Dans la petite ville d'Aster Cove, des choses étranges se passent...

 
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 MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD

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MessageSujet: MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD   MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD EmptyMar 7 Aoû - 22:21

I was as pure as a river. But now I think I'm possessed. You put a fever inside me. And I've been cold since you left. 'Cause I've done some things that I can't speak. And I've tried to wash away but you just won't leave. So won't you take a breath and dive in deep. 'Cause I came here so you'd come for me. I'm hoping you could save me now but you break and fold. You've got a fire inside but your heart's so cold. (halsey // beerus)


- Ca va chérie ?
- J’ai froid.
- Je sais ma puce.
- Quand est-ce qu’il arrive ?
- Je vais aller demander… encore.

Ça fait vingt minutes qu’elle patiente dans la salle d’attente, installée sur cette chaise de métal qui lui glace la peau à chaque mouvement. Pourtant, ce n’est pas faute de porter des vêtements chauds destinés aux saisons hivernales mais ils ne parviennent à la tempérer. Depuis son retour, Annie est constamment frigorifiée. Un léger effet secondaire. Un syndrome du traumatisme. Un mécanisme de défense. Les théories convergent toutes vers une cause psychologique. C’est temporaire, cela ne va pas durer, ce contretemps va s’estomper progressivement. Les médecins se veulent rassurants parce qu’ils sont persuadés que ce n’est pas alarmant. Sauf que sa température corporelle chute progressivement. Elle est consciente que quelque chose cloche mais ne veut pas voir un nouveau docteur. La seule chose qui l’importe à cet instant précis est la chaleur de son plaid, entreposé sur son lit, au milieu de ses nombreux coussins. Sa chambre commence doucement à lui manquer, mal à l’aise dans cette pièce froide et étrange.

- Ça ne devrait plus tarder, ils ont eu une urgence.
- C’est notre jour de chance.
- Je vais te chercher un thé à la cafétéria, reste-ici.

Avant de prendre l’ascenseur pour se rendre au rez-de-chaussée, Madame Miller fait le tour du couloir pour demander à chaque infirmière ici présente de surveiller sa fille. Hors de question de la perdre de vue ne serait-ce qu’une seconde. Elle aimerait rester à ses côtés mais la pauvre est tellement gelée, il lui faut trouver une alternative. Annie l’observe partir sans manifester une quelconque expression. La petite semble abordée par ses pensées pour ne pas dire perdue au milieu du vacarme ambulant qui gronde dans sa tête. Elle est immobile comme une statue de pierre mais ses mâchoires se crispent au fur et à mesure des secondes. A croire que son corps tout entier tente de supporter la pression de ce bruit sans fin. Quand soudain, une vive douleur la ramène brutalement à la réalité. Pourtant aucune marque sur le dos de sa main, là où la sensation de brûlure perdure en dépit de l’absence de véritable boursouflure.

Elle regarde l’individu à l’origine de ce désagrément qui ne réalise même pas son geste. L’adolescente retire alors son bras de l’accoudoir qu’ils partagent et se lève, agacée, pour effectuer quelques pas dans le couloir. Annie ne supporte plus d’être au milieu de ces gens malades. A vrai dire, même s’ils étaient en bonne santé, cela ne changerait pas grand-chose. Elle veut rentrer à la maison pour retrouver son matelas et s’effondrer une bonne fois pour toutes dans les bras de Morphée. Il lui semble n’avoir pas dormi depuis une éternité. Depuis trois ans exactement. Beaucoup trop longtemps. Elle pourrait littéralement s’écrouler, là, sur ces carreaux blancs salis par le transport des patients sur les brancards et dormir sans que cela ne lui pose aucun problème. Hormis la réaction du corps médical qui la suit discrètement du regard. Emmitouflée dans son gilet polaire alors que la chaleur foisonne les 37 degrés à l’extérieur, ce sont des gouttes de sueur froides qui stagnent sous son épaisse chevelure de blé.

- Pourquoi vous me regardez ?
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MessageSujet: Re: MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD   MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD EmptyMar 7 Aoû - 23:22


My heart is gold and my hands are cold


Les papiers se cumulent sur la table du salon. Les lettres de l'hôpital, rappel de contrôles. Ils insistent jamais autant avec les patients mais nous, nous c'est différent. On a été attaqué par des trucs pas normaux et ils le savent. On est dans la même pile de dossiers que les revenants, celles des gens à surveiller de près. Mais moi, je refuse d'y foutre les pieds. Depuis des semaines je repousse l'échéance, ne donne pas suite aux relances.

