi pour aller le rejoindre dans notre si profonde tranchée. Mais j'avais déjà commencé à entamer la descente.

- Mais j’aimerais faire les choses bien maintenant.

Tout comme lui. Je ne pus m'empêcher de sourire face à sa dévotion. Il avait l'air de le vouloir vraiment. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Qu'est-ce qu'y avait fini par lui ouvrir les yeux au final ? Et moi ? Les horreurs de cette ville nous faisaient enfin comprendre à quel point nos querelles d'étudiants étaient vaines et stupides ? Si quelque chose de bon pouvait ressortir de tous ces drames... Andrew était incroyablement adorable à ce moment. C'était dur de ne pas dévaler cette pente. Mais je devais y aller doucement pour ne pas trébucher. Même s'il fallait que je me force, que je prenne mon mal en patience, que je morde mon poing.

- Alors, si tu me racontais ce que tu as vu hier ?

Face à sa sincérité, je ne pus qu'émettre un rire soulagé. Je n'arrivais pas à remettre sa parole en doute, car à ma connaissance, Andrew n'avait jamais réussi à me mentir. Détourner la conversation, oui, mais jamais parler du vif du sujet sans une once de sincérité, jamais. Il avait du mal à se forcer, s'il le faisait, ça se voyait tout de suite. Et finalement... c'était plutôt admirable. Après tout ce temps d'engueulades interminables, j'arrivais à l'avouer. Andrew était une des personnes les plus honnêtes que je connaissais. Et je l'aimais pour ça. Je ne pouvais m'empêcher de sourire comme une collégienne. Mais aujourd'hui, même si je ne l'aurais jamais cru en tellement de temps, il m'avait surprise de la plus merveilleuse des manières.

- Si tu veux ! répondis-je avec un autre éclat franc. Mais avant, je voudrais te remercier. Je plantai alors un regard ému dans le sien. Vraiment. Merci. C'est vrai qu'on a été cons. Tous les deux, pas que toi. On aurait dû tout se dire, on aurait dû se faire confiance et essayer de se comprendre mieux que ça. Je rigolai encore un coup, un peu plus nerveusement. Je n'avais plus de larmes à faire couler, mais quelques sanglots lancinants restaient logés au fond de moi. C'est pas facile, mais ça fait du bien mine de rien... J'aimerais qu'on se parle comme ça plus souvent.

Si on pouvait le faire maintenant, pourquoi pas continuer, après tout ? On en avait déjà eu des conversations qui duraient la nuit entière, des souvenirs que je chérirait toute ma vie. Mais j'avais le sentiment qu'on n'en avait eu trop peu des comme ça. J'aurais poursuivi ces discussions comme une assoiffée. J'en voulais encore. Alors je pris le temps de souffler un peu, avant de remettre les mots dans ma tête. Lui parler d'hier. Plus facile à dire qu'à faire...

- Mh, alors, hier... C'était vraiment bizarre, je m'attend pas à ce que tu me croies, mais... Enfin en tout cas c'est ce que j'ai vu. Et... j'avoue ça me ferait du bien d'en parler... On a vécu ça avec ma mère mais j'arrive pas à en tirer des mots, c'est comme si elle voulait déjà oublier ce qui est arrivé et aller de l'avant. Mais... c'est carrément dur à avaler. Enfin bref. Hier, c'était l'enterrement d'Amelia, comme tu le sais. C'était important d'y aller pour moi parce que... tu te souviens je pense... sa mort m'a bouleversée... beaucoup. C'était aussi pour ça que j'étais aussi distante, j'avais l'impression d'être la seule affectée et c'était un gros moment de solitude. C'est aussi à ce moment que... j'ai recommencé à rêver d'un clown. Tu sais que j'en ai peur. Je sais pas trop pourquoi. Mais je le voyais souvent quand j'étais petite, quand... quand mon père est parti. J'en avais des terreurs nocturnes. Et depuis la mort d'Amelia, il est revenu. Je voulais pas que vous vous moquiez de moi donc j'ai rien dit... autre rire nerveux. C'était bête mais comme ça. Il est affreux, j'en ai tellement peur, je sais pas... Bref. Pour faire court hier, je pense qu'on a tous halluciné. Donc, eh bien, moi aussi, naturellement. Ce que j'ai vu c'était ce clown, en chair et en os devant moi. Et il tenait un... un... je me mis à trembler et finit par frotter mon avant bras. Un pistolet...

Je soufflait une nouvelle fois. Je me rendais compte que ça faisait vraiment une éternité que j'avais pas parlé à Andrew. Il allait avoir droit à une énorme mise à jour d'informations sur ma vie.

- Il allait me tirer dessus. Comme mh... ce qui m'est arrivé à Halloween. Mais je t'en parlerai après. En gros pour faire court, quand il m'a tiré dessus je me suis comme... réveillée ? Et y'avait tout le monde qui criait et faisait n'importe quoi, comme s'ils avaient vu un truc eux aussi. A ce moment t'es arrivé, on s'est engueulés, le père de Jessica était bizarre, on l'a suivie, elle t'a tenu les mains... j'veux dire tu l'as consolée... j'avais envie de me cacher tellement j'avais honte à ce moment là. 'Fin bon tu sais, quoi ! Et quand t'es parti eh ben... il y a eu... Mackenzie... non ça c'était avant. Mackenzie qui revient de nulle part toute pleine de bave ou je sais pas quoi ? Et juste après il y a eu un énorme... monstre ? J'essayais de lui indiquer les choses avec mes mains, mais c'était pas facile. Il mesurait genre... trois mètres ou plus... et sa bouche... euh... wow, c'était comme une fleur avec des milliards de dents à l'intérieur, n'importe quoi, j'ai jamais vu ça. Il nous a attaqués et Mackenzie s'est même fait... je mimais la griffure sur l'avant-bras. Énorme. C'était comme si elle était une cible. Fin bon voilà...

Mon regard était dans le vague, j'essayais de rationaliser tout ça, mais le réel ne me semblait plus réel... c'était à en devenir folle. Abandonnant ma cigarette à moitié finie sur les gravillons, je posai ma tête sur la paroi du bus une nouvelle fois.

