Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever]

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Walter Bishop
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Walter Bishop
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MessageSujet: Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever]   Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever] EmptyMer 22 Nov - 18:10

Il avait mis les pieds dans ce bar des centaines de fois. Il en connaissait les moindres recoins, avait même baptisé certains d'entre eux et tous, sans exception, lui rappelaient Evie. Evie était partout dans sa tête, dans ses souvenirs et même dans ses gestes, qui imitaient inconsciemment ceux de celle qui lui manquait tant. C'était étrange, d'ailleurs, ce manque qui le dévorait presque violemment, comme si cela faisait des années qu'il ne l'avait pas vue. Pourtant, il n'était resté que deux semaines à l'hôpital, en observation et surtout en quarantaine. Rien ne justifiait ce désir brûlant de la revoir, de l'apercevoir, de reconnaître un sourire vu mille fois en rêve et désiré bien plus encore, sentir se poser sur lui un regard tant aimé, et caresser des yeux une couronne enflammée posée sur des traits adorés. Rien ne justifiait ça, et même si Walter était fou d'elle, il avait l'étrange sensation que quelque chose manquait dans sa vie, que son corps, lui, était bien conscient du temps perdu, du temps disparu dans un ailleurs dont il ne se souvenait de rien. Pour lui, son dernier souvenir avait des allures de fin du monde, tribunal infernal où la coupable était Evie et la victime Lily.

Il avait mis les pieds dans ce bar des centaines de fois et pourtant, ce soir, quelque chose le retenait autant qu'il était poussé à y rentrer. Le premier pas était toujours le plus compliqué. Walter le savait, Walter l'avait même répété des dizaines de fois à d'autres que lui, mais pousser la porte ébréchée du bar ne lui avait jamais paru aussi difficile. Un soupir quitta ses lèvres gercées par le froid et Walter lança un regard au bouquet de roses qu'il avait acheté. Il les avait choisies bleues. Uniques, rares, atypiques, tout comme la jeune femme à qui il comptait les offrir. Mais désormais, il n'était plus sûr que son choix soit adéquat. La connaissant, elle allait lui faire manger son bouquet et le traiter de con. Un sourire amusé glissa le long des lèvres de Walter tandis qu'il replaçait sa cravate. Qu'importe ce qu'elle ferait des fleurs, il était prêt à tout accepter. Il était prêt à toutes les réactions, tous les sourires, toutes les baffes, tous les éclats de rire, toutes les moues déconfites qui viendraient, tout, tout, tout. Tout... sauf peut-être une éventualité qui le terrifiait. En deux ans, une vie se déchirait, mais surtout, elle se reconstruisait. En deux ans, il était probable qu'Evie, belle et intelligente comme elle l'était, ait rencontré quelqu'un. À cette pensée, son cœur se serra et mordit l'espoir qui osait palpiter dans sa poitrine. En fait, si Walter n'osait pas passer cette porte, c'était aussi par peur de voir ses doutes se réaliser. Ceux-ci avaient commencé avec l'appartement vidé de la présence envoûtante de sa belle. Alors, Walter avait pris conscience des deux années écoulées. On le lui avait dit, bien évidemment, et il avait vu sur le visage des adolescents croisés les marques du temps, mais c'était toujours autre chose que de se retrouver soi-même confronté à la réalité. Ça faisait toujours un drôle d'effet, de se ramasser cette réalité en plein visage, comme si l'on rencontrait un mur à pleine vitesse, sans protection aucune. Et une telle proximité laissait forcément des stigmates. Chez Walter, elle avait laissé des doutes. Une infinité de doutes qui, comme ils n'avaient trouvé aucun obstacle stable, s'étaient gangrenés et lui rendaient impossible l'ouverture d'une simple porte.

Il était ridicule. Pour la énième fois, il réajusta une chemise déjà parfaitement ajustée et posa la main sur un battant résolument fermé. Il lui suffisait d'une toute petite impulsion, minimaliste, pour pénétrer dans le bar, et pourtant, il n'y parvenait pas. C'était plus fort que lui et, plutôt que d'ouvrir cette satanée porte, il tira plutôt un paquet de cigarettes de son jean. Dans les moments difficiles, ces cancers de poche lui avaient toujours permis d'évacuer son stress. Mais bien évidemment, celui-ci se devait d'être vide. Il n'avait pas repris le temps d'acheter un paquet et se retrouvait maintenant sans rien pour se détendre. Il jeta l'objet inutile d'un geste rageur et décida que, cette fois, c'était bon. Il s'apprêtait à pousser la porte quand un homme qu'il n'avait jamais vu l'ouvrit depuis l'intérieur et lui lança un regard clairement dubitatif.

