Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 Grands enfants † FT. PENELOPE

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MessageSujet: Grands enfants † FT. PENELOPE   Grands enfants † FT. PENELOPE EmptyMar 12 Déc - 11:52

Grands enfants
Aster & Clover - Décembre 1984

      Il se demandait, frites en mains, combien de temps il faudrait encore à la mer pour atteindre le bar et l’engloutir. Comme les rivières d’Oregon débordaient parfois, les vagues ici ne semblaient jamais atteindre leur dessein. Il se demandait s’il pourrait les sauver, laisser tomber son menu à emporter sur le siège passager et éviter la colère de Penny parce qu’il était arrivé en retard. Certainement pas.
Le moteur refroidissait et les frites avec. Il s’en serait débarrassé, s’il n’avait pas déjà perdu sa lutte contre l’enseigne du Diner. Les néons et l’odeur du graillon se vendaient en vitrine comme l’objet d’un pécher qui firent flancher sa bonne raison. L’huile débordait, l’odeur imprégnée dans le cuir des sièges et une épaisse couche luisant maintenant sur ses doigts. Il froissa ensemble les serviettes en papier qu’on lui avait distribuées, mais difficile d’en réchapper. Il avait pris soin pourtant, de ne froisser aucun de ses vêtements. Comme si ses pulls eurent ce soir plus de valeur, portés sur lui avec l’odeur fraîche d’une lessive et un peu d'eau de Cologne. Trop soigné pour marcher sur le sol collant d’un bar où les verres se renversaient facilement, mais cela parut important de porter un vêtement qui ne subissait pas les accrocs du travail, aussi banal fût-il. Tristement personne ne saurait qu’il avait pris soin de ne pas renverser de sauce sur lui, corps penché sur l’emballage à emporter de son sandwich pendant que ses yeux déviaient de la route. Cela avait son importance, à l'attention de ceux se contentant de croire qu’il se prêtait peu à ces choses-là.

Il regarda sa montre et ne se souvint plus l’heure que Penny lui avait donnée. Avant celle affichée, sans savoir depuis combien de temps. Le carton de frites ne quitta pas sa main lorsqu’il sortit finalement du véhicule. S’il les laissait traîner contre sa hanche, personne ne s’en soucierait. Comme à son habitude le bar battait son plein à cette heure. Plus silencieux peut-être que ce qu’il avait pu être. Les nuits ressemblaient aux matins et l’on se souvenait qui elles étaient lorsqu’on poussait la porte de l’Aster and Clover. Lester avait cherché Penny du regard, suspendu d’un pied à l’autre pour la retrouver entre les corps en mouvement. La chaleur devenait étouffante, puis rassurante ; Comme s’il existait un endroit où l’espace n’avait pas d’emprise sur eux, et où ils purent oublier ce qui était resté de l’autre côté des murs. C’est ce qu’il aimait ici, et ce qu’il condamnait tout à la fois. Penny était comme ça aussi ; une sorte de leurre auquel s’accrocher, comme s’ils furent encore des enfants sachant jouer. Elle souriait avec encore un peu d’innocence, et cela lui rappelait le gamin qu’il était. Mais ses traits se tiraient, pattes d’oies naturelles aux coins des yeux, alors que retrouver son âge dans le regard de son amie le confrontait à la dure vérité : ils commençaient tous deux à vieillir. Il la reconnue plus loin, presque heureux qu’elle ne l’ait pas vu arrivé. L’idée creusa un sourire mièvre près de ses lèvres. Il apparut devant elle, moins coupable que son retard l'exigeait.
« J’ai trouvé des frites en chemin. »
Cela devait l’excuser ; une poignée de pommes de terre imbibées d’huile de friture. Il se proposa de lui en offrir, l'air entendu. Toutes devaient déjà être froides.
« Qu’est-ce que tu bois l’écrivaine ? »
Il lui venait à l’esprit que les gens occupaient les bars pour fuir les décisions que la réalité leur imposait de prendre, et qu’au final il leur fallait choisir de boire sans poser un œil sur la carte. Personne ne faisait ça ; quand bien même les reliures en cuir furent empilées sur un comptoir près du bar. Ne pas savoir ce qu’il fallut prendre était mal vu, alors peut-être était-ce pour ça qu’ils se servirent tous une bière. De la psychologie de comptoir, mais il ne sut lui-même comment boire autre chose.