- Ils disent que c'était une hallucination collective à cause de la fuite de gaz. Mais honnêtement... Je sais pas, j'arrive pas à y croire. Même si j'essaie de me persuader de ça, j'ai toujours le sentiment que c'est pas vrai, qu'on nous cache un truc. Même si je parais folle... j'aimerais savoir ce qu'y a vraiment derrière tous ces trucs. Qu'on en finisse une bonne fois pour toutes. J'veux pas vivre là dedans. »

Mes yeux sérieux restèrent un moment sans rien regarder avant de basculer progressivement vers le visage probablement confus d'Andrew. Alors je lui fis un petit sourire désolé. Finalement, c'était peut-être pas si facile que ça d'écouter Victoria McNamara... Je commençais à comprendre que personne n'ai voulu y prêter attention. En attendant, c'était quand même là.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyMar 7 Aoû - 22:21

Andrew a l’impression d’avoir parlé pendant des heures lorsqu’il se tait enfin après avoir questionné Victoria. Il l’a vu afficher différentes expressions au fur et à mesure de son discours et il ignore désormais totalement ce qu’elle peut bien penser de lui. Il ne peut pas s’empêcher de se questionner sur le but de leur petit jeu. Où est-ce que cet échange pourra bien les mener ? Est-ce que tout ça vaut la peine d’être enduré ? Avant de se lancer, le grand blond aurait pu émettre un large doute. Il n’est pas du genre à aimer se confier sans concessions. Pourtant, maintenant que les choses sont avancées, il se sent soulagé. Comme libéré d’un poids trop lourd qu’il traînait sans vraiment s’en apercevoir. Il est reconnaissant envers Victoria d’avoir eu la patience de lui accorder ce moment, peu importe le résultat.

Et alors qu’il s’attend à en savoir plus sur sa vision de la veille qui semble l’avoir tant secouée, il est surpris de recevoir des remerciements à la place. Après ce qu’il venait de dire, il ne s’attendait pas vraiment à ça… Une expression surprise passe rapidement sur son visage avant de prendre une moue désolée et d’acquiescer vaguement. « Ouais… » Bien sûr ils auraient dû se mettre à parler franchement sans colère bien plus tôt. Mais là où Andrew est laissé perplexe c’est que la jolie blonde suggère qu’ils devraient le faire plus souvent. Une suggestion qui change de toutes ces fois où elle affirmait avec vigueur qu’elle ne voulait plus jamais le voir. Peut-être qu’un jour, il leur sera permis d’espérer quelque chose de meilleur entre eux… ? Andrew ose à peine y croire. Toutes ses précédentes tentatives ont été soldées par des échecs violents et ont achevé de briser les morceaux de son cœur fêlé par sa rupture brutale avec Victoria. Y croire, c’est s’exposer encore. C’est prendre le risque. Mais la souffrance n’est plus tolérable et l’héritier n’est pas encore sûr d’être assez joueur pour parier sur un si faible espoir. Quelques mots chuchotés avec émotion en prévision d’un avenir meilleur. Une partie de lui veut y croire pourtant. Il le sent, Vicky a soufflé sur la braise avec adresse. Les cendres rougeoient et le feu brûle d’envie de crépiter à nouveau timidement en lui. Il se l’interdit pourtant, un seau d’eau prudent dans les mains, prêt à étouffer cette passion nouvelle dans l’œuf au moindre signal inquiétant.

Cependant, il cesse de tenter de lire les pensées de Victoria en la sondant du regard lorsqu’elle revient à sa question. Que s’est-il vraiment passé la veille dans sa tête ? Elle aborde à peine le sujet que déjà Andrew capte sa détresse. Le sentiment de solitude éprouvé inscrit une mine inquiète sur son beau visage alors qu’elle explique le déni de sa mère. Que l’épreuve est pénible lorsque ceux qui sont censés nous protéger ferment les yeux sur ce que l’on éprouve ! Andrew n’a jamais su faire le deuil de sa mère correctement, poussé par son père à tourner prestement la page. Il sait la déception, la colère et le chagrin qu’un tel sentiment de trahison peut inspirer. Il reste cependant silencieux et concentré. Il sait qu’il n’aura pas beaucoup d’autres opportunités de comprendre les tourments intérieurs de Victoria. Il sait que c’est peut-être sa seule chance de se rattraper et de bien faire les choses, comme il a avancé. Il ne compte pas la laisser passer vulgairement en interrompant son interlocutrice lancée en plein récit.

Elle en vient à la mort d’Amélia qui l’a profondément bouleversé. Andrew s’en rappelle très bien, chacun avait eu sa façon de digérer l’information. Certains avaient pleuré, d’autres s’étaient consolés à leur manière – en faisant la fête. Andrew, fidèle à lui-même, avait prétendu à merveille ne pas en être affecté. Victoria, elle, avait sombré dans la paranoïa. Elle avait été dévastée par la nouvelle et le jeune Dean s’était senti complètement démuni face à sa détresse. De toute évidence, il n’avait pas fait les choses comme il faut à l’époque, et même s’il n’était pas le seul coupable, il avait finalement compris que Victoria en avait attendu plus de lui qu’il n’avait pris la peine de lui octroyer. Néanmoins, le mal est fait, et le récit de Vicky continue.

Les choses commencent à devenir vraiment bizarres lorsqu’elle fait mention de son hallucination et explique son origine. La peur des clowns et le départ de son père. Andrew s’efforce de trier chaque information, une à la fois, tout en suivant le débit de Victoria, désormais lancée dans son histoire. Il s’inquiète pour elle d’un regard alors qu’il constate que ses yeux se vident pour revoir la scène de la veille. Il fronce les sourcils sans émettre de jugement lorsqu’elle avoue avoir gardé le silence du retour de ses terreurs nocturnes pour ne pas être moquée. Une fois encore, Andrew réalise à quel point elle devait le considérer comme un connard fini pour le croire capable d’une telle moquerie. Quoi que cette époque fût confuse pour tout le monde, et qu’au final, peut-être en aurait-il été capable sans réaliser tout à fait le mal qu’il aurait fait.

