Le vingt-neuf Octobre. Deux jours avant Halloween, chose que personne n’a vraiment remarquée, tout le monde sait que la fameuse fête des bonbons et des costumes effrayants est dans deux jours, mais quelque part, la proximité de cette fête leur échappe. Pas à moi ! C’est ma fête préférée, d’une part, et d’autre part, l’un des grands drames de ma vie, car je suis né deux jours avant Halloween. Tout à fait, aujourd’hui, c’est mon anniversaire, je fête mes soixante-quinze bougies, n’en déplaisent à certains. Honnêtement, me rajouter un an, je m’en fiche bien. J’ai déjà tout mis en ordre en cas de départ anticipé de cette vie, alors je n’ai plus grand-chose dont je m’inquiète quant à l’approche de ma rencontre avec la grande faucheuse. A part peut-être ce qu’il adviendra de Marlon, Laurie et les autres quand je ne serais plus là pour veiller sur eux. Oui, hormis cela, je ne suis pas inquiet, on y passe tous de toute façon.
Le jour de mon anniversaire je fais en sorte de ne pas avoir trop de travail, ou alors de petites choses que je peux faire chez moi, comme lorsque j’ai eu à faire la cabane du hérisson de Mr Cadwell. La raison est simple : la famille, à défaut de pouvoir ou vouloir passer, me donne des coups de fil. Une année j’ai raté presque tous les appels pour me fêter mon anniversaire, alors maintenant, je fais mon ours mal léché à mon anniversaire. Ce qui a tendance à faire croire aux gens que je n’aime pas qu’on me le fête, alors que je préfère simplement l’entendre de mes proches que de dizaines de connaissances. Il y a toujours des exceptions, comme le vieux O’Leary, qui ne manquera pas de me le souhaiter lors de notre prochaine partie d’échecs. Des appels donc, mais peu de visites, quelques voisins qui viennent m’apporter un petit quelque chose pour marquer l’occasion.
Me retrouver seul ne me dérange pas ; au contraire, j’ai régulièrement besoin de me retrouver seul, simplement besoin. Des restes de divers évènements qui ont fait de moi un vieil ours qui ne sort pas tant que ça, quand le travail ne m’appelle pas. Je fais mes courses, je vais à mes parties de dames et de bridge. Parfois je vais voir Marlon à la station service, ou Laurie au salon de coiffure. Mais ce n’est pas si souvent que cela, au final.
La sonnette retentit.
Pendant une seconde, j’hésite à aller ouvrir. Bizarrement, l’envie de voir mes voisins n’est pas aussi présente que je pourrais l’être en ce jour. Alors j’hésite à ouvrir. Finalement, je me lève de mon fauteuil, émettant un son entre soupir et grognement, me dirigeant vers la porte. Décrochant la chaîne, je l’ouvre et tombe sur le visage de Marlon. Un sourire se fend sur mon visage, en voilà un visage que je suis content de voir.
"Marlon ! Ca fait plaisir de te voir, entres, entres." Je m’efface de la porte pour le laisser entrer, refermant derrière lui
"Par contre je n’ai pas fait de cookies aujourd’hui, je n’y ai pas pensé. Mais je dois avoir de quoi faire des chocolats chauds."Sur ces quelques mots, je lui fais signe de me suivre et vais dans la cuisine, prêt à farfouiller dans les placards pour trouver de quoi faire mes fameux chocolats chauds.
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