Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 I'm used to 'em now {Sandrange}

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MessageSujet: I'm used to 'em now {Sandrange}   I'm used to 'em now {Sandrange} EmptyDim 30 Déc - 18:16

¤ I'm used to 'em now ¤
@Sandra Karcy







On effraie souvent les gosses en usant des violences animales. “Si tu n’es pas sage, le loup viendra te dévorer”. “Ne va pas dans la forêt tout seul ou l’ours te fera du mal”. “Le chien des voisins te blessera si tu l’embêtes.”. On apprends pas aux enfants que ce sont les humains, les pires. On les laisse dans l’ignorance en se disant que tout ira bien s’ils restent de misérables inconscients. Ils grandissent alors dans l’idée que leurs actes ne seront jamais pire que ceux du loup, de l’ours ou du chien. Ils auront beau fermer les yeux, l’humain restera l’animal le plus cruel.

Ils ont recommencé. A vrai dire, ce soir-là, c’était différent. Tu ne savais pas vraiment ce qui avait provoqué cette vague, probablement ta dernière altercation avec Alessandro, au Drive-In. Ou peut être un rayon de lune qui a alimenté les esprits tourmentés de cette société étroite. Tu n’arrivais jamais à trouver d’explications qui tiennent la route, chacune se succédaient dans une incompréhension désordonnée.

Un coup dans les côtes. Un coup dans l’épaule. Un coup dans le ventre. Un coup dans le buste. Un coup dans la hanche. Un coup dans la cuisse. Un coup dans le visage. Et ça recommence. Mon pauvre petit corps saigne. Les constellations sur ta peau se multiplient, les étoiles filent, tailladent ton épiderme en laissant couler ce liquide bouillant. La douleur, tu la sens rugir dans chacun de tes muscles. Et tu les implores de t’épargner. “A-Arrêtez, laissez-moi …”. Et les rires mauvais résonnent dans la ruelle.

C’est une lumière qui déchire l’obscurité. On entend plus que la course farouche de tes agresseurs, tu es seule, gisant sur le sol sale. Ils t’ont bien eu, cette fois. Tu ne faisais que rentrer chez toi, tu n’avais rien demandé. Un peu de marche, pour changer. Il y avait un garçon. Non, deux. Non, cinq. Les silhouettes démoniaques se confondaient dans la nuit et l’une d’elle t’a agrippé le bras avec force. Tu avais bien essayé de t’enfuir, mais il y en avait toujours un pour te retenir. Tu avais déjà accepté ta propre mort.

C’est étrange, tu as toujours cru que la mort viendrait lors d’une complication, sur la table d’opération. A deux doigts de réaliser notre rêve. Ou alors empoisonné, pour mourir dans l’élégance et le mystère. Au final, pousser ton dernier soupir après qu’on un passage à tabac résumait bien notre vie.

Tu la sens, cette présence qui se rapproche. Tu la sens filer, droit sur toi, tes paupières abîmées te laissent à peine décomposer le visage d’une employée du Dinner. Une femme. Une adulte. Et du coin de l’oeil, tu voyais ta perruque trempée de boue, juste là, à quelques mètres. Il te suffisait juste de tendre le bras, un peu plus loin. Tu rampes, tu tires de toutes tes forces pour attraper ta seule armure. Tu l'effleures sans jamais l'atteindre réellement. Qu’importe que tes vêtements soient tachés de poussière et de sang. Peu importe que ton maquillage se soit mêlé aux bleus sur ton visage. Tu avais juste besoin de ces mèches synthétiques, ne pas perdre la face devant une femme adulte. Ange, ça suffit.
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Sandra Karcy
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Sandra Karcy
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MessageSujet: Re: I'm used to 'em now {Sandrange}   I'm used to 'em now {Sandrange} EmptyJeu 3 Jan - 22:30

Faire la fermeture du dinner avait toujours été pour Sandra un formidable moyen de se faire de l'argent tout en étant certaine d'être plus ou moins au calme et depuis le départ de sa grande, c'était parfois ce qu'elle recherchait. Savoir sa fille loin d'elle, surtout au début, n'avait pas été facile et Sandra avait passé des heures face à son téléphone dans l'espoir de recevoir un appel. Il fallait dire que « tous les deux jours » s'était très rapidement transformé en « toutes les semaines », au grand dam de la jeune mère.