Et puis plus il avance plus le récit s’emballe, et Vicky avec. Il semble à Andrew qu’elle tremble presque lorsqu’elle explique que le clown était là hier, bien réel, en face d’elle, avec un pistolet braqué sur elle. Le grand blond n’est pas surpris par la vision, assez banale pour quelqu’un effrayée par les clowns, mais par l’état dans lequel Vicky est plongé. Il comprend à quel point elle est bouleversée lorsqu’elle se met à faire de grands gestes pour décrire l’apparition du "monstre". L’hallucination collective. A la voir raconter les événements, Andrew est soulagé de s’être rageusement échappé du lieu au bon moment. Il mettra d’ailleurs un moment d’autant plus long à pardonner son père pour l’avoir envoyé dans cet endroit de malheur sans son consentement.

Lorsqu’enfin elle termine son récit par ses conclusions sceptiques, elle semble à bout de forces. Sa tête est posée contre la paroi du bus et Andrew ne peut pas empêcher un regard compatissant et inquiet à la fois. La visite à l’hôpital ne sera peut-être pas une si mauvaise chose… D’autant plus qu’elle affirme ne pas croire en la version officielle, plongée dans un délire de théorie du complot. « Je sais pas Vicky… Un monstre fleur avec des tas de dents, c’est dur à imaginer… » Il croise les bras, appuyé contre le bus à côté d’elle, et fronce les sourcils en essayant pourtant de visualiser la bête face à lui. De toute évidence, la vision a dû être très traumatisante pour beaucoup de monde. Mais qu’est ce qui a bien pu leur inspirer une telle chimère dans leur délire collectif ? « Ça ne ressemble à aucun animal… » Mine de rien, Andrew s’est laissé avoir par l’histoire et il réfléchit déjà à un début de piste. Certes, il continue de chercher dans le naturel – hors de question d’envisager le surnaturel pour lui – mais au moins il fait l’effort d’y croire. Il entrouvre très prudemment sa porte à la possibilité que quelque chose dans cette histoire est vrai, une toute petite partie, qui a été grandement exagéré par le gaz inhalé par la foule. « Quoi qu’il en soit, si c’était vraiment plus qu’une hallucination tu dois faire attention. Tu peux pas couper les ponts avec tout le monde alors que tu te sens mal comme ça, et en plus partir enquêter dans ton coin. Tu vas t’attirer des ennuis Vicky. » Il la met en garde de la plus sérieuse des manières. Elle aurait dû parler à quelqu’un de ses cauchemars, au moins à sa mère si elle n’osait pas lui en parler à lui. Et si la ville cachait bien quelque chose à ses habitants, les fouineurs obstinés risquaient d’avoir des problèmes. « Tu ne peux pas affronter ça toute seule. » Il conclut en plantant un regard perçant dans ses belles pupilles sombres. Il cherche à la confronter à son état actuel. Lorsqu’il l’observe brièvement de haut en bas, il constate d’un air préoccupé qu’il n’a jamais – sinon rarement – vu Vicky autant plus bas que terre. Elle semble prête à dormir debout, presque tremblante sur ses jambes, plus faible qu’un jeune poulain de quelques heures. Les cernes qui marquent son visage trahissent le sommeil troublé par les visites nocturnes du fameux clown. C’est probablement par là qu’elle devrait commencer. « Encore moins dans cet état. On dirait que tu n’as pas dormi depuis 2 ans au moins. » Il appuie sur ce fait pour la ramener à la réalité. « Avant de partir en croisade, tu devrais au moins prendre soin de toi et rassembler tes forces, tu crois pas ? » Voilà, il négocie tant bien que mal un abandon temporaire de la théorie du complot au profit de sa santé personnelle.

Mais il continue cependant de réfléchir, et au lieu de s’arrêter à lui faire la morale, il hésite un instant et se risque à suggérer : « Mais…si le monstre était réel…pourquoi tu aurais vu un clown armé juste avant ? » A nouveau il fait marcher ses méninges à toute vitesse. Il réanalyse le récit de Vicky et le croise avec les informations que la presse a donné le matin même. « Personne n’était déguisé hier quand je suis passé… » Il se rappelle le délire dans lequel il a débarqué, lorsque la plupart des gens étaient déjà en train d’halluciner. Il avait eu de la chanceux de ne pas avoir éprouvé le moindre symptôme. Quoi qu'il en soit, cela signifiait bien que le clown armé n'était qu'une hallucination, et que gaz il y avait donc bien eu.. « C’est peut-être de lui qu’il faut que tu te débarrasses en premier. » Il conclut ses réflexions par cette phrase en interrogeant Victoria du regard. Il n’est peut-être pas encore prêt à admettre la présence surnaturelle d’un monstre chimère à Aster Cove, mais pour une fois depuis longtemps, il essaye vraiment d’aider la jeune McNamara. La voir aussi seule et désemparée face à ce qu’elle a traversé achève de briser tout ce qui reste de sa volonté de lui faire payer leur mésentente. « Qu’est-ce qu’il s’est passé à Halloween pour qu’il te traumatise autant, ce clown ? » Il l’interroge à nouveau et saute la question de Victoria. Le jeu du petit doigt vient de prendre une toute autre tournure. Concentré sur l’idée de comprendre et d’aider Vicky, Andrew en oublie presque la situation conflictuelle qui les opposait encore il y a quelques heures à peine.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyMar 21 Aoû - 16:07



Shake the disease
Vickandy
« Je sais pas Vicky… Un monstre fleur avec des tas de dents, c’est dur à imaginer…

Je ne pouvais pas m'attendre à ce qu'il me croie sur parole. En vérité, c'était normal de douter lorsqu'on n'avait pas eu la chose sous les yeux. Même encore, certains arrivaient à remettre en question ce qu'ils avaient vécu, j'imagine. C'était trop pour leur imagination... Alors d'où ça venait, si ce n'était pas de leur inconscient ? Toujours la tête contre le bus, j'observais la réaction d'Andrew, et je ne pus m'empêcher d'esquisser un petit sourire attendri lorsque je le vis vraiment réfléchir sur la situation. Le pauvre, il se triturait les méninges pour arriver à mon point de vue inaccessible... c'était touchant.