En sortant de l'hôpital mes cicatrices, de chaque côté de mon poignets, de fines lignes et des consignes bien strictes pour en faire des traces presque invisibles avec le temps. C'est long, de cicatriser des tendons et des ligaments, long de laisser des os se reconstruire après les avoir un peu mieux cassé pour les remettre droits. Pourtant, quand Oksana m'a regardé avec ses yeux de biche j'ai su que j'avais pas le choix. La plaie avait été désinfectée et triturée, opérée, mais sait-on jamais. Mon sang avait pu récupérer des échantillons, traces de ce monde qui nous semblait encore un rêve il y a quelques semaines. Un rêve devenu cauchemar dans sa dure réalité. Les flashs qui se répètent dans mon cerveau sont signes d'un traumatisme clairement trop important pour le faire passer seul.

Mais j'ignore tout ça tandis que ma collègue enlève mes sutures, triture mes chairs et que je hurle de douleur, serrant mes dents de toutes mes forces sur un torchon qui n'en ressortira pas entier. Et nous voilà donc, des semaines plus tard. Moi, à regarder un énième rappel et mon poignet dégueulasse et boursouflé, encore plus douloureux qu'au moment de la morsure. Je soupire longuement et élabore toutes les théories dans mon petit crâne malade. Ne pas aller à l'hôpital, c'est risquer de ne pas retrouver totalement l'usage de ma main. Ne pas retrouver totalement l'usage de ma main c'est me handicaper à vie et possiblement ralentir mon travail, mon efficacité et tout le reste aussi.

Oui mais aller à l'hôpital c'est m'en prendre plein la gueule, trouver une explication sous la panique et paniquer encore plus. Entendre mon cœur battre dans ma tête, me faire à nouveau triturer le bras, me faire gueuler dessus. Pas savoir quoi dire, me taire dans un mutisme profond et m'en vouloir. Mais retrouver ma main le plus possible.

Le pour, le contre. Le tout balance d'un côté à l'autre de ma cervelle, comme le tic tac d'une horloge qui fonctionne un peu trop bien. Une heure passe après une autre et finalement, je me décide, le papier froissé dans la main, la porte qui claque derrière mes pas. Réfléchis pas, putain. Va là bas, sauve ta main, sois pas débile. Arrête d'être débile.

Et grille pas ta couverture, abruti.

Je me répète le même scénario en boucle, tente de parer à toutes les questions et les éventualités. Des explications rationnelles à mon manquement à l'appel, à l'état de mes plaies. Comme un gamin qui apprend un texte, me voilà à réciter des dialogues potentiels sur le trajet entre l'appartement et l'hôpital. Puis finalement, j'y arrive, la boule au ventre, angoissé comme avant un examen trop important. La feuille froissée devient presque boule de papier pour que je m'efforce finalement à la déplier à l'accueil, justifier ma présence à la secrétaire face à moi.

« Evans Ari... », je me raidis « Evans. » que je coupe, froidement, mes cernes jusqu'aux joues et mon angoisse qui glisse et agrippe ma gorge pour venir se glisser dans ma voix. Elle m'indique un chemin que je suis sans poser de question, la tête baissée, la main cachée sous ma manche de veste. Je vais me faire engueuler, je sais que je vais me faire engueuler.

La suite est un flou total, un nouveau. Un sifflement long et régulier qui passe dans mes tympans alors que je me retrouve assis dans la salle d'attente, de nouvelles sutures et une nouvelle attelle sur le bras. Il y a eu du mécontentement, des haussements de ton, de l'indignation. Un psychiatre aussi, un truc pour m'évaluer. Savoir si je m'étais mutilé. Et puis je me souviens plus, j'ai oublié. J'ai des feuilles en main avec mon nom dessus et des prescriptions à suivre à la lettre. Je déglutis et ferme les yeux. Et c'est là, c'est là que des voix, des murmures captent mon attention. Comme toujours. Y a toujours des voix, toujours des murmures.