Super. En plus de n'avoir pas su se débrouiller seul, il avait fallu qu'il passe pour un abruti. Un soupir et une main gênée passée dans ses cheveux plus tard, Walter se décida à rentrer dans le bar. Et comme si le temps s'y était figé pour lui, rien, ou presque, n'avait changé. Tim était toujours adossé à son débit de boisson, plaisantant avec son infortuné voisin du moment. Dans le fond, assis à une table obscure, se trouvaient Théodore et son éternel verre de Whisky. Et puis là-bas, à côté des toilettes, le couple infidèle du moment attendait sagement que celles-ci se libèrent pour y concrétiser leur relation. Il y avait bien évidemment des nouveaux visages, mais il y en avait toujours eu et la déco' n'avait absolument pas été rafraîchie. Les prix non plus n'avaient pas grimpé. L'Aster & Clover était resté l'endroit qu'il avait toujours connu, jusqu'au barman qui, semblait-il, avait pris soin de raser son crâne pour fêter le retour de Walter.

Son sourire s'élargit tandis que ses yeux scrutaient, fouillaient les moindres recoins de ce lieu hors du temps à la recherche d'un visage trop aimé, peut-être, mais toujours espéré. Lorsqu'il la vit, ses yeux manquèrent de s'embuer et son cœur loupa un battement. Elle était aussi belle que dans son souvenir. Le seul changement résidait en cette fatigue qu'il croyait deviner sur ses traits. Alors, Walter sut qu'Evie lui avait manqué.
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Evie Knott
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MessageSujet: Re: Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever]   Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever] EmptyVen 24 Nov - 21:45


Il n'y avait rien d'exceptionnel dans cette soirée, ni dans aucune autre d'ailleurs. L'Aster and Clover s'agitait comme il savait si bien le faire, peuplé d'un tas de gens à la recherche de quelque chose qu'ils ne trouveraient jamais au fond de leur verre. Ou peut-être était-ce simplement elle, dans sa petite robe, elle qui regardait cette monotonie avec toujours ce même creux au ventre, toujours ce manque, toujours ce fantasme idiot, ce souvenir plutôt, d'un grand jeune homme au regard océan, au sourire d'ange et au cœur d'or franchissant ces portes-là, juste pour dire bonjour, juste pour la voir, juste pour lui dire je t'aime.

Elle n'avait plus entendu ce je t'aime depuis deux ans maintenant. L'anniversaire avait été... douloureux. Pénible. Riche en larmes, consolé par trop d'alcool et les bras d'un type qui ne remplacerait jamais l'ombre de Walty. Evie avait passé la semaine à ressasser sa peine en silence, à la ruminer pour espérer la recracher, à l'intérioriser pour ne pas la dévoiler. Elle avait même loupé le travail, deux fois, uniquement pardonnée par la pitié que le patron portait sur elle. D'ordinaire, elle se serait révoltée, mais là... Trop fatiguée. Trop lasse. Elle l'engueulerait plus tard.

« Un coca et une bière pour le p'tit couple, c'est parti ! »

Le sourire, factice, comme trop souvent, clôtura le bref échange qu'elle venait d'entretenir avec les clients. Elle n'avait même pas retenu leurs visages. Ce soir, ils se contenteraient d'être la table numéro quatre. Point barre. Un numéro et rien de plus. Elle ne voulait pas se prendre la tête. Et puis il y avait encore du travail à fournir si elle ne voulait pas voir sa paie divisée par deux d'ici Décembre. Décidée, Evie se retourna, le nez dans ses bons, une prise ferme posée sur son plateau gorgé d'assiettes sales.

Elle ne saurait jamais pourquoi son regard se releva. On disait parfois que l'Homme était capable de sentir des yeux baladeurs, trop insistants. Peut-être ça. Ou l'instinct. Ou le manque. Ou ce crétin d'espoir. Peu importe. Son regard se releva, tout simplement, comme il l'avait fait des milliards de fois, scrutant le vaste hall de l'Aster and Clover. Et c'est sans doute tout ce qui importa alors, ce regard qui se relevait, ce regard qui rencontra, ce regard qui caressa.

Elle ne comprit pas tout de suite, ne vit pas vraiment, connexion entre pupille et cerveau rompue par le choc, par l'improbabilité aussi. Elle ne comprit pas tout de suite mais déjà son attention se rivait sur cette silhouette qui se tenait là, à quelques mètres d'elle, si proche et pourtant...

Walty.

Non. Non non non, c'était impossible, elle était finalement devenue folle, la fatigue avait achevé son pauvre esprit déjà branlant, ce devait être une illusion, elle ne devait pas s'accrocher à cet espoir, il allait disparaître, d'une seconde à l'autre, dans un instant, dans un clin d’œil...

Mais l'image ne s'estompa pas.  Elle ne s'estompa pas et Evie se demanda si c'était toujours dans la réalité qu'elle évoluait. Non. En fait peu importait. Elle s'en foutait. Elle s'en foutait parce qu'il était là, ici, dans ce foutu pub, ce connard, cet abruti, cet ange, ce fiancé, cet homme dont elle crevait encore d'amour, avec ce putain d'air gêné au visage et ce sourire d'ange qu'elle avait imaginé des centaines de milliards de fois pour se consoler, il était là contre toute attente, contre tous les foutus statistiques qu'elle se jurait de faire bouffer à leur créateur.

