( sometime quiet is violent ) Silence constant dans les songes béants, le regard vogue sur les constellations, se permet de rêver, un gout de liberté dans la gorge serrée. Petite poupée qui voudrait bien s’exiler loin des banalités, loin de ses barreaux rouillés. Captive de sa fragilité, enfermée sous la malédiction damnée.
Pourquoi je peux pas m’échapper ? Mais ma puce tu risques de te casser… Constat flagrant, jugement oppressant. Réduit en poussières avant la misère. Elle est faite de verre la môme stellaire. Car elle ne ressent pas ce que les autres subissent tant de fois. Douleur morphine, souffrance muette. Analgésie congénitale. Malédiction infernale. Incompréhension face à l’inertie, face au vide de sa carcasse quand elle se blesse. Etrange Billie qu’on enferme entre les murs étroits pour l’aveugler de tout effroi. Car la société n’a rien de beau même dans ses échos. Et qu’elle n’a rien d’une enfant banale derrière son sourire bancal. Malformation des os qui pourrait faire croire qu’elle sort d’un freakshow. Y’a trop de facteur pour l’enfermer à l’intérieur. Trop de préjugés qui risquent de la briser.
Car Billie t’es un monstre qu’on s’efforce de cacher…( end of all days ) Alors elle s’habitue l’orpheline à sa condition précaire. Bercée dans l’innocence qu’elle ne vivra jamais. Frustration entière quand elle se laisse couler. Préférant sans doute juste crever que s’acharner à respirer. Y’a pas de turbulences, aucunes nuisances. Juste la solitude taciturne, la violence diurne. L’envie d’imploser comme une bombe dégoupillée et de se casser en bouts de verres éparpillés. Elle veut vivre Billie, pas comme un écho, elle veut vivre à se meurtrir. Se creuser les veines d’adrénaline, ressentir une émotion martyr.
Et non pas se contenter de survivre.( but i'm weak, and what's wrong with that? ) Et cette curiosité, cette rage au ventre qui ne cesse de monter quand on la retient contre son gré.
Je veux sortir Maman ! Non tu restes dedans ! Le refrain est lassant, le temps bien trop lent. Entre les cours à résidence et le manque de chance. Elle les voit parfois ces errants qui trainent des pieds, quand elle se glisse à la baie vitrée pour observer leurs façons de fonctionner. Pour dessiner leurs reflets dans sa mémoire et comprendre pourquoi ils ont droit à cette liberté quand elle reste captive de ce piège délabré. Puis la différence. La conclusion démente. Ses deux bosses dans son dos. Comme les ailes arrachées d’un ange déchu. Joyau un peu entamé mais pas entièrement dérobé. Parfois, les phalanges viennent se hisser difficilement sur les omoplates pour peindre cette malformation à la con. Mais la vérité c'est juste que
Billie elle est jolie à sa façon.( play with fire ) Puis une nuit, quand les gens bien sont endormis, elle a ouvert sa cellule pour découvrir ce monde taciturne. Seize années à se contenter de cette illusion, seize années pour lui mentir et la prévenir de cette société moisie. La poupée elle allait se faire une opinion sur cet univers ahuri. Même si c’était pour une soirée… Car la liberté a cette saveur sacrée. Et qu’elle mérite d’y goûter. Alors la lune l’a enlacé dans ses bras quand elle s’est effacée le fracas. Dans les ruelles étroites et entre les lampadaires bipolaires. Des astres dans les prunelles et des étincelles dans le palpitant. Apesanteur loin de l’horreur. Apothéose après toutes les ecchymoses. Elle a dansé sous les astres le désastre, pendant des heures jusqu’à voir l’aurore. L’innocence devenant inconscience. Et l’ignorance devenant empressement. Elle n’avait plus le choix à présent.
Maintenant qu’elle avait dévoré le monde entre ses babines aiguisées.
Elle voulait tout simplement exister.( do you ever wonder who took the light from our life? ) Et ça a hurlé entre les murs étroits. De nombreuses fois… Entre la môme rebelle et les parents blêmes. Négociation difficile, espoir livide.
Je ne veux plus me cacher. La mère apeurée, le père borné. Ils ont cédé à cette gamine qui avait trop vu pour être retenue. De la peur dans les entrailles et des hantises plein le crâne.
( you should see me in a crown ) La poupée on lui offert sa liberté. On lui a offert ce droit de s’intégrer malgré ses plaies.
Mets des vêtements amples, te fais pas remarquer. Avec quelques suggestions pour une meilleure intégration. Petite nouvelle dans le lycée. Fallait faire profil bas, ne pas provoquer de fracas. Toujours des barrières pour cacher sa misère. Mais la môme elle n’en avait rien à faire. Comme une bête de foire, délivrée de son sort dérisoire, elle s’est accrochée au moindre déboire. Alcool, drogues, clopes, … Billie elle n’avait jamais vécu, alors elle vivait trop vite. Abusant de tous les plaisirs, sauf celui de la chair. Paradis superficiel d’apparences, crise démentielle avant l’heure. Et les jugements, la facilité de s’attaquer à la nouveauté, ça n’a pas manqué. Les murmures silencieux, les attaques pernicieuses,… Et l’impulsivité qui prend le dessus. Bombe sur le point d’imploser à chaque seconde passée. Elle s’est dégoupillée avant même de se tempérer. Envoyant des coups sans songer à sa maladie.
Car personne ici ne se moque de Billie.