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MessageSujet: Re: Grands enfants † FT. PENELOPE   Grands enfants † FT. PENELOPE EmptySam 16 Déc - 19:43


GRANDS ENFANTS
Finalement, j'avais bien fait de donner rendez-vous à Lester ce soir. J'avais bien besoin de boire quelque chose après cette semaine de travail. Même si mon ancien camarade d'enquête n'était pas encore arrivé. En vérité, j'avais assez de choses à penser pour trouver l'attente longue, et je n'attendais que sa venue pour qu'il me sorte de là. Ces disparitions, je me noyais dedans mais en même temps j'adorais ça. C'était dur, c'était émotionnellement drainant, mais je revenais toujours dessus à cause de ma soif d'en savoir plus. Plus les pistes et les détails me filaient entre les doigts, plus j'avais envie de courir après. Pour l'instant, j'arrivais pas à me fatiguer, et j'espérais que ça n'arrive jamais. C'était un peu ma seule raison de vivre, maintenant, de toute manière. Ouais, à ce point... Malheureusement la famille et les amis arrivaient pas à combler le manque que je ressentais. Le vide ? Mh. J'avais peut-être besoin de quelque chose qui envahisse mon esprit pour pas penser à une éventuelle crise existentielle. Pas le temps de penser à ces conneries.

Ce à quoi je pensais là maintenant, c'était l'idée obsessionnelle qui prenait de plus en plus de place dans mon esprit. Déjà Walter prenait beaucoup de place là dedans, ce qui semblait plutôt normal. Il était revenu dans une des rues résidentielles et était dans un tel état qu'il avait dû faire un trajet aussi éprouvant que long et fastidieux. Lorsqu'on regardait sur un plan, si on supposait qu'il avait été en ligne droite, la forêt n'était pas loin. Le petit Georgie qui est revenu peu après a lui aussi disparu dans la forêt. Dur de ratisser toute une forêt à moi toute seule, et c'est pas comme si la police avait déjà battu toute la zone. Mais j'avais réussi à me procurer un appareil dont j'avais entendu parler à New York, qui captait les ondes avec une antenne. J'étais allée dans un de ces magasins bizarres où les jeunes allaient chercher les machines dernier cri qui faisaient je-ne-sais-quoi; j'ai aussi dû écouter le vendeur boutonneux me parler de toutes ses théories conspirationnistes pendant une bonne demi-heure... pourtant je me doute que quelque chose de louche se trame derrière toute cette histoire, mais même pour moi c'était tiré par les cheveux. Mais je l'avais cette chose, dans mon sac. Je savais pas ce que j'allais trouver avec, ni si j'allais trouver quelque chose de particulier... Mais ça valait le coup d'essayer. Et plus j'attendais Lester, plus l'envie de l'essayer ce soir me tentait. Je m'étais carrément faite à l'idée. Ouais. C'était le moment parfait !

« Je veux bien prendre sa place si vous attendez votre galant encore longtemps.

Je me retournai vers la voix, surprise de sortir de ma torpeur ainsi. C'était un petit vieux au bar, non loin de ma table, plus malicieux qu'autre chose. Je lui souris, mi-gênée, mi-amusée.

- Pas de galant, ce soir. Mais c'est gentil, vous en faites pas pour moi.

Il ne me répondit pas vraiment, soit à cause de l'alcool soit parce qu'il était probablement sourd. Je fis une moue résignée à ma propre intention, quand je vis des jambes se diriger ici dans mon champ de vision. En fait, elles étaient carrément à la table. C'était bien celui à qui je m'attendais quand j'eus levé les yeux. Je lui souris immédiatement, contente de revoir un visage familier, même s'il était un peu caché par une barbe abondante. À vrai dire, ça lui allait plutôt bien.

- J’ai trouvé des frites en chemin.

J'haussai les sourcils, feignant la surprise et lui fit signe de s'installer, lui et ses frites.

- Mes félicitations ! J'espère que tu ne les a pas ramassées n'importe où, lançai-je sans cacher mon espièglerie.