Le bris des assiettes au sol. Larmes. Tremblements. Le regard noisette dévoré des sanglots qui ne tarderaient pas à étouffer sa voix. Les genoux faibles contre la tempête qui balayait le bar.

« W-W-Walty... ? »

Evie porta à son visage des mains frémissantes tandis que la première perle d'espoir dévalait sa joue, mains qui durent bientôt s'appuyer contre le dossier d'une chaise pour éviter à ses jambes de se dérober sous elle.

Il était là.
Il était de retour.
Le cauchemar était fini.
Il était là, ce con.

Elle prit un pas peu assuré vers lui alors que la goutte devenait torrent, noyant son visage de la noirceur de son maquillage et des dernières années, des dernières années bordel, deux années sans lui, sans vie, sans soleil, sans bonheur. Elle prit un pas, peu assuré, un pas de faon vers ce sourire qu'on lui avait arraché, vers ces bras qu'on lui avait volé, vers ce regard qu'on lui avait enlevé, sanglotant déjà. Y croire, toujours, et pourtant ne pas oser espérer ce toucher, croire qu'on ne s'en souvient plus vraiment, n'être plus certaine qu'il existe.

« Walty ? »

Ses épaules se brisaient sous le poids de vingt-quatre mois passés dans le silence, passés dans l'oubli, à essayer de guérir sans jamais y parvenir, à essayer de comprendre sans le pouvoir, à rêver ce visage, à imaginer cet instant, à s'y perdre, à s'y pendre, à crever de se dire qu'il était mort et qu'on ne faisait même plus l'effort de chercher sa dépouille. Vingt-quatre mois de douleur, silencieuse, violente, colérique, cachée, protégée, vingt-quatre mois à tenter de se persuader que c'était fini, à faire une croix sur ce qui l'avait accrochée à la vie.

Sa main accrocha celle de Walty, s'y accrocha avec toute la force de ses maigres doigts, avec tout le désespoir d'une naufragée, étouffée par les sanglots incrédules qui rompaient son corps.

Finalement, ses genoux lâchèrent. Pas grave.

Il était là.
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MessageSujet: Re: Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever]   Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever] EmptySam 25 Nov - 22:52

Deux yeux peuvent-ils symboliser tout un monde ? Peuvent-ils représenter tout un univers, écrire tout un avenir ? Deux yeux peuvent-ils brusquement décider de toute une destinée ? Deux yeux qui se relèvent peuvent-ils créer tant d'espoir que celui-ci couvre le monde d'un regard neuf ? Deux yeux peuvent-ils représenter toute une vie ? Walter n'en sait rien, ces questions sont compliquées et peut-être ne connaîtra-t-il jamais la vérité ailleurs que dans ces iris-là. Peut-être ne comprendra-t-il jamais ce je ne sais quoi qui lui tord le ventre de bonheur à l'idée de vivre sous ces yeux-là. Peut-être restera-t-il pour toujours ancré à elle, Elle qui domine tout, toute son existence, la rédige et la révèle, la rend belle et lui donne des ailes. Elle est un soleil, enflammé, terrible de tant de courage, dont la seule présence suffit à le rendre immortel. Evie est toute sa vie, et Walter a l'impression, soudainement, de retrouver un morceau de lui qu'il aurait perdu pendant trop longtemps, Walter a la sensation de se sentir enfin entier, et il ne comprend pas. Il ne comprend rien, il ne sait rien, et se moque bien de ne rien connaître, il connaît l'essentiel, contenu en un regard, un sourire,  dans cette petite faussette qui creuse une joue et ce cheveu indomptable qui insiste pour rebiquer. Il connaît le passé, le futur, le présent surtout, et toutes ces choses lui suffisent, car elles se conjuguent avec Elle. C'est fou, ce qu'un regard peut transmettre. C'est fou, ce qu'un regard peut admettre. C'est fou, ce qu'un regard peut permettre.

Deux pas pour un sourire qui se soldent par des larmes. Deux pas pour construire un pont de deux années, deux pas pour réunir une seule âme en deux corps. Deux pas, lents, mesurés, presque tremblants sans qu'il ne comprenne vraiment. Il a abandonné l'idée de comprendre. Son corps chante une mélodie que son esprit ne retient pas, et peu importe, il n'écoute que son cœur, que cette voix qui lui hurle qu'il a besoin d'Elle, d'Elle et d'Elle seule, de personne d'autre, de son sourire, de sa voix, de son regard, de ses caresses, de ses insultes, aussi. Il a besoin de tout ce qu'elle est, de tout ce qu'elle représente, de leur futur scellé en une alliance, de tout ce qu'ils seront, de tout ce qu'ils sont déjà et de tout ce qu'ils étaient avant. Il a besoin d'elle comme on a besoin d'air, et entendre son nom sortir d'entre ses lèvres suffit à faire bondir son âme entière.