- Ça ne ressemble à aucun animal…
- Je sais, hein ? C'est pour ça que ça me perturbe... à partir de quoi on aurait pu imaginer ça ? Et comment ça se fait qu'on connaisse pas cette espèce depuis le temps, si elle existe ? Enfin bon...

Ça faisait bizarre, mais ça faisait du bien de spéculer avec Andrew sur des choses qui me tenaient à cœur comme ça. La Vicky amère pouvait encore dire "mais comment on pourrait ne pas s'en préoccuper ?!", mais il fallait que je prenne sur moi. Il fallait que je comprenne que tout le monde ne fonctionnait pas de la même manière que moi. Et je commençais tout juste à effleurer cette idée.

- Quoi qu’il en soit, si c’était vraiment plus qu’une hallucination tu dois faire attention. Tu peux pas couper les ponts avec tout le monde alors que tu te sens mal comme ça, et en plus partir enquêter dans ton coin. Tu vas t’attirer des ennuis Vicky.

Je baissais le regard, acquiesçant doucement comme une enfant à qui l'on fait la morale. Néanmoins, je ne le recevais pas totalement de cette manière. J'essayais de ne pas le montrer, de bouger ma tête en fonction des mots formés par la voix grave d'Andrew. Mais son ton inquiet... inquiet pour moi... me réchauffait la poitrine comme un feu ronronnant à mes oreilles. C'était un beau sentiment de savoir que quelqu'un tenait à vous. Et pas n'importe qui en plus de ça... Mais ça, je n'osais pas encore m'y aventurer trop loin. Alors je retenais mon sourire animé par les papillons qui chatouillaient mon estomac sans que je le veuille vraiment.

- Tu ne peux pas affronter ça toute seule.

Nos regards se croisèrent au même moment. Une partie de moi lui en voulait de me sous-estimer à ce point, mais d'un autre côté j'appréciais qu'il se fasse du souci pour moi. Néanmoins... je n'étais pas d'accord avec lui. Malgré ma fatigue, la flamme brûlait toujours dans mes yeux. Je voulais me battre. Je préférais mourir que de rester passive face à cette situation merdique. Et j'allais m'en donner les moyens. Alors... J'entrouvris ma bouche. "Alors fais-le avec moi.", je rêvais de le lui dire... Mais je n'osais pas encore... et je m'en voulais...

- Encore moins dans cet état. On dirait que tu n’as pas dormi depuis 2 ans au moins. Avant de partir en croisade, tu devrais au moins prendre soin de toi et rassembler tes forces, tu crois pas ?

Sa remarque eut le don de me faire sourire. Vrai, je n'étais pas très convaincante dans mon état actuel, je ne pouvais pas le contredire là-dessus. Et c'est comme s'il avait lu dans mes pensées. Comme s'il avait vu la flamme, comme s'il savait que je n'allais pas arrêter le combat. Soit ça, soit il me connaissait encore bien. Malgré tout, il était sûrement la personne qui me connaissait le mieux. Assez paradoxal, à vrai dire... vu que je n'avais pas eu la chance de m'ouvrir à lui comme je l'aurais voulu.

- Ça me semble raisonnable, oui, répondis-je sans quitter ce sourire qui avait finalement réussi à apparaître. Je te le promet, ajoutai-je en lui montrant mes dix doigts, signe que je n'en avait pas croisé deux dans mon dos.

Puis ce fut au tour du clown d'entrer dans la conversation, et mon sourire se fana à mesure que son horrible visage peinturluré surplombait ma vision, comme un calque horrifique qui me suivait par transparence. Andrew se demandait pourquoi je l'avais vu, s'il y avait une explication rationnelle... ce à quoi je n'avais aucune réponse. En vérité, je me rendais compte que je n'avais même pas envie d'y penser. Malheureusement... Andrew semblait avoir raison sur un point...

- C’est peut-être de lui qu’il faut que tu te débarrasses en premier.

Peut-être... ironiquement, se débarrasser d'un monstre sorti des confins de l'enfer était plus facile pour moi que l'idée de faire face à ce clown traumatisant. J'étais tout de même reconnaissante qu'Andrew ne me prenne pas pour une folle, et cherche véritablement une solution. Peut-être pour me faire plaisir avant tout... mais ça signifiait tellement de choses. Où était cet Andrew lorsque je commençais à revoir ce cauchemar la nuit ? Peut-être avait-il toujours été là... je ne lui en avais simplement pas parlé... qu'est-ce que j'avais pu être conne moi aussi...
Alors oui, je voulais bien... mais comment ? Impuissante, je lançai un regard désespéré à mon ex sortant de la disgrâce. Je n'avais aucun moyen. Au moins, les monstres qui apparaissaient dans la ville étaient "réels" si on peut le dire comme ça. J'avais le pouvoir de les frapper physiquement. Lui... lui avait un total avantage sur moi. Alors, dans un rire à moitié nerveux, je frottai l'arrière de ma tête, essayant de dédramatiser la situation au possible.

- Comment ils faisaient dans Les Griffe de la Nuit, déjà, pour tuer Freddy ?

Je n'attendais pas une réponse concrète, c'était un semblant de blague qui nous rappelait tous les deux à quel point j'avais eu peur de ce film. Les films d'horreur, c'était vraiment pas mon truc... ils étaient comme le clown. Je pouvais pas m'en défendre. Mais Andrew, lui, même après s'être royalement moqué de moi pour avoir sursauté jusqu'à me cogner contre la paroi de la voiture au drive-in, me consolait toujours le soir venu, lorsque les images ne sortaient pas de ma tête... Il me prenait dans ses bras et... Tss, non, pensée dangereuse. Pensée dangereuse !

- Qu’est-ce qu’il s’est passé à Halloween pour qu’il te traumatise autant, ce clown ?

La question me coupa dans mon élan nostalgique. J'avais presque oublié ce détail ! Ce détail... gros comme un éléphant, oui. Il était temps pour que l'histoire de Vicky s'achève en un retournement de situation magistral. Je ne savais pas si c'était une bonne idée de lui en parler... Mais j'avais besoin... j'avais besoin de me confier à quelqu'un. Et je ne l'avais jamais fait jusqu'à présent. Même pas à ma mère.