Elle avait accepté. Elle ne pouvait pas tenir sa fille en laisse et ne souhaitait pas que celle-ci se sente enchaînée à elle. Elle préférait de loin des appels plus rares, mais plus sincères. April, à New York, avait donc retrouvé ses habitudes et ses amis, son confort de vie et ses sorties. Dernièrement, elle lui avait même parlé d'un certain Gary et si Sandra en croyait l'instinct maternel qui lui rongeait le ventre, il s'agissait là d'un premier amour en devenir. Elle aurait voulu être là. Elle devait se contenter d'écouter de loin et de se réjouir du bonheur de sa grande.

C'était tout ce qui comptait, se répéta-t-elle tandis qu'elle essuyait une énième table après l'avoir briquée. Sandra recevait toujours de bonnes appréciations de ses supérieurs, qui se foutaient d'ailleurs bien de qui elle pouvait être. Parfois, elle se demandait même si certains de ses collègues n'étaient pas des criminels, vu le flegme de ses patrons. Mais peu lui importait : elle n'allait pas cracher dans la soupe.

Un soupir quitta l'antre de ses lèvres tandis qu'elle se dirigeait vers les cuisines, armée de l'assiette sale du dernier client de la soirée, parti environ trente minutes auparavant. L'odeur de friture qui ne quittait jamais vraiment les lieux l'assaillît instantanément et Sandra déposa la vaisselle en vitesse, pressée de quitter les lieux, rien que pour un instant.

C'est là qu'elle les entendit. Il s'agissait d'éclats de rire, de voix entrecoupées mais plus ou moins intelligibles, depuis sa cuisine aux senteurs huileuses.

« ...-ermé, fait chier.
- T'as vu l'heure qu'il est en même temps ?
- Ouais mais ça valait la peine. Cette petite salope a eu tout ce qu'il méritait. »


Les sourcils de la mère de famille se froncèrent et Sandra se défit de son tablier tandis que les adolescents s'éloignaient, visiblement d'excellente humeur. Ils venaient de la rue sur laquelle débouchait l'entrée de service.

Une seconde, elle hésita. Mais Sandra avait toujours été prise de ces élans de courage irrépressibles et ce soir ne devait pas faire exception. Elle ouvrit la porte et s'engagea dans l'allée mal éclairée qui l'effrayait tant depuis Lost Pine.

Grand bien lui en prit. Dans la ruelle, une forme gisait sur le sol dans une mare de sang. Immédiatement, son cœur se serra. Immédiatement, alors qu'elle retenait difficilement un cri d'horreur, elle se précipita aux côtés de la pauvre personne tombée sur des malades.

Des malades qui fréquentaient son diner, d'ailleurs, ne put-elle s'empêcher de penser. Gorge serrée, yeux humides, elle regarda une brève seconde la jeune fille (ou le jeune garçon, elle ne savait plus et ça se mélangeait dans sa tête, mais ce n'était pas l'important, ça ne le serait pas ce soir et peut être que ça ne le serait jamais, là, la priorité était de le ou la sauver) tendre péniblement le bras vers ce qu'elle identifia comme une perruque après quelques secondes de doute, et s'en empara avant de s'agenouiller à côté de la pauvre victime.

« Je m'appelle Sandra. O-on va appeler les secours une fois à l'intérieur, mais on va rentrer. Tu seras en sécurité dans le diner, je verrouillerai les accès, c'est juré. »

Pauvre gosse. Il ou elle n'avait pas plus de 18 ans grand maximum. Sandra s'imagina April ou Aurelianne dans la même situation et son cœur manqua un battement. Se rappelant brutalement la perruque dans sa main droite, elle ajouta.

« Je... je vais la rincer, d'accord ? Mais avant il faut qu'on voit pour te prodiguer les premiers soins. Ces sales connards... ! »


Regard haineux dirigé vers ceux qui n'étaient plus qu'un souvenir. Après ça, Sandra ajouta.