« Walty ? »

Un sourire, un hochement de tête significatif, promesse d'un avenir à ses côtés, conjugué par elle, et une main qui se tend.

« Je suis rentré. »

Une main qui crie la vie, qui crie son nom, le hurle même, l'appelle de tout son être et ne se sent finalement vivante que lorsque les doigts d'Evie se crochètent aux siens, se réunissent, se lient comme ils l'ont toujours été. Le sourire s'élargit et les yeux pétillent d'un bonheur à faire peur, de ce bonheur presque trop fort pour le cœur, qui dévore le monde pour ne laisser qu'eux, dans une bulle n'appartenant qu'à eux. Face à lui, les larmes dévalent des joues adorées. Les fleurs rencontrent le sol, ses doigts caressent, tendrement effacent, les larmes qui écorchent, les larmes qui hurlent une douleur vieille de trop d'années, les larmes qui pleurent à l'espoir sans trop oser y croire.

« Chhht... Evie, chhht... »

Les mots, parfois sont des armes qui désarçonnent, les mots, parfois ont la force des montagnes et la violence des ouragans. Evie tombe alors, tombe dans des bras trop désirés, trop espérés, peut-être, et s'y égare, s'y perd sans jamais rencontrer le sol. Elle ne tombera pas. Elle ne tombera plus. Une reine n'est pas faite pour finir à genoux, ni pour ressentir tant de désespoir. Une reine est faite pour briller, briller plus fort que les étoiles, la lune ou le soleil, briller jusqu'à rendre aveugles ceux qui s'y confrontent, briller jusqu'à ce que le bonheur lui-même tombe amoureux d'elle.

« Chhht... Je suis là, Evie, c'est fini... »

Les bras se resserrent et les caresses reprennent, épongeant les larmes sur le si beau visage de l'être aimée. Les fleurs attendront. Elles n'ont jamais compté. Rien n'a jamais compté d'autre que le contact de cette femme-là.
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Evie Knott
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MessageSujet: Re: Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever]   Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever] EmptySam 25 Nov - 23:39

« Je suis rentré. »

Evie avait tant rêvé de ces trois petits mots, les avait tant imaginés dans l'intimité de ses draps vides qu'elle ne put empêcher un énième sanglot de secouer ses épaules. Elle s'en moquait. Elle pouvait se briser maintenant, elle pouvait s'arrêter, fermer les yeux et se laisser aller, arrêter d'être forte, rempart branlant au cœur d'un typhon, elle pouvait tomber.

Walter la rattraperait.

Et c'est ce qu'il fit, lorsqu'enfin ses genoux ployèrent sous le poids de deux années d'abandon, lorsque son corps décida d'enfin se dévoiler tel qu'il était vraiment – une ruine, une loque, une ombre. Les bras espérés se refermèrent sur ses épaules, ancre d'un navire rentré à bon port après trop longtemps, soleil brisant son orage.

« Chhhh, Evie... Chhh... »

Cette voix... Cette voix, bon sang, cette voix qu'elle aurait pu reconnaître entre mille, déceler parmi la plus effroyable foule, cette voix qu'elle avait fini par oublier lorsque les mois passèrent, comme les sons s'effacent en premier des souvenirs chéris. Les mains d'Evie vinrent s'accrocher au dos de Walty, de son Walty, ongles raclant la peau de cette homme qu'elle eût pu croire intangible. Elle le serra contre elle, fort, aussi fort que ses bras le permirent, fort à lui en faire mal peut-être. Elle voulait le sentir, voulait le toucher, le palper, constater sa présence pour mieux s'assurer de sa réalité. Pour mieux s'assurer qu'il n'était pas une énième chimère.

« Chhht... Je suis là, Evie, c'est fini... »

Les mains ancraient une voix chérie, dessinaient sur ses joues des motifs connus d'eux seuls tandis que Walter la rassurait, tandis qu'il lui faisait comprendre, doucement, comme toujours. Fini, avait-il dit. Fini. Deux ans, partis en fumée, pour le mieux.

Evie se redressa doucement et prit une inspiration tremblante, se reculant à peine pour observer le visage de cet homme qu'elle avait cru ne jamais revoir.

Blême. Beau, surtout. Mais blême quand même. Il lui était forcément arrivé quelque chose de grave.
Elle voulait savoir. Elle voulait comprendre. Elle voulait qu'il lui dise, qu'il se confie, qu'il lui explique, tout, pourquoi surtout. Cela viendrait en temps et en heure, sans doute. Cela viendrait quand ils auraient fini de s'étreindre, de s'unir, de se retrouver, enfin.

« Walter... »

Elle déposa une main caressante sur les joues dont elle eût pu dessiner les contours, sur les lèvres qu'elle crevait d'embrasser, fixant son regard noisette dans celui de son amant, de son amour. Un sourire, lentement, dévora son visage. Enfin, elle l'avait retrouvé. Peut-être que Dieu existait, après tout. Il était revenu. Après tout ce temps. Il était là.