Premières secondes et les piques enfantines fusaient déjà. Ça me faisait rire intérieurement. Après tout ce temps, ça n'avait pas vraiment changé et ça faisait du bien. Je ne me fis pas attendre pour piocher une des offrandes de mon ami. Mh. Froides. Mais j'étais pas vraiment difficile.

- Qu’est-ce que tu bois l’écrivaine ?

- Moi qui allait te dire que tu me devais une bière pour m'avoir fait attendre, répondis-je en commençant ma phrase dans un rire. Je fis un autre signe de la main pour l'inviter à prendre son intelligente initiative. Une blonde, ça fera l'affaire.

Allez, phrase qui portait à confusion, mais ça me faisait rire d'avance. Enfin, la boisson des champions était un élément très important à cette soirée, cependant je perdais pas le Nord tout de suite et mon sourire malicieux qui signifiait que j'avais eu une idée terrible ne tarda pas à faire son entrée.

- Après ça, j'aurais quelque chose à te proposer. Notre première soirée après autant de temps, il faut marquer ça ! »
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MessageSujet: Re: Grands enfants † FT. PENELOPE   Grands enfants † FT. PENELOPE EmptyJeu 21 Déc - 22:08

Grands enfants
Aster & Clover - Décembre 1984

      Il plissait les yeux lorsqu’elle s’en prenait à lui ; voulant rétorquer ses plaisanteries, mais les mots ne venaient pas toujours. Il trouvait plus de subtilité à la menacer d’un regard qu’à chercher quoi lui répondre dans une querelle sur jouée entre deux grands enfants. Seulement il souriait, écrasait ses lèvres l’une contre l’autre pour la mettre en tort, mais leurs commissures venaient systématiquement fendre ses joues. Enfant il pouvait lui répondre qu’elle était bête, mais les femmes ne ressemblent jamais aux petites filles que l’on a rencontrées. Seuls les enfants voient le sexe opposé comme une menace à la masculinité. Lester hochait la tête de droite à gauche, lancé par le geste de son amie mais tout autant déterminé à remettre les choses à plat.
« Parce que t’as cru que ça fonctionnait comme ça ? La prochaine tournée elle est pour toi, que tu le veuilles ou non. »
Il allait se lever pour ponctuer sa phrase mais Penny ne savait garder ses grandes idées très longtemps. Il n’y eut jamais aucun suspens à l’entendre entonner ses "après" ou "j’aurais quelque à te proposer".
« C’est pas possible… Je dois m'inquiéter ? »
Il rit. Bien qu’il s’attendait à tout, il la connu assez pour croire que les propositions qu’elle lui préparait depuis qu’ils étaient gosses étaient rarement celles attendues.
« Tu m’expliques ça après, mange tes frites. »
Son doigt avait été pointé sur le triste repas posé sur la table. Lester pris une grande inspiration, appréhendant à l’avance ce qui allait suivre. Il avait commandé deux pintes au bar, mais se douta bien qu’il lui en faudrait certainement une ou deux de plus. La serveuse lui demanda d’arrêter de froisser ses billets et de prendre un portefeuille comme tout le monde ; et il repartit comme à chaque fois les boissons en mains. La mousse de la bière tenait en équilibre sur les rebords de la pinte, fragilisée par les bousculades de ceux ayant déjà trop bu. Il sentit un filet froid couler le long du verre et mouiller son pouce, et secoua la main une fois les deux déposés.
« Elle ne les a pas assez penchés. »
Altruiste, il laissa à Penny la plus réussie.
« Bon, à nos retours. Ça me fait plaisir de te retrouver. »
Son verre vint joindre le sien. Une gorgée avalée et il dû essuyer la mousse laissée sur sa barbe avec le revers de sa main.
« Du coup t'as prévu quoi pour fêter ça ? »
Au final, il s’amusait plus à s'inquiéter de ses idées qu’à se rappeler qu’ils furent trop adultes maintenant pour vraiment retomber dans leurs vieilles combines. Il trinquait à son retour mais ne savait pas réellement pourquoi elle était rentrée ; Pourquoi, lui, était rentré. Ces détails n’avaient plus d’importance une bière entre les mains, et il aimait ne pas avoir à se situer lorsqu’il était avec elle. Ils n’échappaient jamais aux cases, mais pouvaient les oublier. Il détestait en plus de ça avoir à choisir celles des autres ; à poser des questions dont les réponses n’avaient aucun enjeu, si ce n’est le risque de briser quelque chose. Penny, il arrivait à la reconnaître. Il lui associait des souvenirs heureux et se persuadait qu’il pouvait la comprendre. Au final il ne connaissait rien de sa vie, ni elle de la sienne.