- Ok, alors tiens-toi bien. C'est pas tant le clown qui a quelque chose à voir avec Halloween, c'est le... pistolet. Ne le répète pas, j'en ai encore parlé à personne, c'est un peu dur à digérer... À Halloween, je... je suis sortie pour hm... bref, je suis sortie ça a pas trop d'importance pourquoi, de toute façon je n'ai rien pu faire. Dans la rue, j'ai croisé Walter Bishop. Il venait de... enfin, tu sais, il a été retrouvé ce jour là. Eh ben... techniquement c'est moi qu'il a croisé en premier. Il était... je fis une grimace assez évocatrice. Couvert de sang et d'autres choses dégoûtantes. À Halloween, tu vas me dire, c'est pas très choquant. Quoique... Mais là, c'était différent. Il venait de ressortir de je-ne-sais-où et il avait disparu pendant deux ans. Moi je portais un masque, alors il ne m'a sûrement pas reconnu, enfin s'il se souvenait de moi, je sais même pas. Mais juste quand j'étais en train de le retirer, il avait pointé le canon de son pistolet sur moi et... je m'arrêtai un temps. Dur de continuer... Dur aussi de retranscrire le sentiment que j'avais vécu. Comme si j'étais déjà morte. Mais que la vie m'avait brusquement reprise et m'avait réveillé en me fracassant sur le pavé. Ce genre de sentiment. J'ai entendu le clic, mais rien n'est venu. S'il avait eu une balle, Andrew, je... Ma lèvre commença à trembler, je n'avais plus le contrôle. Il fallait que je finisse ce que j'avais à dire, et vite, mais la réminiscence du souvenir était bien trop puissante. Je crois bien que je te parlerais pas, là maintenant... »

J'essuyais mes larmes, mais elles revenaient à la file indienne. Tant pis... je les laisserais couler. Elles finiront bien par s'arrêter au bout d'un moment. C'était fini. Mais mon esprit n'avait pas encore terminé de tourner cette page douloureuse. Je fronçai les sourcils. Peut-être que j'étais vraiment faible, après tout...
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyJeu 23 Aoû - 1:24

Vicky dévoile clairement ses dix doigts à Andrew pour effacer tout soupçon de triche et assure qu’elle prendra soin d’elle avant de reprendre sa croisade. Le grand blond esquisse un sourire en coin avant de laisser son regard se perdre sur les environs de la décharge. La promesse lui fait l’effet d’un drôle de bond dans le temps. Il est comme projeté en arrière et ne sait pas trop quoi faire de cette proximité retrouvée, bien que bancale et très fragile. Il sait que c’est son truc, de tout foirer au moment critique. Le mauvais mot, le mauvais geste, il ne déçoit jamais personne dans son rôle de parfait connard. Pourtant il ne veut pas gâcher cette chance inattendue de réparer un tant soit peu les dégâts. Il aura eu beau essayer de se convaincre que ça ne valait pas le coup pendant des mois, c’est un point sur lequel il ne peut plus se mentir à lui-même alors que Victoria lui accorde un de ses fameux sourires.

Quand on y pense, c’est inespéré ; le duo rongé et détruit par une haine réciproque qui retrouve machinalement de vieilles habitudes communes. Ils ont beau avoir promis chacun leur tour de bannir l’autre de sa vie, ils continuent de se comprendre à leur manière lorsque la magie des circonstances impose la paix entre eux. Andrew devine l’importance que joue le clown dans les peurs de Victoria, et celle-ci écoute son conseil avec attention. Elle semble même admettre qu’il a raison, hoche vaguement la tête, réfléchit à la chose alors que son regard se perd au loin et que son teint devient peu à peu livide. De toute évidence, la chose ne sera pas aisée. Mal à l’aise, elle cherche vaguement à se rassurer par une touche d’humour et compare son adversaire à Freddy. Une remarque qui appelle d’agréables souvenirs partagés. Les films d’horreur ont toujours été une méthode plus qu’efficace pour attirer la jolie blonde contre lui. Néanmoins, Andrew se contente d’échapper un petit rire amusé et s’abstient de rappeler la fin tragique du film : on ne tue pas Freddy, c’est Freddy qui vous tue. Il se souvient combien ce scénario a effrayé Vicky la première fois. Cette fois la place du protecteur nocturne de Vicky est laissée vacante, et le clown profite probablement de cet avantage de taille pour faire des ravages. Les cernes de la jeune lycéenne en témoignent.

Alors Andrew encourage la jeune McNamara à poursuivre le combat. Il creuse sur le sujet d’Halloween, puisque Victoria lui en a promis le récit. Un récit qui commence par un avertissement intriguant. Andrew croise les bras alors que Vicky lui demande de garder le secret, avouant par la même occasion qu’il est le premier à qui elle raconte les faits. Etrange commencement pour celui qui aurait plutôt dû être le dernier auprès de qui Victoria se serait confiée. D’autant plus intrigué, Andrew écoute donc avec attention. Il fronce les sourcils lorsqu’elle élude la raison de sa sortie, mais la suite lui fait aussitôt perdre tout intérêt sur la question. Le nom de Walter Bishop lui fait grincer des dents. Il faut dire que l’héritier est loin de porter le policier dans son cœur.

La pause soudaine que fait Victoria, la terreur qui passe dans son regard alors qu’elle cherche les mots, sa voix qui tremble, brisée par l’émotion. Elle n’a pas besoin de terminer sa phrase que déjà le scénario se joue dans la tête d’Andrew. L’horreur des pupilles de Victoria se reflète aussitôt dans son regard. Il lui a tiré dessus. Ce sale con lui a tiré dessus ! Ce putain d’abruti inutile !!! Victoria appelle son prénom et Andrew capte la détresse qui secoue la pauvre lycéenne alors qu’elle termine son explication tant bien que mal. Elle est secouée par le choc et les larmes coulent à nouveau à flot sur ses belles joues creusées par la fatigue.