Elle le gifla.
Simple, net, efficace. Fort, mais pas trop.

« T'es qu'un con, Walty. »

Sa main se saisit du col de chemise pour mieux amener à elle cette bouche qu'on lui avait trop longtemps refusé. Elle refusait d'attendre plus longtemps.

Le baiser lui redonna un air qu'elle avait cru perdre pour toujours, apnée glorieuse d'un amour bourgeonnant de nouveau, renaissance d'un Phénix à qui il avait manqué une aile. Evie ne prit pas la peine de rester sage. Sa langue alla frôler la lèvre inférieure de son fiancé, à cet endroit dont elle venait soudain de se rappeler, cet endroit qui le rendait toujours fou, cet endroit connu d'elle seule. Elle dansa contre lui, sauta pour mieux enrouler ses jambes autour de ses hanches, confiante qu'il la récupérerait, confiante qu'il serait là, désireuse de se noyer dans tout ce qui faisait son essence. Son odeur, sa peau, ses mains, son corps, sa voix, sa bouche, tout, tout et plus encore, encore, toujours. Ses bras s'enroulèrent solidement autour de la nuque de Walty, de son Walty enfin de retour. Elle se moquait des regards choqués, de ceux des enfants qu'on masquait, de cette émotion teintée de surprise qui se dépeint sur les visages alentours. Evie était perdue dans un monde composé uniquement de Walter Bishop, trente – non, trente-deux ans – de son sourire et de sa vie.

Elle eût pu continuer pendant des heures si l'oxygène ne s'était imposé à son corps, l'obligeant à reprendre une respiration regrettée pendant que son regard encore trop humide se posait sur ce visage chéri.

« Bordel, Walter, qu'est-ce que tu foutais ? »

Un éclat de rire incrédule s'échappa de ses lèvres, court et pourtant si léger, si fin, si aérien qu'elle l'entendit à peine s'envoler dans l'atmosphère désormais étrangement silencieuse du bar. Elle posa son front contre le sien et ferma les yeux, posant un doigt sur ses lèvres.

« Non, en fait, je ne veux pas savoir. Ne dis rien. »

Sa voix tremblait encore. Tant pis. Elle serait mièvre, pour cette fois seulement. Elle serait mièvre pour lui. Toujours pour lui.

Ses lèvres trouvèrent de nouveau celles de son fiancé, se plaquèrent contre elles sans se préoccuper de s'il était parvenu à retrouver son souffle, un manque trop grand lui imposant de le sentir près d'elle, plus proche, toujours, encore. Elle avait besoin de lui. Elle ne le lâcherait plus jamais.

Seul le peu de logique qu'il lui restait l'empêcha de lui faire l'amour là, maintenant, sur ce joli comptoir qui ne demandait qu'eux.
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MessageSujet: Re: Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever]   Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever] EmptyLun 19 Fév - 22:10

Il y avait eu une bombe, un ouragan, une explosion, un tsunami, quelque chose qui avait ravagé Evie et tout rasé en elle. Elle avait tout perdu, et son retour impromptu venait de reconstruire ce qui prendrait certainement des mois à renaître. Walter... S'en voulait. Sans doute un peu, mais pas suffisamment pour empêcher la jeune femme de déposer ses lèvres sur les siennes après la claque retentissante qu'elle lui adressa. Ce n'était rien, en comparaison de la douleur qui l'avait saisi lorsqu'elle s'était accrochée à lui de toutes ses forces. Les plaies de son retour, encore terriblement profondes, le lançaient à chaque contact, chaque frôlement qu'il leur imposait en plus des bandages. Peu importait. Rien n'importait plus que de la retrouver, elle et son sourire, elle et ses cheveux couleur d'incendie, elle et ses yeux pleins d'espoir, de cet espoir qu'il transformerait à nouveau en bonheur. Ce soir-là, alors que les lèvres d'Evie dévoraient les siennes, Walter se promit de la rendre plus heureuse encore qu'avant sa disparition. Ce soir-là, Walter se jura une nouvelle fois de dédier sa vie au bonheur de cette femme.
Retrouver de l'air fut à la fois vital et terriblement frustrant. Son corps, au contraire de son esprit, était au courant des deux années, perdues, sacrifiées sur l'autel de la désillusion, de la peur et du désespoir. Son corps réclamait Evie à grands cris et effaçait le monde autour d'eux, les voix, les regards choqués, ceux des enfants que l'on dissimulait. Il détruisait la désapprobation, la colère et le jugement pour ne laisser place qu'à l'Amour, qu'aux retrouvailles, qu'à cette sensation grisante, ce besoin de contact, de proximité, ce désir absolu de sentir Evie contre lui, de sentir qu'elle n'était pas un mirage et qu'elle ne s'effacerait pas. Les bras se refermèrent et les étreintes perdurèrent.