Ça parle d'une revenante. Tout juste arrivée en ville. Elle est dans les murs, sur le point de se faire ausculter. Elle a l'air perdu, elle a des vêtements d'hiver. Et puis elle a l'air d'un cadavre. Mais non, que répond un autre. C'est la petite Annie, qu'un suivant rajoute. Mais non, qu'ils disent, elle a changé si c'est elle, qu'ils continuent.

Et mes neurones moulinent pour faire un lien direct. Un battement de cœur qui saute et j'ai envie de leur demander de se taire. Est-ce que ça peut être elle ? Un nom parmi tant d'autres qu'on a récupéré d'une liste faite à la va-vite avec Oksana. Annie Miller. Je me remémore les deux trois notes sur son âge, tente de visualiser sa photo mais voilà que les autres parlent de ces gamins qui fuguent et des gens qui deviennent fous. Ça doit venir de l'eau du robinet. Ils veulent pas la fermer.

Je me lève enfin, sort de ma léthargie pour arpenter les couloirs, sortir de là, prévenir Oksana, un truc comme ça. Je m'éloigne du bruit, en tous cas, pour les faire taire et m'écouter à nouveau penser. Mais c'est pas sur la sortie que je tombe en premier. C'est sur cette fille, emmitouflée malgré la chaleur, ses cheveux d'or et son regard un peu perdu. Une infirmière qui lui fait face et qui clairement, semble voir un fantôme. C'est forcément elle, pour susciter cette réaction. Alors quoi faire ? Rester, l'aborder, lui parler et en apprendre plus ? Ou alors me tirer, prévenir Oksana et trouver une approche à deux.

Complètement débile ou raisonnable ?

Je m'avance, frôle l'infirmière de l'épaule pour attirer son attention, détourner son regard de la petite une demi-seconde. « Je peux sortir ? » Je lui tends les papiers que je tiens depuis un long moment. Elle me fixe, les lit en quelques secondes et hoche la tête pour approuver. Finalement, elle se détourne de nous, fait demi-tour et retourne à sa vie. Sans doute qu'elle a eu un choc elle aussi, qu'elle a oublié ce qu'il vient de se passer, un truc comme ça. Ou alors je lui ai fait encore plus peur que la gamine, c'est peut-être ça. Finalement, mon regard se porte sur elle et ses cheveux blonds. Je hausse un sourcil avant de m'aventurer à lui parler. « J'ai l'impression que t'as pas vraiment envie de te faire observer de tous les côtés. » Je baisse les yeux, mal à l'aise comme jamais, perdu entre mes envies et mes capacités. « Y a un distributeur à l'étage au dessus. Pas de visiteur, tu veux aller manger ou boire un truc ? »

Comme si une gamine allait suivre un parfait inconnu qui a deux fois son âge. Comme si c'était pas une proposition incroyablement bizarre et à faire poser question. Réagis, du con. « J'suis un peu une bête de foire aussi. » Je lui montre mon bras, laisse la veste tomber de mon épaule pour en sortir mon poignet et ajouter. « J't'oblige pas et j'te veux pas de mal. Juste que... j'comprends j'crois. » Ou peut-être pas, mais j'essaie. Je hausse les épaules, me mords la lèvre en attendant sa réponse.

Définitivement, complètement débile.

Elle va hurler au pédophile et je serai enfermé une bonne fois pour toutes. Bravo, vraiment.
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MessageSujet: Re: MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD   MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD EmptyMer 8 Aoû - 0:36

I was as pure as a river. But now I think I'm possessed. You put a fever inside me. And I've been cold since you left. 'Cause I've done some things that I can't speak. And I've tried to wash away but you just won't leave. So won't you take a breath and dive in deep. 'Cause I came here so you'd come for me. I'm hoping you could save me now but you break and fold. You've got a fire inside but your heart's so cold. (halsey // beerus)


- Pourquoi vous me regardez ?

La question reste sans réponse. Interrompue, l'infirmière porte son attention sur un autre patient avant de longer le couloir. Annie la regarde de cette façon étrange, insistante, qui fait presque froid dans le dos. Elle ne s'en rend même pas compte, obnubilée par les tâches présentes sur sa blouse bleue.

- J'ai l'impression que t'as pas vraiment envie de te faire observer de tous les côtés.