Si Walter avait tiré, Victoria ne serait plus là. Victoria serait morte. Ce salopard avait intérêt à bien se cacher pour les dix années à venir, car l’envie de l’étrangler lui-même démange soudainement Andrew. Dire que ce sale con est à nouveau en service ! Bien sûr, il ne va pas se vanter d’une telle bavure. Etouffer une affaire d’une telle gravité, ça ne lui pose pas de problème ! En revanche, hors de question de fermer un peu les yeux sur un groupe de jeunes qui profitent gentiment de la vie. Quel bel enfoiré !

La révélation est percutante, mais le jeune héritier s’efforce malgré tout de ravaler sa colère. Pour le bien de Vicky. Vicky qui continue de pleurer, hantée par l’idée d’avoir frôlé la mort à si peu de choses près. Qu’est ce qu’il irait dire ce gros con, si on allait jouer à la roulette russe avec sa petite femme ? Andrew redouble d’efforts pour ne pas trembler de rage malgré tout. Il bout à l’intérieur et hurle à l’injustice. Est-ce qu’il est maudit pour risquer de perdre tragiquement tous ses proches ? Est-ce que par un incroyable coup du sort, c’est leur rupture qui a sauvé Victoria ? Le jeune Dean n’ose pas imaginer sa réaction s’il avait été là au moment du crime. Victoria. Il a failli lui prendre Victoria ! Son cœur s’emballe alors qu’il comprend peu à peu les enjeux de cette nouvelle. Il ne peut pas la perdre. Il peut la laisser s’éloigner. Il peut s’épuiser à la confronter tous les jours. Mais l’idée de la perdre affole tout son être.

Son cœur bat trop vite. Il s’efforce de rester calme en expirant longuement. Ses mains tremblent imperceptiblement en encaissant la nouvelle. Ses jambes fébriles lui permettent à peine de faire un pas. Sa voix reste muette. Les mots lui échappent de toute façon. Il n’aurait pas supporté de perdre Victoria, sa Victoria. Surtout pas à cette époque troublée où il était désespéré de la comprendre à nouveau un jour. Dieu merci, Victoria, sa Victoria, elle est en vie, elle est bien là. Il tend une main à peine hésitante vers l’épaule de la pauvre fille secouée par les sanglots et l’attire doucement vers lui pour la serrer contre lui. C’est un geste qui lui vient naturellement, sans prendre le temps d’y penser. Il y trouve du réconfort, rassuré de la sentir bien vivante contre lui, et lui offre le peu de soulagement qu’il peut lui accorder. « Je suis désolé Vicky… C’est fini, ce connard de flic te fera plus de mal. » Le pire est passé, même si la confession rappelle des souvenirs douloureux. Même dans sa sombre colère, Andrew reste persuadé que Walter devait avoir une raison – même mauvaise – d’avoir paniqué à ce point. (Tout de même, quel incapable ! Il aurait mieux fait de rester disparu si c’est ainsi qu’il protège les citoyens d’Aster Cove !) L’envie de détruire ce taré de service le démange, mais Andrew reste préoccupé par Victoria. Voilà des mois qu’il ne l’a pas serré contre elle. L’étreinte lui semble pourtant naturelle. La douce odeur de ses cheveux n’a pas changé. Il se surprend à vouloir la garder contre lui et s’efforce alors aussitôt de la relâcher. « Tu devrais peut-être en parler aux médecins tout à l’heure. » Il suggère en se rappelant du rendez-vous à l’hôpital imposé par la mère McNamara. Et puis, après avoir hésité une seconde, il ajoute sur un ton plus sérieux qu’un président en discours officiel : « Et...si jamais il t’approche, tu m’appelles, d’accord ? » Il faut être réaliste, si Victoria n’a rien dit à sa mère, quelles sont les chances pour qu’elle ose aborder le sujet lors d’un bilan de santé rapide ? Pour autant, Andrew ne peut pas se résoudre à laisser Vicky affronter un problème de cette envergure seule. Malgré tout ce qu’ils ont traversé, malgré tout ce qu’elle lui a fait subir, malgré tout ce qu’il lui a renvoyé, il ne peut pas se résoudre à laisser qui que ce soit d’autre que lui faire du mal à Victoria. Il en veut à Walter. Il le déteste, d’avoir traumatisé la belle Vicky au point d’en effacer le beau sourire qu’elle avait enfin réussi à lui accorder.

« Au fait, ton rendez-vous est à quelle heure ? » Il s’en veut aussitôt d’avoir posé la question. Quel idiot, de rappeler ses obligations à Victoria pour raccourcir un moment aussi intriguant que celui qu’ils partagent ! Le temps est passé vite pendant cette drôle de confrontation. Andrew ne sait pas quoi en penser. Il aimerait que ça ne s’arrête plus, intrigué par la suite. Le destin a ravivé soudainement ses espoirs enfouis. « Tu veux que je te dépose ? » Il propose aussitôt pour essayer de se rattraper.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyDim 2 Sep - 21:09



Shake the disease
Vickandy
C'était bon de rire ensemble encore une fois. À quel point quelques spasmes d'humour pouvaient effacer tant de choses et remettre tout à plat pendant ne serais-ce qu'une fraction de secondes. L'idée que traîner avec Andrew Dean était finalement plus une bulle qu'une éternelle souffrance commençait sérieusement à pointer le bout de son nez, avec son lot de peurs et d'espoirs. Mais c'était également quand je remarquais sa réaction, réaction que je guettais avec une anxiété colossale au-delà du rideau lacrymal... c'étaient son expression inquiète, ses poings tremblants, ses pupilles infectée par la peur... la peur pour moi... c'était dans ces moments là que je savais que notre lien, peu importe ce qu'il était devenu, était plus spécial que tout le reste. Je commençais petit à petit à me rendre compte que je n'aurais jamais une relation aussi forte avec quelqu'un qu'avec lui. En tout cas, c'était ce que je croyais dur comme fer. Et je n'avais pas spécialement envie d'en être dissuadée.

Surtout pas lorsqu'il m'attira contre lui pour me prendre dans ses bras. Mon souffle se coupa progressivement, jusqu'à me retrouver contre lui, rouge de surprise. Mais pas que...

« Je suis désolé Vicky… C’est fini, ce connard de flic te fera plus de mal.