« Bordel, Walter, qu'est-ce que tu foutais ? »

Ce qu'il foutait, Walter n'en savait rien. Il n'avait pas de réponse, rien qu'un vague souvenir, horrible souvenir qu'il souhaitait d'ores et déjà oublier. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il s'était passé en deux ans, deux longues années qui n'avaient été rien d'autre qu'un battement de cils pour sa mémoire massacrée. Les médecins qu'il avait vus en urgence lui avaient parlé de la notion de syndrome post-traumatique, le truc qui parasitait les soldats revenus du front. On lui avait raconté que ça fonctionnait pareil dans le cas d'événements aussi dramatiques que ceux qu'il avait vécus. On lui avait expliqué que l'esprit, lorsque c'était trop horrible, trop douloureux, choisissait d'effacer, de tout gommer pour se préserver tant qu'il le pouvait. Walter avait accepté. Il avait accepté, même si cela signifiait que sa vie s'était mise en pause pendant deux années complètes. Il avait accepté, même si cela signifiait qu'il était désormais un égaré du temps, loin des actualités et attaché au passé. Il avait accepté, parce que dans tous les cas, il y avait Evie. Un sourire, des cheveux roux, un regard plein de malice, une fossette adorée. Une voix porteuse de trop d'émotions, à laquelle son corps entier s'était accroché, pour laquelle son corps entier avait lutté. Lorsqu'elle avait ouvert la bouche pour la première fois depuis deux ans, Walter s'était senti brusquement détendu. Ce soir leur appartenait. Le temps des questions viendrait plus tard. Celui des cauchemars, aussi. Mais ça, Walter ne le savait pas encore.
L'éclat de rire d'Evie l'ancra à la réalité plus qu'il ne le ramena à elle. Evie était belle, désirable, et brusquement, Walter eut envie de lui faire l'amour, là, maintenant. Mais en bon gentleman, il s'apprêta plutôt à répondre.

« J-... »

Mais Evie ne l'entendait pas de cette oreille.

« Non, en fait, je ne veux pas savoir. Ne dis rien. »


Alors Walter se tut. Alors Walter se tut, et céda à ses pulsions de contact, ses pulsions de désir, toujours, plus fort encore que précédemment. À croire que le manque avait grandi avec les retrouvailles, que les quelques minutes de rupture avaient été plus douloureuses encore pour les corps que deux ans l'un sans l'autre. Les lèvres retrouvèrent le chemin de leurs semblables, les dévorèrent, les aspirèrent, les sublimèrent, jusqu'à ce que l'air vienne à manquer, encore. Jusqu'à ce que le besoin d'oxygène redevienne vital. Soupir. On reprend sa respiration et on-...

« Walter, c'est toi ? Mec, sérieusement, où est-ce que t'étais passé ? On t'croyait mort ! »

Le barman.

« Enfin... Je peux pas vous laisser faire, vous choquez l'monde entier, et j'ai pas envie que le patron te vire, Evie. »


La voix de la sagesse, berger des âmes imbibées d'ivresse, qu'elle soit métaphysique ou bien plus concrète. Accepter qu'il avait raison demanda à Walter le plus gros effort de sa vie. Lentement, il intégra l'idée de se détacher d'Evie, rien qu'un peu, pour cesser de troubler l'ordre public. Lentement, il porta en princesse celle qu'il voulait pourtant tant posséder. Elle était reine et reprenait possession de son royaume. La reconquête de ses terres viendrait plus tard. Pour l'heure, elle devrait se contenter de l'esprit. Après ça, le barman, Steeve ou quelque chose du genre s'il avait bonne mémoire, se fendit d'un sourire.

« Waaw, vraiment, j'arrive pas à y croire. Je vous paye toutes vos consos du soir. Ça vous fera du bien. Surtout toi, Evie, hein ? Parce que personne n'était vraiment dupe, ici. On espère tous que tu vas retrouver le sourire. Faut croire que le ciel nous a entendus. »

En entendant ces mots, Walter resserra son étreinte sur celle qu'il avait perdue puis retrouvée sans même s'en rendre compte. Oui, vraiment, il se devait de la protéger, de la rendre heureuse. Plus encore qu'elle ne l'avait jamais été.

« Je t'aime... »

Un murmure tout contre son oreille, une promesse, aussi. L'absolue promesse de ne jamais plus la voir flétrir. Jamais.
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MessageSujet: Re: Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever]   Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever] EmptyJeu 5 Juil - 0:23

« Enfin... Je peux pas vous laisser faire, vous choquez l'monde entier, et j'ai pas envie que le patron te vire, Evie. »

Le regard qu'adressa la jeune femme à son collègue eût fait reculer plus d'un gaillard. Une furie née d'une frustration de deux ans la cueillit, brûlant dans les prunelles noisettes. Comment osait-il ? Comment osait-il pénétrer le paradis enfin rendu pour des histoires de mœurs ?! Si Aster Cove n'était pas prête à lui laisser une soirée de répit, si les clients n'entendaient pas qu'on veuille embrasser l'homme qu'on aime désespérément après  plusieurs années de mort présumée, ils pouvaient tous aller se faire voir. Sentir Walter obéir aux injonctions du barman lui en coûta plus qu'elle ne voudrait jamais l'admettre. Une moue mécontente s'empara de ses traits, et c'est une expression pleine de ressentiment qu'elle lui adressa.