Froncant les sourcils quand il lui adresse la parole, l'adolescente finit par tourner la tête dans sa direction pour l'observer silencieusement. Il paraît complètement paumé, comme anesthésié à vif. Cependant, c'est sa réaction l'interpelle. Il semble gêné par la situation. À moins que ce ne soit l'effet qu'elle produise sur  l'ensemble de la population d'Aster Cove. L'effet revenant. Il paraît qu'ils sont plusieurs dans son cas.

Qu'est-ce que cela signifie ? Elle n'en sait strictement rien et ne souhaite pas en apprendre davantage, craignant qu'un des nombreux charlatans de l'hospice ne leur propose de monter un groupe pour effectuer une thérapie ensemble. Et puis quoi encore ? Dessiner ce qu'ils ont vu, décrire ce qu'ils ont entendu, partager ce qu'ils ont ressenti. Pour cela, il faudrait que leurs souvenirs ne soient pas des résidus au fond de leur mémoire.

- Y a un distributeur à l'étage au dessus. Pas de visiteur, tu veux aller manger ou boire un truc ? 
- Ma mère m'a dit de ne pas parler aux inconnus.

Elle répond du tac au tac Annie, ne fait pas de détour, fonce tête baissée. Ce n'est ni le premier, ni le dernier à tenter le coup. Cependant quelque chose l'intrigue chez lui. Est-ce son regard évasif ? Non, c'est plutôt le sentiment d'insécurité qu'il dégage, faisant écho au sien.

- J'suis un peu une bête de foire aussi.

Elle est difficile la gamine, ne laisse rien paraître de son intérêt et croise les bras sur son buste pour démontrer sa position. Néanmoins, quand il daigne lui dévoiler l'état de son poignet, son regard louche quelques secondes. C'est moche. Cela ne fait aucun doute. C'est profond aussi. L'adolescente plisse le front en découvrant la marque d'une morsure au milieu du tableau écœurant. Une attaque canine ? Étrange. C'est le mot qui lui colle à la peau. Une étrangeté familière à son propre reflet dans le miroir.

- J't'oblige pas et j'te veux pas de mal. Juste que... j'comprends j'crois

Elle imagine la tête de sa mère, horrifiée par de tels propos, prête à hurler au pédophile, à lui balancer son sac dans la figure. Sauf qu'Annie n'est pas sa mère. Il aurait difficilement pu choisir une approche plus déplacée. Et c'est la raison pour laquelle la petite baisse sa garde, consciente qu'il ne réalise même pas le degré de ses mots. L'importance qu'ils représentent dans ce cas particulier. Puis il est aussi amoché qu'elle. Ça aussi, c'est à prendre en considération.

- Ils ont du citron pressé ?

C'est une façon détournée d'accepter la proposition louche. La revenante n'oublie pas les mises en garde de sa mère, elle choisit simplement de les ignorer. Pour l'instant. Prête à crier au moindre doute. Hurler de toutes ses forces quitte à se sectionner les cordes vocales par la même occasion. Cependant, son instinct lui dit que tout va bien. Annie est certaine qu'il veut simplement savoir. Ils veulent tous. Elle est comme un centre de gravité et les gens se pressent autour pour être aux premières loges. Perversité.

- Alors, vous allez me demander ou prétendre ne pas avoir vu ma photo dans toute la ville ?
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MessageSujet: Re: MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD   MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD EmptyMer 8 Aoû - 2:04


My heart is gold and my hands are cold


Y a de la peur dans ma voix, en même temps, y a toujours de la peur dans ma voix. Mais là, c'est encore pire, parce que c'est un sujet d'étude face à moi. C'est une gamine et pourtant, je rêve de la disséquer comme on a fait avec mon bras. Ouvrir son cerveau, récupérer son sang et sa salive. Tout le reste aussi. Ses yeux, ses souvenirs. Je rêve de voir ce qu'elle a vu.

Et si avant l'incident de la forêt, comprendre était déjà une obsession, depuis c'est pire que ça, ça dépasse tous les mots, tout ce qui existe. Parce que mon cerveau tourne tellement en boucle qu'il m'en fait mal. Parce que les questions qui se cumulent sans jamais avoir de réponses me donnent la nausée. J'ai peur, bordel. Peur de disparaître et peur de trop me souvenir aussi. Jamais oublié cette nuit, la voir se répéter en boucle le jour comme la nuit. J'ai peur de jamais guérir, qu'un truc bizarre pousse dans ma main. Peur d'attirer les bêtes maintenant qu'elles connaissent mon sang. Une marque, un truc que j'ai vu mille fois dans les livres et les films. Des trucs de théories, encore des théories.