« Je... te jure que je ne suis pas avec eux. J'approche. C'est d'accord ? »

Ce soir, elle se foutait bien de qui pouvait être la personne face à elle. Elle se foutait brusquement de rentrer en retard, aussi. Elle ajouterait quelques billets dans les poches de Braden au moment où celui-ci partirait. Pour l'heure, tout était à l'urgence.
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MessageSujet: Re: I'm used to 'em now {Sandrange}   I'm used to 'em now {Sandrange} EmptyDim 6 Jan - 19:51

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@Sandra Karcy







Elle est douloureuse. Ta vie, elle est douloureuse. Dans les livres pour enfants, c’est la Maman qui offre la douceur nécessaire. Avec ses yeux qui brillent, ses mains toutes douces, sa voix rassurante. Une caresse dans les cheveux, un baiser innocent, une étreinte salvatrice. Mais toi, t’as pas connu ça. Aoki, elle était loin, elle était pas là, elle l’a jamais été, même quand tu l’as retrouvé. Tout était faux, calculé, maladroit, artificiel. Aoki, elle avait les mains froide et le sourire glaciale. Alors t’as arrêté de croire ce que tu lisais dans les livres.

Les cheveux s’envolent, l’énergie se sépare de ton corps alors que les yeux de cette femme se pose sur toi. Tu la sens, cette pitié. Tu la sens tellement fort que ça t’prends aux tripes, comme une violente nausée les jours de maladie. Elle parle, ses mots se bousculent, t’arrives à peine à articuler une réponse, ta mâchoire craque. “Non .. Non .. Non, pas l-l’urg-Non.”. Un dernier effort pour saisir tes mèches artificielles, tu caches ton visage derrière cette armure sale et cabossée. Ne me regardez pas. Laissez-moi. “N-Ne me … t-touchez pas. J-”. C’est trop dur, Ange.

Un sanglot t’échappe. T’es là, frêle créature au sexe indéterminé, punie pour avoir assumée ce que tu as toujours été, battue pour avoir prouver au Monde que tu pouvais exister. Tu les as regardé droit dans les yeux, tu leur as dit qu’ils ne te faisaient pas peur, et pourtant, l’effroi te rongeait le ventre. Alors tu pleures, parce que c’est trop dur. Tu pleures, tu ne t’arrêtes plus, tu veux simplement qu’on te laisse vivre, qu’on te laisse t’épanouir, abandonner le superflu pour te concentrer sur l’essentiel. La rage des autres qui tiraille tes côtes, ta souffrance, personne ne peut vraiment la sentir. Ils sont bien beaux, ces gens, là-haut, ils se sont gourés dans les dossiers, et toi, t’en paies le prix fort. Une erreur administrative divine, voilà c’que t’es. Une erreur tout court, pour eux. Ils s’embêtent pas des détails, ils frappent. C’est tout de suite plus élégant.

Tu la repousses, faibles doigts qui n’ont plus la force, tu rampes, t’as jamais cessé de le faire. Allumettes de chair, tes jambes d’agneau vacillent, la remontée est impossible, mais tu refuses. Tu refuses l’aide qu’on t’offre parce que les femmes de cette région ont toujours des arrières pensées. Les femmes, en particulier les adultes, ne supportent pas ton existence. Pourquoi celle-ci serait différente ? Un pas, deux pas et tu t’écroules de nouveau. Stop.

Les étoiles ne sont pas visibles, de cette ruelle étroite. C’est dommage. Tu aurais voulue t’éteindre les yeux plein d’étincelles, pour que ton âme les rejoigne. Mais la vie n’est pas aussi facile, n’est-ce pas ? Et tu sens une chaleur étrange envelopper tes épaules tandis que tu tombes un bref instant dans l’inconscient.

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Sandra Karcy
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Sandra Karcy
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MessageSujet: Re: I'm used to 'em now {Sandrange}   I'm used to 'em now {Sandrange} EmptyLun 7 Jan - 1:04

Claque en pleine figure, l'enfant face à toi lutte, t'arrache faiblement la perruque que tu tenais dans ta main droite pour s'en couvrir le visage. Peine. Cœur en vrac. Ton visage se décompose à chacun de ses mots, alors qu'elle lutte, lutte autant qu'elle le peut pour ne pas te laisser l'approcher.

Bouclier de ronces pour la gosse qui n'a pas dû connaître beaucoup de printemps heureux. Moue contrariée.

« Tu ne peux pas rester seule ! Tu as besoin d'aide ! »


Ta voix prend des accents maternels, de ceux qui ne te quittent jamais, mais cette fois, c'est un peu de l'autorité qui y est liée qui en découle. Hors de question que tu laisses mourir un gosse sous tes yeux, peu importe qui il est. Front plissé, ça va te faire des rides, tout ça. Mais le temps que tu agisses, le temps que tu te rapproches, l'Ange s'éloigne et s'écrase plus loin. Tu arrives juste à temps pour en amortir la chute. L'instant d'après, celui-ci sombre dans l'obscurité.