Cette sensation de protection était à la fois la chose à laquelle je m'attendais le moins, et probablement ce dont j'avais le plus besoin. Mais ce n'était pas n'importe qui qui m'entourait de ses bras et m'enserrait comme s'il ne voulait plus jamais me perdre. Non... Je priais pour qu'il ne sente pas la chaleur qui rongeait mes joues, ni mon cœur qui battait à tout rompre contre mes vêtements, et les siens. Je ne voulais pas lui faire savoir qu'il avait encore ce pouvoir sur moi, le pouvoir de me réduire à néant par un simple contact. De me perdre totalement dans la pression de ses bras, jusqu'à ce que j'en demande encore et encore et que je me brise lorsqu'il se transformait en mur. Mais au-delà de ça... j'étais touchée. Je ne savais pas combien cette étreinte lui avait coûté. Il m'avait écouté, avait été assez ouvert pour croire en la gravité de la situation, et me faisait maintenant savoir qu'il ne voulait pas que cela me détruise. Je finis par sourire sous l'émotion, avant de glisser mes mains dans son dos, lui rendant son affection un moment. Mais cette distance qu'il avait réduite à néant entre nous ne pouvait être inexistante trop longtemps, et il avait raison, il fallait se séparer au plus vite. C'était dangereux pour nous deux...

Alors je séchai les larmes qui s'étaient finalement arrêtées et écoutai les derniers conseils d'Andrew. Il ne faisait vraiment pas semblant... mon sourire ne partait plus.

- Et...si jamais il t’approche, tu m’appelles, d’accord ?

Je lui fis un petit sourire en coin. Le truc, c'est qu'il fallait que je lui parle. Le pauvre Andy ne comprenait pas encore très bien.

- Il ne me fera plus de mal, t'en fais pas pour ça. Tu connais Walter, il pourrait jamais faire une chose pareille... enfin je le pensais. Mais le contraire m'aurait sérieusement étonnée... et fait froid dans le dos. J'ai pas vraiment peur de lui, j'ai peur de... je tentai de réprimer un frisson en vain. Je sais pas, c'est si facile de tuer quelqu'un avec un flingue ? Je m'en suis rendue compte comme ça. J'ai plus confiance en ces trucs, même un gars droit dans ses bottes comme Walter a failli me tuer avec. J...je... je veux plus jamais voir un canon de ma vie, et surtout pas en face de mes yeux !

Ça faisait du bien de le sortir. Plus de larmes maintenant, l'honnêteté était un peu plus facile maintenant que le plus gros avait été évacué. En tout cas, c'était clair que j'évitais le rayon des armes à feu à partir de maintenant. Je sentais que je ne pourrais jamais en tenir un sans trembler, ou me sentir en sécurité lorsque quelqu'un avait ce genre de chose à la main. Plus jamais.

- Au fait, ton rendez-vous est à quelle heure ?

Alarmée, je regardai immédiatement ma montre bleue. Je finis par pousser un soupir.

- Tu fais bien de me le dire... dans moins d'un quart d'heure. Ma mère va me tuer...

Je lançai un regard désabusé à ma bicyclette qui allait me rendre en retard à coup sûr... si seulement j'étais venue en...

- Tu veux que je te dépose ?

Il venait de lire dans mes pensées ou quoi ? Me retournant vivement vers lui, je lui offris un de mes plus beaux sourires. Qui retomba un peu lorsque je réalisais la chose. Je n'avais plus l'habitude de me faire ramener par lui, et je ne voulais pas abuser de sa mystérieuse gentillesse aujourd'hui (enfin, pas si mystérieuse que ça après tout)... quoique, si ce n'était que l'histoire d'une journée, autant que j'en profite jusqu'au bout ?

- Si ça ne te dérange pas, je veux bien... répondis-je en faisant glisser une mèche de mes cheveux derrière l'oreille.

Alors nous allions placer mon vélo dans son coffre et ce fut comme ça que pour la première fois en plus de quatre mois, j'allai de nouveau m'installer sur le siège passager de la voiture que j'avais tant connue. C'était tellement étrange d'y retourner... je ne me sentais plus vraiment à ma place, mais le fantôme de ce que nous étions flottait encore dans l'habitacle. C'était étrange... mais pas si désagréable. Grâce à ma rencontre fortuite et incroyablement fructueuse avec Andrew, j'avais pu être à la maison à temps. Ma mère était déjà sur le porche avec Oliver, habillés pour partir. Elle fermait à peine la porte quand elle me fit un signe voulant dire "enfin!". Je notai son expression lorsqu'elle comprit qui m'avait ramenée. J'allais avoir droit aux explications sur la route de l'hôpital...

- Merci, Andrew. Vraiment.

Je le regardai un moment, réalisant que je n'avais pas vraiment envie de sortir de sa voiture, cette fois... Inconsciemment, je faisais durer le moment le plus longtemps possible. Hésitant un temps, je finis par lâcher la poignée de sortie et allai cueillir un baiser sur sa joue. C'était la moindre chose que je puisse faire pour lui montrer à quel point l'échange qu'on venait d'avoir m'avait touché en plein cœur. Même s'il me faudrait encore du temps pour réaliser à quel point, vraiment...

- T'embête pas trop avec tout ça, d'accord ? lui fis-je avec un petit sourire désolé. Tu m'appelleras ?

Quelle question... je n'avais simplement pas envie que notre conversation se termine, en fait. Je voulais la faire durer encore et encore, des jours et des mois entiers. Je ne pouvais juste pas m'en empêcher. Ouvrant la portière, je m'arrêtai un instant dans mon élan pour me retourner une dernière fois vers lui.

- Mon numéro est toujours dans l'annuaire, normalement. »

Je lui fis un signe de main avant de sortir et de claquer la porte. Je fronçai mes sourcils pour moi-même, me demandant pourquoi j'avais sorti cette phrase à deux balles, et marchai en direction de ma maison, secouant lentement ma tête comme pour désapprouver ma maladresse.
En tout cas, ce soir, ce n'était pas du clown, du flingue ou du monstre dont je rêverai.

L'étreinte.

La bise volée.

