Alekseï Souvorine naît le 19 janvier 1966, en plein coeur de l’hiver sibérien à Iakoutsk, dans la région reculée qu’est la Yakoutie en URSS.
Fils d'Iouri Souvorine, intellectuel moscovite opposant au régime soviétique et de Fiona Eisenmann, musicienne allemande d’origine juive, ses parents se rencontrent à Berlin en 61 avant de s'exiler au fin fond de la sibérie pour s’y faire oublier, au plus proche du Goulag et vivent plutôt confortablement. En grandissant, Alekseï est un sale gosse comme on en trouve à la pelle, n’écoute pas ses parents, se prend quelques baffes et n’en fout pas une à l’école.
Il n’a que 10 ans quand lui et ses parents traversent l’URSS durant le printemps 76 afin de rejoindre la famille de sa mère en Allemagne de l’Est sans lui dire pourquoi, laissant tout derrière eux pour voyager incognitos sous la peur constante d’être arrêtés. En septembre, sa tante et son oncle les font passer en Allemagne de l’Ouest et c’est le choc pour le gamin qui, du haut de ses 10 ans élevé dans un foyer marxiste découvre un monde capitaliste gangrené par l’argent.
Après quelques semaines passées en Allemagne le temps d’établir leur statut de réfugiés politiques, les Souvorine déménagent finalement à Londres, où ils passeront 8 ans de leur vie. Là bas, Alekseï découvre la culture Punk, Skinhead et l'anarchisme et c’est une longue histoire d’amour qui commence. Son idole de l’époque, c’est Sid Vicious. Il se met à la basse, couvre ses cheveux de laque et fait le mur le soir pour aller répéter dans un vieux garage pourri et voir des concerts où on gueule et on se rentre dans l’lard. Tout les keupons londoniens connaissent ce p’tit gamin russe et énervé, né avec le feu de l’anarchisme dans le coeur et les idées révolutionnaires dans la tête, qui ne connaît pas le sens du mot “tact” et se bastonne avec tout les gosses de son école qui le traitent de “Commie” et autres "Red".
A l’adolescence, Alekseï porte ses origines russes fièrement, parle en mêlant des mots russes à l’anglais, n’a pas honte de dire qu’il est né en URSS, au coeur de l’hiver sibérien et ses idées anar’, il les brandit bien haut. Provocateur au possible, il est ce qu'on pourrait appeler communément un p'tit con de "Commie bastard". Dans son quartier il est connu comme le
russian mad dog du coin et les petits voyous se mettent au défi les uns les autres de le faire retourner dans son panier, le tout sans grand succès. Quelques flirts sans lendemains avec des filles lui feront se rendre à l’évidence; il est gay mais ne l'affiche pas, bien qu'un jour la rumeur ai finit par faire le tour du collège. Il y a bien quelques p’tits cons qui on essayé de se foutre de sa gueule avec ça mais on pour la plupart finit avec des nez cassés.
Les poings en sang, des pansements sur la gueule, un vieux futal en jean déchiré, des baskets pourries, un t-shirt noir élimé à souhait et ce sourire en coin qui ne le quitte jamais, autant de choses qui caractérisent ce jeune yakoute au sang chaud.
Il aurait bien passé sa vie à Londres Alekseï, tout comme il l'aurait bien passé à Iakoutsk, mais encore une fois ses parents en décident autrement et lui annoncent en fin d'année 84 qu'ils partiront dans quelques mois aux Etats-Unis. La nouvelle passe mal chez le jeune anar' que l'idée de vivre au royaume du capitalisme n'enchante pas. Il avait fait sa vie dans la capitale anglaise, sa réputation et devoir quitter ses potes n'est pas l'épreuve la plus facile de sa vie en sachant le temps qu'il avait mis à ce les faire.
Ses parents ont finalement raison de lui et en Mars 85, alors que Mikhaïl Gorbatchev est élu en URSS, les Souvorine quittent leur pays d'accueil pour l'autre côté de l'Atlantique et les USA. Et pas n'importe quel coin des Etats Unis, non. Après deux mois de transition à New-York, ils partent dans le Maine, et s'installent dans ce patelin qu'est Aster Cove. En effet Iouri Souvorine recherche la tranquillité afin de se remettre à l'écriture pendant que sa mère elle est engagée comme aide soignante à l'hôpital local.
Mais quelque chose ne va pas dans ce trou, Alekseï le sent. Il a passé suffisamment de temps à écouter les vieux yakoutes lui raconter d'histoires étranges pour savoir que tout ça, le paranormal et tout, ça n'existe pas que dans les livres et les films. Les disparitions ne sont pas l'oeuvre d'un simple serialkiller dans l'esprit du jeune russe et il est persuadé que quelque chose ne tourne pas rond. Iouri et Fiona eux essayent d'ignorer tout ce qui arrive, devant déjà faire face aux regards lourds de leurs voisins auquels l'arrivée d'une famille russe complètement athée à Aster Cove n'a pas vraiment plut.
Le regard des gens, lui, Alekseï n'en a rien à cirer. Provocateur au possible, il a pris l'habitude de saluer leurs voisins en russe en sortant de leur petit pavillon et le shérif est persuadé que ces dégradations sur la façade du commissariat sont à attribuer à ce petit merdeux. A peine arrivé, le punk yakoute c'est déjà fait une réputation de fauteur de troubles qu'il compte bien tenir tout au long de son année à venir de Senior à Aster Cove High tout en essayant de faire la lumière sur ce qu'il se trame de pas normal dans le coin.