Entre les quatre murs de cette chambre.

Je passe une jambe par-dessus mon vélo et j’empoigne mon guidon pour lever la carcasse de mon vélo, je pose mes fesses sur ma selle et je réajuste les bretelles de mon sac sur mes épaules, mon sac est quand même lourd, ai-je constaté en reculant de quelques pas, je ramène les roues de mon vélo sur le sentier pour qu’il ne s’enfonce pas davantage dans le sable, sinon je ne vais pas pouvoir sortir de là.
Je tourne la tête pour regarder mon meilleur ami, il est en train de remettre ses chaussures, il a enfilé ses fringues pendant que j’étais en train de récupérer mon vélo et de vérifier dans mes poches si j’ai bien emmené mes clés tout à l’heure avant de partir précipitamment. Je secoue la main pour qu’il me rejoigne et je lui dit de s’asseoir sur mon guidon, c’est le seul endroit où il peut se mettre s’il ne veut pas marcher à côté de moi. Et, nous irons évidemment plus vite comme ça alors je l’aide à grimper, mes mains serrent le guidon pour qu’il ne frémit pas sous le poids de Royce qui monte dessus. Je grimpe sur l’une des pédales, j’écrase mon pied dessus et je me donne de l’élan avec l’autre. Je reste debout sur mes deux pédales, pour que mon meilleur ami puisse laisser tomber son dos contre mon épaule et mieux tenir en équilibre sur mon guidon étroit et sûrement très inconfortable.

Pendant que je roule, je pense à Georgie, va-t-il nous en vouloir de garder ce que nous faisons pour nous ? Peut-il comprendre que ça nous fait peur, de lui infliger ça ? Mon cœur tressaute dans ma poitrine au même moment où je monte sur un trottoir un peu trop haut, je fronce les sourcils et je coince ma respiration dans le fond de ma gorge pour obliger mon cœur à reprendre un rythme normal, plus doux, parce qu’il cogne si fort pour l’instant qu’il me fait mal.

Nous y voila, je vois ma maison au bout de la rue alors j’accélère, peut-être que ça effacera le visage de Georgie que j’ai dans la tête.
Je roule au milieu de la route, il n’y a pas de voiture, tant mieux. Je vais suffisamment vite pour monter facilement sur le trottoir que j’ai remarqué depuis quelques mètres déjà, avant de monter sur l’un d’eux j’ai toujours peur de mal le prendre et de finalement buter contre et tomber, je me suis déjà écorché les genoux plusieurs fois à cause de ça, peu importe. Maintenant nous y sommes.

Je m’arrête, je laisse mon meilleur ami descendre du guidon et je laisse tomber mon vélo par terre, à côté de la voiture de ma mère.
Je lui dit de me suivre, il a déjà croisé ma mère quelques fois, Georgie aussi d’ailleurs, mais ils n’osent jamais rentrer chez moi en premier, peut-être sont-ils trop bien élevés... suis-je en train de penser en écrasant ma main sur la porte, l’autre sur la poignée, je la pousse et je préviens déjà ma mère que je suis là.

- Royce est avec moi !

Dis-je en gardant la porte ouverte pour qu’il puisse entrer maintenant, je referme derrière lui, j’empêche ainsi au froid de venir à l’intérieur de la maison, parce qu’ici il fait cruellement bon.
Je n’aime pas ce frisson qui naît sur ma peau a cause du froid de dehors et de la chaleur à l’intérieur, mais ça passera, n’est-ce pas ?
Je me retourne, je regardais mon meilleur ami mais ma mère arrive alors je lève les yeux vers elle, elle est en train de sourire.

- Bonjour @Royce Standall, Tu vas bien ?
- Il va bien.

Dis-je pour la dissuader de nous faire la conversation trop longuement, mais elle insiste.

- Vous avez envie de manger quelque chose ? Je peux vous préparer un truc, et si vous avez soif il y a des sodas et de l’eau dans le frigo.

J’allais lui dire de laisser tomber mais, peut-être que Roy a faim ? Alors pour cette fois je me tais et je tourne simplement la tête vers lui pour le regarder, a-t-il faim ?

Je tourne la tête et je regarde ma mère cette fois, je hausse les sourcils en habillant mes lèvres d’un sourire qui semble vouloir dire « nous pouvons y aller maintenant ? » mais avec une politesse ironique, elle jette ses yeux dans les miens et elle ne dit rien, ça veut dire que nous pouvons y aller, ai-je déduis en me tournant, je la remercie quand même d’un hochement de tête, elle hausse le ton quand je pose les pieds sur la première marche de l’escalier.

- James, ne laisse pas ton copain tout faire, je veux que tu bosses toi aussi.

Apparemment, le sourire de Royce fut suffisamment convaincant, elle croit a l’excuse du devoir pour le lycée alors je joue le jeu et je lève les yeux au ciel en crachant un soupir interminable et exagérément fort pour qu’elle l’entende, elle s’en va, nous aussi.
A l’étage, je passe devant mon meilleur ami en m’excusant et je laisse tomber ma paume sur la poignée de la porte, est-ce que ma chambre est propre ? Certainement, connaissant les manies de ma mère. Alors j’ouvre la porte sans passer trop de temps à me poser des questions et je dis à Royce d’entrer en premier.

Mon lit est fait, merci maman. L’air est changé aussi, merci maman. Et il n’y a pas de fringues par terre, merci maman. Je rentre après Royce et je ferme la porte mais je laisse le verrou ouvert.

- Pourquoi, tu veux te la taper ?

Dis-je quand mon meilleur ami me demande si ma mère l’aime bien, d’ailleurs quand je tourne la tête pour le regarder, je souris et je remarque qu’il est aussi en train de sourire.
Je détourne le regard et le sourire sur mes lèvres ne tombent plus de là, je vais à côté de mon bureau et je dépose mon sac à dos sur ma chaise à roulettes. Pendant que je tire sur la fermeture éclair pour l’ouvrir, j’y songe plus sérieusement, oui je pense que ma mère l’aime bien, elle répète tout le temps que c’est quelqu’un de bien, sûrement celui qu’elle préfère parmi tout mes copains parce qu’elle le trouve intelligent et courtois, il dit s’il te plaît et il a toujours le sourire. Je ne vais sûrement pas la contredire, royce c’est un garçon bien et quand je pense à lui c’est évident, mais lui, qu’est-ce qu’il me trouve ? Je lève le menton et je jette un coup d’œil vers lui. Ma mère me dit que j’ai de la chance d’avoir quelqu’un comme lui, et elle a raison.

- Tu peux t’asseoir sur mon lit si tu veux. Fais comme chez toi.

Je ramène mes bouquins au lit, je laisse tout tomber sur le matelas et quelques grains de sable qui étaient entre les pages tombent sur ma couette mais peu importe.
Je retourne vers mon bureau et je fouille dans mes papiers, il y en a un sur lequel j’ai noté quelques trucs et je veux qu’il lise ça.