Elles allaient progressivement prendre leur place.
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MessageSujet: Re: Shake the disease   Shake the disease EmptyDim 2 Sep - 23:38

En une après-midi, l'ordre des choses est bouleversé. Pas plus tard que la veille, Victoria et Andrew menaient encore une guerre ouverte l'un contre l'autre. En cette fin d'après-midi, on pourrait presque les croire bons amis. L'héritier n'aurait jamais imaginé serrer Vicky contre lui aujourd'hui. Il aurait même ri au nez de celui qui aurait essayé de l'avertir. Pourtant, ça lui est venu spontanément. Pendant un court instant, ils ont retrouvé leurs vieilles habitudes d'amants attentionnés. Des habitudes qu'ils avaient presque perdues même avant de rompre. Parler à nouveau aussi longtemps et surtout aussi honnêtement avec Vicky, c'est une exception inespérée qui réveille une excitation profondément enfouie et étouffée en Andrew. Il enrage de sentir son petit cœur se remettre aussi vite à battre pour la jolie blonde. Il voudrait qu'elle refuse de se rendre à son rendez-vous, qu'elle continue à lui parler d'elle et de ses rêves. Il voudrait passer la soirée avec elle, se percher sur ce bus qui leur a servi de terrain neutre et regarder le soleil descendre jusqu'à céder la place à la lune. Ils prendraient place l'un contre l'autre pour se tenir chaud, et leurs échanges ne seraient plus que des murmures au milieu du silence de la nuit. RÉVEILLE TOI ANDREW.

Sa conscience rancunière met une claque à son cœur qui s'emballe au bon moment. Il détache son regard mélancolique du bus au moment au Victoria accepte timidement sa proposition en glissant ses cheveux derrière son oreille. Un geste bête mais que le jeune Dean a toujours apprécié chez la lycéenne. Elle a une façon si particulière de le faire. La façon dont elle incline la tête, le regard charmeur qu'elle lance sans s'en rendre compte, les cheveux dégagés qui dévoilent un léger sourire retenu. "Je vais prendre ton vélo." Il s'empresse de répondre pour se détourner d'elle. Quel idiot ! Comment peut-on retomber amoureux aussi vite ? Il voudrait prendre des baffes et une douche froide. Il a les idées embrouillées par la sorcellerie de Vicky. Il s'en veut d'être aussi faible et craint de souffrir à nouveau comme il a souffert par le passé. Le processus de guérison est long et laborieux, hors de question de repartir de zéro. Alors il s'accroche de toutes ses forces à son masque le plus neutre possible. Evidemment, il ne peut pas se montrer odieux maintenant. Il n'a pas la force de gâcher aussi facilement tout ce qui vient de se passer. Pour une fois, il s'autorise l'espoir d'être éventuellement heureux avec quelqu'un. Peut-être. Mais les limites sont strictes. Les rêves ne seront pas permis. Il faut encore y réfléchir. Être sûr de son coup.

Une fois le vélo embarqué, la décharge est laissée derrière et Andrew allume machinalement la musique pour tenter d'oublier la musique paniquée qu'hurle son cœur qui s'emballe. Elle est là ! Vicky est là ! Juste à côté ! A sa place ! Comme avant ! C'est un combat féroce qui se déroule en Andrew, entre celui qui voudrait faire un détour pour rendre le voyage plus long et celui qui voudrait conduire plus vite pour se débarrasser de cette gêne étrange. Alors il s'efforce de rouler normalement sur le chemin habituel. Personne ne gagne, personne n'est content. Il reste silencieux au possible, rendu muet par toutes les questions qui fusent dans sa tête. Mais qu'est ce qui va se passer ensuite ???

Finalement, lorsqu'ils arrivent devant la maison des McNamara, Andrew est soulagé. Il n'a jamais réfléchi aussi intensément de sa vie à propos d'une relation. La plupart d'une temps, lorsqu'il n'est plus à l'aise, il se contente de s'en débarrasser. Seulement voilà, Victoria, il ne parvient pas à s'arrêter de s'accrocher désespérément à elle. Lorsqu'enfin il avait commencé à lâcher prise, la jolie blonde l'avait encouragé à resserrer sa prise comme jamais. "De rien." Il murmure presque sa réponse, occupé à plonger dans le regard de Victoria. Ses remerciements ont l'air plus sincères que jamais. Ils n'ont pourtant fait que discuter, eux, les anciens amants devenus maudits et pires ennemis. Le lycée tout entier est au courant de ce qui les oppose, et pourtant voilà Vicky qui s'avance, Andrew qui se fige, les lèvres douces qui se posent sur sa joue. Il est stupéfait, et pourtant la belle ne s'arrête pas là. Avant de s'échapper, elle l'invite à l'appeler avec un léger sourire.

"Euh.." Il faut répondre quelque chose, mais Andrew doit d'abord faire face à la surprise. Est-ce que c'est un piège ? La journée est trop belle pour être vraie. Vicky a t-elle apprécié cette après-midi partagée autant que lui ? Après tout, les confessions qu'ils ont partagées ont révélé qu'ils avaient été plus diots que réels ennemis. "Ouais, ok." Il répond finalement alors que la jeune McNamara sort de la voiture pour aller rejoindre sa famille qui l'attend devant le porche. Ce n'est que lorsqu'elle lui parle d'annuaire qu'Andrew a l'impression de retrouver la rancœur à laquelle il a fini par s'accoutumer. Est-ce que Vicky s'imagine qu'il a brûlé son répertoire dans un moment de rage ? Ou qu'il a rayé le numéro de son ex en le raturant juqu'à en trouer la page ? Un sourire amusé lui étire les lèvres alors qu'il repart sans lui répondre. C'est vrai, il a ses moments de colère lui aussi, mais pas au point de l'égaler lors de ses "semaines difficiles".

Non, le numéro de Vicky est resté bien intact, inscrit d'une écriture soigneuse dans son répertoire personnel. Mais qu'importe, Andrew n'en aura pas besoin. Oh il n'a pas l'intention de se murer dans le silence et de prétendre que rien n'est arrivé entre eux. Cette partie de lui a perdu face au baiser fugace que Victoria lui a accordé. Le répertoire restera pourtant dans son tiroir. Le numéro de Victoria, il ne lui avouera pas, mais il le connaît encore par cœur.
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Shake the disease
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