J'ai la tête qui tourne juste à penser, à la voir là, en face de moi. À tout ce que je devrais dire mais que je dis pas. Tout ce que je dis et que je devrais pas dire aussi. Et puis elle me répond, en plus, brusquement, froidement. Elle me déstabilise, me plonge un peu plus dans mon angoisse que je contrôle tant bien que mal. Ramène le sujet sur moi, montre patte blanche ou plutôt bras explosé. Tout le monde est bousillé, moi le premier. Mais elle croise les bras, elle montre ses défenses alors que moi, putain, j'en ai aucune. Je suis comme un con, planté face à elle, sur le point d'exploser ou d'imploser, je sais jamais.

Mais j'essaie un peu plus, je me pousse moi-même dans mes retranchements, incapable de me résoudre à laisser passer une telle opportunité sans avoir tout tenté. Puis je finis par vite abandonner, regretter l'idée et m'apprête à m'excuser, me casser sans un mot et probablement imploser ou exploser dehors. Face à ma stupidité, à l'opportunité loupée. Mais la petite répond, elle ouvre la bouche et me laisse totalement pétrifié face à elle. Je m'attendais à tout, sauf à ça. Parce que même ça, j'y arrive plus, prévoir toutes les possibilités, faire face à toutes les éventualités.

« Heu... probablement ? » Que j'articule péniblement, sans trop savoir quoi dire ni où me mettre. J'avais pas prévu de rester, pas prévu qu'elle veuille parler, rester avec moi et encore moins qu'elle se suffise de ça. Ses parents lui ont pas vraiment bien appris tout le speech sur les inconnus. Ou alors je ressemble vraiment à une mouche qu'on peut abattre d'un claquement de doigts. Un peu des deux, c'est sans doute ça. Alors du coup, je suis sur le point d'avancer, l'amener chercher son citron pressé. Moi, c'est un grand verre de rhum que je voudrais, mais ça, l'hôpital il en a pas caché dans les distributeurs du premier, j'ai déjà vérifié. Je soupire, mon regard qui scinde le couloir pour nous offrir le passage le plus discret et finalement, sa voix fluette me coupe de mon monde et me laisse la regarder à nouveau.

La question qui tombe, comme une sentence, quelque chose de pire que les trucs que j'avais pu imaginer lui faire penser. Elle me voit comme un intrus, juste là par intérêt. C'est pas totalement faux. Pas totalement vrai non plus. Mais pour une fois, ma bouche parle avant moi, avant que mon cerveau imprime et en fasse tout un plat. Pour une fois, je tourne pas ma langue dans ma bouche sept fois avant de parler et c'est une bonne chose que ce soit arrivé. « Te demander quoi ? » La question sincère, le haussement de sourcils qui l'accompagne pour en témoigner. « Bien sûr que je sais qui tu es, faudrait être sacrément con pour pas le savoir. Mais je suis sensé demander quoi ? » Je m'interroge sincèrement, parce que si j'ai prévu d'obtenir des informations j'ai jamais spécialement prévu de poser de questions. « T'avais pas de citron pressé là bas ? »

C'est con. Incroyablement con. Beaucoup trop con. Faudrait peut-être recommencer à réfléchir en fait. Histoire de pas passer pour le plus grands des idiots. Je soupire et lui pointe l’ascenseur non loin d'un coup de menton. « Parce que t'as des questions toi ? » Tout en disant ça, j'avance vers la direction donnée et je finis par ajouter. « C'est toi qui as pas vu le monde pendant je ne sais combien de temps, pas moi. Alors qu'est-ce que tu veux savoir ? »

Je retourne la situation sans vraiment le vouloir en vérité. Simplement parce qu'elle m'a déstabilisé, la gamine. Je sais pas faire, j'ai jamais su faire. « Et tu peux me tutoyer. Et m'appeler Evans, d'ailleurs, histoire de partir sur un pied d'égalité. » Parce que je connais son identité et qu'elle le sait.
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MessageSujet: Re: MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD   MY HEART IS GOLD AND MY HANDS ARE COLD EmptyMer 8 Aoû - 10:14

