Un long soupir s’échappe des lèvres du shérif tandis qu’il avise l’assemblée des participants. C’est la seizième fois qu’il organise ce genre d’événement depuis le début de sa carrière. C’est la seizième fois qu’il se voit contraint de demander de l’aide à la population en trois ans. Trois ans. Dix-huit disparus. Les noms sont gravés dans son esprit comme autant d’échecs et il a l’amère sensation qu’il s’apprête une fois de plus à sentir l’étau de la frustration enserrer son cœur. C’est pourtant avec une détermination sans faille qu’il se tient devant ses habitants, devant ces gens qu’il a juré de protéger et qu’il ne parvient à retrouver que trop tard, coupés en deux ou sauvés par un étrange coup du sort. Il n’a pas le droit de faiblir. Ses convictions ne doivent pas vaciller. Il est le chef de l’autorité, ici. Il est cette constante, depuis trente longues années, le garant d’une paix qu’il a eu la naïveté de penser immuable. Il est le capitaine de ce navire, et il ne le laissera pas couler sans lui.
Il s’avance et se racle bruyamment la gorge pour attirer l’attention. Ses mains réajustent machinalement son chapeau sur ses cheveux gris. Un brin de nervosité bat en son cœur tandis qu’il balaye la troupe de sa lampe.
« Bonsoir à tous et à toutes. Merci d’être là en ce début de soirée. Je vais être concis et clair, si vous avez des questions n’hésitez pas. »
Dans son dos, les vagues mangent le sable pâle, leur chuchotement interrompu uniquement par le clapotis de l’eau contre les bateaux amarrés là. Il poursuit :
« Bartholomew Caldwell et Camden McKinnon ont disparu depuis une période indéterminée. On ne les a pas vu respectivement depuis le deux et le quatre septembre. L’objectif de cette battue est de tenter de les retrouver. Tout le monde a une lampe torche ? »
Les faisceaux lumineux ondulent sur la mer. Il hoche la tête, satisfait.
« Nous avancerons par lignes. Tout le monde garde les personnes à sa droite et à sa gauche en vue, on avance en quadrillant chaque zone avec attention. Si quelqu’un trouve quoique ce soit d’intéressant, criez-le et si vous entendez quelqu’un crier, transmettez le. Des agents sont présents non loin de vous : ils vous rejoindront le plus vite possible, pareil si vous avez un problème. Si vous vous perdez, criez. Ne vous éloignez jamais de nous et si vous ne voyez plus les autres, arrêtez-vous et criez : le but est de chercher les disparus, pas vous. Compris ? »
Un soupir lui échappe à nouveau tandis que les têtes se hochent. Il se tourne vers l’immensité de la plage, déserte et inquiétante. Sa lampe crée des ombres fantomatiques sur le sable gris.
« C’est parti. »
- L'assistant surmené du shériff a écrit:
Vous voici à l’une des deux battues organisées à Aster Cove ce soir. Si vous avez plus de 25 ans, vous pouvez également vous rendre à celle de la forêt de Lost Pine, plus dangereuse le suspecte-t-on.
La police étant consciente qu’un meurtrier sévit sans doute dans la ville, les agents sont présents nombreux et vous n’aurez aucun mal à les contacter en cas de besoin.
Vous avez été invités à vous retrouver à la crique ou à Lost Pine à 18h30, afin que tous les travailleurs et lycéens puissent s'y rendre !