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MessageSujet: Re: Grands enfants † FT. PENELOPE   Grands enfants † FT. PENELOPE EmptyMer 27 Déc - 16:21


GRANDS ENFANTS
« Parce que t’as cru que ça fonctionnait comme ça ? La prochaine tournée elle est pour toi, que tu le veuilles ou non.

J'haussai les sourcils, amusée par la répartie de mon ami. Il savait toujours se défendre convenablement, ça faisait plaisir. Non, vraiment, j'étais heureuse de revoir une tête familière, même si dans le coin les têtes familières pullulaient à chaque coin de rue. Mais retrouver Lester et lui proposer une nouvelle aventure, ça sentait le Bon Vieux Temps, avec de belles majuscules. J'avais l'impression d'avoir à nouveau 16 ans, et lorsqu'on me connaissait, on pouvait dire que c'était quelque chose que je recherchais énormément. Pour moi, ma jeunesse à Aster Cove était loin d'être terminée. Elle avait juste commencé un nouveau chapitre.

- C’est pas possible… Je dois m'inquiéter ?

J'haussai les épaules, feignant l'innocence. Oui, c'était complètement fou comme idée, je savais même pas si j'allais l'assumer jusqu'au bout au final. Mais avec quelques frites froides dans le ventre qu'on m'ordonna d'engloutir et quelques bières, peut-être que le courage allait venir avec.
Enfin, pour l'instant, il était bel et bien là, dans mon âme d'éternelle adolescente. Elles avaient beau être à peine tièdes, je pouvais pas m'empêcher de grignoter mon offrande, d'ailleurs. Lester savait y faire. C'est aussi ce que je pensais quand il se ramena avec les deux chopes et me laissa la moins mousseuse. Eh, quoi, c'est pas parce qu'il était aussi gentil que j'allais le laisser tranquille avec mes idées farfelues, au contraire !

- Bon, à nos retours. Ça me fait plaisir de te retrouver.

*Tchin*, c'était le bruit de l'amitié.

- Moi de même, mon cher ! répondis-je avant de boire ma première gorgée. Et d'enlever la mousse qui me faisait une moustache. Au moins j'étais pas la seule à avoir hérité d'une pilosité blanche à ce moment là.

- Du coup t'as prévu quoi pour fêter ça ?

- Mh, pour l'instant je prévois de boire déraisonnablement avec un vieil ami à moi, ça me semble parfait pour commencer, fis-je avec un clin d'oeil avant de lever une nouvelle fois le verre.

C'est vrai qu'il avait mentionné "nos retours", ça commençait à me faire bizarre. Quand j'ai été voir Josh, il avait effectivement mentionné le fait que toute notre petite bande était revenue à peu près au même moment... Encore un fait bizarre parmi tant d'autres, mais je ne pensais pas impossible le fait qu'une seule et même chose bizarre pouvait en être la cause, plus ou moins indirecte. Je ne savais pas encore ce qui était arrivé à Lester pour être revenu lui aussi dans la ville de notre enfance, mais je comptais sur cette soirée pour éclaircir toutes les zones d'ombre. Et franchement, j'avais pas envie de tourner autour du pot.

- Mais bon, je t'ai pas encore dit pourquoi j'étais revenue, surtout. Même si j'imagine que tu te doutes du boulot d'un journaliste ici de nos jours. Je fis une pause pour reprendre une nouvelle gorgée. Parler des disparitions dès le départ c'était sûrement un peu trop désespéré, mais je savais que j'allais y venir tôt ou tard. Qu'est-ce qui te ramène dans notre bonne vieille ville d'Aster Cove, toi ? Je suis curieuse. »

Bien sûr que je l'étais, quand est-ce que je n'avais jamais été curieuse ? On avait beau répéter que la curiosité était un vilain défaut, Alice se trouvait bel et bien au Pays des Merveilles en ce moment. Loin d'être merveilleux, comme dans le livre, mais toujours fascinant. Je pris une nouvelle frite avant de pousser le tout vers Lester. J'allais avoir besoin d'aide pour finir sa tentative d'excuse bien pensée.
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MessageSujet: Re: Grands enfants † FT. PENELOPE   Grands enfants † FT. PENELOPE EmptyVen 29 Déc - 3:08