I was as pure as a river. But now I think I'm possessed. You put a fever inside me. And I've been cold since you left. 'Cause I've done some things that I can't speak. And I've tried to wash away but you just won't leave. So won't you take a breath and dive in deep. 'Cause I came here so you'd come for me. I'm hoping you could save me now but you break and fold. You've got a fire inside but your heart's so cold. (halsey // beerus)


Quand il prétend n'avoir aucun intérêt pour le cas hors du commun qu'elle représente, Annie est tentée de le croire à la façon désinvolte dont il réagit. Faut dire que c'est le premier à ne pas lui tomber dessus, le premier individu lambda qui lui fait la conversation. C'est agréable de parler sans avoir l'impression que tout le monde vous dissèque. D'abord la police, ensuite l'hôpital, enfin la presse. Ils posent les mêmes questions sans avoir besoin de se concerter. Cela l'agace. Elle veut être tranquille, loin de l'agitation omniprésente qui l'étouffe.

- T'avais pas de citron pressé là bas ?
- Là bas ?

De quel endroit il parle exactement parce qu'aux dernières nouvelles, c'est le trou noir. A moins qu'un revenant n'ait mentionné un lieu spécial qui échappe à sa mémoire. Elle ne s'est pas vraiment renseignée la petite, ne cherche pas à contacter les autres pour en apprendre plus sur sa propre situation. Une attitude passive qui dépasse de loin l'inertie. En réalité, Annie semble avoir accepté ce qu'il lui arrive avec un calme... anormal. Comme un condamné qui avance dans le couloir de la mort sans craindre l'issue finale. 

-  Alors qu'est-ce que tu veux savoir ?
- Je n'ai pas besoin de savoir. Je sais ce qui m'arrive.

Au final, le pourquoi du comment ne change rien. Quelque chose ne va pas, c'est incontestable mais la raison lui importe peu, ne suscite pas d'intérêt à ses yeux. Passer d'un médecin à un autre est une perte de temps mais c'est tout ce qu'il reste à sa mère. L'espoir de retrouver sa fille. Elle est là sans vraiment l'être Annie, comme prise aux pièges entre deux dimensions parallèles. Son esprit divague pour mieux revenir, dématérialisé. Il tente de recoller les morceaux brisés mais certains sont réduits à l'état de poussière. C'est irréversible.

- Je suis en train de mourir.

C'est bien ce qui arrive aux gens qui crèvent de froid ? Leur peau est littéralement gelée, trop rigide pour initier un quelconque mouvement. Leur coeur ne bat presque plus, leur respiration est si lente qu'elle est à peine perceptible. Puis un beau matin, la machine s'arrête, tout simplement. C'est le repos éternel, la fin du voyage. Ils s'endorment une dernière fois pour ne jamais se réveiller. C'est l'arrêt des fonctions vitales qui maintiennent l'organisme en marche. Une sorte de schéma mécanique.

Elle lui balance ça avec un détachement invraisemblable comme un bulletin météo aux infos de 13 heures. Demain de la pluie avec du vent à 80 km/h alors n'oubliez pas votre parapluie pour l'enterrement d'Annie Miller. Elle lui balance ça comme des obus en pleine figure sous une nuée de bombardements à en faire pâlir la nation. Tous aux abris, ça va exploser. Elle lui balance ça comme une veille centenaire qui n'attend plus rien de la vie. Advienne que pourra.

- Je ne l'ai pas dit à ma mère parce qu'elle va être triste mais vous ne me connaissez pas alors, ça n'a pas d'importance pour vous.

Et la gamine rentre dans l'ascenseur sans vraiment réaliser ce qu'elle vient de lui jeter. L'effet que ça peut provoquer sur lui, considérant qu'il s'en fiche pas mal, ce n'est pas un parent, ni un ami, ni même une vague connaissance. C'est un parfait inconnu rencontré au détour d'un couloir. Un inconnu qui porte un nom. A croire qu'il veut instaurer un véritable climat de confiance entre eux. C'est vrai que ses précédentes tentatives ne sont pas franchement un succès.

- La tienne ne t'a pas donné de prénom ?  
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