Sujet: Re: pas de deux + anneliese Ven 15 Juin - 17:47
Reunion.
Anneliese referma son livre tout en lançant un coup d’oeil à travers la fenêtre. Sa chambre donnait sur un cerisier, dont les bourgeons fleurissaient à peine, offrant au monde leurs jolies couleurs. Cela réjouissait la danseuse, elle en aurait presque oubliée la solitude qu’elle ne semblait pas parvenir à combler. Elle ne pouvait même pas rejeter la faute sur son arrivée récente en ville, ça avait toujours été plus ou moins comme ça. Au final, elle avait juste quitté une cage dorée pour une autre. Au moins, la porte de celle ci n’était pas verrouillée.
Mais, si elle pouvait sortir quand bon lui semblait, ce n’est pas pour autant qu’elle en profitait. Elle ne connaissait rien ni personne ici, et partir à l’aventure à l’aveuglette, ça ne la rassurait pas tellement. Même si, c’était toujours mieux que de rester enfermée ici. Ce n’était juste… Pas ce qu’elle avait imaginé. Anneliese joua distraitement avec l’alliance de son annulaire gauche. Elle ne savait même pas à quoi elle s’attendait.
Après tout, elle savait que John travaillait beaucoup, et tard le soir. Qu’il ne serait pas souvent là. Et ça ne la dérangeait pas. Quand ils étaient encore à New York. C’était un détail important pour elle, mais, peut être qu’elle y aurait réfléchi à deux fois si elle avait su qu’au retour de Paris, c’était ici qu’elle poserait ses valises. Qu’elle se retrouverait totalement désoeuvrée. Un mari absent c’est une chose, dans une ville inconnue, sans personne à part Plum, son lapin, et sans occupation autre que ses livres, c’en est une autre.
Elle n’avait même pas trouvé de pièce assez vide pour danser convenablement. Elle avait bien pensé à une des chambre d’amis, mais il aurait fallu la vider pour ça, et elle ne se voyait pas commencer à déménager des meubles seule sans mêmes en parler d’abord à son mari. Alors elle faisait ce qu’elle pouvait dans sa propre chambre. Elle n’était pas malheureuse, il y avait tout de même de la place, mais c’était loin d’être idéal.
Il fallait qu’elle trouve mieux. Elle avait bien entendu d’un studio de danse dans la ville mais elle n’en savait pas plus. Elle n’avait aucune idée de s’il y avait plusieurs salles ou si, si il y n’y en avait qu’une, un créneaux serait disponible pour qu’elle la loue. Mais qui ne tente rien n’a rien après tout, et puis, c’était l’excuse qu’il lui fallait pour se motiver à sortir. Peut être se ferait elle des relations comme ça… Un espoir naif, certes, mais qui lui ressemblait. Elle enfila donc ses chaussures pour se mettre en route rapidement, à pied, malgré les protestations de son chauffeur qui devait s’ennuyer au moins autant qu’elle.
Peut être n’avait-ce pas été le bon choix, puisqu’en arrivant à destination, elle trouva le studio de danse fermé. Elle se mordit la lèvre, zut. Ses plans partait en fumés. Mais, elle entendait de la musique à l’intérieur. Mh. Peut être que le studio n’était pas réellement fermé, juste qu’il n’y avait pas de cours pour le moment. Et ça, ça n’empêchait pas qu’il y ait quelqu’un à l’intérieur pour la renseigner ! Prenant son courage à deux mains, Anneliese décida d’entrer et de suivre la musique, pour mieux tomber sur une danseuse qu’elle connaissait bien.
Kahina.
La rouquine s’immobilisa. Elle en aurait presque pleuré. Son amie qui l’avait abandonné était là, juste devant ses yeux. Elle avait l’air surprise de la voir, mais pas en colère. C’était presque comme ça qu’Anneliese s’attendait à la trouver. Après tout, elle devait avoir eu une bonne raison de disparaître sans même l’appeler ou la prévenir, et Lili avait juste assumé qu’elle lui en voulait, qu’elle avait fait quelque chose de mal. Ou juste qu’elle ne l’aimait plus. Par contre, elle ne s’attendait pas à ce que son amie, ou ex amie, rejette la faute sur elle.
Sa bouche s’entrouvrit de stupeur, tandis que son estomac se tordit de rage. Les larmes lui montèrent aux yeux, et l’espace de quelques secondes, elle se retrouva incapable de réagir tant les émotions se bousculaient en elle. C’était injuste ! Ce n’était pas elle qui était partie, qui l’avait laissé toute seule !
« Que je me souviens finalement de toi ?! C’est toi qui est partis du jour au lendemain ! Tu es partie, tu m’as laissée toute seule, sans laisser d’adresse ou de numéro de téléphone ! J’ai du aller chez tes parents pour apprendre que tu avais déménagé sans dire ou tu allais, que t’as tout laissé tomber, la danse, moi, notre rêve et toi tu es là et tu… »
Elle n’arrivait même pas à finir sa phrase. Elle n’avait jamais su gérer ses émotions, à la moindre petite goutte de colère ou de tristesse, elle s’effondrait et devenait pitoyable. Incapable d’argumenter convenablement. Au moins, si ses yeux étaient humides, elle contrôlait tout de même ses larmes. Anneliese croisa les bras et baissa la tête pour détourner le regard. Peut être ferait-elle mieux de partir…