Grands enfants
Aster & Clover - Décembre 1984

     Penny avait l’impétuosité fragile ; une forme de défi dans le regard, dont ses grandes pupilles brunes trahissaient la maladresse. Elle noyait ses lèvres dans son verre et les tâchait dans la mousse comme une enfant devant un trop grand verre de lait. Il ne voulait pas sourire à ça, s’attendrir d’elle par nostalgie et douceur du passé ; mais une fois son regard croisé, il ne maîtrisait plus ce à quoi il dû penser. Il fit mine de lever son verre lorsque le sien brilla une seconde fois au-dessus de la table, but une nouvelle gorgée de bière. La déraison. L’alcool avait maintenant effet à l’invoquer avant leurs propres inhibitions, mais cela lui plaisait de croire qu’elle leur appartenait symboliquement.

Penny noyait le poisson. Plus subtilement qu’avant peut-être, mais il savait plisser les yeux et voir son vrai visage. La bière descendait vite entre deux questions, mais se cacher derrière son verre ne la protégeait pas pour autant. S’il y’eut une chose qu’il sut avant elle, c’est qu’elle n’eut jamais besoin de ces parades pour obtenir ce qu’elle désirait. Ce qu'elle lui rappela quant à elle, c'est qu’il ne lui avait effectivement jamais demandé pourquoi elle se retrouvait là. Cela n’avait pas semblé important, intéressant à savoir. Parce qu’il avait eu ses propres difficultés à y répondre lorsqu’il était rentré, et qu’il craignait que personne ne puisse réellement comprendre ce qu’ils eurent tous à justifier.
« J’avais pas prévu de partir aussi longtemps. En fait, c’était plus une pause qu’un départ. Jay poursuivait son rêve de construire sa vie ailleurs, et j’ai cru que c’était le mien aussi, mais pas vraiment. »
Il sourit. Il lui avait fallu six ans pour le comprendre. Ce qu’il aimait en Oregon, ne fût jamais ce que son frère aimait. Parce que quelques années de plus lui donnaient l’air d’un grand, et qu’il crut devoir suivre la même route pour s’accomplir lui aussi. Ça avait fonctionné, un peu, puis ils s’étaient retrouvés seuls et Lester prit conscience que ce n’était pas sa vie qu’il vivait, mais celle de Jay.
« Il vit au beau milieu de nulle part, dans une maison presque inaccessible en hiver. Vivre là-bas ça exalte, ça te donne l’impression d’avoir compris quelque chose. Puis tu te rends compte que cette chose tu ne sais même pas ce que c'est. Lui il s’était trouvé une femme et son affaire marchait bien. Il m’a proposé de travailler avec lui quelques mois et c'est devenu des années. Sa femme est décédée, il s’est retrouvé seul, et je me suis rendu compte que s’il donnait l’impression d’avoir réussi, en réalité il n’avait rien. »
Il avait de la peine pour lui, réellement. Un peu d’amertume à le savoir moins idéal que l’homme qu’il devait être dans ses espoirs d’enfant, moins accompli que son admiration lui avait dit, mais il reste son frère et avec ça un homme.
« Enfin ! Il m’a refilé son chien parce qu’elle était symboliquement rattaché à sa femme et je suis finalement rentré. »
Il tourna les paumes au ciel, haussa les épaules. Les mots choisis avec parfois trop de solennité, il n’y eut néanmoins dans cette histoire que de bons souvenirs auxquels il se raccrocher. Il n’avait pas perdu ces années, et son sourire lui rappela.
« Puis j’ai l’impression que c’est le cas de tout le monde ici. On est condamnés à finir ici. »
Il rit car l’idée lui parut absurde mais c’était tout à la fois comme si cette ville les rappelait à l’ordre, peu importe où ils voulurent tous fuir.
« En réalité je pensais que t’étais rentrée pour ta famille. C’est étonnant que tu veuilles revenir à Aster Cove pour ton métier alors que c’est ce qui t’a fait partir. »
Il se souvenait d’elle et ses espoirs. Les rêves d’enfants ne se réalisent que rarement, mais pour elle c’était plus que ça. Une vocation qui la prenait aux tripes. Il la poussait dans le dos pour qu’elle devienne qui elle voulait être, et avait au fond été heureux pour elle lorsqu’il apprit qu’elle vivait à New York.