« Putain... »

La pensée que tu devras glisser un dollar dans la boîte à gros mots s'empare de toi mais tu la chasses d'un revers de la main : pas de témoin pas de preuve... à ce sujet, tu te promets d'aller porter plainte, dès demain. Il ne sera pas dit que tu as laissé quelqu'un se faire presque tuer dans une satanée ruelle sans avoir réagi. Mais pour l'heure...

Tes pas se pressent à l'intérieur alors que tu traînes la gamine derrière toi. Doucement. Un pas, puis l'autre. Pas de gestes brusques. Après ce qui te semble une éternité, tu atteins enfin la première table. La banquette, vite. D'un geste d'une brusquerie que tu as plutôt tendance à oublier, tu repousses au loin la table, de toutes tes forces. Celle-ci s'éloigne assez pour que tu puisses, dans un effort qui te semble tristement léger, déposer l'enfant.

Un instant, la pensée que tu deviens vieille te saisit de plein fouet. C'est plutôt l'adolescence qui pare ses traits mais les mots qui te viennent sont systématiquement les mêmes : trop jeune pour subir de tels actes de monstruosité.

Est-on jamais assez vieux pour en souffrir... ? Soupir, lent, appuyé. Tu n'as pas le temps pour ces conneries.

« Tiens le coup, s'il te plaît. J-je reviens, j'arrive. Ça va aller, je te le promets. »

Courir en talon n'a jamais été ta spécialité. Tu les jettes au loin puis tu t'élances en direction de ta voiture, atteinte en si peu de temps que ton souffle n'est pas parvenu à vous suivre. Il faudrait vraiment que tu te remettes au sport, mais ce soir, ça ne fait pas vraiment partie de la liste -réduite- de tes priorités.

Sac à mains, trousseau de clés, portière. Tu te jettes pratiquement sur la boîte à gants que tu libères de sa trousse de secours. Depuis Lost Pine, elle ne te quitte plus. Depuis Lost Pine, tu te tiens toujours prête à une attaque. Un psy, client régulier du diner, t'a déjà expliqué que c'était mauvais, de penser ainsi au pire, voire même le signe que tu avais été profondément touchée par les événements de juin. Tu avais chassé ça d'un revers de la main et avais fourré sa carte de visite dans tes poches avec un beau sourire. Tu n'avais pas le temps pour ce genre de conneries, de toute façon.

Regagner le diner est un jeu d'enfant et c'est sans hésiter que tu retournes aux côtés de la gamine, ou du gamin en robe, tu ne sais pas trop et à vrai dire, tu n'en as rien à faire, présentement.
Certains de tes cours te reviennent en mémoire tandis que tu déshabilles en douceur son torse afin d'apercevoir les plaies les plus inquiétantes. Après un instant d'hésitation, tu la mets en culotte. Il faut que tu soies sûre, ce n'est pas le coup qu'ils aient poignardé -ou tiré, ou- non, là tu vas trop loin- dans sa cuisse sans que tu le saches et qu'elle meurt d'une hémorragie sur ta banquette.

« Désolée... »

Marmonnes-tu tandis que tu fais descendre la robe, foutue, de toute façon. Arrêt sur image, choc. Tes yeux restent bloqués une seconde sur son corps qui n'a rien de celui d'une jeune femme. Sensation étrange, gêne, claque. Sur ta joue, suffisante pour te sortir de ton immobilisme. Une urgence ne souffrira pas longtemps tes interrogations.

Première étape, désinfection. Ton spray est sans douleur, du moins est-ce ce que prétend l'emballage.
Seconde étape, bandage. Les bleus sont laids, tu décides que tu lui donneras la crème anti-ecchymoses plus tard, là la priorité réside dans les plaies ouvertes. Tes gestes sont précis, sûrs d'eux, mais doux. C'est quelque chose que tu sais faire, que tu as déjà fait plus jeune et qui ne se perd pas. Tandis que tes doigts parcourent la dernière bande de gaz, tes yeux piquent.