« Steve, t'es mignon mais ça fait deux ans que je pense que mon futur mari est mort. Si j'ai envie qu'on baise devant tout Aster Cove, je le ferai. »

Pour bien marquer ses convictions, elle se planta devant son interlocuteur du haut de son mètre soixante, forte de ses quarante-cinq kilos toute mouillée. Sa crédibilité, toutefois, fut durablement endommagée par les bras de Walty. Elle ne put retenir une exclamation de délice lorsque ceux-ci la soulevèrent du sol, manqua presque de pleurer à nouveau tant les souvenirs qui y étaient associés étaient puissants. Il était là. Il était là comme s'il n'était jamais parti, et c'était bon, et c'était grandiose. Elle l'embrassa à nouveau. Le goût de ses lèvres était toujours le même, saveur unique trop longtemps retenue aux confins de sa mémoire. Enfin, elle ressurgissait. Enfin, elle la retrouvait. Evie enroula ses bras autour du cou de Walter et, à la proposition du barman, retrouva ce sourire éclatant qui définissait si bien sa soirée.

« Alors, qu'est-ce que tu en dis... Comme au bon vieux temps ? »

Le bon vieux temps... La jeune femme se laissa brièvement assaillir par la nostalgie de leur année de rencontre, des soirées passées au bar, à boire jusqu'à trop tard et à rentrer discuter par les mots ou par les gestes, à s'embrasser, à rire, à parler de l'avenir. Peut-être était-ce ce dont ils avaient le plus besoin, au fond. Revenir aux sources. Reprendre pieds avec une réalité dont les fluctuations s'étaient avérées trop brutales. Un sourire tendre épousa les lèvres de la demoiselle tandis qu'elle effleurait la joue de son amoureux. Le mot était mièvre. Elle s'en moquait.

« Allez, pose-moi, chevalier ! »

Un éclat de rire, comme une étincelle. Elle s'installa et demanda un martini. C'était sa boisson à elle, le martini, celle qu'elle s'était servie en fin de soirée lorsqu'elle fréquentait Walter, au tout début. Un petit air malicieux éclaira ensuite son visage, et elle sourit. De ces sourires pleins de moquerie amoureuse, pleins de bonheur amusé qu'elle réservait uniquement à lui. Rien qu'à lui. Toujours.

« Monsieur prendra un coca. »

Elle s'en souvenait. Bien sûr qu'elle s'en souvenait. À l'époque, impossible de faire avaler un verre d'alcool au rejeton Bishop, trop préoccupé par sa future profession pour se laisser aller à consommer quoique ce fût qui puisse altérer son comportement. À cette pensée, Evie éclata d'un joli rire, amusée par les souvenirs qui revenaient à elle. C'était fou ce bonheur. Après tant de malheur, après tant de douleur, elle se donnait l'impression d'être presque trop heureuse. À croire qu'elle était en plein trip sans s'en rendre compte.

Au lieu de continuer dans ces pensées inutiles, elle embrassa à nouveau Walter, saisissant ses deux mains dans les siennes et plongeant son regard dans le sien. Elle le détailla à nouveau, notant cette fois-ci les détails qui ne l'avaient d'abord pas interpellée. Il avait maigri. Rien d'alarmant, mais suffisamment pour que cela se remarque. Son corps semblait plus noueux sous sa chemise, plus dur, ce qui ne manqua pas de la surprendre. Son fiancé avait toujours eu le don pour s'entraîner et s'y tenir, ne loupant jamais une cession de sport, jamais un exercice... Que s'était-il donc passé, toutes ces années durant ? Les questions fusaient sans trouver de réponse, traversant son esprit sans s'y accrocher. L'heure n'était pas de les écouter, de toute manière. Il leur faudrait du temps, du calme, de l'intimité. Pour l'instant ils n'avaient rien de tout ça, et mieux valait profiter de l'euphorie des retrouvailles tant qu'il en était encore temps. Ils pourraient se prendre la tête plus tard.

Gigotant sur sa chaise pour mieux trouver une position, Evie lança donc un sourire charmeur à son compagnon. Comme si c'était le premier soir. Comme s'il n'était qu'un inconnu à draguer. Son regard pétillant, pourtant, trahissait à la fois tout l'amour et tout l'amusement qu'elle éprouvait en jouant à ce jeu.