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MessageSujet: Re: Grands enfants † FT. PENELOPE   Grands enfants † FT. PENELOPE EmptyJeu 4 Jan - 14:30


GRANDS ENFANTS
J'étais tellement absorbée par le récit de Lester que je ne me rendais pas compte que j'étais en train de finir les frites que j'avais pourtant poussées vers lui. Lui aussi était parti, lui aussi avait été déçu de ce que le monde offrait d'autre qu'Aster Cove. C'était toujours plus ou moins la même histoire... Et ça allait dans le sens des théories de Josh, ce qui commençait à me donner un peu froid dans le dos. Pas étonnant que je mangeais compulsivement les frites froides. Un petit geste qui m'empêchait de perdre la tête avant de reprendre mes esprits.
Puis Lester vint à parler de son frère, et du drame qu'il a connu. Mon expression changea, sincèrement désolée pour ce qu'il lui était arrivé. Ça allait tellement loin, comme si la vie s'était acharnée sur lui pour aucune raison. Ou pour avoir tenté de vivre ailleurs, ha ha... Est-ce qu'Aster Cove nous maudissait pour la quitter ou quoi ? C'était quand même un peu flippant. Je regrettais presque d'avoir posé la question, je me sentais vraiment mal pour Jay. Ça avait dû le briser...

« Puis j’ai l’impression que c’est le cas de tout le monde ici. On est condamnés à finir ici.

J'aurais aimé accompagner mon ami dans son rire innocent, mais je ne pus qu'esquisser un mince sourire. En effet, ce qui semblait être une petite blague sonnait comme une amère vérité. J'allais reprendre quelques frites mais j'avais vidé la barquette. Je soupirai, peu contente de moi-même.

- Désolé, j'ai tout englouti. Pourtant j'ai mangé aujourd'hui, je te jure, dis-je en accompagnant ma phrase d'un petit rire désabusé. Mais oui, tu as raison là dessus. On est tous revenus... Enfin la grande majorité. Et je suis sincèrement désolée pour ton frère...

- En réalité je pensais que t’étais rentrée pour ta famille. C’est étonnant que tu veuilles revenir à Aster Cove pour ton métier alors que c’est ce qui t’a fait partir.

Je fis un petit sourire en coin. Ouais, c'est vrai que c'était drôle, dit comme ça. Enfin, drôle, ça dépend de quel sens de l'humour on avait. Le mien était plutôt bien aiguisé, encore. L'ironie du sort, ça me connaissait bien de toute manière.

- T'as vu ça. Eh bien, la famille est pas exclue dans mon retour non plus. Je ne saurais dire si c'est vraiment toutes les disparitions ou le retour de Walter qui m'a poussé à revenir. C'était un choc quand j'ai appris qu'on le retrouvait nulle part, et franchement, revenir à Aster Cove alors qu'il était pas là... Ma sœur était en panique, 'fin pas comme si c'était inhabituel, mais bon. Des gens qui disparaissent, ça arrive, même si en masse comme ça, ça commence à être alarmant... mais quand ils se mettent à revenir... Je pris une nouvelle gorgée de bière en regardant Lester, mes yeux brillants d'une curiosité non cachée. Je savais que New York aurait jamais un sujet comme ça pour moi. Je crois que c'est même l'affaire la plus intéressante sur laquelle j'ai jamais travaillé.

J'installai un silence lourd de sens, regardant Lester comme si j'allais continuer ma phrase à tout moment. Mais je ne poursuivis pas avant d'être arrivée à la moitié du verre.

- Tu te souviens quand tu m'aidais pour le journal du lycée, et puis quand j'ai commencé à travailler pour l'Aster Cover. Sincèrement... ça te manque pas, même un petit peu ? »

L'envie de poser sur la table la machine bizarre que je voulais utiliser ce soir était immense, mais je me retenais encore un peu. Plus que jamais, j'avais envie de repartir à l'aventure comme les deux ados que nous avions été. J'étais persuadée qu'ils étaient encore là au fond de nous.
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