« Ils ne t'ont vraiment pas loupée, hein... ? »

Troisième étape, la vêtir. Heureusement pour toi, tu sais où trouver des tenues de rechange. Lorsqu'elle se réveillera, Ange sera vêtue du même uniforme que toi. Et si tes doutes, un instant, t'ont fait te demander si tu devais lui revêtir un uniforme masculin ou plutôt féminin, tu as décidé de te concentrer sur la robe d'origine. C'est une robe, dont tu as drapé ses épaules.

Dernière étape... Tenir ta promesse. Sans un mot, tes doigts s'emparent de la perruque et tu disparais dans les cuisines.
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MessageSujet: Re: I'm used to 'em now {Sandrange}   I'm used to 'em now {Sandrange} EmptyMer 16 Jan - 2:23

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@Sandra Karcy







Le dernier souvenir qui traverse tes esprits avant de sombrer, c’est le parfum particulier des femmes, des mères. Comme si leurs odeurs étaient particulières, qu’elles étaient capable d’apaiser les maux. Une douceur caractéristique, celle que tu pouvais voir parfois, dans les films, au drive-in. Le pouvoir d’une mère. Plus tu y penses, plus tu te dis que la tienne ne l’a jamais eu.

Tu as fait un rêve. Il y avait cette immense maison de poupées. La cuisine était toute jaune, le canapé du salon était bleu, les murs étaient recouvert de papier collant vert. Tu portais une robe bouffante, pastel et dentelles, le rose aux joues, le rouge aux lèvres, le noeud qui coulait dans tes cheveux trop sombres. Tes membres désarticulés pendaient dans le vide alors que la main d’un enfant saisissait tes hanches de plastique.

Cet enfant, on aurait dit un petit garçon. Et ce petit garçon, on aurait dit moi. La carrure fébrile, le regard timide, il te regarde comme je te regarde, chaque matin. Caresses de gamin admiratif, porcelaine qui rafraîchit le bout de ses doigts, la princesse qu’il a toujours voulu être se colle à ton corps. Envie de rêver, envie de changer, envie d’être la personne qu’il est à l’intérieur, envie que le toi devienne moi.

Le néon du dinner grésille. La mélodie du rêve se termine et la réalité reprend sa place. La poupée était pourtant si jolie. Et les membres désarticulés sont à présent recouverts de bandages. La couleur particulière de l’uniforme que tu voyais si souvent te vieillissait, quelque part. Mais à peine l’esprit éveillé qu’un frisson t’arrache déjà le coeur.

La perruque. Le maquillage. Les vêtements. La panique fait trembler tes doigts, le rouge dévore tes joues, tu te redresses peut être un peu trop rapidement, dans un gémissement de douleur étouffé. Ta main percute une trousse alors que tu t’appuies sur la table. Tu serres les dents, un court instant. C’est vrai. Tu ne pouvais pas te permettre de me montrer, quand bien même ta bienfaitrice m’avait déjà rencontré.

C’est le pas faible, maquillée avec les moyens du bord, que tu te présentes, silencieuse, à l’encadrement de la cuisine. Tu la regardes, mes cheveux fins qui retombaient sur tes yeux, ses mains qui astiquent ta protection. La distance se réduit finalement et tu reprends ton bien en posant à peine les yeux sur Sandra. Ton regard, l’espace d’un instant, il était chamboulé, entre la colère, la peur, la frustration, toutes les nuances d’un malaise existentiel qui régissait ta vie. La mienne.

Tes doigts passent entre les mèches synthétiques humides, les rincent avec précaution, cheveux par cheveux, comme s’ils étaient fait d’or. C’était ton bien le plus précieux, ton arme la plus fatale, le bouclier qui te permettait d’affronter le monde. L’eau coule, frappe le fond de l’évier en rythme, tes épaules se soulèvent à mesure que le sang se dilue dans le siphon.


Vous en avez bien profité, j’espère. N’oubliez pas de parler de la cicatrice sur ma côte, ça va bien les émoustiller, les daronnes de ce bled de merde.


La cicatrice, la fameuse, preuve que la jeunesse pouvait être aussi cruelle que le pire des prédateurs. T’avais le ton amer, t’avais la langue toxique. Parce que tu ne comprenais pas. Pour toi, l’unique raison que cette femme avait de t’aider était de pouvoir alimenter les commérages. Les gouttes du robinet remplacent tes larmes alors que tu es incapable de te laisser aller devant elle. Après tout, tu venais de refaire ton maquillage. Tu n’allais pas tout gâcher.


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