« Salut beau gosse, t'es nouveau dans le coin, non ? »
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Walter Bishop
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MessageSujet: Re: Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever]   Retrouver ton sourire est la condition de mon avenir. [Ever] EmptySam 21 Juil - 15:46

Elle était là, tel un mirage inespéré, dont l'extrême douceur lui faisait tourner la tête. Elle était là, telle une caresse trop désirée, dont l'éternelle attente trouvait enfin réponse. Elle était là, et Dieu qu'elle était belle. Elle était là, et Dieu qu'il l'aimait au moindre regard... Elle était là.

Son sourire, si particulier, un brin moqueur et qui, des années plus tôt, avait fait chavirer son cœur, glissa sur les lèvres de la belle avant d'atterrir sur les siennes. Le baiser qu'il vola alors avait la saveur du passé et la promesse de l'avenir. Le baiser volé était la concrétisation de leur présent.

« Un coca, avec une tranche de citron et quelques glaçons. »


Rituel intemporel de leurs rendez-vous d'anniversaire. Aujourd'hui n'en était pas un. Aujourd'hui était un hymne aux retrouvailles. Evie était là, face à lui, plus belle que le monde, plus importante que le reste, plus époustouflante que dans ses souvenirs. Son regard scintillait de bonheur et le sien avec elle. Son regard happait son âme pour mieux la révéler. Sans elle, il n'était qu'un songe errant sans but. Sans elle, il n'existait qu'à demi.

« Pour la demoiselle, ce sera une bière. »

Le serveur disparut dans les coulisses du bar, les laissant à leur énième rencontre, portée par un sentiment amoureux toujours plus intense.

« Salut beau gosse, t'es nouveau dans le coin, non ? »


Un éclat de rire lui échappa, et soudain, le temps d'un instant, Walter revint aux années de la vingtaine, entrant pour la première fois dans le petit bar en bas de chez lui, histoire de s'occuper. Il se revit, jeune et fauché, la tête pleine de rêves à réaliser et remplie du manque de sa famille. C'était la première fois qu'il partait si longtemps si loin.  Il se revit, fouillant les visages à la recherche d'un cœur où accoster, et trouvant le sien. Il se revit, clignant des yeux. L'amour au premier regard. Nouveau départ. Nouveaux espoirs. Ever.

« Je viens d'arriver, oui, j'entre demain à l'école de police. »

Le passé sur le présent, une rencontre vieille de neuf ans, des sourires échangés et le souvenir de son parfum, celui qu'elle portait alors et qui embaumait l'air sur son passage. Puis ses draps.

Dieu qu'elle était belle, ce soir-là. Et tous les autres, sans exception. Evie avait su gagner son cœur à la façon d'une évidence, sans s'embarrasser de politesses, s'imposant d'elle-même.

Ils s'étaient perdus, visiblement, pendant si longtemps qu'il avait brisé le cœur de sa belle. Ils s'étaient retrouvés, les mains liées, les lèvres volées, les corps accrochés, et ce soir, le passé se mêlait au présent pour construire l'avenir.

Un doigt se glissa dans la courbe d'une mèche rebelle. Son regard s'arrêta sur l'une de ses fossettes qu'il aimait tant. Il la détailla tendrement, presque précautionneusement, comme s'il eut craint de la briser. Il la détailla amoureusement et se rappela qu'elle serait sienne un jour. Peut-être qu'ils avaient assez attendu. Peut-être qu'il pouvait lui donner son nom. Mais pas ce soir. Ce soir était un hymne à leurs retrouvailles et Walter se promit qu'il n'y en aurait jamais d'autre.

Après ça, Steve revint, leurs verres à la main.

« Et voilà. »

Le ton qu'il employa était froid et le regard qu'il lança à Evie était plein d'un ressentiment naissant. Il n'avait visiblement pas apprécié l'agressivité de la demoiselle à son encontre, et Walter se promit d'en discuter avec lui. Plus tard. Quand tout serait redevenu banal, normal, plein d'une routine qu'il aspirait à ressentir sans comprendre.

« Merci, Steve ! »

De toute manière, le serveur repartit aussi vite qu'il était arrivé. Autant pour les consommations gratuites. Tant pis. Ils rentreraient après celle-ci. Walter leva son verre en direction de la bière qu'Evie venait de recevoir.

« A la tienne... »

Un sourire. Une promesse. Celle de ne plus jamais la perdre.

« Je t'aime... »

Deux mots bercés par trop d'amour. Un regard qui se perd dans le lointain, puis le murmure d'une question à peine osée.

« Ces... deux ans... tu me les raconterais ? »

Le désir de rattraper, d'apprendre, de comprendre. Evie avait vécu deux années qui n'étaient qu'un mystère, pour lui. Il avait envie de savoir ce qu'elle était devenue, ce qu'elle avait traversé, sans lui. Lui, perdu dans un ailleurs inexistant, sans mémoire. Lui, avec la sensation d'être parti un matin et de s'être réveillé le lendemain. Deux ans à rattraper, à entendre, à comprendre. Deux ans à s'approprier pour écrire un avenir avec la seule qui comptait vraiment. Evie. Ever.
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